Politique

Poutine et la rançon de la solitude

Il y a quelques jours, le discours de Poutine aux régions a marqué les esprits par ses accents obsessionnels et sa tonalité génocidaire. Pour comprendre ce nouveau tournant, il faut lire comment Poutine articule la construction d'un ennemi extérieur à celle d'un ennemi intérieur.

Auteur
Guillaume Lancereau
Trad.
Guillaume Lancereau
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© Sergey Guneev / Sputnik

Vladimir Poutine a choisi le cadre d’une réunion consacrée aux mesures de soutien socio-économique aux régions de la Fédération de Russie pour réitérer ses justifications de la guerre en Ukraine et appeler à la mobilisation générale des forces intérieures du pays. 

Le président russe a consacré un tiers environ de cette allocution de 37 minutes, au ton ferme et menaçant, à exposer les dispositions régionales ou fédérales devant garantir la pérennité économique du pays face aux sanctions internationales qui ne cessent de s’accumuler  : aide aux foyers démunis, soutien aux entreprises les plus affectées, réajustement des rapports entre les différents échelons du pouvoir. On y observe un délicat exercice d’équilibrisme entre, d’une part, des témoignages de libéralisme économique – volonté affirmée de limiter l’ingérence étatique dans l’économie, rejet des émissions monétaires au profit d’une politique de l’offre, suppression des obstacles à la libre entreprise –, et d’autre part des signes de prise en main par l’État de la survie économique du pays (garanties matérielles offertes aux entreprises, poursuite des objectifs planifiés à l’horizon 2030, soutien financier direct des familles à faibles revenus, allocation de moyens divers aux secteurs-clefs de l’économie). Cette ambiguïté manifeste une volonté de rassurer à la fois ceux qui s’inquiéteraient de la transformation de la Russie en une véritable économie dirigée et ceux qui attendent des signaux forts et des gestes résolus de l’État – Vladimir Poutine renouant même avec une rhétorique soviétique familière en accusant spécifiquement les élites capitalistes internationales, «  obsédées par leurs intérêts cupides et leurs profits mirobolants  ». Ce discours témoigne par ailleurs du degré de préparation au scénario actuel dans les plus hautes sphères de l’État  : depuis 2014, le gouvernement, la Banque centrale et les entreprises à participation publique ont effectivement anticipé le train de sanctions qui s’abat aujourd’hui. 

Conformément au mouvement impulsé par les autorités russes depuis plusieurs années, ce discours présidentiel marque également un nouveau tournant dans la construction conjointe d’un ennemi extérieur et d’un ennemi intérieur. D’une part, Vladimir Poutine consomme la rupture avec l’Occident que son discours, hanté par le plus pur complexe obsidional, décrit comme une coalition uniforme, dont la seule obsession serait d’annihiler purement et simplement la Russie en créant une véritable «  anti-Russie  » au visage de l’Ukraine. Il faut souligner ici la «  solitude géopolitique  » désormais assumée par le régime, après avoir été théorisée par l’un de ses principaux idéologues, Vladislav Surkov. Certes, Vladimir Poutine affirme vouloir tourner résolument son pays vers des marchés internationaux non-occidentaux, en empruntant au passage quelques réflexes de la rhétorique tiers-mondiste ou anticolonialiste de l’URSS lorsqu’il évoque les inégalités et l’exploitation causées par l’Occident à l’échelle planétaire. Le président de la Fédération de Russie semble cependant bien en peine de citer, dans son discours-fleuve, un seul partenaire concret.

Ce discours traduit du même coup une autre forme d’obsession du régime, en dépeignant l’opposition russe sous les traits d’une véritable «  cinquième colonne  » dont la Russie devait se purifier, au moyen d’un auto-nettoyage méthodique. Ces pantins de l’OTAN et de l’Union Européenne (le propos de Vladimir Poutine évoque des «  nationaux-traîtres  », comme on parle de «  sociaux-traîtres), sont accusés de vivre en Russie tout en ayant le regard et l’esprit tournés vers l’Occident. En les excluant symboliquement du «  pays réel  », le président russe réactive des discours classiques de dégradation civique et morale qui ouvrent la voie à la répression toujours plus systématique dont nous sommes aujourd’hui les témoins.

Conférence sur les mesures de soutien socio-économique aux régions

Chers collègues, bonjour. 

Notre rencontre réunit les cadres du gouvernement, les représentants plénipotentiaires du président dans les districts fédéraux et les chefs des régions russes. 

Nous nous réunissons en des temps difficiles, alors même que nos forces armées mènent une opération militaire spéciale en Ukraine et dans le Donbass. Permettez-moi de vous rappeler que, dès l’origine, aux premières heures du 24 février, j’ai exposé publiquement et ouvertement les motifs et les principaux objectifs de notre action. Il s’agit d’apporter notre aide à nos compatriotes dans le Donbass, lesquels ont subi pendant près de huit ans un véritable génocide pratiqué par les méthodes les plus barbares, du blocus aux actions punitives à grande échelle en passant par les attentats terroristes et les tirs d’artillerie constants. Et pour quelle raison  ? Simplement parce qu’ils ont revendiqué les plus élémentaires des droits humains  : le droit de vivre selon les lois et les traditions de leurs ancêtres, de parler dans leur langue maternelle, d’élever leurs enfants comme ils l’entendent. 

