Guerre

Le jour où la politique étrangère allemande a changé

Hier, dimanche 27 février 2022, l'Allemagne est entrée dans une nouvelle ère. Pour la première fois traduit en français, nous donnons à lire le discours historique d'Olaf Scholz devant le Bundestag.

Auteur
Pierre Mennerat
Trad.
Pierre Mennerat
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© AP Photo/Michael Sohn

Venons-nous d’assister au premier grand discours sur la guerre en Ukraine d’un dirigeant européen ? Alors que plus de 100 000 personnes manifestaient leur soutien à l’Ukraine autour de la Brandenburger Tor, le chancelier Scholz a prononcé devant le Bundestag réuni en session extraordinaire une adresse qui marque un « changement d’époque » à la fois pour la situation en Europe et pour la politique étrangère de l’Allemagne.

Après avoir condamné l’invasion dans les termes les plus forts, le dirigeant à la tête d’une coalition en « feu tricolore » (SPD, FDP, Verts) a détaillé en cinq points le programme de son gouvernement : premièrement apporter une aide, y compris par l’envoi de matériel militaire létal, à l’Ukraine, deuxièmement, dissuader Poutine de poursuivre la guerre par des sanctions, troisièmement empêcher que la guerre ne s’étende à d’autres pays d’Europe, quatrièmement renforcer massivement les capacités des forces armées de la république fédérale, et cinquièmement changer la doctrine de politique étrangère de l’Allemagne pour plus de fermeté et d’action commune européenne.

Le discours est caractérisé par une allure de sobriété déterminée, typique d’un « style Scholz » qui commence à se dessiner au fil de ses déclarations publiques. Le chancelier utilise aussi cette occasion très émotionnelle pour s’éloigner de son image de « Scholz-o-mat » qu’on a pu lui affubler par le passé. Les phrases sont précises et brèves, mais l’indignation est à la hauteur des enjeux et une colère froide se dégage de l’ensemble du texte. Le premier discours du « chancelier de guerre » n’est pas sans faire écho (sur le fond si ce n’est sur la forme) au discours prononcé par le ministre des affaires étrangères Joschka Fischer en 1999 sur l’intervention de l’OTAN au Kosovo, prononcé lors d’un congrès exceptionnel des Grünen, qui avait signifié un tournant majeur dans l’histoire de la gauche allemande.

Le 24 février 2022 marque un changement d’époque dans l’histoire de notre continent. En attaquant l’Ukraine, le président russe a déclenché sur un coup de tête une guerre d’agression. 

Pour une seule raison : la liberté des Ukrainiennes et des Ukrainiens remet en cause son propre régime d’oppression. C’est inhumain. C’est contraire au droit international. Rien ni personne ne peut le justifier. 

Les images terribles de Kiev, Kharkiv, Odessa et Marioupol montrent toute l’absence de scrupules de Poutine. L’injustice inouïe, la souffrance des Ukrainiennes et des Ukrainiens nous touchent énormément. Je sais bien les questions que se posent nos concitoyennes et concitoyens ces jours-ci le soir à la table du dîner. Quels soucis les agitent – au vu des nouvelles effrayantes de la guerre. Beaucoup d’entre nous ont encore en mémoire les récits de nos parents ou de nos grands-parents. Et pour les plus jeunes c’est à peine croyable : la guerre en Europe. Beaucoup d’entre eux expriment leur effroi partout dans le pays, y compris ici à Berlin.

Nous vivons un changement d’époque. Et cela signifie : le monde d’après n’est plus pareil que le monde d’avant. Au fond, il s’agit de savoir si la force peut transgresser le droit. Si nous permettons à Poutine de remonter les horloges jusqu’au temps des grandes puissances du XIXe siècle. Ou si nous trouvons l’énergie d’imposer des limites aux fauteurs de guerre comme Poutine. Cela présuppose d’avoir soi-même de la force. Oui, nous voulons et nous allons garantir notre liberté, notre démocratie et notre prospérité. 

Je vous suis très reconnaissant, madame la présidente du Bundestag, de pouvoir partager avec vous toutes les positions du gouvernement. Et je remercie aussi les présidents de tous les groupes parlementaires démocratiques de cette chambre d’avoir soutenu la tenue de cette session. 

