Les peuples d’Europe centrale et orientale qui ont fait l’expérience de l’impérialisme russe et des répressions soviétiques en conservent une mémoire vive — tandis que ceux d’Europe occidentale en ignorent souvent jusqu’à l’existence. Ce dimanche, nous poursuivons notre série hebdomadaire « Violences impériales » co-dirigée par Juliette Cadiot et Céline Marangé. Pour recevoir les nouveaux épisodes de la série, abonnez-vous au Grand Continent

Le 22 février 2022, l’ambassadeur du Kenya auprès de l’ONU, Martin Kimani, a publiquement dénoncé la reconnaissance par la Russie des régions séparatistes de l’est de l’Ukraine, mettant en garde Moscou contre le danger de raviver les « braises d’empires morts ». Kimani soulignait que, de la même manière, de nombreux pays africains s’étaient affranchis de la domination coloniale en ayant des frontières arbitraires qui avaient été tracées dans de lointaines capitales, à Londres, Paris ou Lisbonne, mais qu’ils avaient choisi d’accepter ces frontières plutôt que d’entretenir des griefs historiques avec une « dangereuse nostalgie »1.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, deux jours seulement après le discours de Kimani, la guerre a eu un impact majeur sur le PIB annuel et la sécurité alimentaire du continent africain, en grande partie du fait de l’augmentation de près de 10 % du prix du pétrole, des denrées alimentaires et des engrais2. En réponse, la Russie a courtisé les dirigeants africains en lançant des initiatives telles que des livraisons de céréales et en fournissant une assistance militaire et des bourses d’études pour des alliés clefs. Pour tenter de contrer ces efforts, le gouvernement ukrainien a promis une augmentation des livraisons de céréales, des investissements et un renforcement des relations diplomatiques3. Kyiv a annoncé, en mars 2024, que le président Volodymyr Zelensky prévoyait de se rendre en Afrique du Sud pour renforcer ses liens avec le continent4.

Kyiv a annoncé, en mars 2024, que le président Volodymyr Zelensky prévoyait de se rendre en Afrique du Sud pour renforcer ses liens avec le continent.

Natalia Telepneva

Les efforts diplomatiques de l’Ukraine découlent d’une prise de conscience, sans doute quelque peu inattendue pour Kyiv : en dépit de la déclaration largement médiatisée de Kimani, de nombreux chefs d’État africains se sont abstenus de prendre parti dans le conflit. Le 2 mars 2022, seuls 28 des 54 pays africains (environ 50 %) ont voté en faveur d’une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les votes ultérieurs à l’ONU ont montré des tendances similaires5. Les relations militaires soviétiques avec les pays africains contribuent à éclairer les raisons pour lesquelles Kyiv pourrait être confronté à une bataille difficile en Afrique face à la campagne de la Russie visant à raviver le souvenir de son soutien à la décolonisation.

Les raisons de l’engagement soviétique en Afrique

L’engagement de l’Union soviétique sur le continent africain après la Seconde Guerre mondiale doit être replacé dans le contexte de la décolonisation accélérée de la fin des années 1950 et du début des années 1960. À cette époque, plusieurs dirigeants africains, tels que Kwame Nkrumah (Ghana) et Sekou Toure (Guinée), ont sollicité l’aide au développement et l’expertise des pays du bloc de l’Est, utilisant généralement des stratégies étatiques de développement pour surmonter les héritages coloniaux et stimuler la croissance économique6. Même si les dirigeants africains ne souhaitaient pas imiter les modèles économiques soviétiques, Moscou fournissait volontiers des prêts, des bourses, de l’expertise et de la formation aux pays qu’elle considérait comme poursuivant un « développement non capitaliste »7.

La politique soviétique en Afrique n’a pas toujours été conforme aux idéaux de « solidarité » et d’internationalisme socialiste, mais l’idéologie jouait un rôle important. Les dirigeants soviétiques avaient en commun une vision marxiste-léniniste du monde qui mettait l’accent sur la lutte des classes et la nature agressive de l’impérialisme. En soutenant ses alliés africains, Moscou entendait contrer l’influence occidentale sur le continent et renforcer le prestige de l’Union soviétique. Lorsque la Chine a contesté le leadership soviétique au sein du mouvement communiste international dans les années 1960, il est devenu encore plus impératif de démontrer ses « références anti-impérialistes » dans le Tiers-monde8

En soutenant ses alliés africains, Moscou entendait contrer l’influence occidentale sur le continent et renforcer le prestige de l’Union soviétique.