 Le discours de Vladimir Poutine dit ici  : «  à nos gens  », «  aux nôtres  » (našim ljudjam), c’est-à-dire aux Russes. 

Dans le même temps, pendant toutes ces années, les autorités de Kiev ne se sont pas contentées d’ignorer et de saborder l’application du protocole de Minsk sur la résolution pacifique de la crise  : elles ont tout bonnement annoncé, à la fin de l’année dernière, qu’elles refusaient de les mettre en œuvre. 

En parallèle, le pouvoir de Kiev a commencé à mettre en pratique un programme d’adhésion à l’OTAN, tout en proclamant son intention de se doter d’armes nucléaires et des moyens techniques d’en faire usage. C’était là une menace bien réelle. Dans un futur proche, le régime pro-nazi de Kiev, bénéficiant de l’assistance technique de l’étranger, aurait ainsi été en possession d’armes de destruction massive dont la cible n’aurait été autre que la Russie.

On trouvait également en activité en Ukraine un réseau de plusieurs dizaines de laboratoires qui menaient, sous la direction et avec l’appui financier du Pentagone, des programmes militaro-biologiques, y compris des expériences sur des souches de coronavirus, d’anthrax, de choléra, de peste porcine africaine et d’autres maladies mortelles. Tout est aujourd’hui fait pour dissimuler les traces de ces programmes secrets. Mais nous avons toutes les raisons de croire, en substance, que des composants d’armes biologiques étaient développés à proximité immédiate de la Russie, sur le territoire ukrainien. 

Nos avertissements répétés sur la menace directe que représentaient ces agissements pour la sécurité de la Russie ont été balayés d’un revers de main par l’Ukraine et ses parrains aux États-Unis et à l’OTAN, avec un mépris aussi ostentatoire que cynique. 

Ainsi, les moyens diplomatiques ont été épuisés jusqu’au dernier. Il ne nous restait plus la moindre option de résolution pacifique de ces problèmes qui n’étaient pas de notre responsabilité. Par conséquent, nous nous sommes retrouvés contraints de lancer une opération militaire spéciale. 

L’apparition de troupes russes près de Kiev et d’autres villes d’Ukraine ne signale aucunement une intention d’occuper ce pays. Ce n’est pas notre objectif, comme je l’ai déjà déclaré explicitement dans mon allocution du 24 février.

 Allocution du président de la Fédération de Russie annonçant le lancement de l’«  opération militaire spéciale  » en Ukraine. 

Quant aux tactiques de combat conçues par le ministère russe de la Défense et l’état-major, elles se sont révélées pleinement justifiées. Nos troupes, soldats comme officiers, font preuve de courage et d’héroïsme. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter les pertes parmi la population civile des villes ukrainiennes.

Pour la première fois, je veux souligner que, dès le début des opérations dans le Donbass, nous avons proposé par divers canaux aux autorités de Kiev de ne pas engager les hostilités, de retirer simplement leurs troupes de la région, afin d’éviter une effusion de sang insensée. Elles ont refusé, c’est leur décision. La prise de conscience de ce qui se passe concrètement, sur le terrain, viendra inévitablement. 

L’opération se déroule avec succès, en parfaite conformité avec le programme que nous avions fixés. 

Je voudrais souligner que l’Ukraine, encouragée par les États-Unis et nombre de pays occidentaux, s’est orientée sciemment vers un scénario violent, une guerre sanglante et des nettoyages ethniques dans le Donbass. Un assaut massif contre le Donbass, puis la Crimée, n’était plus qu’une question de temps. Et nos forces armées ont réduit ces plans à néant.

Les pouvoirs de Kiev ne faisaient pas que se préparer à la guerre, à l’agression contre la Russie, contre le Donbass  : ils la menaient effectivement. Ils ont constamment cherché à organiser des sabotages et des réseaux terroristes clandestins en Crimée. Au cours de ces dernières années, les hostilités dans le Donbass n’ont pas cessé, y compris les bombardements de populations civiles, ce qui a provoqué la mort de près de 14 000 civils, dont des enfants, au cours de la période concerné.

 Ce chiffre est une manipulation des données fournies par le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, qui décompte 13 000 morts dont 3 350 victimes civiles, le reste des pertes étant recensé parmi les groupes armés en présence.  

Comme vous le savez, un tir de missile a été lancé sur le centre de Donetsk le 14 mars. Il s’agissait d’une attaque ouvertement terroriste, et particulièrement sanglante puisqu’elle a coûté la vie à plus de vingt personnes. De tels tirs se sont poursuivis pendant plusieurs jours, frappant sans discernement des zones entières, avec le fanatisme et la furie des condamnés – à l’image des fascistes qui, dans les dernières heures du Troisième Reich, ont tenté d’emporter avec eux dans la tombe autant de victimes innocentes que possible. 

 Cette frappe qui a effectivement causé la mort de 23 personnes a été attribuée à l’Ukraine par la République populaire de Donetsk et qualifiée par l’Ukraine d’attaque sous faux drapeau de la part de la Russie.

Ce n’est pas seulement le mensonge éhonté de Kiev qui frappe par son cynisme débridé, pas seulement les déclarations selon lesquelles ce serait la Russie qui aurait lancé ce missile sur Donetsk (ils ont poussé le mensonge jusque-là  !), mais aussi le fait que le monde occidental dit «  civilisé  », la presse européenne et américaine, n’ont même pas remarqué la tragédie de Donetsk, faisant comme s’il ne s’était rien passé. 

