Guillaume Lancereau

Historien

Il est Max Weber Fellow à l'Institut universitaire européen. Spécialiste de la Révolution française et de son historiographie, il co-anime le blog d’histoire du XVIIIe siècle Échos des Lumières

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Guillaume Lancereau est un historien de l'Europe occidentale et de la Russie (XIXe-premier XXe siècle) qui s'intéresse particulièrement à l'histoire intellectuelle transnationale.

Diplômé de Sciences Po Paris et de l'École Normale Supérieure, il a été chercheur invité à l'Université de Princeton. Il a enseigné l'histoire à Science Po Toulouse et à la Sorbonne.

Guillaume Lancereau a effectué son doctorat sur l'historiographie de la Révolution française à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) avant de travailler sur l'histoire transnationale du positivisme à l'Institut universitaire européen.
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«  Exigez le maximum et n’ayez pas honte d’exagérer dans vos demandes. N’épargnez pas les menaces, puis proposez des négociations comme issue à la situation  : il y aura toujours, en Occident, des gens pour mordre à l’hameçon.  »

Dans une semaine historique, l’histoire longue de la diplomatie soviétique peut aider à comprendre comment négocier avec Poutine.

Face à l’annonce d’un «  deal  » de paix à Washington entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en échange d’un corridor de sécurité qui donne aux États-Unis un accès unique au Caucase du Sud, le Kremlin est resté relativement discret.

Le coup de Trump, qui sert sans doute en interne son récit de «  président de la paix  », le place-t-il pour autant en position de force face à la Russie de Poutine avant le sommet du 15 août en Alaska  ? Il y a tout lieu d’en douter.

Une étude en 7 points sur cette séquence et les réactions dans la région signée Guillaume Lancereau.

En ciblant l’ancien président russe Medvedev sur les réseaux sociaux, Donald Trump est-il en train d’installer les États-Unis et la Russie dans une logique d’escalade  ?

L’affaire Epstein peut-il être à l’origine d’une crise nucléaire  ?

Que se passe-t-il dans les coulisses de ce théâtre de l’escalade verbale  ?

Guillaume Lancereau signe six points sur la géopolitique d’un spectacle particulièrement dangereux.

Le titre d’un article publié ce mercredi par l’une des plus importantes agences de presse russes, Ria Novosti, semble relancer une rhétorique maximaliste aux relents génocidaires, quelques jours après les déclarations de Vladimir Poutine, affirmant que «  toute l’Ukraine nous appartient  ».

Nous le traduisons en intégralité et le situons dans un contexte marqué par les tergiversations nucléaires de Donald Trump et son ultimatum lancé à Vladimir Poutine.

«  Ce qui se joue pour nous, ce n’est pas le statut de l’Ukraine, mais l’existence même de la Russie.  »

Dans les milieux stratégiques proches du Kremlin, on l’exprime désormais de plus en plus ouvertement  : la guerre d’Ukraine n’est qu’une étape  ; Trump sera toujours l’ennemi de Moscou  ; et l’Europe est la prochaine cible à abattre sur la liste.

Traduction commentée ligne à ligne du dernier papier radical de Dmitri Trenin, l’un des membres de l’élite stratégique les plus écoutés et visibles de la Russie de Poutine.

«  Les buter jusque dans les chiottes  »  : Vladimir Poutine avait donné le ton il y a vingt ans.

Au motif de la lutte contre le terrorisme, la Russie a depuis un an multiplié les politiques xénophobes, en particulier contre les minorités et les populations issues des anciennes républiques soviétiques.

Décorrélée d’une réalité économique où la dépopulation et la guerre crée d’immenses besoins de main-d’œuvre, cette répression systématique libère la parole raciste dans un pays qui s’est longtemps vanté d’être un modèle d’harmonie multinationale.

Des statues monumentales. Des textes, des citations, des chansons — des effigies partout.

En Russie, Staline redevient à la mode.

Aux examens, les étudiants sont invités à justifier la répression et les purges.

Comment comprendre cette stratégie délibérée du Kremlin  ?

Enquête sur la réhabilitation du «  petit père des Peuples  » dans la Russie de Poutine.

La Russie a «  fermement condamné  » l’attaque américaine de la nuit dernière.

Mais il suffit de lire attentivement les dernières prises de parole de Vladimir Poutine au Forum de Saint-Pétersbourg — que nous traduisons et commentons ici — pour comprendre qu’un ajustement stratégique est en cours.

Incapable de soutenir l’ouverture d’un nouveau front au sud, la Russie pourrait, par réalisme, voir à nouveau sa stature internationale diminuée en décidant d’abandonner le régime iranien à Israël et aux États-Unis — en soulevant des interrogations sur sa solvabilité géopolitique.

