Skopje. Il reste exactement une semaine avant le référendum sur le changement de nom de la Macédoine, qui doit se dérouler dimanche 30 septembre. Dimanche 16 septembre, quelques milliers de personnes se sont rassemblés dans la capitale macédonienne pour écouter le discours pro-changement de nom du Premier ministre Zoran Zaev. À l’approche de l’échéance, la majorité a multiplié les meetings et les campagnes de publicités pour inciter la population à voter en faveur du changement de nom (2). Aux termes de l’accord, le pays connu aux Nations Unies sous le nom d’ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM), sera renommé République de Macédoine du Nord.

En milieu de semaine, la Cour constitutionnelle de Macédoine a rejeté une initiative des opposants au changement de nom, qui demandaient une évaluation de la constitutionnalité et de la légalité de la décision du Parlement du 30 juillet, celle-là même qui appelle au référendum (5). Ce refus ouvre la voie à la victoire du oui dans les urnes, alors que les sondages d’opinion le donne vainqueur (3), mais que l’abstention fait figure d’épouvantail. De l’autre côté de la frontière, les autorités officielles athéniennes, par la voix du ministre des affaires étrangères Nikos Kotzias, se sont dit confiantes quant au résultat (4). Mais tout comme en Macédoine, l’accord ne fait pas l’unanimité, alors que des milliers de protestataires affrontaient les forces anti-émeutes à Thessalonique il y a moins de deux semaines (1).

Et comme si la situation n’était pas assez compliquée en elle-même, le mois de septembre a vu défiler à Skopje de nombreux dirigeants européens, de Sebastian Kurz à Angela Merkel, en passant par Federica Mogherini et Jim Mattis, ministre américain de la défense, faisant définitivement du résultat de ce scrutin un enjeu mondial. Car si le oui l’emporte, l’accord gréco-macédonien est censé ouvrir à la Macédoine les portes de l’intégration euro-atlantique, la Grèce devant lever ses vétos. La visite de Jim Mattis a d’ailleurs confirmé cette importance, le ministre américain accusant la Russie d’avoir transféré de l’argent et d’avoir mené des “campagnes d’influence plus larges” en faveur du “non” (6). Des accusations rejetées par Moscou.

Perspectives :

  • Si le peuple macédonien venait à s’exprimer positivement sur la question « soutenez-vous l’adhésion à l’UE et à l’OTAN en acceptant l’accord entre la Macédoine et la Grèce ? », alors Skopje devra apporter plus de 150 modifications à sa constitution avant que la Grèce ne soumette le pacte à son propre parlement pour ratification.
  • Le principal parti d’opposition grec, Nouvelle Démocratie, rejette l’accord. Mais Tsipras, qui contrôle au parlement 145 sièges sur 300, pourrait encore le faire approuver, en janvier 2019, avec l’aide des députés de petits partis qui ont exprimé leur soutien.
  • Rien n’est encore fait donc, quant à la levée des vétos grecs sur les candidatures d’entrée macédoniennes à l’Union et à l’OTAN. Cette perspective déplait à Moscou, qui n’a cependant pas fait de l’opposition à cet accord un cheval de bataille comme les Occidentaux peuvent le faire dans le sens inverse.

Sources :

  1. Greek minister optimistic Macedonia name deal will be approved, Reuters, 20 septembre 2018.
  2. Greek riot police fire tear gas at Macedonia name protesters, BBC News, 8 septembre 2018.
  3. MACDONALDD Bryan, Western leaders descend on Macedonian ‘battleground’ as Moscow pulls its punches, Russia Today, 19 septembre 2018.
  4. MARUSIC Sinisa Jakov, Macedonia Court Rejects Motion to Scrap ‘Name’ Referendum, Balkan Insight, 19 septembre 2018.
  5. Référendum du nom en Macédoine : la majorité met le paquet pour mobiliser, Le Courrier des Balkans, 17 septembre 2018.
  6. TESTORIDES Konstantin, Thousands march in support of ‘North Macedonia’ name change, The Associated Press,16 septembre 2018.