C’est avec la même hypocrisie qu’ils ont détourné les yeux pendant les huit années passées, tandis que les mères de Donbass enterraient leurs enfants, tandis qu’on abattait des vieillards. Il y a là le signe d’une vraie dégradation morale, d’une perte complète de valeurs, d’humanité. 

Les brimades subies par les habitants du Donbass au cours de ces longues années ne pouvaient pas être tolérées plus longtemps. Pour mettre un terme à ce génocide, la Russie a reconnu les républiques populaires du Donbass, concluant avec elles des traités d’amitié et d’assistance mutuelle. Sur la base de ces accords, les républiques populaires se sont tournées vers nous, demandant une aide militaire pour repousser l’agression. Et nous avons fourni cette assistance  : nous ne pouvions pas, nous n’avions pas le droit d’agir autrement. 

Mais je voudrais aussi insister sur un point qui requiert toute votre attention  : si nos troupes s’étaient contentées d’intervenir seulement sur le territoire des républiques populaires pour les aider à se libérer, cette solution n’aurait pas acquis un caractère définitif. Elle n’aurait ni apporté la paix, ni éliminé à la racine la menace qui pèse sur notre pays, sur la Russie. Bien au contraire, une nouvelle ligne de front se serait ouverte autour du Donbass et le long de ses frontières  ; les bombardements et les provocations se seraient poursuivis. En d’autres termes, le conflit armé se serait éternisé, alimenté par l’hystérie revancharde du régime de Kiev. L’infrastructure militaire de l’OTAN en Ukraine se serait développée encore plus rapidement et agressivement. Nous nous serions retrouvés devant le fait accompli, avec des armes offensives de l’Alliance déjà à nos frontières. 

Je le répète  : nous n’avions plus d’autre option pour organiser notre autodéfense, pour garantir la sécurité de la Russie, que celle d’une opération militaire spéciale. Et nous atteindrons, bien entendu, tous les objectifs fixés. Nous assurerons fermement la sécurité de la Russie et de notre peuple et ne permettrons jamais que l’Ukraine serve de tremplin à des menées agressives contre notre pays. 

Telles étaient les questions fondamentales pour la Russie et son avenir – le statut neutre de l’Ukraine, sa démilitarisation et sa dénazification – que nous étions et que nous sommes encore prêts à discuter lors des pourparlers. Nous avons tout fait pour organiser et mener à bien ces négociations, conscients que nous devions obligatoirement mobiliser tous les moyens à notre disposition pour épargner les populations et leurs vies. 

Mais nous nous heurtons de manière répétée au fait que le régime de Kiev, chargé par ses maîtres occidentaux de créer une anti-Russie agressive, reste complètement indifférent au sort du peuple ukrainien lui-même. Le fait que des gens meurent, que des centaines de milliers, des millions de personnes soient devenues des réfugiés, qu’une véritable catastrophe humanitaire soit en cours dans les villes tenues par les néo-nazis et leurs criminels en armes, tout droit sortis des prisons, rien de tout cela ne semble leur importer. 

Il est également évident pour nous que les protecteurs occidentaux du régime de Kiev le poussent à poursuivre ce bain de sang. Ils l’alimentent toujours plus en armes, en renseignements, tout en leur octroyant diverses formes d’assistance, y compris des conseillers militaires et des mercenaires. 

Ils ont choisi comme arme les sanctions économiques, financières, commerciales et autres contre la Russie – lesquelles, d’ailleurs, se retournent désormais contre les Européens et les Américains eux-mêmes par la hausse du prix de l’essence, de l’énergie, des produits alimentaires, par la perte d’emplois liés au marché russe. Et il ne faudrait pas se leurrer complètement en rejetant toute la faute sur notre pays. 

Ici, j’aimerais que les citoyens ordinaires des États occidentaux m’entendent. On s’efforce actuellement de vous persuader que toutes vos difficultés sont le résultat de certaines actions hostiles de la Russie, qu’il vous faut payer de votre poche la lutte contre une menace russe fantasmée. C’est un pur mensonge. 

La vérité est que les problèmes actuels auxquels sont confrontés des millions de personnes en Occident sont la conséquence de l’activité déployée des années durant par les élites dirigeantes de leurs pays, de leurs erreurs, de leur myopie et de leurs ambitions. Ces élites ne se préoccupent pas de la manière d’améliorer la vie de leurs populations. Elles sont obsédées par leurs intérêts cupides et leurs profits mirobolants. 

Les données des organisations internationales ne démontrent pas autre chose  : elles assurent que les problèmes sociaux, même dans les principaux pays occidentaux, n’ont fait qu’empirer ces dernières années, que les inégalités s’accroissent, que le fossé entre les riches et les pauvres se creuse, sur fond de conflits raciaux et nationaux. Le mythe de la société occidentale de bien-être généralisé, du soi-disant «  milliard d’or  », est en train de s’effondrer sous nos yeux. 

Permettez-moi d’insister  : c’est aujourd’hui la planète entière qui doit payer le prix des ambitions de l’Occident, de ses tentatives acharnées de maintenir par tous les moyens sa domination branlante. 

