Pierre Mennerat

Membre de la rédaction, Germaniste

Pierre Mennerat est germaniste agrégé d’allemand à l’ENS-Ulm. Titulaire d’un diplôme en histoire contemporaine et littérature germanophone de la Sorbonne, il y est désormais doctorant en histoire contemporaine de l’Allemagne. Ses travaux portent sur la diplomatie de l’Allemagne fédérale face à l’apartheir entre 1983 et 1989 et sur les droits de l’homme en République fédérale.

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«  Nous sommes en guerre  ». En attaquant directement la position attentiste du Chancelier Scholz sur l’Ukraine et en tendant la main au président de la République français, le chef de la puissante Union chrétienne démocrate (CDU), Friedrich Merz, qui avait ouvert la voie à un rapprochement avec l’AfD l’été dernier, a prononcé un discours fondateur. Son axe directeur  : l’Allemagne doit être à nouveau capable de se défendre. Nous le traduisons.

Les propos du président Macron suite à la conférence organisée à Paris le 26 février se sont ajoutés en Allemagne à une polémique antérieure sur la livraison d’armes à longue portée à l’Ukraine, tandis que l’opposition chrétienne-démocrate — Ursula von der Leyen en tête — oriente la campagne des élections européennes autour des questions de défense.

Le 1er novembre, Robert Habeck, ministre allemand de l’économie et vice chancelier, a prononcé un discours, remarqué aussi bien en Allemagne qu’à l’étranger, sur le conflit israélo-palestinien. Réagissant notamment à l’augmentation des actes antisémites, il s’agissait pour lui de rappeler la place singulière qu’occupe la question en Allemagne, ancrant sa politique étrangère dans un raisonnement pédagogique et historique.

Entre Paris et Berlin, les relations ne sont actuellement pas bonnes, et c’est peu dire. De part et d’autre, on ne se comprend plus guère au point où les principaux piliers de la coopération franco-allemande paraissent au point mort. Pour saisir les causes de cet éloignement, Michaela Wiegel, correspondante de la FAZ à Paris, a répondu à nos questions.

Depuis quelques jours, une petite phrase agite toute la bulle du franco-allemand. Comment l’interpréter  ? Dans la crise allemande, Robert Habeck, ministre fédéral de l’économie et de l’énergie, a peut-être trouvé le franc parler qu’il manque à Scholz pour s’adresser à Paris. Pour comprendre le sens de son intervention, nous l’introduisons et la traduisons dans son intégralité.

Scholz est-il en train de devenir le nouveau «  think tanker-in-chief  » du continent  ? Dans son discours au Parlement européen le 9 mai, le Chancelier allemand a proposé une formulation alternative de l’Union géopolitique, opposée à celle d’une Europe puissance baignée du mythe civilisationnel. Nous la traduisons et la commentons ligne à ligne pour la première fois.

Pour le soixantième anniversaire du Traité de l’Élysée, Olaf Scholz a tenu à indiquer sa volonté de remettre en marche le moteur franco-allemand après plusieurs mois marqués par un net refroidissement. Principalement conçu comme une célébration de la relation bilatérale et de ses artisans, le discours souligne le rôle de «  locomotive  » joué par Paris et Berlin dans la séquence ouverte en février 2022 avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie — à lire absolument.

La relation franco-allemande n’a pas commencé avec le traité de l’Élysée. Si la centralité de ce couple pour la construction européenne est ancienne, elle a pris aujourd’hui la forme d’un mythe fonctionnel et vertueux, essentiel aux dynamiques continentales et à même de produire des compromis décisifs. 10 points pour comprendre comment.

Comment l’Allemagne conçoit-elle sa place dans le monde et son rôle en Europe depuis l’invasion de l’Ukraine  ? Nous avons interrogé Tobias Lindner, ministre fédéral adjoint aux Affaires étrangères, issus des rangs des Verts (Die Grünen)  : au nom de Berlin, il plaide pour le passage d’une «  sécurité interconnectée  » à une «  sécurité intégrée  » — qui tienne compte de la diversité des dépendances et des défis.

«  Acter un changement d’époque ne constitue pas un programme.  » Dans un texte important commenté ici pour la première fois en français, Olaf Scholz détaille ce à quoi pourrait ressembler l’entrée de l’Allemagne dans une nouvelle ère mondiale – en articulant différentes échelles et en ouvrant la voie à des alliances inattendues.

Hier après-midi, le contrat de 177 pages de la coalition composée du SPD, des Verts et des libéraux a été publié. Nous publions la première traduction en français commentée des points clefs de cet accord  : les 40 pages qu’il faut lire.

La première traduction et le premier commentaire – ligne à ligne – du document sur lequel les Verts, le SPD et le FDP se sont entendus en Allemagne. Une lecture incontournable pour comprendre à quoi pourrait ressembler une telle coalition.

Alors qu’un été très mouvementé, marqué par des crises aux confins de l’Union et par la persistance du Covid-19, s’achève, le président français a invité la chancelière allemande dans sa résidence d’été méditerranéenne du Fort de Brégançon, non loin de Toulon. Au centre du dialogue, un «  agenda commun  » pour la Méditerranée orientale, mais aussi une réelle convergence de vues entre les deux pays sur les autres dossiers internationaux, comme la Biélorussie, le Mali et l’hospitalisation d’Alexeï Navalny.

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La formule de «  l’honnête courtier  » qui annoncerait sa disponibilité pour servir de médiateur impartial dans tous les conflits du monde, remise au goût du jour par la position allemande sur les tensions en Méditerranée orientale, date de Bismarck. Si, à l’époque, elle est l’expression d’une politique de puissance de l’Allemagne impériale, elle semble aujourd’hui bien peu adaptée à la position allemande vis-à-vis d’autres États membres.

