Kinga Torbicka


La géopolitique est au cœur des élections polonaises. Alors que le pays se sent plus que jamais menacé par la stratégie russe et bélarusse, le PiS au pouvoir semble en passe de profiter de cet état d’incertitude, renforcé par le soutien de certains alliés historiques de la Pologne. À Varsovie, c’est le jeu des tensions européennes qui se déploie.

Aujourd’hui a eu lieu le second tour des élections présidentielles en Pologne. Le président actuel Andrzej Duda, qui a obtenu 41,8  % lors du premier tour et qui représente la droite conservatrice du PiS, faisait face au candidat de l’opposition, le maire de Varsovie Rafał Trzaskowski (30,4  % lors du premier tour), du centre libéral. Les premiers résultats en sortie de bureaux de vote désignent comme président de la Pologne le candidat du parti au pouvoir, qui remporterait son second mandat pour les cinq années à venir.

L’organisation de l’élection présidentielle en Pologne a coïncidé avec le début de la pandémie de Covid-19. La crise sanitaire a déclenché une grave crise politique, révélant l’immaturité de la démocratie dans un pays portant le fardeau du communisme. L’élection, initialement prévue le 10 mai 2020, s’est finalement tenue le 28 juin 2020. À la lumière des changements géopolitiques et économiques, le premier tour des élections a été remporté par l’actuel président de droite Andrzej Duda. Les résultats de l’élection présidentielle sont d’autant plus importants que la Pologne prend la présidence du Groupe de Viségrad (juillet 2020-juillet 2021). Dans la situation actuelle, un leadership fort est imposant en Europe centrale est majeur. Cependant, en raison de l’insatisfaction des États membres du Groupe à l’égard de la gestion de la crise par l’Union, le renforcement des gouvernements conservateurs de droite dans cette partie de l’Europe pourrait déclencher une vague de sortie de l’Union européenne.

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Alors qu’en Pologne la crise épidémique bat son plein, une autre crise ressurgit – la crise de la coalition au pouvoir, «  La Droite Unie  ». Elle expose la maturité (ou l’immaturité) de la démocratie polonaise, qui s’enracine dans le pays depuis 1989, et met à l’épreuve la sensibilité du système des valeurs démocratiques. Les dirigeants ne peuvent s’entendre sur le déroulement de l’élection présidentielle, prévue le 10 mai 2020. En conséquence, le vice-Premier ministre Jarosław Gowin démissionne et le chef du parti au pouvoir – Droit et justice – Jarosław Kaczyński s’en sert pour renforcer la position de son parti en Pologne. Le tout dans une atmosphère de peur d’une pandémie, de restrictions à la liberté des citoyens, d’une campagne de désinformation acharnée et du chaos dans les services de santé polonais.

La visite d’Emmanuel Macron en Pologne devait lancer un débat autour de la coopération franco-polonaise au sein de la sécurité européenne. La révision de la coopération des deux pays, sa multidimensionnalité et sa complexité induisent une réflexion approfondie sur l’état du dialogue franco-polonais contemporain dans les domaines de la sécurité et de la défense. Après la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, l’importance de l’Europe centrale et orientale, principalement de la Pologne en tant que leader de celles-ci, augmente. Est-il vraiment possible de parler d’un changement qualitatif dans l’approche des deux pays possédant deux visions différentes de la perception de la sécurité en Europe  ?

Les 3 et 4 février 2020, le président français Emmanuel Macron et son épouse se rendront en Pologne pour une visite officielle. Lors de son premier séjour en Pologne depuis son élection, il se rendra à Varsovie et à Cracovie. Cela signifie-t-il un nouvel épisode des relations franco-polonaises  ? Les rapports compliqués entre la Pologne et la France ont-ils une chance de parvenir à se reconstruire, sur le terreau du respect et de la confiance mutuels  ?

Droit et Justice (PiS) a remporté les élections pour la deuxième fois consécutive, remportant une majorité parlementaire au Sejm. Pour la première fois dans l’histoire de la Troisième République de Pologne instaurée en 1989, le nombre de sièges remportés au parlement offre au parti la possibilité de former son propre gouvernement avec le souhait, de Jarosław Kaczyński, d’établir la IVe République de Pologne – «  Etat fort et protecteur  ». Le parti va s’efforcer de modifier la constitution et la loi électorale afin d’assurer la continuité du pouvoir. Toutefois au Sénat, les partis de l’opposition ont remporté la majorité.

Les élections législatives au Parlement polonais auront lieu ce dimanche 13 octobre 2019. Le parti ultra-conservateur Droit et Justice, au pouvoir depuis quatre ans, obtiendra probablement la majorité parlementaire et pourra former un gouvernement pour la deuxième fois de l’histoire de la Troisième République polonaise (après 1989). Cependant, l’objectif de Jarosław Kaczyński, chef du parti au pouvoir, est d’obtenir une majorité qualifiée lui permettant de réviser la Constitution.