L’imposition de sanctions est la suite logique, l’expression la plus substantielle des politiques irresponsables et à courte vue des gouvernements et des banques centrales des États-Unis et de l’Union Européenne. Ce sont précisément eux qui, ces dernières années, ont déchaîné de leurs mains une spirale d’inflation mondiale. Ce sont leurs actions qui ont mené à l’accroissement de la pauvreté et des inégalités à travers le monde, à de nouveaux flux de migrants sur toute la surface du globe. La question se pose donc  : qui répondra désormais des millions de morts de faim dans les pays les plus pauvres du monde à cause des pénuries alimentaires qui se multiplient  ? 

Une fois encore, je répète que c’est un coup sérieux porté à toute l’économie et au commerce à l’échelle globale, ainsi qu’à la crédibilité du dollar américain en tant que principale monnaie de réserve.

Ainsi, le fait complètement illégitime de geler une partie des réserves de change de la Banque de Russie sape la fiabilité des actifs dits de première classe. Aussi bien les États-Unis que l’Union Européenne ont manqué à toutes leurs obligations envers la Russie. Désormais, chacun sait que les réserves financières peuvent tout simplement être pillées. Devant ce constat, de nombreux pays pourraient commencer dans un avenir proche (et je suis sûr que cela se produira), à convertir leur épargne papier et numérique en réserves réelles sous forme de matières premières, de terres, de biens alimentaires, d’or ou d’autres actifs réels, ce qui ne fera qu’aggraver la pénurie sur ces marchés. 

J’ajouterais que la saisie des actifs à l’étranger, des comptes des sociétés et des particuliers russes est aussi une véritable leçon pour les entreprises nationales, montrant qu’il n’y a rien de plus sûr que d’investir ses fonds dans son propre pays. J’ai déjà parlé personnellement de tout ça à de nombreuses reprises. 

Nous apprécions à sa juste valeur la position des entreprises étrangères qui, malgré les pressions scandaleuses des États-Unis et de leurs vassaux, continuent leurs activités dans notre pays. Elles peuvent être assurées de recevoir à l’avenir de nouvelles possibilités de développement. 

Il en est d’autres, en revanche, qui ont lâchement trahi leurs partenaires et oublié leurs obligations envers leurs employés et leurs clients en Russie, qui se sont empressés d’empocher des dividendes fantômes pour prix de leur participation à la campagne anti-russe. Néanmoins, et à la différence des pays occidentaux, nous respecterons les droits de propriété. 

Qu’est-ce que je veux souligner en particulier  ? Il faut bien comprendre qu’un nouveau train de sanctions et de restrictions dirigées contre la Russie aurait suivi n’importe quelle configuration des événements. Il faut bien s’en rendre compte. Pour l’Occident, notre opération en Ukraine n’est qu’un prétexte pour nous appliquer de nouvelles sanctions. Bien sûr, elles présentent maintenant un caractère massif. Mais, de la même manière, les Occidentaux avaient déjà utilisé comme prétexte le référendum de Crimée, ce référendum par lequel, le 16 mars 2014, il y a huit ans très exactement, les habitants de Crimée et de Sébastopol avaient fait le choix libre de s’unir à leur patrie historique. 

Disons-le une fois encore  : nous n’avons ici affaire qu’à des prétextes. En revanche, la politique d’endiguement, d’affaiblissement de la Russie, y compris par l’isolement économique et le blocus, est une politique délibérée, une stratégie de long terme. Les dirigeants occidentaux eux-mêmes ne cachent plus le fait que leurs sanctions ne sont pas dirigées contre des individus ou des entreprises, mais visent l’ensemble de notre économie nationale, toute notre sphère sociale et humaine, chaque foyer, chaque citoyen de Russie. 

Dans les faits, ces mesures conçues pour détériorer la vie de millions de personnes ont toutes les caractéristiques d’une agression, d’une guerre usant de moyens à la fois économiques, politiques et informationnels. Elles présentent un caractère total, non dissimulé, et je répète que le soi-disant «  beau-monde  » politique occidental ne se prive même pas de le dire le plus ouvertement du monde. 

Tous les beaux discours sur le politiquement correct, le caractère inaliénable de la propriété privée, la liberté d’expression  : tout cela s’est envolé du jour au lendemain. Même les principes olympiques ont été piétinés. Sans le moindre scrupule, ils sont allés jusqu’à régler leurs comptes avec les athlètes para-olympiques  : voilà leur conception du «  sport en dehors de la politique  ». 

Dans de nombreux pays occidentaux, on persécute aujourd’hui des gens pour la simple raison qu’ils sont nés en Russie. On leur refuse les soins médicaux, on expulse leurs enfants des écoles, on met leurs parents au chômage, on interdit la musique russe, la culture russe, la littérature russe. En s’efforçant d’«  abolir  » ainsi la Russie, l’Occident a tombé tous ses masques de décence et, par ces agissements grossiers, a révélé sa vraie nature. Tout cela invite naturellement à des analogies directes avec les pogroms antisémites orchestrés par les nazis dans l’Allemagne des années 1930, puis par leurs sbires de nombreux pays européens qui se sont joints à l’agression hitlérienne contre notre pays au moment de la Grande Guerre patriotique.

 Expression (Velikaja Otečestvennaja Vojna) communément employée en Russie pour désigner la Seconde Guerre mondiale.