Ces derniers mois, Moscou a beaucoup misé sur son partenariat avec Téhéran.

Mais depuis le lancement par Israël de l’opération Am Kalavi, une peur saisit les propagandistes du Kremlin  : et si, après celui d’Assad en Syrie, le régime des mollahs tombait aussi  ?

Comme le résume une agence de presse en Crimée  : «  voilà la leçon pour la Russie  : si tu recules, on te frappe encore plus fort.  »

Une nouvelle idée a le vent en poupe dans la Russie de Poutine  : provoquer l’essor économique et social des périphéries pour réaliser le destin impérial d’une extension à la «  Grande Eurasie  ».

Ce rêve bizarre a désormais un nom  : Sibérisation — il a même son propre think tank.

Signe de son importance, le principal producteur idéologique de Poutine, Sergueï Karaganov, s’en est saisi.

Du «  deuxième tournant vers l’Est  » au «  Lebensraum climatique  », nous traduisons et commentons son inquiétante théorie du bonheur pour la Russie.

Pour la blogosphère russe pro-guerre, le fragile début de négociations entre la Russie et l’Ukraine à Istanbul est un début de capitulation.

Dans un renversement inédit depuis le début de la guerre, les propagandistes radicaux de Poutine commencent à douter du chef.

Guillaume Lancereau a épluché des centaines de posts Telegram — il analyse une tendance à surveiller de près.

En marge de la parade militaire et de l’agitation du Jour de la Victoire, célébré aujourd’hui, vendredi 9 mai, en Russie, la réception par Poutine d’une vingtaine de dirigeants étrangers a également constitué l’occasion pour ces derniers de témoigner de leur reconnaissance envers le président russe.

À travers ces prises de parole, Poutine a pu montrer qu’il disposait toujours d’alliés. Probablement plus que toutes les autres personnalités présentes, c’est le président chinois Xi Jinping qui a le plus été mis en avant.

Devant Xi, al-Sissi, Lula, Vučić et les autres, Poutine voulait une mise en scène éclatante  : celle d’un nouveau succès dans une guerre éternelle.

La guerre d’il y a quatre-vingt ans  ; celle d’aujourd’hui en Ukraine, celle de demain en Europe — celle qui ne s’arrête jamais.

Parmi les douze batailles de la Seconde Guerre mondiale de son discours, on trouvait trois villes ukrainiennes et une autre, russe, qui fait désormais partie du front — Koursk.

Nous le traduisons.

Aujourd’hui, sur la place Rouge, pour le traditionnel défilé du «  Jour de la Victoire  », Vladimir Poutine va se présenter comme le sauveur de la «  majorité mondiale  » à côté de Lula, Xi Jinping ou de son vassal Loukachenko.

Pour préparer les Russes à ce show, il a donné à la télévision un long entretien dans un pseudo-documentaire au style hollywoodien. Il y évoque sa biographie, son héritage et ses aspirations pour la Russie. Un dispositif huilé, à la Sourkov  : une mise en scène à l’intérieur de la mise en scène.

Nous le traduisons.

«  Il faut que notre petite barque, voguant en eaux troubles, reste toujours amarrée au grand navire russe.  »

Alors que l’Église catholique pleurait la mort du pape François, à Moscou, sous les ors du Kremlin, le Patriarche Kirill et le président russe accomplissaient une sorte de rituel théologico-politique  : la mise en scène du rattachement au «  monde russe  » de l’Église de Serbie.

Peu remarqué en Occident, ce moment pourrait se révéler décisif.

Le bras armé de la prochaine invasion est désormais la religion orthodoxe.

Le prochain objectif a été énoncé à Moscou ce 22 avril  : prendre Belgrade.

«  Le slogan ‘America First’ suscite d’inquiétants jeux d’échos avec le slogan de l’époque hitlérienne Deutschland über alles  ».

À la Maison-Blanche, le révisionnisme désinhibé de Donald Trump a tendu à la diplomatie de Poutine une perche parfaite  : retourner contre «  l’Occident collectif  » l’arme du droit international — avec une hypocrisie virtuose.

Pour Poutine, les Empires ont besoin d’un lebensraum.

Trump peut prendre le Groenland — mais la Russie aussi a des plans pour son Arctique.

Une plateforme logistique, un grand centre industriel, des resorts touristiques de luxe  : un espace à prendre pour de riches colons russes, en somme — Pôle Nord, Inc.

Nous le traduisons.