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La présence militaire soviétique en Afrique a augmenté tout au long des années 1960 et 1970, en particulier dans le contexte des luttes contre la domination coloniale et contre celle de la minorité blanche en Afrique australe. Dans les colonies africaines du Portugal, en Angola, au Mozambique et en Guinée-Bissau, des militants anticolonialistes des centres urbains ont organisé des mouvements de libération, tels que le Mouvement populaire pour l’indépendance de l’Angola (MPLA), le Front de libération du Mozambique (FRELIMO) et le Parti pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), entre autres. Les nationalistes africains ont cherché, dans un premier temps, à trouver un arrangement pacifique avec le Portugal, mais ils se sont heurtés à la résistance acharnée du Premier ministre portugais, Antonio de Oliveira Salazar. À la tête d’une dictature ultra-conservatrice depuis les années 1930, Salazar réprimait sans pitié l’opposition intérieure et accordait une grande importance aux colonies africaines qui étaient sources de matières premières et de prestige international.

L’adhésion du Portugal à l’OTAN en 1949 — principalement en raison du contrôle qu’il exerce sur l’archipel des Açores — a apporté des avantages stratégiques à ses alliés occidentaux. Les Açores, situées dans l’Atlantique, abritaient à Lajes une base aérienne militaire de l’OTAN vitale pour le réapprovisionnement pendant la guerre froide. Salazar et son successeur, Marcelo Caetano, ont habilement tiré parti de leur contrôle sur le bail de Lajes pour résister aux pressions américaines en faveur de la décolonisation. Après la répression brutale par l’armée portugaise d’un soulèvement de grande ampleur contre le régime colonial dans le nord de l’Angola en 1961, il est devenu évident que Salazar était déterminé à maintenir le régime colonial en employant la force brute si nécessaire. 

Il en allait de même pour l’Afrique du Sud et la Rhodésie du Sud (Zimbabwe). Après sa victoire aux élections de 1948, le Parti National d’origine afrikaner mit en place un système strict de ségrégation raciale connu sous le nom d’« apartheid » en Afrique du Sud et dans le sud-ouest de l’Afrique (Namibie). Le Congrès national africain (ANC), principal mouvement anti-apartheid d’Afrique du Sud, a d’abord organisé des manifestations pacifiques contre le régime d’apartheid. Le 21 mars 1960, la police sud-africaine a ouvert le feu sur une foule qui protestait contre les lois sur les laissez-passer discriminatoires dans le township de Sharpeville de la province du Transvaal, causant la mort de plusieurs centaines de personnes et en blessant beaucoup d’autres.

La présence militaire soviétique en Afrique a augmenté tout au long des années 1960 et 1970, en particulier dans le contexte des luttes contre la domination coloniale et contre celle de la minorité blanche en Afrique australe.

Natalia Telepneva

Le massacre de Sharpeville a marqué l’aboutissement d’une série d’événements qui ont fini de persuader les dirigeants de l’ANC de se tourner vers la violence. En 1961, l’ANC a crée sa branche armée, uMkonto we Sizwe (MK), pour s’engager dans la résistance armée contre le gouvernement sud-africain. Au milieu des années 1960, la South West Africa People’s Organization (SWAPO) a également entamé une résistance armée contre l’occupation illégale de la Namibie par Pretoria. En Rhodésie du Sud, le gouvernement de Ian Duncan Smith a quant à lui proclamé unilatéralement l’indépendance (UDI) de la Grande-Bretagne le 11 novembre 1965, afin de maintenir la domination de la minorité blanche dans le pays. Ces événements ont déclenché le recours à la lutte armée, menée par l’Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU) et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU). 