Le cyberespace n’a pas été épargné non plus par cette attaque massive contre la Russie. Une campagne d’information sans précédent a été lancée, impliquant les réseaux sociaux mondiaux et tous les médias occidentaux, dont l’objectivité et l’indépendance se sont révélées n’être rien d’autre qu’un mythe. L’accès à l’information se restreint, le public est inondé de fake news, de falsifications propagandistes, de produits de contrefaçon, à tel point que l’un des réseaux sociaux américains a tout simplement autorisé la publication d’incitations directes au meurtre de citoyens russes. 

Nous prenons pleinement la mesure des ressources dont dispose cet «  empire du mensonge  », mais elles demeurent impuissantes face à la vérité et à la justice. La Russie continuera à faire connaître sa position au monde entier. Cette position est honnête et ouverte  ; de plus en plus de personnes l’entendent, la comprennent et la partagent. 

 Vladimir Poutine désigne régulièrement l’Occident sous ce titre (imperia lži), retournant à son avantage une appellation occidentale datée de la Guerre froide (l’URSS comme «  l’Empire du mal  ») qui reste bien présente dans la mémoire d’une partie de la population russe. 

Pour le dire de manière transparente  : derrière les discussions hypocrites et les mesures actuelles du soi-disant «  Occident collectif  » se cachent des objectifs géopolitiques hostiles. Ils n’ont pas besoin, ils ne veulent tout simplement pas d’une Russie forte et souveraine. Ils ne nous pardonnent ni notre destinée indépendante, ni notre défense de nos intérêts nationaux. 

 Cette expression (kollektivnyj zapad) s’entend dans le sens de «  monde occidental  » de manière à souligner l’alignement total de l’Europe sur les États-Unis et l’OTAN.

Nous n’avons pas oublié la manière dont ils ont soutenu le séparatisme, le terrorisme, en encourageant les terroristes et les bandits dans le Nord-Caucase. Comme au tournant des années 1990-2000, ils déploient à nouveau tous leurs efforts pour nous mettre sous pression, nous écraser, nous transformer en un pays faible et dépendant, pour violer notre intégrité territoriale et démembrer la Russie de la manière la plus profitable pour eux. Ils n’y ont pas réussi à l’époque  ; ils n’y parviendront pas davantage aujourd’hui.

Bien sûr, ils vont tout miser sur la prétendue «  cinquième colonne  », sur les traîtres à la nation qui font de l’argent ici tout en vivant là-bas – en y «  vivant  », même pas au sens géographique du terme, mais bien par la pensée, par leur conscience d’esclaves. 

 Le texte parle de nacional-predateli (nationaux-traîtres) comme on parle de social-predateli (sociaux-traîtres).

Je ne juge pas le moins de monde ceux qui ont une villa à Miami ou sur la Côte d’Azur, ceux qui ne peuvent se passer de foie gras, d’huîtres et de la soi-disant liberté de genre. Le problème n’est pas là, je le répète, mais bien dans le fait que beaucoup d’entre eux, dans toute leur essence même, se trouvent mentalement là-bas, au lieu d’être ici, avec notre peuple, avec la Russie. C’est, selon eux (selon eux) un signe d’appartenance à une caste d’élite, à une race supérieure. Ces personnes sont prêtes à vendre leur mère pour qu’on les admette ne serait-ce que dans l’antichambre de cette caste. Elles veulent lui ressembler en tout, l’imiter par tous les moyens. Ce faisant, elles oublient (ou ne comprennent simplement pas) que si cette soi-disant caste supérieure a besoin d’elles, c’est au mieux comme matériau consommable, qu’on utilise afin d’infliger un maximum de dommages à notre peuple. 

L’Occident collectif tente de diviser notre société en spéculant sur les pertes de guerre et sur les conséquences socio-économiques des sanctions, en provoquant des oppositions civiles en Russie, en utilisant sa cinquième colonne pour atteindre son but. Et ce but n’est rien d’autre, comme je l’ai déjà dit, que la destruction de la Russie. 

Mais tout peuple, et à plus forte raison encore le peuple russe, sait distinguer les patriotes véritables des vendus et des traîtres et recracher ces derniers, comme on recrache un moucheron qui nous aurait volé par accident dans la bouche. Je suis convaincu que notre pays, sa cohésion, sa capacité à répondre à tous les défis ne sortiront que renforcés de cette purification aussi naturelle que nécessaire de la société. 

Le soi-disant Occident collectif et sa cinquième colonne ont pour habitude de tout mesurer, de tout juger à leur échelle. Ils croient que tout se vend, que tout d’achète  : c’est pourquoi ils s’imaginent que nous allons nous effondrer, battre en retraite. C’est mal connaître notre histoire et notre peuple. 

Oui, de nombreux pays du monde se sont résignés depuis longtemps à l’idée de vivre en courbant l’échine et en acceptant servilement toutes les décisions de leur souverain, en le regardant tout aussi servilement dans les yeux. C’est le cas de nombreux pays, y compris en Europe, malheureusement. 

Mais la Russie ne connaîtra jamais un tel état de misère et d’humiliation. Le combat que nous menons est un combat pour notre souveraineté, pour l’avenir de notre pays et de nos enfants. Nous nous battrons pour le droit d’être et de rester la Russie. Le courage et la ténacité de nos soldats et de nos officiers, fidèles défenseurs de la Patrie, nous serviront d’exemples.

Chers collègues  ! 

Il est clair que les événements actuels marquent la fin de la domination globale des pays occidentaux, sur un plan à la fois économique et politique. Plus encore, ils remettent en cause le modèle économique qui a été imposé aux pays en développement, voire à la planète tout entière, au cours des décennies passées.