Mesdames et messieurs, avec l’agression de l’Ukraine, Poutine ne veut pas seulement effacer de la carte du monde un pays indépendant. Il démolit l’ordre de sécurité européen tel qu’il existait depuis l’acte final de la conférence d’Helsinki il y a près d’un demi-siècle. Il se met aussi au ban de la communauté internationale toute entière. 

Dans le monde entier, nos ambassades ont plaidé ces derniers jours, ensemble avec la France, pour que l’agression russe soit citée au Conseil de sécurité des Nations unies pour ce qu’elle est : une violation infâme du droit international. Et lorsqu’on voit le résultat de la session du Conseil de sécurité, cela a été un succès. Les consultations l’ont montré : nous ne sommes en aucun cas seuls dans notre engagement pour la paix. Nous allons le poursuivre de toutes nos forces

Pour tout ce qu’elle a accompli, j’ai énormément de gratitude pour la ministre des affaires étrangères Annalena Baerbock. Ce n’est qu’avec le frein d’urgence de son droit de veto que Moscou – tout de même membre permanent du Conseil de sécurité – a pu empêcher sa propre condamnation. Quelle honte !

Le président Poutine parle toujours d’une sécurité indivisible. Mais en réalité il veut diviser par la violence des armes le continent en sphères d’influences de vieille réputation. Cela a des conséquences pour la sécurité en Europe. Oui, sur le long terme la sécurité en Europe n’est pas possible contre la Russie. Mais dans un avenir prévisible Poutine menace cette sécurité. Cela doit être exprimé clairement. Nous acceptons le défi face auquel cette époque nous place – avec lucidité et détermination. 

Nous avons désormais cinq missions à accomplir. Premièrement nous devons soutenir l’Ukraine dans cette situation désespérée. C’est ce que nous avons fait en masse les semaines, mois et années passées. Mais avec l’invasion de l’Ukraine, nous sommes entrés dans une nouvelle ère. À Kiev, Kharkiv, Odessa et Marioupol, les gens ne défendent pas seulement leur patrie. Ils se battent pour la liberté et leur démocratie. Pour des valeurs que nous partageons avec eux. En tant que démocrates, en tant qu’Européens, nous sommes à leurs côtés – du bon côté de l’histoire.

Jeudi, le président Poutine a créé une nouvelle réalité en envahissant l’Ukraine. Cette nouvelle réalité exige une réponse claire. Nous l’avons donnée. Comme vous le savez, nous avons décidé hier que l’Allemagne fournirait des armes à l’Ukraine pour la défense de leur pays. Il ne pouvait pas y avoir d’autre réponse à l’agression de Poutine. 

Mesdames et Messieurs, notre deuxième mission est la suivante : dissuader Poutine de poursuivre la guerre. La guerre est une catastrophe pour l’Ukraine. Mais la guerre s’avérera également être une catastrophe pour la Russie.

Avec les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, nous avons adopté un train de sanctions d’une ampleur sans précédent. Nous coupons les banques et les entreprises publiques russes de tout financement. Nous empêchons l’exportation de technologies d’avenir vers la Russie. Nous ciblons les oligarques et leurs placements financiers dans l’Union. À cela s’ajoutent les mesures punitives à l’encontre de Poutine et des personnes de son entourage direct ainsi que les restrictions à l’octroi de visas pour les officiels russes. Et nous excluons des banques russes importantes du réseau de communication bancaire Swift. C’est ce que nous avons convenu hier avec les chefs d’État et de gouvernement des démocraties les plus fortes sur le plan économique et de l’Union.

Ne nous faisons pas d’illusions : Poutine ne changera pas de cap du jour au lendemain. Mais très bientôt, les dirigeants russes sentiront le prix élevé qu’ils paient. Rien que la semaine dernière, les valeurs boursières russes ont chuté de plus de 30 pour cent. Cela montre que nos sanctions sont efficaces. Et nous nous réservons le droit de prendre d’autres sanctions, sans nous interdire d’envisager quoi que ce soit.

Notre ligne directrice reste la question suivante : qu’est-ce qui touche le plus durement les responsables ? Ceux qui sont concernés. Et non pas le peuple russe. Car c’est Poutine, et non le peuple russe, qui a décidé de faire la guerre. C’est pourquoi il faut le dire clairement : cette guerre est la guerre de Poutine. Cette différenciation est importante pour moi. Car la réconciliation entre Allemands et Russes après la Seconde Guerre mondiale est et reste un chapitre important de notre histoire commune.