C’était dans ce contexte que l’Union soviétique a commencé à apporter un soutien financier, militaire et politique à l’ANC, au MPLA, au FRELIMO, au PAIGC, à la ZAPU et à la SWAPO au début des années 1960. La majorité des dirigeants de ces mouvements n’étaient pas communistes, mais nombre d’entre eux étaient inspirés par les idées marxistes et élaboraient des programmes qui prévoyaient la construction d’un État au service de la justice sociale. Moscou s’est souvent heurtée aux complexités de la politique africaine, en particulier lorsque de multiples organisations concurrentes cherchaient à obtenir le soutien de l’Union soviétique. En conséquence, les responsables soviétiques de rang intermédiaire ont souvent joué un rôle important dans la gestion des relations avec les mouvements de libération africains.

Moscou s’est souvent heurtée aux complexités de la politique africaine, en particulier lorsque de multiples organisations concurrentes cherchaient à obtenir le soutien de l’Union soviétique.

Natalia Telepneva

Les responsables de rang intermédiaire : des acteurs clefs 

En Union soviétique, le processus décisionnel était structuré de manière extrêmement hiérarchique et centralisée. Divers comités, appelés « départements », au sein du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), de même que les ministères, formulaient des propositions de politiques qui étaient ensuite soumises à l’approbation de l’organe de décision le plus élevé, le Politburo. Toutes les demandes de financement ou d’armement des mouvements de libération devaient être approuvées ou bien étaient rejetées au niveau du Politburo.

Dans mon livre Cold War Liberation, je montre que les responsables soviétiques de rang intermédiaire, tels que les membres du département international du PCUS ou les officiers des services de renseignement soviétiques, ont joué un rôle crucial dans l’élaboration de ces propositions en raison de leur connaissance approfondie de leurs régions respectives et de leurs interactions régulières avec les révolutionnaires africains. L’établissement d’un lien personnel avec ces fonctionnaires de rang intermédiaire était crucial pour les révolutionnaires africains qui n’avaient pas d’accès régulier aux hauts responsables soviétiques, tels que le Secrétaire général du PCUS9.

Nombre de ces responsables de rang intermédiaire, comme Petr Evsyukov, qui a occupé le poste de chargé de mission pour les colonies portugaises au département international du Comité central du PCUS, n’avaient pas vécu la révolution russe, mais avaient eu une expérience directe du combat pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils appartenaient à la génération de citoyens soviétiques de l’après-guerre qui tiraient fierté d’avoir combattu l’Allemagne nazie et qui croyaient sincèrement que le socialisme soviétique, plutôt que le capitalisme, offrait une alternative supérieure aux pays du Tiers-monde.

Le degré de soutien de l’Union soviétique aux mouvements de libération dépendait d’une combinaison entre l’idéologie, les relations personnelles et la dynamique des campagnes de guérilla. Le Congrès national africain (ANC) a entretenu des relations étroites avec les Soviétiques en raison de son alliance avec le Parti communiste sud-africain (SACP). Parmi les mouvements de libération lusophones, le PAIGC en Guinée-Bissau a bénéficié d’un soutien important en termes d’armes de haute qualité, principalement en raison du fait que le dirigeant du parti, Amilcar Cabral, a réussi à cultiver une étroite relation de travail avec les Soviétiques grâce à son sens de la diplomatie.

Le degré de soutien de l’Union soviétique aux mouvements de libération dépendait d’une combinaison entre l’idéologie, les relations personnelles et la dynamique des campagnes de guérilla.

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À l’inverse, le chef du MPLA angolais, Agostinho Neto, a rencontré des difficultés avec les responsables soviétiques qui le percevaient comme distant et incapable d’unifier le mouvement. En 1973, les Soviétiques ont même suspendu l’aide au MPLA afin de faire pression sur lui pour qu’il s’attelle à résoudre les divisions internes. Ils nourrissaient également des soupçons à l’égard des dirigeants du FRELIMO au Mozambique, redoutant l’influence de la CIA et de la Chine en Afrique de l’Est. Ces relations complexes ont amené l’Union soviétique à s’impliquer davantage dans les conflits africains au cours des années 1970.