Il faut bien le souligner  : l’obsession des sanctions manifestée par les États-Unis et leurs partisans n’est pas partagée par les pays où vit plus de la moitié de la population mondiale. Ce sont précisément ces États qui incarnent la partie la plus dynamique, la plus prometteuse de l’économie globale. Et la Russie en fait partie. 

Certes, les choses ne sont pas faciles pour nous en ce moment. Les sociétés financières russes, les grandes compagnies, les petites et moyennes entreprises subissent une pression sans précédent. 

Le système bancaire a été le premier à être frappé par les sanctions, mais les banques russes ont relevé le défi. Travaillant littéralement 24 heures sur 24, elles continuent à effectuer les paiements et les règlements des citoyens et à assurer l’activité des entreprises. 

La deuxième vague de sanctions a été conçue pour provoquer la panique dans le secteur commercial. On estime qu’au cours des trois dernières semaines, l’excédent de demande de marchandises a dépassé le trillion de roubles. Mais les producteurs nationaux, les fournisseurs, les sociétés de transport et de logistique ont tout fait pour éviter les pénuries à grande échelle dans les chaînes de magasins. 

Je veux dire toute ma gratitude à la communauté d’affaires russe, aux collectifs de travail des entreprises, aux banques et aux organisations qui apportent une réplique efficace au défi posé par les sanctions tout en jetant les bases futures du développement durable de notre économie. Je voudrais saluer tout particulièrement le gouvernement, la Banque de Russie, les chefs des sujets de la Fédération, ainsi que les équipes régionales et municipales. Face aux difficultés du contexte actuel, vous vous êtes montrés à la hauteur de la tâche. 

 Les «  sujets de la Fédération de Russie  » (sub’’ekty Rossijskoj Federacii) sont les 85 subdivisions administratives de la Fédération, parmi lesquelles on distingue des républiques, des régions, des territoires, des districts, des villes. 

Il est évident que les tentatives de mener une blitzkrieg économique contre la Russie, de démoraliser de notre société, de nous abattre sans ménagement, ont échoué. Il est certain que nous allons donc voir s’accroître la pression sur notre pays. Mais nous surmonterons aussi ces difficultés. L’économie russe devra s’adapter à ces nouvelles réalités. Nous renforcerons notre souveraineté technologique et scientifique tout en allouant des ressources supplémentaires au soutien de l’agriculture, de l’industrie manufacturière, de la construction d’infrastructures et de logements et en continuant à développer les relations commerciales extérieures en direction de marchés internationaux dynamiques et en pleine croissance. 

Assurément, les nouvelles réalités exigeront des transformations profondes des structures de notre économie et je ne cacherai pas qu’elles ne seront pas faciles, qu’elles vont entraîner une augmentation temporaire de l’inflation et du chômage. 

Dans ce contexte, notre tâche consiste à réduire ces risques au minimum, non seulement pour remplir toutes les obligations sociales de l’État, mais aussi pour mettre en œuvre des mécanismes inédits, plus efficaces, de soutien aux citoyens et à leurs revenus. 

L’accent est placé sur la protection des mères, des enfants, des familles avec enfants. La décision a déjà été prise, comme vous le savez, d’instituer des paiements pour chaque enfant de 8 à 16 ans inclus vivant dans un foyer à faibles revenus. Le montant de l’allocation représentera, pour chaque enfant, entre la moitié et la totalité du minimum de subsistance, dont la moyenne nationale s’élève aujourd’hui à 12 300 roubles. Nous édifierons ainsi un système unifié d’assistance, qui entrera en action dès la grossesse et jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de 17 ans. 

 Soit 116 euros au 24 mars 2022.

Je charge le Gouvernement d’assurer le fonctionnement de ce système de manière à l’adapter efficacement aux changements que connaîtrait la situation matérielle des foyers. En d’autres termes, si les parents sont confrontés à une perte d’emploi ou à toute autre dégradation des conditions de vie, le foyer doit commencer à recevoir des aides de l’État le plus rapidement possible. 

Je demande aussi au Gouvernement d’évaluer dans les plus brefs délais l’efficacité des mesures de soutien aux personnes ayant perdu leur emploi. Il est clair que ces mesures doivent être étendues, notamment par le biais du mécanisme du contrat social. 

Je comprends que la hausse des prix affecte sérieusement les revenus de la population. C’est pourquoi nous prévoyons dans un futur proche d’augmenter toutes les prestations sociales, y compris les allocations et les pensions de retraites, tout en réévaluant le salaire minimum, le minimum de subsistance et les salaires de la fonction publique. Je demande au Gouvernement d’évaluer les proportions exactes de cette augmentation. 

Je tiens à souligner que, même face aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui, nous devons obligatoirement résorber les niveaux de pauvreté et d’inégalité dans le pays d’ici la fin de l’année. Même aujourd’hui, c’est un objectif parfaitement réalisable. Je demande au gouvernement et aux régions de concentrer leurs efforts sur cet objectif, et j’ajouterais que, si cette tâche représente une question économique que nous percevons tous, il s’agit aussi d’un véritable enjeu de justice sociale. 