Et je sais à quel point la situation actuelle est difficile à supporter, notamment pour les nombreux citoyens de notre pays qui sont nés en Ukraine ou en Russie. C’est pourquoi nous ne laisserons pas ce conflit entre Poutine et le monde libre rouvrir de vieilles blessures et provoquer de nouvelles déchirures. 

Et il y autre chose que nous ne devrions pas oublier : dans de nombreuses villes russes, des citoyens ont protesté ces derniers jours contre la guerre de Poutine, acceptant d’être arrêtés et punis. Cela demande un grand courage et une grande bravoure !

L’Allemagne se tient aujourd’hui aux côtés des Ukrainiennes et des Ukrainiens. Nos pensées et notre compassion vont aujourd’hui aux victimes de la guerre d’agression russe. Nous sommes également aux côtés de tous ceux qui, en Russie, défient courageusement l’appareil du pouvoir de Poutine et refusent sa guerre contre l’Ukraine. Nous savons qu’ils sont nombreux. Je leur dis à tous : n’abandonnez pas ! J’en suis certain : la liberté, la tolérance et les droits de l’homme seront victorieux également en Russie.

Mesdames et Messieurs, le troisième grand défi est d’empêcher que la guerre de Poutine ne s’étende à d’autres pays d’Europe. Cela signifie que nous assumons pleinement notre devoir d’assistance au sein de l’OTAN. C’est ce que j’ai dit à nos alliés d’Europe centrale et orientale, qui craignent pour leur sécurité.

Le président Poutine ne devrait pas sous-estimer notre détermination à défendre, avec nos alliés, chaque mètre carré du territoire de l’Alliance. Nous sommes très sérieux à ce sujet. L’admission d’un pays dans l’OTAN est liée à notre volonté, en tant qu’alliés, de défendre ce pays. Et ce, au même titre que nous-mêmes.

La Bundeswehr a déjà étendu son soutien aux alliés de l’Est et continuera à le faire. Je remercie la ministre fédérale de la Défense pour ce signal important. En Lituanie, où nous dirigeons la force opérationnelle de l’OTAN, nous avons augmenté nos troupes. Nous avons prolongé et étendu notre engagement dans la police aérienne en Roumanie. Nous voulons participer à la mise en place d’une nouvelle unité de l’OTAN en Slovaquie. Notre marine contribue à la sécurisation de la mer du Nord, de la mer Baltique et de la Méditerranée avec des navires supplémentaires. Et nous sommes prêts à participer à la défense de l’espace aérien de nos alliés en Europe de l’Est avec des missiles de défense aérienne.

Ces derniers jours, nos soldats n’ont souvent eu que peu de temps pour se préparer à ces missions. Je leur dis, et certainement aussi en votre nom : merci. Merci pour votre service important – surtout ces jours-ci.

Mesdames et Messieurs, face au changement d’époque que représente l’agression de Poutine, notre principe est le suivant : ce qui est nécessaire pour garantir la paix en Europe sera fait. L’Allemagne y apportera sa contribution solidaire. Mais il ne suffit pas de l’affirmer clairement et sans équivoque aujourd’hui. Car pour cela, la Bundeswehr a besoin de nouvelles et solides capacités.

Et c’est ma quatrième préoccupation, Mesdames et Messieurs. Quiconque lit les traités historicistes de Poutine, quiconque a vu sa déclaration de guerre publique à l’Ukraine à la télévision, ou quiconque – comme moi – a récemment parlé personnellement avec lui pendant des heures, ne peut plus avoir aucun doute : Poutine veut construire un empire russe. Il veut réorganiser fondamentalement la situation en Europe selon ses idées. Et pour cela, il n’hésite pas à recourir à la force armée. On le voit aujourd’hui en Ukraine.

Nous devons donc nous demander : quelles sont les capacités de la Russie de Poutine ? Et de quelles capacités avons-nous besoin pour faire face à cette menace, aujourd’hui et à l’avenir ? Il est clair que nous devons investir beaucoup plus dans la sécurité de notre pays afin de protéger notre liberté et notre démocratie.