Livraison d’armes et formation à la guérilla

Le passage des manifestations pacifiques à la lutte armée violente au début des années 1960 a contraint les mouvements de libération à rechercher le soutien de l’Union soviétique et d’autres nations socialistes, comme la Chine et Cuba, pour acquérir des armes et une formation militaire. Un débat important s’est engagé entre les historiens sur la question de savoir si Nelson Mandela était membre du SACP et si le parti communiste, influencé par Moscou, avait poussé l’ANC vers la lutte armée violente. De nouvelles recherches sur les origines de MK indiquent que le passage à la violence a été motivé par des facteurs internes plutôt que par des pressions externes10.

Les mouvements de libération lusophones ont connu une dynamique similaire. Une fois que les dirigeants du MPLA, du FRELIMO et du PAIGC se sont lancés dans la lutte armée, ils ont systématiquement fait appel aux Soviétiques pour obtenir des fonds supplémentaires et des armes lourdes plus sophistiquées. Pour ce faire, ils s’entretenaient avec les représentants soviétiques locaux dans les capitales africaines telles que Brazzaville, Dar es Salaam, Conakry et Lusaka, qui leur ont servi de base d’opération  ; ils avaient également des discussions avec les responsables du département international du Comité central du PCUS et de l’armée soviétique lors de leurs visites régulières à Moscou. Avec l’approbation du Politburo, des armes étaient ensuite expédiées vers les pays africains où les mouvements de libération étaient actifs, tels que la Tanzanie, le Congo-Brazzaville et la Guinée.

La formation militaire accompagnait la fourniture d’armes. Dès le début des années 1960, l’armée soviétique a organisé des formations régulières et intensives et des services militaires à Leningrad, Moscou et Odessa. Le plus grand centre d’entraînement pour les guérillas africaines a été établi en 1965 dans le village de Perevalnoe en Crimée. Ce centre — qui pouvait accueillir plusieurs centaines d’hommes à la fois — a dispensé des cours d’artillerie, de mines et d’explosifs, ainsi que de défense antiaérienne jusqu’à la fin des années 1980. Les instructeurs soviétiques s’appuyaient principalement sur l’expérience des mouvements de partisans pendant la Seconde Guerre mondiale, mais les Africains pouvaient également s’inspirer de l’exemple vietnamien ou cubain. La formation navale se déroulait à Poti, en Géorgie soviétique11.

La formation militaire accompagnait la fourniture d’armes. Dès le début des années 1960, l’armée soviétique a organisé des formations régulières et intensives et des services militaires à Leningrad, Moscou et Odessa.

Natalia Telepneva

Ces programmes étaient de grande envergure. Ainsi, environ 2 000 combattants MK d’Afrique du Sud se sont entraînés en Union soviétique entre 1963 et 1991, y compris Chris Hani, le leader du SACP et le chef du MK12. Les Soviétiques n’étaient pas les seuls à fournir des entraînements militaires. Des pays comme la Chine, la Tchécoslovaquie, la RDA, la Bulgarie et surtout Cuba ont également mis en place des programmes de formation militaire et de sécurité — avec des niveaux d’implication variables en fonction des moments.

Les armes soviétiques ont joué un rôle important dans la guérilla. Pendant la guerre de brousse en Rhodésie, les armes de fabrication soviétique — telles que les fameuses kalachnikovs — avaient une valeur symbolique pour les guérilleros car elles étaient synonymes d’habileté et de sophistication13. Dans le contexte des guerres coloniales portugaises, l’afflux d’armes pour les guérillas a permis de maintenir la pression sur l’armée coloniale, en mettant à rude épreuve ses ressources et en affaiblissant en fin de compte le soutien à la guerre.

Le cas de la Guinée-Bissau illustre bien cet impact. Le chef du PAIGC, Amilcar Cabral, espérait que les armes soviétiques permettraient à ses guérilleros de lancer des attaques contre les postes fortifiés de l’armée et de se défendre contre les bombardements aériens portugais, tout en réduisant au minimum les pertes parmi ses combattants. En 1970, Cabral a négocié la livraison du lance-roquettes BM-21 « Grad » modifié, connu sous le nom de Grad-P (Partizan). Un an avant son assassinat, en janvier 1973, il a réussi à convaincre Moscou d’obtenir le missile sol-air soviétique « Strela-2 » (SA-7 Grail). Ces systèmes d’armes, initialement développés pour le Nord-Vietnam, combinaient puissance de feu et portabilité, facilitant le transport sur des terrains difficiles14.