Beaucoup de choses dépendent désormais de l’initiative des chefs des sujets de la Fédération, de leur capacité à prendre leurs responsabilités. J’ai signé aujourd’hui même un décret donnant des pouvoirs supplémentaires aux chefs des régions, qui seront en mesure de prendre des décisions souples et rapides pour soutenir nos citoyens, notre économie, notre sphère sociale en fonction de la situation concrète sur le terrain. Je vous rappelle que c’est précisément cette logique, qui permet de tenir compte de la situation dans chaque région, chaque ville et chaque village (et cette situation est effectivement différente partout) qui a guidé notre stratégie de lutte contre le coronavirus. 

Je charge tous les services des autorités fédérales dans les régions de coordonner leurs travaux avec les pouvoirs régionaux dans les six prochains mois et les gouverneurs de créer et de diriger personnellement des quartiers généraux opérationnels pour assurer le développement économique. 

Quelle devrait être ici notre priorité  ? 

Pour surmonter les difficultés actuelles, un rôle-clef incombe aux entreprises privées, qui sont capables de reconstituer la logistique dans un temps très court, de trouver de nouveaux fournisseurs, de stimuler la production des biens les plus demandés. De la rapidité avec laquelle les entreprises privées trouveront et prendront les décisions nécessaires dépendront la préservation de l’emploi, le maintien des revenus et des salaires des citoyens mais aussi, et plus généralement, le fonctionnement stable et régulier de l’économie. C’est pourquoi nous devons répliquer aux pressions extérieures en garantissant la plus grande liberté d’entreprise et en soutenant les initiatives des sociétés. 

J’appelle le gouvernement, les forces de l’ordre et les organes de surveillance à poursuivre leurs efforts d’allègement des obstacles administratifs et des barrières réglementaires inutiles. Il faut éviter à tout prix de détourner les entreprises et les autorités régionales des affaires les plus brûlantes en leur imposant des contrôles et des inspections de toutes sortes. 

Actuellement, l’une des problématiques majeures pour les entreprises est la pénurie de fonds de roulement, l’indisponibilité et le coût des crédits. Cependant, la Banque centrale a compris la nécessité de prendre une série de mesures ad hoc. À cet égard, j’appelle à mettre en œuvre les points suivants. 

Premièrement, les entreprises qui exécutent des commandes pour les organismes gouvernementaux et les entreprises à participation publique doivent recevoir des fonds pour ces biens et ces services le plus rapidement possible, afin de les remettre en activité. À cette fin, je propose d’augmenter le volume des paiements anticipés dans le cadre des contrats gouvernementaux. Ces avances ne doivent pas représenter moins de la moitié de la valeur totale du contrat et le délai de paiement pour les biens et des services fournis doit être réduit à sept jours ouvrables. Des mesures analogues doivent être adoptées au niveau des sujets de la Fédération, des municipalités et des entreprises à participation publique. 

Deuxièmement, il est essentiel de renforcer la capacité des entrepreneurs à lever des ressources supplémentaires auprès des institutions de développement. Il s’agit notamment de stimuler l’activité de l’«  Usine à financement de projets  » (qui fonctionne très bien dans notre pays, et dont la pratique a démontré toute l’utilité), de fournir des moyens pour les plans de financement des entreprises à travers le Fonds de développement industriel (l’un de nos outils vraiment efficaces), de la Banque des petites et moyennes entreprises également, mais aussi des institutions de soutien au niveau régional, y compris les fonds de garantie. Je charge le gouvernement d’allouer des ressources supplémentaires aux sujets de la Fédération à destination de ces instruments régionaux. 

J’attire l’attention du Gouvernement et de nos collègues des régions sur une tâche de la plus haute importance  : assurer l’accès aux biens sur les marchés de consommation, à commencer par les biens de première nécessité, tels que les médicaments et les équipements médicaux. Il faut résoudre rapidement les difficultés logistiques et autres problèmes objectifs qui entraînent une flambée des prix. Dans le même temps, il est nécessaire d’exclure toute intervention directe dans la régulation des prix. Seule une augmentation de l’offre doit conduire à une baisse et à une stabilisation des prix. 

Je voudrais par ailleurs adresser un message spécifique à nos exportateurs. Dans une situation marquée par des difficultés d’approvisionnement sur les marchés étrangers, il ne faut surtout pas réduire la production mais, bien au contraire, diriger les volumes supplémentaires de marchandises vers le marché intérieur. Cette stratégie devrait automatiquement entraîner une baisse des prix à l’intérieur du pays, notamment pour l’essence, le diesel, le bitume, les métaux et autres biens d’exportation. Je demande au Gouvernement, au Service Fédéral Anti-Monopole et aux agences régionales de surveiller en permanence l’évolution de la situation sur ces marchés. 

Ensuite, compte tenu des nouveaux défis auxquels la Russie doit faire face, nous avons l’obligation de maintenir et d’élargir notre programme de développement à long terme, et notamment de poursuivre la mise en œuvre de tous les projets déjà planifiés, au niveau tant fédéral que régional. Nous devons utiliser pleinement le potentiel de notre système budgétaire en tant qu’outil de stimulation économique. 

Le financement fédéral des projets et des constructions sera assuré dans son intégralité, comme prévu. D’ailleurs, en décembre dernier déjà, nous avons pris la décision d’allouer des fonds supplémentaires si les coûts de construction venaient à connaître une augmentation objective. 