Il s’agit d’un grand effort national. L’objectif est de disposer d’une Bundeswehr performante, ultramoderne et progressiste, qui nous protège de manière fiable. Comme je l’ai dit lors de la conférence sur la sécurité de Munich il y a une semaine, nous avons besoin d’avions qui volent, de bateaux qui prennent la mer et de soldats qui sont équipés de manière optimale pour leurs missions. C’est de cela qu’il s’agit. Et c’est tout à fait réalisable pour un pays de notre taille et de notre importance en Europe.

Mais ne nous leurrons pas : un meilleur équipement, du matériel de combat moderne, plus de personnel militaire – cela coûte beaucoup d’argent. Nous allons donc créer un « fonds spécial pour la Bundeswehr ». Et je suis très reconnaissant au ministre fédéral des Finances Lindner pour son soutien dans ce domaine. Le budget fédéral 2022 dotera ce fonds spécial de 100 milliards d’euros, une fois pour toutes. Nous utiliserons ces fonds pour les investissements et les projets d’armement nécessaires. À partir de maintenant, nous investirons chaque année plus de deux pour cent du produit intérieur brut dans notre défense. Et je m’adresse ici à tous les groupes parlementaires du Bundestag allemand : garantissons le fonds spécial dans la Loi fondamentale.

Je voudrais ajouter une chose : nous ne visons pas cet objectif uniquement parce que nous nous sommes engagés auprès de nos amis et alliés à porter nos dépenses de défense à 2 % de notre production économique d’ici 2024. Nous le faisons aussi pour nous-mêmes, pour notre propre sécurité. Nous savons bien que les moyens de la Bundeswehr ne suffiront pas à contrer toutes les menaces de l’avenir.

C’est pourquoi nous avons besoin d’un fort effort commun pour plus de développement. C’est pourquoi nous allons renforcer notre résilience – technique et sociale – par exemple contre les cyber-attaques et les campagnes de désinformation ; contre les attaques contre nos infrastructures critiques et nos voies de communication.

Et nous resterons à la pointe de la technologie. C’est pourquoi il est si important pour moi, par exemple, que nous construisions la prochaine génération d’avions de combat et de chars d’assaut en collaboration avec des partenaires européens – et notamment la France – ici en Europe. Ces projets sont une priorité absolue pour nous. En attendant que les nouveaux avions soient opérationnels, nous continuerons à développer l’Eurofighter ensemble.

Il est également bon que les contrats relatifs à l' »eurodrone » aient enfin pu être signés cette semaine. Nous faisons également avancer l’acquisition du drone armé Heron en provenance d’Israël. Et pour la participation nucléaire, nous allons acquérir à temps un remplaçant moderne pour les jets Tornado obsolètes. L’Eurofighter doit être doté de la capacité de guerre électronique. L’avion de combat F-35 est envisagé comme avion porteur.

Enfin, Mesdames et Messieurs, nous ferons davantage pour garantir un approvisionnement énergétique sûr pour notre pays. Le gouvernement fédéral a déjà mis en place une mesure importante à cet effet. Et nous allons changer de cap pour surmonter notre dépendance à l’égard des importations de certains fournisseurs d’énergie. Les événements de ces derniers jours et semaines nous l’ont montré : une politique énergétique responsable et prévoyante n’est pas seulement décisive pour notre économie et notre climat. Elle est également décisive pour notre sécurité.

C’est pourquoi plus vite nous développerons les énergies renouvelables, mieux nous nous porterons. Et nous sommes sur la bonne voie. Nous voulons atteindre en tant que pays industrialisé  la neutralité carbone d’ici 2045. Avec cet objectif en tête, nous devrons prendre des décisions importantes. Par exemple, constituer une réserve de charbon et de gaz. Nous avons décidé d’augmenter de deux milliards de mètres cubes la quantité de stockage de gaz naturel par le biais d’options à long terme. En outre, nous allons acheter du gaz naturel supplémentaire sur les marchés mondiaux, en collaboration avec l’UE.

Enfin, nous avons pris la décision de construire rapidement deux terminaux de gaz naturel liquéfié, à Brunsbüttel et Wilhelmshaven. Je tiens à remercier expressément le ministre fédéral de l’Économie, M. Habeck, pour son engagement. Ce qui est nécessaire à court terme peut être combiné avec ce qui sera de toute façon nécessaire à long terme pour la réussite de la transformation. Un terminal GNL dans lequel nous faisons arriver du gaz aujourd’hui peut également demain réceptionner de l’hydrogène vert.