«  Il n’y aura aucun privilège, aucun traitement de faveur pour ceux qui souhaiteraient faire leur grand retour en Russie.  »

Malgré une économie surchauffée et sous perfusion, Poutine veut montrer au monde que le vent tourne.

Devant la fine fleur de l’Union des industriels et des entrepreneurs de Russie, il se présente en justicier vengeur  : les entreprises qui souhaitent désormais revenir dans le pays à la faveur d’une potentielle «  normalisation  » le pourront à terme — mais pas à n’importe quel prix.

Le spin doctor géopolitique de Poutine veut «  passer à l’offensive idéologique  ».

Prendre toute l’Eurasie  : de l’Ukraine au Kamtchatka — des deux Corées au golfe Persique.

Pour guider l’expansion d’une civilisation «  libératrice  » à l’extérieur, Karaganov appelle à assumer une forme d’État qui distingue constamment l’ami de l’ennemi à l’intérieur, sur un modèle totalitaire.

Nous le traduisons et le commentons.

Après le revirement de Donald Trump, à Moscou s’élaborent les concepts stratégiques d’une nouvelle phase de convergence entre le Kremlin et la Maison-Blanche.

Ilya S. Fabrichnikov, l’un des jeunes doctrinaires de Poutine, a lancé une idée.

La Russie ne doit plus désigner son ennemi dans «  l’Occident collectif  » mais dans «  l’Europe collective  ».

Nous le traduisons pour la première fois en français.

Le tournant Trump a déjà un effet mesurable sur la société en Ukraine.

Alors que les pourparlers se poursuivent en Arabie saoudite, les régions et les oppositions ukrainiennes font bloc derrière Zelensky, qui continue à jouir d’une popularité élevée.

En Russie, le nouvel alignement marqué par Trump avec le Kremlin ne semble pas susciter d’engouement.

Une plongée dans les opinions en guerre en 10 points et 10 graphiques clefs.

En Europe on peine à croire que l’Ukraine pourrait poursuivre la guerre sans l’aide de Washington.

Le Kremlin semble en réalité craindre le soutien européen et mise sur la divine surprise de la convergence entre Poutine et Trump.

Nous traduisons un entretien clef pour comprendre une hypothèse centrale pour la Russie à ce stade des négociations.

Après le revirement de la Maison-Blanche de Donald Trump, Vladimir Poutine entend encaisser les fruits de son pari impérial.

Lors du dernier Conseil des ministres de la Fédération de Russie, le maître du Kremlin a mis en scène un récit mobilisateur puissant, dont il ne faut pas sous-estimer la portée  : pour bien vivre à l’intérieur, faire la guerre à l’extérieur.

Nous le traduisons.

À la tête du pays le plus sanctionné au monde et alors que la nouvelle administration américaine semble se plier à toutes ses demandes, le maître du Kremlin met en scène son retour sur la scène internationale

Dans son dernier grand entretien, Vladimir Poutine annonce une nouvelle réalité  : le partage de l’Ukraine marquera le retour du temps des Empires — la «  normalisation  » avec Washington marquera la vassalisation définitive du continent.

À l’arrière d’une berline blindée, Poutine veut supprimer l’Ukraine.

Après les paroles de son conseiller Patrushev, Vladimir Poutine a mis en scène sa position dans les négociations. Prenant la parole sur la banquette arrière d’une voiture, il a signifié sa disponibilité à négocier d’égal à égal avec les États-Unis de Donald Trump — tout en niant l’existence et la capacité d’action de l’Ukraine qui tient pourtant son armée en échec depuis bientôt trois ans.

Pour la première fois en français, nous traduisons et commentons cet entretien clef.

Autour de la «  lutte pour les valeurs traditionnelles  », un grand arc mondial est en train de prendre forme de la Silicon Valley à Saint-Pétersbourg en passant par le palais présidentiel de Budapest et, désormais, Washington — celui des «  wokistes de droite  ».

Dans une perspective fouillée, Guillaume Lancereau retrace les origines d’une étrange convergence qui va des entrepreneurs de morale russes autour du patriarche Kirill aux protagonistes de l’accélération réactionnaire dans l’Amérique de Trump.

Selon Vladislav Sourkov, longtemps éminence grise du Kremlin, avec la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a ouvert à l’échelle planétaire une nouvelle ère impériale.

Depuis, toutes les grandes puissances se projettent dans un espace «  sans frontières  ».

«  La Turquie intervient en Syrie conformément aux meilleures traditions de la Sublime Porte  ; la Chine tisse doucement ses Routes de la soie à travers tous les continents  ; Trump revendique le Groenland, le Canada, le canal de Panama…  ».

