Alessandro Rosa

Alessandro Rosa est responsable associé des relations avec les employés et du devoir de diligence à l'OSCE, fournissant des conseils d'expert sur la prévention et la résolution des conflits au sein des organisations internationales.

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Au lendemain du sommet d’Addis-Abeba, une période de détente apparente entre les acteurs de la Corne de l’Afrique a été inaugurée. Dans l’esprit du traité de paix historique de septembre 2018 entre l’Ethiopie et l’Erythrée et du prix Nobel de la paix à Abiy Ahmed, un rapprochement est en cours entre la Somalie et le Somaliland (l’ancienne Somalie britannique). Ahmed et Farmajo devaient proposer une visite conjointe à Hargheisa, mais ils ont reçu le rejet du président du Somaliland, Muse Bihi. Malgré cela, la base d’une pacification semble assez solide.

Le sommet annuel des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine s’est tenu à Addis-Abeba les 9 et 10 février. Face à une excellente participation, dont celle du Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, l’événement éthiopien a été marqué par le difficile objectif « Faisons taire les armes », le principal slogan de l’Agenda 2063, voulu par le Président de la Commission africaine Moussa Faki Mahamat. Le point focal de la réunion a été fortement marqué par les conflits armés, de la Libye à la République centrafricaine, et par la cristallisation des projets de réforme que le nouveau président de l’UA, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, souhaite relancer.

2020 a commencé avec un certain nombre de nouveaux développements importants dans les relations dans l’Afrique des Grands Lacs  : les opérations militaires conjointes dans les provinces orientales de la République démocratique du Congo n’étaient qu’un premier pas vers une plus grande convergence dans certains scénarios dans la région. À Luanda, en Angola, les chefs d’État de l’Angola, de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda se sont réunis pour poursuivre le dialogue et éviter de dangereuses escalades, notamment entre Kagame et Museveni. Pendant ce temps, au Burundi, le parti au pouvoir, le CNDD-FDDD, inaugure des manœuvres importantes en vue des élections présidentielles de cette année.

Au lendemain de la conférence de Berlin sur la Libye, l’embargo sur les armes et le cessez-le-feu révèlent des signes de plus en plus criants d’effondrement. La nécessité de définir une feuille de route pour une reconstruction institutionnelle complète de la Libye a fait place à des dossiers spécifiques, comme le siège de Tripoli par la GNA à Haftar, ou l’état des puits de pétrole. Dans ce contexte, la communauté africaine, face à une forte ingérence étrangère, affronte le scénario libyen avec plus d’insistance, à travers le Sommet d’Alger et celui de Brazzaville.

Le 19 janvier 2020, la conférence de Berlin s’est tenue pour trouver les bases d’un futur accord politique pour la paix et la stabilisation en Libye. Les réactions à la fin de la réunion ont été d’un optimisme prudent, en raison notamment des incertitudes, dues à la volatilité du contexte. La Conférence de Berlin est née principalement pour tenter de faire avancer les choses avec une position unique de la part de l’Union européenne. Il faut cependant replacer cela dans le contexte d’un débat qui touche également l’autre organisation régionale, qui est le protagoniste de la Conférence  : l’Union africaine.

Hage Geingob a été réélu président de Namibie, suite à l’élection présidentielle du 27 novembre. Le renouvellement du mandat du candidat de la SWAPO, parti historique de Sam Nujoma, n’a pas surpris, malgré les scandales de corruption et une situation économique qui inquiète certains investisseurs internationaux, dans un pays traditionnellement défini comme stable sur les plans politique et social.

L’élection présidentielle du 24 novembre en Guinée-Bissau, alors que le pays traverse une situation de crise politique profonde, sont un test nécessaire pour comprendre la résilience d’un pays de facto bloqué à partir de 2015, après la démission contestée du Premier ministre Pereira, voulue par Vaz, le premier président dans l’histoire du pays à terminer son mandat. De la guerre civile du milieu des années 1990 aux élections d’aujourd’hui  : montée et crise du PAIGC.

