Matthieu Caillaud


Historiquement, le football turc a toujours été lié à la politique nationale. Recep Tayyip Erdoğan et l’AKP, comme tous les acteurs politiques avant eux, ont donc essayé de s’en arroger les bonnes grâces. Ils l’ont cependant fait avec plus d’entrain et de succès que leurs prédécesseurs. Le monde du football turc est aujourd’hui un réceptacle du pouvoir de l’AKP, notamment sur le plan économique.

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La Turquie est en «  confinement volontaire  » et attend la vague meurtrière des infectés du SARS-CoV-2. De nombreux espaces publics sont fermés et l’accès aux transports publics est restreint. Sur le terrain, le mécontentement augmente, alors que le gouvernement ne se résout pas à imposer un confinement total à sa population, notamment par crainte des répercussions économiques. Plus qu’une crise passagère, la situation actuelle est un test dans tous les domaines pour l’AKP, dans la perspective de son maintien au pouvoir et des élections de 2023.

Le Parlement turc vient de voter son accord à l’envoi de troupes turques en Syrie. L’implication de la Turquie en Libye n’est pas nouvelle, elle vise à consolider une stratégie militaire, géopolitique et commerciale lancée dans les années 2000 vers l’Afrique. En dévoilant la carte d’un engagement militaire accru, Recep Tayyip Erdogan joue son va-tout en Méditerranée et en Afrique, comptant bien profiter du désengagement américain et de l’absence européenne.

Ahmed Gaïd Salah a évincé Abdelaziz Bouteflika, mais la guerre fait rage dans les arcanes du pouvoir algérien pour déterminer le déroulement de la période de transition. L’armée, les services secrets, la classe politique, le peuple  : personne n’est d’accord sur le calendrier et les modalités de la transition. Beaucoup de questions, et peu de réponses.

La victoire dans les villes d’Istanbul, d’Ankara, d’Antalya et de Mersin offre une consolation de prestige pour le CHP, alors que le score de l’AKP ne s’érode pas, restant au même niveau qu’en 2014. Mais les problèmes économiques grandissant de la Turquie ont rattrapé le «  reis  », qui a pourtant pesé de tout son poids dans cette campagne. Le CHP sera-t-il capable de saisir cette opportunité pour se reconstruire  ?

La destruction de l’emprise territoriale de Daech, ne signifie pas l’éradication du pouvoir du groupe en Irak et en Syrie. Plus généralement, avec la fin du califat, la recomposition politique syrienne va pouvoir continuer de plus belle, alors que Bachar el-Assad avance ses pions.

Recep Tayyip Erdoğan est prêt à mettre en jeu sa crédibilité sur la scène internationale pour s’assurer le contrôle de la frontière syro-turque tenue par les milices YPG (Unités de protection du peuple). Semblant encore une fois dicté par des considérations nationales, son empressement se heurte aux réalités du terrain et aux limites de son influence et de la puissance de l’armée turque. Une offensive contre les Kurdes à Manbij ferait ainsi figure d’épouvantail alors que le pays a perdu le contrôle des milices jihadistes dans la province d’Idleb.

Huit ans après le « printemps arabe », c’est le moment de dresser un premier bilan de la réception européenne de ce mouvement inédit. Les bouleversements successifs dans le monde arabe, déclenchés par la révolution en Tunisie, ont interrogé l’Europe dans sa capacité à agir dans cet espace stratégique et plus largement à une dimension internationale.

Des commentaires du président Erdoğan aux réductions monstres sur les ventes de gilets jaunes sur internet, le mouvement français a largement touché la Turquie. Les comparaisons avec les manifestations de Gezi de 2013 vont bon train alors que le gouvernement essaye de capitaliser tant sur le plan international que national.

Alors que l’attractivité et l’activité des ports français est en berne, la perspective d’un “Brexit dur” pourrait également priver la France d’une grande partie du commerce transmanche. Plus généralement, c’est toute l’infrastructure portuaire, et surtout les liaisons avec les infrastructures terrestres, qui est à améliorer pour que la France devienne une véritable puissance commerciale maritime européenne.

L’opposition de Matignon et de l’Elysée au projet de fusion entre Naval Group et Fincantieri relance la compétition entre Rome et Paris, et par la même occasion la question de la stratégie française dans les projets d’armement européens. Le cas de Thalès est particulièrement révélateur  : fleuron technologique français, il n’est présent dans aucun des grands consortiums d’armement. En sous-main, c’est toute la stratégie de Paris dans l’industrie européenne de la défense qui est à repenser, et plus largement, la future organisation de “l’Europe de la défense”.

Après dix ans d’errance de la politique étrangère française, Emmanuel Macron souhaite redonner à la diplomatie française ses lettres de noblesse. Inspiré par le discours de Dominique de Villepin en 2003 et par les mémoires du Général de Gaulle qu’il a fait figurer sur son portrait officiel, le chef de l’État français s’est mué depuis son élection en défenseur d’un “multilatéralisme” mondial, en opposition à l’unilatéralisme trumpien.

Alors que les États-Unis et l’Union cherchent à faire adhérer les pays balkaniques aux idéaux économiques et démocratiques occidentaux, la Chine y développe sa Belt and Road Initiative. Les investissements chinois font craindre aux Occidentaux une perte d’influence, alors que la stabilité politique est constamment remise en cause par Moscou. Dans cette partie de poker, la Turquie a également réinvesti les territoires que l’Empire ottoman contrôlait autrefois.

Après la diffusion d’une vidéo d’exécutions au Cameroun montrant des soldats utilisant des armes fabriquées en Serbie, Amnesty International a demandé au pays de cesser d’y exporter des armes. Ces événements mettent en lumière la très bonne santé économique de l’industrie d’armement serbe, et des pays balkaniques en général.