Doctrines de la Russie de Poutine

« Une guerre nucléaire entraînant la mort de la civilisation » : l’avertissement d’un stratège russe

Asie septentrionale

Dés-occidentaliser le monde : la doctrine Karaganov

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Pas d’opposition, pas de campagne. Le 29 février dernier, devant l’Assemblée fédérale de Russie, Poutine n’a pas menacé le monde d’une attaque nucléaire. Il s’est d’abord adressé aux Russes qui votent aujourd’hui — et qui le rééliront majoritairement. Alors que la Russie est prise dans une guerre qui s’étend à l’Ouest, Poutine multiplie les annonces chimériques et promet aux Russes une vie normale.

Ce premier épisode de notre série «  Doctrines de la Russie de Poutine  » tente de comprendre la figure et le rôle d’Aleksandr Prokhanov, écrivain nationaliste dont la carrière semble avoir pris un tournant avec l’invasion de l’Ukraine. Dans un texte traduit par Guillaume Lancereau et commenté par Marlène Laruelle, il fait la promotion d’un sursaut esthétique patriotique à la faveur du massacre — allant jusqu’à composer un «  opéra-rock  » joué dans la principale usine de tanks du pays.

L’invasion de l’Ukraine a changé le monde, mais elle a aussi changé le poutinisme.

À partir d’aujourd’hui, le Grand Continent publiera chaque semaine des textes inédits en français d’idéologues du régime de Poutine. Pour introduire cette série qu’elle dirige, nous revenons avec la spécialiste Marlène Laruelle sur la production doctrinaire du Kremlin, ses leviers et ses évolutions les plus récentes.

Peu de récits témoignent de l’expérience combattante russe en Ukraine. Par conviction, par fantasme ou simplement par désespoir, les «  volontaires  » de Poutine sont entraînés dans l’horreur et l’absurdité d’une guerre impériale. Nous publions le témoignage glaçant et les mots — parfois choquants — de l’un d’eux, qui a réussi à fuir le front.

Pour Vladimir Poutine, épaulé par le patriarche Kirill, les «  valeurs traditionnelles  » sont une priorité d’État. Dans cet article fouillé, Marina Simakova engage leur généalogie afin de saisir pourquoi elles sont devenues si centrales pour l’État russe contemporain, au point de déterminer autant sa politique intérieure qu’extérieure. Une lecture clef à deux semaines des célébrations du Noël orthodoxe.

En promettant de les sortir de la misère pour quelques milliers de roubles, le régime russe arrive à aligner une génération de Russes pour mourir au front. Dans une chronique au cœur de cette classe invisible devenue chair à canon du Kremlin, Sergej Černyšov livre une clef qui va à l’opposé d’un discours dominant. Il nous aide à comprendre comment Poutine continue à mobiliser des masses.

Depuis quelques jours, de nouvelles vidéos de propagande affluent sur les réseaux sociaux. Leur but  ? Convaincre les jeunes hommes russes de se battre en Ukraine. En 2024, le budget de la défense deviendra le premier poste de dépense de la Russie, augmentant de 70  %. Alors que la prochaine manche de la guerre infinie de Poutine s’annonce particulièrement brutale, nous décodons les images, caricaturales, choquantes, parfois obscènes, mitraillées à une génération que le Kremlin veut envoyer mourir au front pour un mirage impérial.

«  La politique étrangère russe a sa logique propre, son langage. Tant qu’on ne les comprend pas, on s’interdit de mettre en place une véritable politique d’endiguement.  » Dans cet entretien introduit par Guillaume Lancereau, Vjačeslav Morozov dissèque la mise à jour par Moscou de son document stratégique de référence et nous aide à fourbir une arme — l’intelligence de la guerre.