Dans la province de l’Ituri, à l’est de la République démocratique du Congo, une série d’opérations militaires conjointes des armées des pays des Grands Lacs contre les embuscades des milices liées aux FDA (Force démocratiques alliées – Allied democratic forces) a été lancée. Il s’agit d’une opération d’envergure, comme d’autres précédentes, mais c’est un premier pas pour la diplomatie de Félix Tshisekedi, après une période d’abandon des avant-postes de l’Est. Récemment, la nouvelle de la mort de 10 civils est arrivée. La population civile réclame un engagement accru, mais les tensions entre le Rwanda et l’Ouganda pourraient limiter le spectre d’action.

Les 23 et 24 octobre, a eu lieu le sommet Russie-Afrique, rendez-vous fondamental pour la diplomatie moscovite, qui voit depuis des années le continent noir comme un potentiel scénario d’expansion. Outre les limites claires d’un pays qui a toujours eu du mal à ignorer le continent, il y a la ferme volonté de définir des scénarios distincts au niveau de la coopération et de l’énergie, les deux fondations sur lesquelles Poutine veut agir. Quelles sont les perspectives pour la «  PoutineAfrique  »  ?

Pour le Burkina Faso le 15 octobre est une date spéciale. Cela correspond à l’anniversaire du coup d’État contre le président Thomas Sankara, tué le 15 octobre 1987. Le « Che Guevara africain », l’un des hommes politiques africains les plus aimés et les plus discutés du siècle dernier, a été le point de référence pour l’émancipation de son pays et de l’ensemble du continent en termes de dette souveraine et de lutte contre le néocolonialisme. Après 32 ans, cependant, la présidence de Kaboré témoigne d’une souveraineté de plus en plus fragile, en proie à des tensions constantes dues aux foyers du terrorisme islamiste dans le nord.

Le 15 octobre, des élections générales sont prévues pour l’élection du Parlement et du président du Mozambique. Le tour crucial des élections, qui fait suite à la signature historique du traité de paix en février dernier, est marqué par la présence d’un front majoritaire uni au sein du FRELIMO (parti historique au pouvoir) et une opposition très fragmentée dont au moins trois acteurs distincts (avec le pôle principal RENAMO). L’épreuve de ces élections est toutefois marquée par l’augmentation nette de la violence politique.

Le 12 septembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a redéfini le régime de sanctions contre la République centrafricaine. Le point principal concerne l’assouplissement du régime d’embargo sur les armes. La République centrafricaine est au coeur d’une reconstruction lente et difficile après l’accord de paix signé en février 2019. Dans ce contexte, Bangui reste un dossier central pour les craintes occidentales face à la montée de la Russie dans la course régionale aux armements.

Un accord de paix historique a été signé au Mozambique le 1er août. Les signataires, Filipe Nyusi, président du Mozambique, et Ossufo Momade, chef du mouvement d’opposition RENAMO, ont ainsi tracé la feuille de route en vue des prochaines élections générales. L’accord porte notamment sur la réintégration sociale et syndicale des militants après les crises de 2013, mais peut-on le comparer aux accords de Rome de 1992  ?

Le président indien Ram Nath Kovind a atterri le 30 juillet à Banjul (Gambie), première étape de sa visite d’État en Afrique. Il visitera également le Bénin et la Guinée avant de rentrer en Inde le 3 août. L’importance de cette initiative réside dans la perception qu’a New Delhi de l’Afrique et dans quelle mesure cela a influencé sa politique à l’égard du continent. Coincé entre le passé de Gandhi et les «  10 principes  » de Modi ainsi que la rivalité sans fin avec la Chine, ce voyage est une occasion de comprendre les intentions de New Delhi en Afrique.

Ursula von der Leyen a été officiellement élue présidente de la Commission par le Parlement européen. Outre les questions déjà connues dans son discours (changement climatique, évolution du marché du travail, changement démographique), la question des migrations, liée à la ligne politique sur l’Afrique, reste à définir. Pour mieux comprendre et prévoir les positions qu’elle prendra au Berlaymont, il est utile de revenir sur sa carrière de ministre de la Défense en Allemagne.

Bosco Ntaganda, lieutenant de Laurent Nkunda et du Congrès national pour la défense de la population (CNDP), a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. L’accusation porte sur les faits commis dans l’Ituri et dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu en 2009. «  Terminator  », ainsi appelée par ses partisans, était à la tête d’une armée rwandaise au centre de programmes de cooptation des milices qui visaient à la pacification de la RD Congo-Rwanda. À cette importante condamnation s’ajoutent d’autres mandats d’arrêt contre un autre chef de guerre bien connu.