La stratégie de Cabral s’est révélée fructueuse. Après un entraînement intensif à Perevalnoe au début de l’année 1974, le premier groupe de combattants du PAIGC a commencé à abattre des avions portugais en Guinée-Bissau. L’aggravation de la situation militaire a contribué au mécontentement croissant des officiers subalternes de l’armée, aboutissant au coup d’État du 25 avril 1974 au Portugal. La junte militaire qui l’a remplacé a souhaité mettre fin au plus vite  aux guerres coloniales, ce qui a facilité l’indépendance de la Guinée-Bissau, du Mozambique et de l’Angola en 1974-75. Il reste difficile d’établir dans quelle mesure Moscou a eu connaissance du coup d’État imminent au Portugal, mais il est évident que le soutien soviétique aux mouvements de libération a joué un rôle essentiel pour façonner le résultat final.

Il reste difficile d’établir dans quelle mesure Moscou a eu connaissance du coup d’État imminent au Portugal, mais il est évident que le soutien soviétique aux mouvements de libération a joué un rôle essentiel pour façonner le résultat final.

Natalia Telepneva

Dans les années 1970, les Soviétiques ont progressivement privilégié les liens militaires avec leurs principaux alliés africains. Les recherches historiques ont été plus approfondies concernant le soutien soviétique aux mouvements de guérilla ; de nouvelles recherches montrent toutefois que les armes soviétiques ont également joué un rôle crucial dans des conflits initiés par un État, comme la guerre civile nigériane (1966-1970)15. L’armée soviétique percevait en général la série de coups d’État africains, au Congo, en Algérie, au Ghana et au Mali, comme les conséquences d’une ingérence occidentale. En mettant l’accent sur la formation des armées nationales et des forces de guérilla, les Soviétiques visaient à cultiver une élite militaire favorable à Moscou dans le contexte de la concurrence de guerre froide16.

De manière simultanée, ils ont commencé, dans les années 1960, à développer leur flotte océanique et à intensifier leurs efforts pour sécuriser des bases navales à l’étranger. Ils ont de plus en plus utilisé leurs capacités navales pour soutenir des régimes amis et des mouvements de libération en Afrique17. Ces capacités croissantes ont joué un rôle décisif lors du pic de l’implication soviétique en Angola dans les années 1970.

En mettant l’accent sur la formation des armées nationales et des forces de guérilla, les Soviétiques visaient à cultiver une élite militaire favorable à Moscou dans le contexte de la concurrence de guerre froide.

Natalia Telepneva

Les Soviétiques en Angola : de l’ambition maximale à la retraite

L’engagement militaire soviétique en Afrique a pris de l’ampleur dans les années 1970, en raison des prix élevés du pétrole et des progrès de la technologie soviétique qui permirent à Moscou d’étendre son influence militaire sur de longues distances. Toutefois, contrairement à ce que pensaient les dirigeants américains de l’époque, les interventions soviétiques des années 1970 n’étaient pas guidées par une grande stratégie ou un plan cohérent. Au contraire, les dirigeants soviétiques ont souvent réagi aux pressions exercées par leurs alliés, ce qui a entraîné plus profondément Moscou dans des conflits locaux. 

Cette dynamique était évidente en Angola. Après le coup d’État et la transition démocratique qui a suivi au Portugal en 1974, la concurrence s’est intensifiée entre les trois principaux groupes de libération angolais — le MPLA, le FNLA et l’UNITA. Lorsque cette compétition a pris un tour de plus en plus violent, Moscou a repris en 1975 les livraisons d’armes au MPLA via le port de Pointe Noire au Congo-Brazzaville. Cependant, les Soviétiques espéraient toujours éviter un engagement plus important, plaidant pour une « solution africaine » au conflit. 

Cette option s’est avérée plus compliquée après que les États-Unis et l’Afrique du Sud ont commencé à fournir un soutien militaire au FNLA et à l’UNITA au cours de l’été 1975. En octobre 1975, l’Afrique du Sud a envahi l’Angola dans le but de s’emparer de la capitale Luanda avant la date de l’indépendance, fixée au 11 novembre 1975. Le dirigeant cubain Fidel Castro a réagi en déployant des forces spéciales et des troupes cubaines pour soutenir le MPLA. Les Soviétiques qui n’étaient apparemment pas au courant de la décision de Castro se sont sentis obligés de soutenir La Havane, en envoyant des conseillers soviétiques et davantage d’armes lourdes en Angola. En 1976, l’opération soviéto-cubaine a permis de repousser l’avancée de l’Afrique du Sud18.