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Il me paraît important de souligner que, dans la situation actuelle, il n’y aura aucun problème de financement du côté du budget fédéral. Notre économie génère actuellement un volume suffisant et tout fait satisfaisant de recettes, ce qui signifie que nous n’aurons pas besoin de recourir à des émissions monétaires. En clair  : la Banque centrale n’aura pas besoin de faire marcher la planche à billets. Nous avons suffisamment de revenus, des revenus des échanges, des revenus sains. En ce moment, l’argent n’est pas le problème. Nous avons les ressources, je le répète. Les difficultés majeures résident dans l’approvisionnement en composants, en équipements, en matériaux de construction, ainsi que dans l’organisation du travail des entrepreneurs. C’est pourquoi les délais, les méthodes et les étapes de mise en œuvre des projets concrets peuvent être amenés à changer, ce qui exigera un travail coordonné entre les autorités et les représentants des entreprises, une mise en œuvre accélérée des projets de substitution des importations  : voilà ce qui est réellement important. 

En même temps, il est essentiel de simplifier la marche des interactions entre les régions et les autorités fédérales, de donner aux sujets de la Fédération plus de liberté dans la manipulation des ressources et plus d’opportunités de lancer de nouveaux projets et programmes de construction. 

Ainsi, nous avons déjà alloué aux régions des moyens supplémentaires pour la construction de routes. Je demande au gouvernement de travailler à l’augmentation du financement des autres types d’infrastructures qui peuvent être prises en charge dès cette année, tout en entreprenant de stimuler les achats auprès des entreprises russes, par exemple pour le renouvellement des systèmes de transport public. 

Il ne fait aucun doute qu’une charge supplémentaire pèse aujourd’hui sur les budgets des sujets de la Fédération. C’est pourquoi, comme convenu, nous allons également réajuster les subventions pour équilibrer la capacité budgétaire. Nous emploierons aussi des mesures de soutien aux finances régionales  : en l’occurrence, tous les remboursements de prêts budgétaires prévus pour cette année seront reportés, tandis que les remboursements de prêts commerciaux seront, si besoin, remplacés par des prêts budgétaires. Je demande au gouvernement d’examiner cette question en détail et de prêter attention à chaque cas particulier. Ce n’est qu’en travaillant au cas par cas que nous obtiendrons les résultats attendus. 

De plus, le ministère des Finances va ouvrir une ligne de crédit inconditionnelle à chaque sujet de la Fédération, à hauteur de 10 % du volume total des recettes et arrivant à échéance au plus tôt à la fin de cette année. 

Nous maintiendrons le volume des prêts budgétaires pour les infrastructures. Je donne instruction au gouvernement d’assurer une gestion souple de ce programme, en tenant compte de toutes les difficultés liées à la mise en œuvre de ces projets, que j’ai évoquées à l’instant. Les régions doivent avoir les moyens de modifier rapidement la composition du portefeuille et le contenu des projets, en se concentrant sur ceux qui peuvent être mis en œuvre dans l’environnement actuel avec l’efficacité maximale. Si nécessaire, nous envisagerons une éventuelle augmentation du volume des prêts destinés aux infrastructures. C’est tout à fait possible et réalisable. Dans l’ensemble, nous allons suivre de près la situation des finances régionales et prendre des décisions supplémentaires pour les soutenir le cas échéant. 

J’insiste sur l’importance fondamentale des communications directes entre tous les échelons du pouvoir et des algorithmes d’action clairs. Le Conseil d’État et ses commissions compétentes ont déjà démontré leur efficacité dans ce domaine. Je demande à la Commission d’administration des affaires publiques, actuellement dirigé par Sergej Semënovič Sobjanin, de travailler main dans la main avec les collègues du gouvernement pour résoudre les questions les plus urgentes de l’agenda régional, de développer les solutions optimales et de les étendre à toutes les régions, comme nous en avons déjà fait l’expérience dans la gestion de l’épidémie. 

 Sergej Semënovič Sobjanin est maire de Moscou depuis 2010.

Chers collègues, 

Notre économie, notre budget fédéral et nos entreprises privées disposent de toutes les ressources nécessaires pour relever ces défis de long terme. Tous les objectifs stratégiques nationaux que nous avons fixés d’ici à 2030 doivent être atteints. Les problèmes actuels et les possibilités qu’ils offrent doivent mobiliser toutes nos forces  : voilà ce à quoi nous devons nous atteler, afin d’obtenir des résultats tangibles dans l’intérêt des citoyens. 

Il ne fait aucun doute que nos programmes devront être perfectionnés, et c’est là qu’entreront en jeu les initiatives du monde des affaires, des scientifiques, du milieu associatif. À cet égard, je demande aux régions de s’impliquer activement dans l’organisation du forum «  Des idées fortes pour un temps nouveau  » organisé par l’Agence pour les initiatives stratégiques, dans le cadre duquel chaque citoyen de Russie pourra présenter ses propositions, ses projets concrets pour le développement de sa ville, de sa région, ou du pays dans son ensemble. 

Une fois de plus, je le répète  : la situation actuelle est une véritable épreuve pour nous tous et je suis absolument certain que nous la passerons dignement, par notre travail acharné, par nos efforts communs, par notre soutien mutuel. Nous aurons raison de toutes les difficultés et en sortirons renforcés, comme cela s’est toujours produit dans l’histoire millénaire de la Russie. C’est à cela, c’est à cette tâche que je vous engage. 

Passons maintenant à la discussion de l’ordre du jour.

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