Et bien sûr, nous ne perdons pas de vue les prix élevés de l’énergie. La guerre de Poutine les a encore fait augmenter récemment. C’est pourquoi nous avons convenu cette semaine d’un paquet de mesures d’allègement, avec la suppression de la taxe sur les énergies renouvelables cette année encore, une augmentation de l’allocation forfaitaire pour les trajets entre le lieu de travail et de résidence, une prime de chauffage pour les bas salaires, des subventions pour les familles et des allègements fiscaux. Le gouvernement fédéral va rapidement mettre tout cela en place. Notre message est clair : nous ne laisserons pas les citoyens et les entreprises seuls dans cette situation.

Mesdames et Messieurs, le changement d’époque ne touche pas seulement notre pays. Il touche toute l’Europe. C’est à la fois un défi et une chance. Le défi consiste à renforcer la souveraineté de l’Union européenne de manière durable et permanente. La chance réside dans le maintien de l’unité dont nous avons fait preuve ces derniers jours pour décider du paquet de sanctions. 

Pour l’Allemagne et pour tous les autres pays membres de l’Union européenne, cela signifie qu’il ne faut pas seulement se demander ce que l’on peut obtenir pour son propre pays à Bruxelles. Mais de se demander ce qui est le mieux, quelle est la meilleure décision pour l’Union ? L’Europe est notre cadre d’action. Ce n’est que si nous comprenons cela que nous pourrons relever les défis de notre temps.

Et cela m’amène au cinquième et dernier point : la guerre de Poutine marque également un tournant pour notre politique étrangère. Autant de diplomatie que possible, sans être naïf – cette exigence demeure. Mais ne pas être naïf, cela signifie aussi : ne pas parler pour parler. Pour un véritable dialogue, il faut que les deux parties soient prêtes à le faire. C’est ce qui fait manifestement défaut du côté de Poutine, et pas seulement ces derniers jours et semaines.

Qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir ? Nous ne refuserons pas de discuter avec la Russie. Même dans cette situation extrême, il est du devoir de la diplomatie de maintenir les canaux de discussion ouverts. Je considère que toute autre attitude est irresponsable.

Mesdames et Messieurs, nous savons ce que nous défendons, notamment au regard de notre propre histoire. Nous nous engageons pour la paix en Europe. Nous ne nous résignerons jamais à la violence comme moyen politique. Nous nous battrons toujours pour la résolution pacifique des conflits. Et nous ne nous arrêterons pas tant que la paix ne sera pas assurée en Europe.

Et pour cela, nous ne sommes pas seuls, mais avec nos amis et partenaires en Europe et dans le monde. Notre plus grande force réside dans nos alliances. C’est à elles que nous devons le grand bonheur dont notre pays jouit depuis plus de 30 ans : vivre dans un pays uni, dans la prospérité et la paix avec nos voisins.

Si nous voulons que ces 30 dernières années ne restent pas une exception historique, nous devons tout faire pour la cohésion de l’Union européenne, pour la force de l’OTAN, pour des relations encore plus étroites avec nos amis, nos partenaires et nos pairs dans le monde entier. Je suis persuadé que nous y parviendrons. Car rarement nous et nos partenaires avons été aussi déterminés et unis.

Nous sommes unis ces jours-ci : nous connaissons la force des démocraties libres. Nous le savons : tout ce qui est soutenu par un large consensus social et politique est durable, même en cette période de changement et au-delà. C’est pourquoi je vous remercie, ainsi que tous les groupes de cette assemblée, d’avoir fermement condamné l’invasion russe de l’Ukraine pour ce qu’elle est : une attaque injustifiable contre un pays indépendant, contre l’ordre de paix en Europe et dans le monde. La proposition de résolution d’aujourd’hui l’exprime clairement.

Je remercie tous ceux qui, ces jours-ci, agissent contre la guerre de Poutine. Et qui se rassemblent ici à Berlin et ailleurs pour des manifestations pacifiques. Et je remercie tous ceux qui, en ces temps, se tiennent avec nous pour une Europe libre et ouverte, juste et pacifique. Nous la défendrons.

Discours du chancelier Olaf Scholz devant le Bundestag réuni en session extraordinaire, 27 février 2022

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