L’engagement militaire soviétique en Afrique a pris de l’ampleur dans les années 1970, en raison des prix élevés du pétrole et des progrès de la technologie soviétique.

Natalia Telepneva

Le succès de la collaboration soviéto-cubaine a pavé la voie d’un élargissement de l’engagement militaire soviétique. Un important contingent de troupes cubaines s’occupait principalement d’assurer la défense contre une insurrection soutenue par Pretoria et menée par l’UNITA de Jonas Savimbi dans le sud de l’Angola, tandis que des conseillers militaires soviétiques arrivaient en Angola pour enseigner dans les écoles militaires, conseiller le haut commandement du MPLA et former des unités armées régulières. Les conseillers soviétiques et cubains ont également formé les combattants de la ZAPU, du MK et de la SWAPO qui ont établi leurs camps en Angola, après que le MPLA a formé un gouvernement en 197519.

L’ampleur de l’assistance militaire soviétique à l’Angola a été très importante. Entre 1975 et l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, environ 10 985 conseillers et techniciens militaires soviétiques se sont rendus en Angola pour des durées variables, et environ 6 965 Angolais ont reçu une formation militaire en URSS. Entre 1976 et février 1989, les Soviétiques ont fourni aux forces armées angolaises des armes pour une valeur de près de 3,7 milliards de roubles. La livraison d’avions soviétiques MIG-23 et SU-22 a grandement facilité une offensive majeure du MPLA soutenue par Cuba contre l’UNITA en 1987-1988, connue sous le nom de bataille de Cuito Cuanavale20.

La marine soviétique qui a établi une base permanente d’approvisionnement et de maintenance navale à Luanda en 1977, a également joué un rôle important en Angola, puisqu’elle a permis de sécuriser le transport de l’aide  au MPLA et de dissuader toute incursion maritime en provenance d’Afrique du Sud. Onze navires soviétiques ont opéré à partir de Luanda au plus fort de l’offensive du MPLA contre l’UNITA dans les années 198021.

Entre 1975 et l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, environ 10 985 conseillers et techniciens militaires soviétiques se sont rendus en Angola pour des durées variables, et environ 6 965 Angolais ont reçu une formation militaire en URSS.

Natalia Telepneva

Lorsque Mikhaïl Gorbatchev accède au pouvoir en 1985, nombreux sont parmi l’élite de la politique étrangère soviétique ceux qui ne se satisfont pas des résultats de la politique soviétique dans le Tiers-monde. Bien qu’ils aient initialement soutenu des alliés clés en Afrique, Gorbatchev et son équipe se sont efforcés de résoudre les conflits régionaux par la négociation. Cependant, confronté à une crise politique et économique croissante, Gorbatchev a réduit ces engagements après 1989. 

Les conséquences de cette politique ont été variées. Plusieurs alliés soviétiques, comme le MPLA ou le FRELIMO, ont gardé le contrôle du pouvoir après la fin de la guerre froide. En Afrique du Sud, l’ANC a accédé au pouvoir en 1994 à la suite de sa victoire aux premières élections multiraciales du pays. Cependant, d’autres régimes soutenus par l’Union soviétique, notamment le régime de Mengistu Haile Mariam en Éthiopie, se sont effondrés sous le poids de leur mauvaise gestion économique et de la pression militaire exercée par l’opposition armée. Après la dissolution de l’Union soviétique en décembre 1991, le nouveau gouvernement russe dirigé par Boris Eltsine a complètement changé d’orientation en se tournant vers l’Ouest.  