Nous le traduisons et le commentons ligne à ligne.

Même si Vladimir Poutine vient d’affirmer le contraire dans son discours annuel devant la nation, la chute d’Assad pose un problème existentiel au projet poutinien  : pour la première fois depuis des siècles, la Russie pourrait ne plus avoir accès à la Méditerranée. Au sein de l’élite qui cherche à définir les doctrines du Kremlin, Fiodor Loukianov est une voix qui porte. Dans un texte très commenté, il appelle à un changement subtil  : profiter de cet échec pour concentrer tout l’effort de guerre sur l’Ukraine.

En lançant pour la première fois sur l’Ukraine jeudi 21 novembre un missile balistique à portée intermédiaire capable de transporter une ogive nucléaire, Poutine a pleinement fait entrer la rhétorique nucléaire dans sa guerre contre l’Ukraine et l’Europe. Le lendemain, au cours d’une allocution télévisée, le président russe a haussé d’un cran supplémentaire ses menaces à destination de l’Occident. Nous le traduisons — et commentons son intervention ligne à ligne.

Vue de Russie, la décision sur les ATACMS est-elle un tournant  ?

L’autorisation fournie par l’administration Biden à l’Ukraine de frapper le sol russe avec des missiles américains est la dernière d’une longue série de «  lignes rouges  » franchies depuis février 2022. Si cette nouvelle capacité ne provoquera pas un bombardement russe des États-Unis ou de la Pologne, elle est susceptible de conduire à des attaques russes contre l’Ukraine encore plus brutales selon l’analyste Anton Barbašin interrogé par Meduza dans cet entretien inédit.

La semaine dernière, à 750 kilomètres à l’est de Moscou, dans la capitale de la république du Tatarstan, dans la Russie de Poutine, les BRICS étaient réunis et représentés au plus haut niveau. De Xi à Poutine, de Ramaphosa à Modi, au-delà des accolades et des poignées de main autoritaires — que dit réellement la «  déclaration de Kazan  »  ? Nous introduisons ses «  douze thèses  » pour un nouvel ordre mondial.

À Moscou, depuis quelques semaines, une petite musique s’est installée chez les faucons dans l’entourage de Vladimir Poutine — et si on changeait de doctrine  ?

Nous traduisons l’entretien de Sergueï Karaganov, l’une des principales cautions intellectuelles du bellicisme poutinien, qui rêverait de repousser le seuil d’un cran.

Perdus dans un passé immuable ou pressés vers un avenir sombre par déterminisme historique  : sommes-nous en Europe pris au piège d’un étau temporel resserré par Poutine  ?

Pendant que nous sommes dans l’attente, l’Ukraine est privée de présent — si ce n’est celui de la guerre. Dans une perspective au long cours, Guillaume Lancereau et Tetiana Zemliakova reviennent sur les usages de l’histoire deux ans après l’invasion russe.

Ce premier épisode de notre série «  Doctrines de la Russie de Poutine  » tente de comprendre la figure et le rôle d’Aleksandr Prokhanov, écrivain nationaliste dont la carrière semble avoir pris un tournant avec l’invasion de l’Ukraine. Dans un texte traduit par Guillaume Lancereau et commenté par Marlène Laruelle, il fait la promotion d’un sursaut esthétique patriotique à la faveur du massacre — allant jusqu’à composer un «  opéra-rock  » joué dans la principale usine de tanks du pays.

Aujourd’hui, la Russie de Poutine connaît une grève exceptionnelle de ses avocats, en réaction aux violences qu’ils subissent dans l’exercice de leurs fonctions. Si celles-ci existent depuis des décennies, leur gravité et leur intensité n’ont fait qu’augmenter depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Deux pétitions signées par des centaines d’avocats protestent clairement contre cette situation. Guillaume Lancereau analyse ces textes qui sont d’une importance capitale pour saisir la manière dont l’État opère dans la Russie contemporaine.

En promettant de les sortir de la misère pour quelques milliers de roubles, le régime russe arrive à aligner une génération de Russes pour mourir au front. Dans une chronique au cœur de cette classe invisible devenue chair à canon du Kremlin, Sergej Černyšov livre une clef qui va à l’opposé d’un discours dominant. Il nous aide à comprendre comment Poutine continue à mobiliser des masses.

Depuis quelques jours, de nouvelles vidéos de propagande affluent sur les réseaux sociaux. Leur but  ? Convaincre les jeunes hommes russes de se battre en Ukraine. En 2024, le budget de la défense deviendra le premier poste de dépense de la Russie, augmentant de 70  %. Alors que la prochaine manche de la guerre infinie de Poutine s’annonce particulièrement brutale, nous décodons les images, caricaturales, choquantes, parfois obscènes, mitraillées à une génération que le Kremlin veut envoyer mourir au front pour un mirage impérial.

