Études


La guerre d’Ukraine est-elle à un tournant  ? La Russie de Poutine est-elle en train de prendre l’avantage  ?

Après deux ans sous haute intensité, le front est bloqué et les armées se recomposent. Que va-t-il se passer maintenant  ? Pour essayer d’y voir plus clair, nous avons demandé à treize spécialistes des questions militaires de raisonner sur le futur de cette guerre à partir de deux interrogations clefs. Voici leurs réponses.

La Russie est-elle vraiment en économie de guerre  ?

À y regarder de plus près, les ressources financières et industrielles de Moscou — mais aussi sa main-d’œuvre — sont loin d’être aussi illimitées que Poutine le prétend. Dans une étude chiffrée, le spécialiste des politiques de défense Pavel Luzin nous plonge au cœur d’une économie de l’armement largement en crise depuis l’invasion de l’Ukraine — et qui repose désormais sur des stocks de l’ère soviétique.

L’invasion de l’Ukraine a changé le monde, mais elle a aussi changé le poutinisme.

À partir d’aujourd’hui, le Grand Continent publiera chaque semaine des textes inédits en français d’idéologues du régime de Poutine. Pour introduire cette série qu’elle dirige, nous revenons avec la spécialiste Marlène Laruelle sur la production doctrinaire du Kremlin, ses leviers et ses évolutions les plus récentes.

L’invasion à grande échelle de l’Ukraine a projeté l’Europe dans le réel en la mettant face à ses propres faiblesses  : industrielles, financières, capacitaires. Confrontés à la prégnance de la menace russe et à la perspective d’un repli américain, nous pouvons encore manœuvrer. Pour mettre en place les mesures nécessaires, l’Union doit adopter la logique d’une guerre longue. Une étude et des propositions — signées François Heisbourg.

Partout, les politiques industrielles se redéploient. Mais comment garantir leur efficacité  ? En Israël, une success story ambitieuse s’est arrêtée net lorsque la coalition d’intérêt qui la sous-tendait s’est affaiblie. Dans cette étude de cas depuis Tel-Aviv, Erez Maggor montre qu’à l’heure de la guerre des capitalismes politiques, la puissance de l’État ne suffit pas à relancer une politique industrielle.

La fin de Merkel n’a pas ouvert un nouveau cycle. La coalition présidée par Scholz devait marquer une nouvelle ère progressiste — deux ans après, le chancelier dirige un gouvernement zombie. Entre explosion de l’extrême droite, nouvelles conflictualités sociales, la nouvelle planète crépusculaire de la politique allemande attend 2025 pour se relancer… dans cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés.

Une enquête signée Joseph de Weck.

Les répercussions de l’annulation de Roe v. Wade se mesurent au-delà des frontières américaines. Le Sénat français doit se prononcer sur le texte de loi inscrivant dans la constitution la «  liberté garantie  » pour les femmes d’avoir recours à l’IVG, adopté le 30 janvier par l’Assemblée nationale. Un état des lieux de l’impact du recul américain en 10 points, 4 cartes et graphiques.

La révolte des agriculteurs en Europe est-elle la conséquence du phénomène climatique El Niño  ?

Depuis 2022, de l’Ukraine à Gaza en passant par le Yémen, la guerre s’étend. En 2023, de nouvelles limites planétaires ont été franchies. El Niño est au croisement de ces crises. Alors que l’embrasement guerrier et le réchauffement climatique épuisent nos modèles de croissance et à l’heure où les agriculteurs entrent en rébellion partout sur le continent, Jean-Michel Valantin lance une vaste étude sur les conséquences géopolitiques d’El Niño. Premier épisode  : l’Europe.

Et si la crise écologique entraînait une crise mondiale des finances publiques  ? C’est le risque que pointe Bastien Bedossa dans cette étude fouillée sur la spirale d’endettement qui menace de nombreux pays à travers le monde à mesure que se répètent les phénomènes climatiques extrêmes. Mais il n’y a pas de fatalité  : les États peuvent encore intervenir.

Demain, Emmanuel Macron sera en Inde pour une visite de deux jours. C’est le moment d’examiner la stratégie économique du pays le plus peuplé du monde. Depuis son élection, en 2014, Narendra Modi entend profiter de la défiance suscitée par la Chine de Xi Jinping pour mieux promouvoir l’attractivité indienne. Dans un monde déjà travaillé par de fortes tensions, cette ligne pourrait ouvrir un nouveau front dans la guerre des capitalismes politiques.