Ce revirement a déçu de nombreux partenaires africains de l’Union soviétique qui comptaient sur Moscou pour leur fournir des armes, de l’expertise et de la formation. Le changement de priorités a également suscité des critiques de la part de plusieurs experts russes de l’Afrique et d’anciens fonctionnaires impliqués dans le soutien aux mouvements de libération. Avant même la chute de l’Union soviétique en 1991, beaucoup d’entre eux s’étaient montrés critiques vis-à-vis de ce qu’ils percevaient comme une perte d’influence durement acquise auprès de clients clés tels que l’ANC, considérant par ailleurs qu’une dépendance excessive à l’égard de la bonne volonté occidentale était irréaliste et même nuisible aux intérêts de long terme de la Russie.

Confronté à une crise politique et économique croissante, Gorbatchev a réduit les engagements soviétiques en Afrique après 1989. 

Natalia Telepneva

La réémergence de la Russie en Afrique

La Russie a de nouveau émergé comme un acteur important en Afrique dans les années 2000, principalement dans le domaine militaire. Entre 2018 et 2022, la Russie est devenue le principal fournisseur d’armes du continent, représentant 40 % des armes fournies, avec des contrats d’armement majeurs conclus avec des pays tels que l’Algérie, l’Égypte et la Libye en Afrique du Nord, et l’Angola, le Niger et le Mali en Afrique subsaharienne22. Cette résurgence peut être attribuée aux efforts de Vladimir Poutine pour se tailler une nouvelle sphère d’influence sur le continent et éviter l’isolement international à la suite des interventions de la Russie en Géorgie (2008) et en Crimée (2014)23.

Alors qu’à l’époque soviétique, l’assistance militaire était gérée par le ministère de la défense, une grande partie de l’activité russe est aujourd’hui menée par des sociétés militaires privées affiliées à l’État. La plus connue d’entre elles a été Wagner, développée par le ministère russe de la défense sur la base d’un ancien groupe de mercenaires — le Corps slave — pendant le conflit dans l’est de l’Ukraine en 2014.

Entre 2018 et 2022, la Russie est devenue le principal fournisseur d’armes du continent, représentant 40 % des armes fournies.

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L’expansion rapide de Wagner a été liée à l’homme d’affaires Evgueni Prigojine, qui a profité de ses relations personnelles avec Poutine pour étendre ses opérations de la Syrie à près d’une douzaine de pays africains, comme la République centrafricaine, le Soudan, la Libye et le Mali. Le statut ambigu de Wagner — le mercenariat est illégal selon la loi russe — a permis à Moscou de maintenir un déni plausible concernant toute violation présumée des droits de l’homme commise par ses combattants, et d’éviter de devoir divulguer le nombre de morts résultant de ses activités. 

On peut dresser certains parallèles avec les interventions de l’ère soviétique en Afrique. Tout comme dans les années 1970, l’armée russe cherche à établir des installations navales et militaires, notamment en République centrafricaine (RCA), en Syrie, en Libye et (plus récemment) au Burkina Faso. Beaucoup de ces opérations ont une portée considérable. En RCA, Wagner a fourni une formation militaire et sécuritaire au gouvernement central, a participé à la négociation de l’accord de paix de Khartoum de 2019 entre le gouvernement central et les groupes rebelles, et a même mené des opérations de combat pour contrer les attaques sur la capitale Bangui en 2021-202224.

Toutefois, la nature de l’engagement est très différente. Alors que les Soviétiques investissaient dans la modernisation et le développement de l’Afrique au nom de l’« internationalisme socialiste », une grande partie de la coopération militaire actuelle de la Russie a été principalement motivée par la compétition pour les ressources du continent. Les services de Wagner ont été rémunérés soit en espèces soit en accès aux ressources minières. Selon un rapport, le Kremlin aurait gagné 2,5 milliards de dollars grâce au commerce de l’or africain depuis 2022 seulement25.

Alors que les Soviétiques investissaient dans la modernisation et le développement de l’Afrique au nom de l’« internationalisme socialiste », une grande partie de la coopération militaire actuelle de la Russie a été principalement motivée par la compétition pour les ressources du continent.

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Dans le même temps, le gouvernement russe a cherché à élargir les bases de ses activités. Le ministère russe des affaires étrangères a eu recours à la « diplomatie de la mémoire » pour souligner le rôle de l’Union soviétique dans les luttes de libération26. Lors du premier sommet Russie-Afrique en 2019, Poutine a positionné la Russie comme le défenseur de la souveraineté de l’Afrique contre l’empiètement des puissances occidentales27. Ces dernières années, des entités affiliées à Prigojine ont mené des campagnes de désinformation et collaboré avec des activistes panafricains pour promouvoir le discours du Kremlin, notamment en appelant à réduire l’influence française et occidentale dans la région du Sahel28.