L’attaque de Tajoura par les forces aériennes de Khalifa Haftar, qui a causé la mort d’au moins 44 migrants logés dans le centre de détention, a ouvert un nouveau front diplomatique inattendu. Cela représente une véritable «  ligne rouge  » pour les diplomaties internationales et les autres acteurs actifs sur le terrain. Parmi ceux-ci, on trouve l’axe États-Unis-Émirats arabes unis, défini par une forte coopération en matière de défense qui pourrait s’envoler étant donné l’ambiguïté d’Abou Dhabi sur le scénario libyen. L’incapacité de Washington à maintenir l’équilibre en Libye apparaît de plus en plus évidente.

La tentative de coup d’État en Éthiopie de la nuit du 22 au 23 juin, qui a entraîné la mort du gouverneur de la province d’Amhara, pose à nouveau un problème cyclique, celui de la relation entre le centralisme d’État et les différentes nationalités présentes dans le pays. Ce ne sont pas les réformes démocratiques d’Abi Ahmed qui inquiètent, mais les programmes de réconciliation gérés par Addis-Abeba avec une approche centralisée que certains vivent comme un affront. La politique étrangère conciliatrice à l’égard de l’Érythrée est un autre facteur de mécontentement.

Le SIPRI a publié la nouvelle édition de son rapport périodique sur les arsenaux nucléaires dans le monde. La situation présente de curieuses anomalies. Les processus de recherche et de modernisation sont toujours en cours et s’intensifient, mais les ogives ont tendance à être beaucoup plus limitées. Dans un contexte multipolaire très instable et avec une situation mondiale de croissance des arsenaux d’armements conventionnelles, cette pratique n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. Mais quelle est l’incidence réelle des armes nucléaires dans la dynamique militaire actuelle  ?

Avec la signature de l’accord de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée en septembre 2018, une nouvelle saison diplomatique a été inaugurée entre les deux pays et dans toute la Corne de l’Afrique. Cependant, les craintes suscitées par les tensions latentes sur les différends frontaliers et la situation encore très compliquée des droits de l’homme en Érythrée doivent s’ajouter à l’enthousiasme suscité par ce lent processus de pacification.

Le 30 mai est la date officielle de lancement de la Zone de libre échange pour l’Afrique (AfCFTA), l’un des piliers de l’Union africaine. La fin de toutes les barrières commerciales entre les États du continent n’est cependant que la première étape du processus d’intégration, dont la durée n’a pas encore été définie. De plus, la plus grande zone de libre-échange du monde n’inclut pas pour le moment le Nigéria. Un autre problème non résolu est de savoir comment intégrer l’AfCFTA dans les politiques de la Chine et de l’Union.

Le 29 mai, l’ONU célébrait la journée des Nations Unies pour les missions de maintien de la paix, consacrée à la mémoire des personnes tuées sur le terrain et à la définition des perspectives d’avenir dans les pays où intervient l’ONU. L’analyse de l’état actuel des missions confirme la tendance actuelle à une contribution très polarisée  : les pays du « Nord » sont associés à un soutien logistique et financier, tandis que les pays du « Sud » fournissent l’essentiel des forces déployées. Cette tendance est également confirmée pour les opérations régionales. Cependant, les contributions financières ont diminué.

Le 21 mai, après quatre mois de médiation, Sylvestre Ilunga Ilukamba a été nommé le Premier ministre de la République démocratique du Congo. C’est le résultat de longues négociations entre Felix Tshisekedi et l’ancien président Joseph Kabila, dont le parti est majoritaire au Parlement. Avec cette nomination, le projet réel de « réconciliation nationale », pilier de la nouvelle présidence,peut commencer. Le retour de Moise Katumbi et les problèmes des milices, cependant, sont un facteur inconnu.

Le gouvernement italien a publié son rapport annuel sur l’état des exportations d’armes pour l’année 2018, conformément à la loi 185/1990. Bien que le nombre d’autorisations ait diminué, la liste des pays clients reste inchangée. Le Qatar reste le premier importateur. Les armes sont de plus en plus utilisées dans les pays non membres de l’Union et de l’OTAN, soulevant ainsi le risque que l’Italie alimente de nombreuses crises internationales.

