Stockholm. Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) a publié son rapport périodique sur l’état du marché mondial des armes classiques, qui analyse les exportateurs et les importateurs pour la période 2014-20181. Les régions les plus touchées par le commerce mondial des armes sont le Moyen-Orient, le sous-continent indien et l’Océanie, ce qui confirme en partie le rapport précédent (2009-2013). Les cinq principaux pays importateurs sont l’Arabie saoudite, l’Inde, l’Égypte, l’Australie et l’Algérie2.

Le continent africain dans son ensemble a connu une baisse significative des importations d’armes : de 9 % en 2009-2013 à 7,8 % en 2014-2018 (par rapport au marché mondial total)3. La Russie, deuxième exportateur mondial, est le premier fournisseur d’armes du continent (49 % des armes exportées vers l’Afrique du Nord, 28 % vers l’Afrique subsaharienne). L’Algérie représente 56 % des importations, tandis que l’ensemble du Maghreb (Algérie, Libye, Tunisie et Maroc) représente 75 % du total du continent. Il faut dire, cependant, que l’étude compte l’Égypte dans le sous-groupe du Moyen-Orient.

L’Afrique subsaharienne présente un tableau beaucoup plus polarisé, n’ayant que 5 pays dignes d’une analyse plus approfondie (Nigeria, Angola, Soudan, Cameroun et Sénégal), qui représentent ensemble 56 % des importations régionales. Cela signifie qu’il existe de sérieux risques d’une prééminence du trafic illicite d’armes, avec des cas de recyclage de matériel d’armement, un facteur qui affecterait fortement les conflits selon de nombreuses prévisions4. Le cas du G5 Sahel mérite une mention spéciale, compte tenu de la centralité du Tchad et de la montée en puissance du Niger en tant qu’importateur d’armes, notamment en provenance des pays européens (France, Allemagne et Italie) : les cinq pays de la coalition régionale représentent 0,2 % du total mondial5.

Dans un contexte où les organisations régionales ont du mal à mettre en place un programme de régulation, même minimale, du trafic d’armes, le continent africain présente différentes particularités en termes d’objectifs stratégiques6. De nombreux pays espèrent la survie de leur structure institutionnelle par le renforcement des forces armées, afin d’assurer le maintien du monopole de la violence, alors que dans d’autres cas, les États recherchent une coopération en matière de défense pour se doter d’une projection géopolitique. Dans ce dernier groupe, on peut inclure l’Angola, dont la marine a fait l’objet de lourds investissements européens (et notamment italien)7. Le Nigeria et le Soudan, en revanche, disposent d’un appareil sécuritaire particulièrement influencé par la dynamique interne (de Boko Haram au Nigeria, à la situation au Darfour pour Khartoum), tandis qu’au Cameroun le problème principal est représenté par la crise avec les provinces anglophones du Sud8. Un autre point important, non couvert par le rapport, concerne la nature des armements (Salw ou artillerie lourde), ainsi que l’utilisation de mercenaires, largement utilisés par la Russie, l’Ukraine, la Chine et la France9.

Perspectives :

  • À l’échelle mondiale, les cinq principaux exportateurs d’armes sont les États-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne et la Chine. Le marché des armes dépend beaucoup de la haute technologie et de l’innovation, mais surtout de la capacité d’exporter le savoir-faire. Dans ce contexte, la production et l’exportation de matériel d’armement sont encore loin d’être réparties à plusieurs niveaux et dans plusieurs régions du monde.
  • L’Italie se classe 9ème parmi les exportateurs et 20ème parmi les importateurs. Conformément à la loi 185/1990, le rapport annuel sur l’exportation de matériel d’armement doit être examiné en avril au Parlement. Il sera très important de comprendre le volume des exportations vers l’Arabie Saoudite, au centre d’une importante controverse, et vers les pays africains (Algérie, Niger et Cameroun, surtout).
  • Parmi les exportateurs d’armes vers l’Afrique, il est important de souligner le déclin de l’Ukraine. Kiev, qui a toujours été au centre du marché des armes vers l’Afrique et le Moyen-Orient, a connu une importante réduction de ses effectifs en raison de la crise dans ses régions orientales. Dans le rapport 2009-2013, il a été désigné comme le premier exportateur d’armes vers l’Afrique, enregistrant une baisse de 79 % dans le dernier document.

Sources :

  1. FLEURANT Aude, Trends in International arms transfer 2018, SIPRI, mars 2019.
  2. Il peso delle armi : Rapporto di ricerca sui conflitti dimenticati, Il Mulino, décembre 2018.

Alessandro Rosa

Sources
  1. FLEURANT Aude, Trends in International arms transfer 2018, SIPRI, mars 2019.
  2. FLEURANT Aude, Trends in International arms transfer 2018, SIPRI, mars 2019.
  3. FLEURANT Aude, Trends in International arms transfer 2018, SIPRI, mars 2019.
  4. Il peso delle armi : Rapporto di ricerca sui conflitti dimenticati, Il Mulino, décembre 2018.
  5. FLEURANT Aude, Trends in International arms transfer 2018, SIPRI, mars 2019.
  6. Il peso delle armi : Rapporto di ricerca sui conflitti dimenticati, Il Mulino, décembre 2018.
  7. Il peso delle armi : Rapporto di ricerca sui conflitti dimenticati, Il Mulino, décembre 2018.
  8. Il peso delle armi : Rapporto di ricerca sui conflitti dimenticati, Il Mulino, décembre 2018.
  9. Il peso delle armi : Rapporto di ricerca sui conflitti dimenticati, Il Mulino, décembre 2018.