À l’intérieur de la Fédération de Russie, contre le fantasme impérialiste poutinien, des minorités ethniques rêvent de reproduire les indépendances des ex-républiques socialistes soviétiques après la chute de l’URSS. En Kalmoukie, dans le Caucase, on mise sur la capitulation d’une Russie embourbée dans une guerre ingagnable en Ukraine pour penser un après fondé sur l’auto-détermination.

«  La politique étrangère russe a sa logique propre, son langage. Tant qu’on ne les comprend pas, on s’interdit de mettre en place une véritable politique d’endiguement.  » Dans cet entretien introduit par Guillaume Lancereau, Vjačeslav Morozov dissèque la mise à jour par Moscou de son document stratégique de référence et nous aide à fourbir une arme — l’intelligence de la guerre.

Stratégie du chaos  : quelques heures après les allocutions de Poutine au Sommet des BRICS à Johannesburg, prononcées en visioconférence car le président russe est sous la menace d’une interpellation en Afrique du Sud, deux mois jour pour jour après la tentative avortée de coup d’État, un avion du «  traître  » Prigojine s’écrasait près de Tver — le chef de Wagner était sur la liste des passagers. Quel est le sens diplomatique de la prise de parole d’un chef de gouvernement qui semble prêt à tuer les membres de son premier cercle  ? Où est la vérité quand l’affameur du Kremlin — responsable de la crise alimentaire qui frappe l’Afrique de l’Est — se pose à Johannesburg en garant d’une nouvelle multipolarité au service de l’Afrique  ? Pour s’orienter dans le brouillard, c’est entre les lignes qu’il faut lire ce discours que nous traduisons et commentons pour la première fois en français.

Clamer, répéter, marteler les mots «  victoire  » ou «  patrie  » n’a jamais garanti la moindre «  victoire  » à sa «  patrie  »  : en dépit de ses plates envolées et de ses effets de manche, le discours de Vladimir Poutine n’a guère convaincu — à l’imitation de toute la célébration du 9-Mai.

Le discours de Vladimir Poutine du vendredi 30 septembre inaugure une nouvelle phase du conflit. Fidèle à sa stratégie de la «  désescalade par l’escalade  », la Russie annexe des territoires, étend le domaine de la guerre et précise les termes de sa menace. Il faut le lire attentivement pour comprendre comment Poutine entend transformer la guerre régionale qu’il a déclenchée en conflit mondial.

Activiste d’origine russe pour la défense des droits des personnes LGBTQI+ , Anna Shcherbakova vit désormais en France, à Marseille. Par sa trajectoire personnelle, son engagement en faveur de la communauté LBTQI+ s’est lié à la défense des droits des personnes réfugiées. Elle revient ici sur son engagement, son parcours et adresse un signal d’alarme  : dans une Russie qui a relancé la guerre de conquête à ses frontières, la sécurité des personnes LGBTQI+ se trouve d’autant plus menacée.

Depuis des années, la Russie de Poutine a progressivement converti les vérités du régime en régime de vérité. Une «  vérité  » faite de mystifications, d’affabulations, loin des faits, proche d’un mode orwellien – mais dont Poutine a compris combien elle était mobilisatrice politiquement. À l’heure où l’extrême droite arrive en France aux portes du pouvoir en s’inspirant de ce modèle, il est temps de l’étudier de près.

Il y a quelques jours, le discours de Poutine aux régions a marqué les esprits par ses accents obsessionnels et sa tonalité génocidaire. Pour comprendre ce nouveau tournant, il faut lire comment Poutine articule la construction d’un ennemi extérieur à celle d’un ennemi intérieur.

«  L’ouvrage de Marc Belissa et Yannick Bosc présente l’insigne avantage de rappeler ce qui devrait être une évidence universelle, à savoir le fait qu’un mouvement de concentration autoritaire du pouvoir, de centralisation bureaucratique, de surveillance et de dépolitisation de la société n’est «  efficace  » que dans la stricte mesure où on se donne la dictature personnelle pour idéal de société.  » Une lecture de Guillaume Lancereau.

Depuis quelques années, la France semble gouvernée à coup de lois prises au nom de l’urgence de l’exception. Mais qui détient la légitimité de dire que telle ou telle nécessité fait loi  ? Dans cette longue enquête d’histoire politique qui remonte à la Révolution française, Guillaume Lancereau dresse un constat  : la République, en France, est une affaire d’exception.