La République de Djibouti est au coeur de différentes dynamiques géopolitiques dans une région où s’accumulent guerres et foyers potentiels d’instabilité. L’économie de l’État est très dépendante de la présence militaire étrangère sur son territoire. L’Italie a investi massivement dans le pays, avec une base de la Marine et des Carabiniers, très actifs dans le cadre des projets communs européens. Il s’agit d’une tentative de Rome de se doter d’une projection géopolitique entre la Corne de l’Afrique et la péninsule arabique, malgré son manque de ressources.

Le ministère de la Défense ougandais a annoncé un important plan d’investissement pour renforcer les forces armées nationales. L’augmentation des dépenses militaires a été l’un des piliers de la politique du président Museveni ces dernières années. Les points centraux sont deux  : la centralité de la Russie comme fournisseur (qui se base sur un rôle de premier plan dans le continent s depuis quelques années) et la hausse des investissements dans l’armement en Ouganda, dans un cadre régional qui enregistre une diminution significative.

Pour la Turquie, la guerre civile libyenne représente une opportunité pour renforcer sa politique en Afrique. En effet, après avoir étendu son influence en Somalie, Erdogan veut tenter une pénétration décisive vers les réseaux militaires et politiques influents à Tripoli. Mais l’avancée du général Haftar vers la capitale complique ses plans. En outre, la politique turque en Libye a également une valeur sécuritaire, compte tenu de la situation dans le golfe Persique.

Les 10 et 11 avril, les chefs des principales factions engagées au Soudan du Sud, Salva Kiir Mayardit et Riek Machar, se sont rendus à Rome, où ils ont rencontré le Premier ministre italien Giuseppe Conte et le pape François. Ce dernier, embrassant leurs pieds, a affirmé la nécessité d’une transition pacifique et constructive, à la suite de l’accord de paix signé à Khartoum et dans le contexte de la chute du régime Al-Bashir au voisin Soudan.

Le cyclone Idai a frappé de vastes zones de l’Afrique australe et orientale en mars 2019. L’un des pays les plus touchés a été le Mozambique, avec plus de 600 personnes tuées dans la ville de Beira, le centre économique du pays. L’Italie a immédiatement envoyé une aide humanitaire par l’intermédiaire de l’Agence italienne de coopération au développement (AICS), qui considère l’ancienne colonie portugaise comme l’un de ses pays prioritaires, en raison des relations diplomatiques étroites qui existent entre Rome et Maputo.

L’Istituto Ricerche Internazionali Archivio Disarmo (IRIAD) de Rome a publié un rapport sur l’état du trafic illicite des armes légères et de petit calibre (SALW) dans la Méditerranée élargie. Signaux faibles qui démontrent le statut de la Méditerranée comme pont géopolitique pour le trafic illicite. Outre les Balkans et le Moyen-Orient, l’Afrique apparaît comme un territoire de transit et de destination. Mais les acteurs régionaux ont posé la question de savoir comment mettre un terme à ces trafics.

L’ONU a envoyé une équipe d’inspecteurs pour enquêter sur une série d’assassinats et de massacres qui ont eu lieu ces derniers jours parmi la population civile dans différentes régions du Mali. Le plus grand massacre a eu lieu à la frontière avec le Burkina Faso, faisant plus de 160 victimes. La guerre civile au Mali traverse une phase délicate en raison du processus de stabilisation de l’autorité de l`État, tandis que la mission G5 Sahel évolue.

Le SIPRI a publié son rapport régulier sur les exportations d’armes et le marché mondial des armes classiques. L’Arabie saoudite occupe le premier rang des pays importateurs, entraînant avec lui l’ensemble du Golfe Persique. En ce qui concerne le continent africain, l’Égypte et l’Algérie sont en première ligne, tandis que l’Afrique subsaharienne reste très polarisée autour de quelques centres  : Nigeria, Angola, Soudan, Cameroun et Sénégal.

Kigali et Kampala sont au centre d’une crise diplomatique sans précédent. Le 5 mars, le Rwanda a accusé l’Ouganda d’avoir abrité deux miliciens rwandais recherchés par les autorités de Kigali pour leurs activités illégales en République démocratique du Congo. Les deux pays s’accusent mutuellement de soutenir les mouvements d’opposition internes respectifs. C’est depuis la deuxième guerre du Congo que les relations entre Museveni et Kagame se sont aussi fortement détériorées.

