La Russie d’après

Après la guerre d’Ukraine, après Poutine, après le poutinisme… à quoi ressemblera la Russie d’après ?

Alexeï Navalny, Vladimir Kara-Murza, Serguei Gouriev, Ekaterina Duntsova… la revue donne régulièrement la parole à des voix russes, pour penser l’après, sans tabous, sans naïveté — d’une manière structurante, pas structurée.

Vladimir Kara-Murza : « Contre Poutine, je suis fier que tant de Russes n’aient pas eu peur »

Asie septentrionale

La Russie vue de l’intérieur : élections, résistances et consolidation du pouvoir de Poutine

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Boris Nadejdine est une figure intrigante de la vie politique russe.
Inquiet par un soudain élan de popularité, le Kremlin vient de l’empêcher de se présenter à la présidentielle. Mais il n’abandonne pas. Sa stratégie  ? Pas de manifestation, pas d’action choc, pas d’affrontement frontal contre Vladimir Poutine. En vue  : les scrutins locaux de septembre prochain puis les législatives de 2026. Nous l’avons rencontré à Moscou.

«  Je n’ai pas peur  ».

Depuis Moscou, Ekaterina Duntsova tente l’impossible  : structurer un véritable parti d’opposition dans la Russie de Poutine. Si elle est d’ores et déjà disqualifiée pour les «  élections  » du 17 mars, elle veut voir plus loin et inventer un nouveau leadership pour la Russie d’après.

Aujourd’hui, la Russie de Poutine connaît une grève exceptionnelle de ses avocats, en réaction aux violences qu’ils subissent dans l’exercice de leurs fonctions. Si celles-ci existent depuis des décennies, leur gravité et leur intensité n’ont fait qu’augmenter depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Deux pétitions signées par des centaines d’avocats protestent clairement contre cette situation. Guillaume Lancereau analyse ces textes qui sont d’une importance capitale pour saisir la manière dont l’État opère dans la Russie contemporaine.

À l’intérieur de la Fédération de Russie, contre le fantasme impérialiste poutinien, des minorités ethniques rêvent de reproduire les indépendances des ex-républiques socialistes soviétiques après la chute de l’URSS. En Kalmoukie, dans le Caucase, on mise sur la capitulation d’une Russie embourbée dans une guerre ingagnable en Ukraine pour penser un après fondé sur l’auto-détermination.

En 2015 un rapport de vingt pages faisait trembler Poutine.
Son principal auteur, un opposant de long cours au régime, venait d’être assassiné de quatre balles à quelques mètres du Kremlin.
Censuré, interdit de circulation, ce texte fouillé démontrait la relation inextricable du régime de Poutine avec une guerre sans fin.
Penser ou imaginer la Russie de l’après, c’est commencer par lire et relire Boris Nemtsov et son rapport prophétique.

En 2023, un élément clef a changé. Toutes les forces d’opposition à Poutine s’accordent au moins sur un plan  : rendre tous les territoires occupés à l’Ukraine, payer des réparations, renvoyer les criminels de guerre devant des tribunaux internationaux et construire une république parlementaire en Russie. Mais l’avenir de la politique économique du pays est plus incertain. Comme il y a un an, il repose encore beaucoup sur les sanctions — et de plus en plus sur les choix de la Chine.