Nous sommes le peuple Wir sind das Volk

«  Dammbruch  », le barrage rompu — le mot a fait le tour de la presse allemande. Le barrage s’est rompu, mercredi 5 février, avec l’élection au Parlement de Thuringe, dans l’Est du pays, d’un ministre-président libéral soutenu par l’extrême-droite. Un ministre-président sans gouvernement et sans majorité, dont la démission est déjà programmée. Retour sur la crise sans précédent qui secoue toujours la politique allemande.

Hier 5 janvier a eu lieu le second tour de l’élection présidentielle croate. Avec 53  % des voix l’ancien Premier ministre Zoran Milanovic (Parti social-démocrate, SDP), est arrivée en tête devançant la présidente sortante Kolinda Grabar-Kitarovic, soutenue par l’Union démocratique croate (HDZ). Le membre le plus récent de l’UE occupera aussi pour le premier semestre de 2020 la présidence du conseil de l’Union Européenne.

Après la procédure ayant conduit à la suspension du Fidesz d’Orban du PPE, c’est vers la Roumanie que se se sont concentrés les regards de l’Union et des sociaux-démocrates européens, qui accusent le parti de gouvernement à Bucarest, le PSD, de violation des principes de l’État de droit. Pour cette raison, le PSD roumain a été suspendu du Parti Socialiste Européen, même si toutes décisions seront prises après les élections européennes.

La nouvelle présidente de la CDU est l’héritière apparente d’Angela Merkel. Une partie conséquente des membres du parti voudraient voir AKK à la chancellerie bien avant la fin du mandat actuel en 2021. Mais son positionnement à droite et des phrases polémiques amènent à s’interroger  : a-t-elle l’étoffe d’une chancelière  ?

La nouvelle présidente de la CDU a publié ce samedi 9 mars une tribune traduite en plusieurs langues sous ce titre professoral « Faisons l’Europe comme il faut » qui sonne comme la réponse du berger à la bergère à la lettre d’Emmanuel Macron. Derrière une approbation nominale des ambitions de relance françaises, c’est en fait une critique en règle des propositions du président français, qui n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour ramasser les ambitions fédéralistes du discours de la Sorbonne sur quelques propositions de relance plus restreintes et bien plus intergouvernementales que le grand dessein initial.

Aux prises avec un mouvement social inattendu, Viktor Orbán a relancé ses attaques contre Bruxelles. En attaquant directement le président Juncker, membre du Parti Populaire Européen au sein duquel siège le Fidesz, le premier ministre Hongrois risque de précipiter la désintégration d’un parti incertain de ses valeurs.

La montée des tensions commerciales entre l’Europe et les États-Unis est symbolisée par l’obsession trumpienne pour les automobiles allemandes, que le président américain voudrait voir moins nombreuses sur les routes du pays. Mais cette industrie est profondément implantée en Amérique, et notamment dans des États favorables au président républicain.

Le parti social-démocrate (SPD) et son partenaire de coalition chrétien-démocrate (CDU) proclament leur aggiornamento sur des mesures emblématiques, la libéralisation du marché du travail et la politique des réfugiés, dans un contexte de campagne électorale sans merci dans les Länder de l’Ouest.

Le rejet catégorique par le ministre des Transports allemand, le 21 janvier, d’une limitation de vitesse sur les autoroutes et la controverse scientifique autour de la nocivité des émissions d’oxyde d’azote par les véhicules rappellent que l’automobile en Allemagne reste un sujet très politique.

Le parti de droite populiste allemand, par ailleurs empêtré dans une affaire de financement illégal, fera l’objet d’une évaluation approfondie par le renseignement intérieur à titre provisoire à cause des paroles et actions de sa branche la plus extrémiste.

Annegret Kramp-Karrenbauer, favorite pour la succession d’Angela Merkel à la tête de la CDU, s’est imposée sur le fil au second tour grâce à 51 pour cent des délégués. Cette victoire serrée confirme la stratégie de la chancelière, mais ne lève pas les doutes sur la transition à venir.

Après une nouvelle déconvenue électorale, la chancelière allemande a annoncé qu’elle cèdera en décembre la direction du parti chrétien-démocrate et quittera la politique en 2021. Une solution inédite pour régler dans la dignité sa propre succession, ce que ses prédécesseurs n’ont pas réussi à accomplir. Mais le processus de transition envisagé reste très incertain.

Après le bouleversement de l’équilibre politique en Bavière, c’est au tour de la Hesse d’élire son parlement régional. Les chrétiens démocrates pourraient à nouveau subir une défaite, au profit de leurs partenaires de coalition, les Verts, qui doivent confirmer une bonne série régionale.

Les élections qui se sont tenues dimanche 14 octobre en Bavière ont vu s’opérer une recomposition historique de la situation politique régionale, dans un contexte de forte participation (environ +10  % par rapport à l’élection de 2013). Si les orientations politiques futures du grand État prospère, catholique et conservateur du Sud de l‘Allemagne en seront certainement assez peu affectées, l’équilibre des forces – et c’est là tout le paradoxe – y est profondément et durablement bouleversé. À moyen terme, les résultats de ce vote pourraient peser sur l’avenir de la Grande coalition et, partant, sur les dynamiques politiques de toute l’Union européenne.

L’ultra-droite allemande a utilisé le meurtre d’un allemand de 35 ans comme prétexte à une démonstration de force xénophobe dans un des bastions de l’AfD, alors que plusieurs affaires mettent en cause la neutralité ou l’efficacité des autorités publiques face aux dérives fascisantes.