Le commando des forces américaines en Afrique, Africom, a effectué un exercice conjoint avec les armées du G5 Sahel. En termes de participation et d’effectif, cette opération compte parmi les plus importantes de l’histoire de la présence militaire américaine sur le continent. En outre, elle témoigne de la stratégie annoncée par les autorités militaires américaines pour 2019, qui fait figurer cette région parmi les priorités, avec la Somalie.

Début février, les journaux et les think tanks italiens ont diffuséé le texte intégral de l’accord de coopération en matière de défense signé entre l’Italie et le Niger en septembre 2017. Le caractère central de la vente d’armes à Niamey, base d’une militarisation dangereuse du pays, suscite de nombreuses interrogations. Les positions du gouvernement italien actuel semblent suivre la ligne de la législature précédente.

Après 10 jours de négociations, le gouvernement de la République centrafricaine et 14 groupes armés sont parvenus à un accord de paix pour la stabilisation du contexte de guerre à Bangui. Toutefois, le contenu exact de l’accord reste un mystère et est déjà largement critiqué par de nombreux experts et journalistes. Les deux points centraux sont l’amnistie et les processus de désarmement, dans le respect de l’embargo de l’Onu. En effet, après une prolongation de la période d’embargo, le Conseil de sécurité envisage d’assouplir certaines de ses interdictions.

La République centrafricaine est au centre d’un sommet conjoint gouvernement-milice à Khartoum. Ce n’est pas la première tentative de médiation dans la crise qui affecte le pays depuis 2013, mais cette fois-ci la rencontre pourrait être le prélude à un processus de légitimation du président centrafricain Touadéra, qui reçoit le soutien d’un grand groupe d’acteurs internationaux, la France et la Russie en tête. La question de l’embargo sur les armes reste toutefois un motif de préoccupation pour les diplomaties régionales.

Ces dernières semaines, la Somalie est redevenue un sujet du débat médiatique. L’attentat d’Al-Shabaab à Nairobi et l’expulsion du représentant de l’ONU ont fait monter le niveau de tension et soulevé de nombreux doutes parmi les organisations internationales quant à la solidité de la gouvernance somalienne. Une solidité d’autant plus remise en question que l’Union Africaine a esquissé un plan de retrait de la mission AMISOM qui pourrait bouleverser l’équilibre dans le pays.

Immédiatement après le dépouillement et l’annonce des résultats par la CENI, le débat en République Démocratique du Congo s’est déplacé sur la crédibilité des élections présidentielles du 30 décembre dernier. Le principal problème concerne le rôle de la CENI, observateur spécial, en conflits avec les autres institutions de la société civile. En attendant, la communauté régionale, de plus en plus préoccupée par la situation, se fait entendre.

La Commission nationale électorale indépendante (Ceni) s’est réunie en assemblée plénière le 9 janvier, jour où une partie seulement des résultats de l’élection présidentielle et des élections provinciales en République démocratique du Congo a été annoncée. Entre confirmation de certaines tendances et émergence de nouvelles personnalités, Felix Tshisekedi a été désigné vainqueur des élections présidentielles avec 50  % des suffrages exprimés. L’incertitude et les tensions autour de ce nom ne sont pas de bon augure pour l’avenir.

Le rendez-vous tant attendu pour la République Démocratique du Congo est arrivé  : les élections présidentielles, les premières pour une transition pacifique du pouvoir à Kinshasa. Les problèmes déjà importants rencontrés durant la campagne électorale ont toutefois entraîné le report de la consultation, qui a eu lieu le 30 décembre seulement dans certaines régions du pays. Entre fraudes, ancienneté de la classe politique, personnages hors jeu et milices sur le terrain, les élections risquent d’apporter plus de fragilité au pays.

La remise du prix Nobel de la Paix à Denis Mukwege a lieu au cours d’un mois décisif pour l’Histoire de la République démocratique du Congo. Le 23 décembre est en effet la date prévue pour l’élection présidentielle, dans un contexte encore marqué par les nombreuses milices et par un nouveau nom qui ne met pas d’accord tous les mouvements d’opposition. Dans cette situation incertaine, reviennent également le débat sur le vote électronique et le nouveau paquet de sanctions de l’UE.