Le 4 juin, à Bruxelles l’ambassadeur des États Unis auprès de l’Union Gordon Sondland a organisé un dîner dédié aux “meilleurs amis” de Washington. Aux côtés de Federica Mogherini et de Jared Kushner, s’est réuni tout un cortège cortège de responsables politiques des pays de l’Europe de l’Est et Centrale  : le président polonais Andrzej Duda, la première ministre roumaine Viorica Dǎncilǎ et le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky. Cette réunion informelle souligne un fait  : l’Europe Centrale et de l’Est est le centre des intérêts sécuritaires américains en Europe. Les pays sont toujours réunis par le même ennemi  : la Russie.

Les résultats électoraux en Pologne ont confirmé la force du parti au pouvoir, PiS. Malgré son bon résultat, la Coalition Européenne, qui a réuni les partis d’opposition et est réussi arriver en deuxième position, risque d’être un compromis trop large pour durer dans l’environnement politique polonais. Surtout, à quelques mois des élections législatives, le scrutin européen confirme les profondes divisions du pays.

Les Polonais n’ont pas de tradition de manifestation enracinée. La situation a changé après l’arrivé au pouvoir du parti de droite Droit et Justice (PiS) en 2015  : les changements introduits par le PiS dans divers domaines de la vie ont commencé à susciter des protestations dans la société polonaise. Les Polonais sont descendus dans les rues et ont appris à manifester. Les manifestations ont pris un caractère social et politique, et voient désormais les deux parties du conflit polonais, les opposants et les sympathisants du gouvernement, protester.

Le 13 janvier 2019, le maire de Gdańsk, Paweł Adamowicz, a été poignardé sur la scène d’un concert du Grand Orchestre de la Charité de Noël. L’agresseur lui a donné cinq coups de couteau avant de crier «  j’étais en prison, torturé par la Plateforme civique et c’est pour cela qu’Adamowicz est mort  ». Le 14 janvier 2019, malgré une opération de 5 heures, Paweł Adamowicz est malheureusement décédé.

La mission Baltic Air Policing est en cours depuis 2004, quand les trois États baltes ont adhéré à l’OTAN. Avec ce programme, l’OTAN garantit la protection de leur espace aérien. Le 3 janvier 2019, la Pologne a pris en charge la surveillance de l’espace aérien des États baltes pour la huitième fois pour une période de quatre mois. La participation au Baltic Air Policing revêt une grande importance stratégique pour la Pologne, puisqu’elle lui permet de renforcer l’espace aérien sur le territoire de l’Union qui est limitrophe de la Russie.

Le 15 novembre 2018 s’est tenue à Tatranská Lomnica une réunion des ministres de la défense nationale du groupe de Visegrad (V4). Les plans du Visegrad Battlegroup pour 2019 y ont été discutés et la Croatie a été invitée à y coopérer. Cette décision d’accepter la Croatie vise à renforcer la dimension stratégique du Groupe ainsi que de l’Initiative des trois mers et en particulier son projet principale – la Via Carpatia. Les pays de l’Europe centrale souhaitent ainsi renforcer les alliances stratégiques et de sécurité, tout en restant un groupe fort au sein de l’Union par leur participation à la PESCO.

Le 1er novembre 2018, les ministres des Affaires étrangères de la Pologne et du Danemark ont ​​signé un accord mettant fin au différend frontalier entre les deux pays pendant 40 ans. Dorénavant, le gazoduc Baltic Pipe, qui doit relier les deux pays, pourra naître sans risque.

Le 7 novembre, à l’Université militaire de technologie de Varsovie, a eu lieu l’ouverture officielle des plus grands exercices militaires des forces armées polonaises nommées Anakonda-18 (AN-18). Cette année, et pour la première fois, ils se déroulent également dans les pays baltes.

Le Groupe de Visegrád (V4) fait de nouveau parler de lui, au moins au niveau régional. Le sommet annuel du Groupe, organisé cette année en Slovaquie, a eu des effets mitigés. D’une part, il lie des États historiquement similaires de la région. D’autre part, il s’agit d’une stratégie de survie des intérêts régionaux face aux politiques de l’Union.

Dimanche 21 octobre, les élections locales en Pologne, marquées par un taux de participation exceptionnel, ont confirmé le PiS comme premier parti du pays, même si elles représentaient un test important pour le parti au pouvoir en vue des élections européennes de mai.

Les pays d’Europe centrale essaient d’activer les formes de coopération politique et de défense déjà existantes et d’en créer de nouvelles afin de renforcer leur position sur la scène européenne. L’Europe centrale est-elle encore une force significative en Europe  ? La présidence autrichienne du Conseil de l’Union européenne renforcera-t-elle leur position  ?

Pour la Pologne, le renforcement du flanc Est de l’OTAN reste une priorité pour les années à venir. Dans le même temps, l’implication de la Pologne dans les projets futurs de PESCO et la volonté de défendre ses intérêts la placent dans le rôle d’intermédiaire entre l’OTAN et l’Union européenne.