Maputo. En mars 2019, le cyclone tropical Idai a frappé de vastes zones de l’Afrique australe et orientale. Le Zimbabwe et le Malawi ont subi des dégâts importants, mais c’est au Mozambique que la crise a été la plus grave1. Dans la seule région de Beira, deuxième ville et deuxième centre économique du pays dans le nord, plus de 600 personnes sont mortes et au moins un million ont été déplacées. L’Agence italienne de coopération au développement (AICS) a envoyé du matériel pour la construction d’hôpitaux et de transporteurs aériens pour aider la population civile. Le Mozambique est en effet l’un des pays prioritaires de la diplomatie italienne en matière de coopération au développement, après une histoire de relations amicales, de l’indépendance en 1975 aux accords de Rome en 19922.

La politique étrangère italienne, qui a toujours été centrée sur la médiation, a favorisé le renforcement des relations amicales avec certains États africains pendant la décolonisation. La guerre pour l’indépendance du Mozambique a été l’une des étapes les plus importantes, qui a pris une place centrale dans le débat dans de nombreux milieux politiques et sociaux italiens. Avec l’indépendance (en 1975), l’arrivée au pouvoir du FRELIMO (Front de libération du Mozambique) et le déclenchement de la guerre civile, l’Italie, avec notamment la Communauté de Sant’Egidio, s’est consacrée à une médiation fructueuse qui a abouti aux accords de paix de Rome en 1992, point culminant dans l’histoire des relations entre les deux pays3. La période troublée de 2014-2015, avec l’arrivée au pouvoir de l’actuel président, Filipe Nyusi, a conduit à une nouvelle action de Rome à l’égard de Maputo, action qui fut encouragée par l’ENI (la compagnie pétrolière nationale) établie au Cap Delgado (5). Avec la réforme de la coopération au développement en 2014 et la création de l’AICS, le Mozambique est devenu un pays prioritaire de la diplomatie italienne. La tragédie du cyclone Idai a confirmé cette réalité4.

L’effort conjoint du Ministère de la défense et du Ministère des affaires étrangères a favorisé l’envoi immédiat d’hôpitaux de campagne et d’avions pour aider les populations déplacées, qui sont plus d’un million dans les zones du nord. La coopération italienne au développement, qui vise à intégrer les structures étatiques avec celles de l’Union, opère au Mozambique à travers trois piliers : éducation, agriculture et santé. Au cours de la période 2015-2018, 5 millions d’euros par an ont été investis pour soutenir le budget général de l’État5. Malgré cette aide, il est encore trop tôt pour savoir s’il y aura un engagement supplémentaire et extraordinaire au Mozambique, en particulier pour la reconstruction des établissements de santé et pour faire face aux épidémies de choléra qui ont touché au moins 4000 personnes6. L’AICS a été rejoint par un réseau d’au moins 30 ONG opérant au Mozambique et dans d’autres pays couverts par l’Agence dans la région (Zimbabwe et Malawi). L’intégration entre les organismes étatiques et non gouvernementaux (avec les organismes des Nations Unies et de l’Union) est l’un des points sur lesquels se concentre la discussion sur l’avenir de la coopération internationale au développement, un dossier stratégique pour la diplomatie italienne.

Récemment, le Conseil des ministres a nommé le ministre plénipotentiaire Luca Maestripieri directeur de l’Agence. Son expertise est moins technique que celle de sa prédécesseur, Laura Frigenti, qui a été fonctionnaire de nombreuses organisations internationales dans le domaine de la coopération au développement. Le caractère diplomatique et institutionnel du choix est dicté par la nécessité d’avoir un lien plus fort entre un État profond qui voit en l’Agence un pilier de l’Italie dans le monde, et une politique qui voit d’un œil critique les programmes de coopération. Actuellement, les piliers de son action vont de l’inclusion des programmes européens dans ceux nationaux, aux Objectifs de Développement Durable et à l’Agenda 2030 des Nations Unies, en passant par les pratiques de gestion des crises humanitaires7. Dans l’axe africain, les programmes de “migration durable” et le Fonds pour l’Afrique (créé en 2016) sont les deux points centraux8.

Ce champ d’action risque toutefois d’être insuffisant : de nombreux think tanks se sont en effet plaint d’une coopération centrée sur le court terme, sans mettre en œuvre des projets clairs à long terme pour renforcer la souveraineté de l’État sur le continent. De plus, les relations entre les secteurs public et privé dans ce domaine manquent cruellement d’efficacité.

Perspectives :

  • Des élections législatives sont prévues au Mozambique en 2019. Maputo n’a pas encore pris de décision sur l’organisation des élections et sur les changements causés avec la crise humanitaire en cours.