Certains de ces récits peuvent toucher une corde sensible parmi les élites et la population africaines, du fait des griefs persistants qui résultent de l’héritage colonial et des sentiments anti-américains qui s’enracinent dans les interventions occidentales ratées avant et après 199129. La prolifération de Wagner a été décrite comme un « phénomène moderne » distinct, alimenté par la privatisation de la guerre en Afrique, les limites des efforts de maintien de la paix de l’ONU et l’incapacité et/ou le manque de volonté de l’Occident à s’attaquer à ces poches d’instabilité30. Dans un contexte de concurrence accrue en Afrique, des acteurs tels que l’Iran, la Chine et la Russie sont intervenus pour soutenir des régimes autoritaires désireux de se maintenir au pouvoir par la seule force des armes. Les régimes africains qui ont été visés par des sanctions occidentales, y compris par un embargo sur les armes, sont particulièrement enclins à se tourner vers la Russie et d’autres acteurs pour éviter toute conditionnalité31.

La Russie de Poutine a semblé prête à maintenir sa présence en Afrique — même après la tentative de coup d’État de Prigojine et sa disparition dans un accident d’avion suspect en août 2023, qui a rendu incertain l’avenir de Wagner. Depuis, le ministère russe de la Défense a entrepris d’intégrer le personnel de Wagner dans une nouvelle entité appelée « Africa Corps » et certains rapports font état d’un engagement militaire russe plus conséquent dans la région du Sahel. Les objectifs de Moscou ne consistent pas seulement à sécuriser son accès à des minerais critiques en échange d’un soutien militaire, mais à priver les entreprises occidentales de ces ressources32.

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Il est difficile de prédire la viabilité à long terme de la présence russe en Afrique. Tout comme dans les années 1970 et 1980, une grande partie des relations actuelles de la Russie avec l’Afrique est ancrée dans la coopération militaire. Le rôle que la technologie militaire soviétique a joué sur le continent africain dans les années 1970 et 1980 aide le gouvernement russe à se présenter comme un fournisseur attrayant d’armements, de formation militaire et de savoir-faire. Toutefois, tout comme à l’époque soviétique, la politique africaine de la Russie est dépourvue de stratégie et de plan d’ensemble.

Tout comme à l’époque soviétique, la politique africaine de la Russie est dépourvue de stratégie et de plan d’ensemble.

Natalia Telepneva

D’autres continuités sont plus difficiles à discerner. La politique soviétique en Afrique prenait racine dans l’idéologie, s’ordonnançait autour d’une vision positive du monde, qui offrait une alternative au capitalisme occidental. L’idéologie comptait surtout dans la façon dont les dirigeants soviétiques concevaient le monde et choisissaient leurs alliés. Aujourd’hui, la tactique de la Russie en Afrique est fondamentalement cynique  ; elles se concentre sur la capture de ressources clefs et sur l’acquisition d’un capital politique dans les forums internationaux. L’accent mis sur les acteurs non étatiques, tels que Wagner, a également permis à la Russie d’étendre son influence dans de nouvelles régions sans avoir à rendre de comptes et tout en limitant les coûts. Il reste à voir si la mort de Evgueni Prigojine modifiera fondamentalement ce modèle dans un temps plus long.En fin de compte, la « réémergence » de la Russie en Afrique résulte d’une concurrence accrue sur le continent dans un contexte d’instabilité persistante. Le discours anti-occidental russe correspond aux intérêts de nombreuses élites africaines, qui invoquent des griefs historiques légitimes concernant l’héritage colonial et l’échec des interactions avec l’Occident pour justifier leurs liens croissants avec la Russie. Dans ces conditions, l’Ukraine, agressée par la Russie, se trouve confrontée au défi majeur de rallier les pays africains à son camp.

Sources
  1. Graeme Demianyk, « Kenya’s United Nations Speech On Ukraine Praised For Citing Africa’s Colonial Legacy », HuffPost, 22 février 2022.
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