Une étude menée sur le terrain, un institut de recherche bien connu a publié un rapport sur la violation de l’embargo sur les armes décrété par l’ONU et l’Union contre le Sud-Soudan. Cela pourrait être un facteur de fragilisation du processus de stabilisation lancé en 2018. Dans le même temps, l’efficacité de ces mesures dans des contextes de guerre suscite de nombreux doutes, surtout si l’on considère la faiblesse des frontières et la fragilité de l’État.

La situation libyenne actuelle est le résultat d’un certain nombre de facteurs. L’un des principaux est la division du territoire libyen en régions et districts. Pour comprendre cette dynamique, il ne faut pas sous-estimer les événements qui ont caractérisé la diplomatie internationale entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et 1951, année de l’indépendance.

Le 13 novembre 2018, la Conférence sur la Libye s’est achevée à Palerme. Avec une large représentation d’acteurs locaux et internationaux, cet événement de deux jours représente un point de départ pour une médiation en termes de construction de l’État et de gestion des crises humanitaires dans le pays. Dans le même temps, le débat a commencé sur l’équilibre des pouvoirs sur le territoire, ainsi que sur les prochaines étapes à franchir, en termes de sécurité et dans le cadre du processus électoral.

Le 25 octobre, l’Union a renouvelé son train de sanctions contre le Burundi. Ce petit pays de la région des Grands Lacs est au centre d’une période de violence et de tensions politiques depuis le printemps 2015. Le régime de Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, est la principale cible de Bruxelles, qui espère un pas en arrière de sa part. Les sanctions, approuvées en 2016, visent à attaquer la légitimité des opérations de maintien de la paix burundaises, principalement présentes en Somalie.

Le célèbre chef de guerre et homme d’affaires Jean-Pierre Bemba, déjà reconnu coupable de crimes contre l’humanité en 2016 par la Cour Pénale Internationale, a rejeté une décision de la même Cour qui l’accusait de falsification de témoignages et de corruption de témoins. En outre, Bemba n’est pas éligible aux élections présidentielles de décembre 2018.

Le président russe Vladimir Poutine a défini un cadre opérationnel à suivre pour renouveler sa politique africaine. Moscou entend ainsi reprendre une partie de l’héritage soviétique comme base d’une nouvelle relation avec le continent noir. Malgré le fait que le projet soit encore précaire, surtout si on le compare à celui de la Chine, il inquiète déjà les acteurs occidentaux. La République centrafricaine et les Grands Lacs méritent une attention particulière.

Le Comité du Prix Nobel de la Paix à Oslo a décidé de décerner le prix au chirurgien congolais Denis Mukwege, gynécologue et spécialiste de l’utilisation de la violence sexuelle et sexiste comme instrument de guerre. L’activisme du médecin de Bukavu (au Sud-Kivu) se déroule dans une région et à une période cruciale pour Kinshasa, dans le cadre de la visite de la délégation du Conseil de sécurité de l’Onu et, plus largement, de la pacification du pays.

Le 10 septembre à Khartoum, au Soudan, un accord de paix a été signé entre Salva Kiir Mayardit, président du Sud-Soudan, et son ancien député et opposant, Riek Machar, pour jeter les bases d’un règlement définitif du conflit au Sud-Soudan et former un gouvernement d’unité nationale avant 2019. Tout cela se produit dans le contexte de l’urgence humanitaire majeure qui touche le plus jeune État du monde.

Le 23 septembre, la milice ougandaise des Forces démocratiques alliées (Adf) a mené une attaque contre la ville de Beni, en République démocratique du Congo, faisant 16 morts. Ce mouvement paramilitaire mène depuis quatre ans des actions violentes en Ituri et au Nord-Kivu, près de la frontière avec l’Ouganda. Tout cela se produit à un moment crucial, en raison des élections présidentielles à Kinshasa, prévues pour décembre 2018.

Le 16 septembre, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le Président érythréen, Isaias Afewerki, ont signé un accord de paix historique qui devrait mettre un terme à la situation d’hostilité mutuelle qui dure depuis 1993, année de l’indépendance érythréenne. La signature a eu lieu en Arabie saoudite, en présence du roi saoudien Salman Abd’ al-Aziz al’Saud.