La situation au Myanmar plonge New Delhi dans l’embarras. Car, si le ministère des Affaires étrangères a bien exprimé sa profonde inquiétude et le souhait de voir la démocratie restaurée, les autorités du pays sont traditionnellement opposées aux sanctions internationales et réticentes à prendre position sur des événements intérieurs dans un pays tiers, notamment lorsque cela a trait aux droits de l’homme avec la question du Cachemire en filigrane. Comment les autorités indiennes s’accommoderont-elles d’une situation toujours plus instable chez leur voisin oriental ?
Gilles Boquérat
Chercheur
Gilles Boquérat est chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique.
Un an après qu’une réforme de la citoyenneté qualifiée de discriminatoire envers la communauté musulmane a engendré une vague de protestations finalement freinée par la crise du Covid-19, les médias occidentaux se font l’écho de manifestations aux portes de New Delhi d’agriculteurs, la plupart de confession sikhe et venus du Pendjab. À l’origine du mouvement de protestation, trois projets, présentés à la mi-septembre 2020 par le gouvernement de Modi, devenus lois en un temps record après avoir franchi les différentes étapes institutionnelles requises.
L’année prochaine, le Bangladesh fêtera ses 50 ans d’existence. En 2020, le pays célèbre le centenaire de la naissance de Sheikh Mujibur Rahman, leader du mouvement national de libération et premier dirigeant du pays qui connut une fin tragique. Pour célébrer l’anniversaire, les autorités du pays ont décidé d’ériger des statues représentant le « père de la Nation ». Une initiative qui ne plait pas aux islamistes radicaux car contraire aux règles de la charia.
Si la religion a toujours jouée un rôle central dans la République islamique du Pakistan – pays né sur une base confessionnelle -, cette centralité est redynamisée depuis l’accession au poste de chef du gouvernement d’Imran Khan. Le « nouveau Pakistan » promis par l’ancien joueur de cricket peine à afficher un visage libéral.
Le 29 février 2020, les Etats-Unis ont signé à Doha un accord de paix qualifié d’historique avec les talibans afghans, ceux-là même qu’ils avaient, à la tête d’une coalition internationale, évincé du pouvoir à Kaboul à l’automne 2001 suite aux attentats du 11 septembre. Historique puisqu’il doit mettre un terme au plus long conflit mené par les Etats-Unis. Mais plusieurs doutes sur sa durabilité persistent.
La décision, le 1er mai, du Comité des sanctions des Nations Unies d’ajouter Masood Azhar, le fondateur du groupe jihadiste pakistanais Jaish-i-Mohammed, à la liste des terroristes globaux, représente un succès pour la diplomatie indienne, qui s’explique par la décision de la Chine de lever son veto en faveur du Pakistan, son allié.
Les élections indiennes vues du Pakistan : les bénéfices inattendus d’une rivalité croissante
Asie IntermédiaireLa campagne électorale pour les élections en Inde, qui ont débuté hier 11 avril, est d’autant plus suivie au Pakistan qu’elle se déroule alors que le traditionnel antagonisme entre les deux pays a atteint un niveau paroxystique, après le risque d’escalade militaire de fin de février au regard du Cachemire. Ce contrecoup montre comme une victoire nationaliste, causant une possible aggravation des relations avec l’Inde, ouvre des possibilités inattendues pour le dirigeants pakistanais.
Si l’Asie du Sud compte les pays avec le plus grand nombre de naissances au monde, le taux de mortalité néonatal demeure élevé à la fois pour des raisons sanitaires, sociales et culturelles.
Les élections au Bangladesh du 30 décembre ont confirmé la prédominance sur la scène politique de la Ligue Awami, dont le leader, Sheikh Hasina, contrôle le gouvernement depuis 2009, alors même qu’ une forte croissance économique s’accompagne d’une remise en cause des règles démocratiques.
Alors que les institutions sri lankaises se trouvent éclatées entre le président Sirisena, la Cour suprême et le Parlement, les récentes manoeuvres à la tête du gouvernement risquent de renouveler les tensions ethniques entre la majorité cinghalaise et les Tamouls.
La promesse du nouveau premier ministre Pakistanais Imran Khan de l’avènement d’un « nouveau Pakistan », plus égalitaire et tolérant, paraît encore loin de se réaliser, à cause de la montée de plus en plus agressive des force islamistes dans les pays, comme dans le cas récent d’Aasia Bibi.
Le récent attaque à Ghazni, en Afghanistan, témoigne que les talibans ont encore une force considérable dans le pays. Pour cette raison, ils sont de plus en plus engagés diplomatiquement pour trouver une solution durable qui mettrait d’accord tous les pays influents dans la région.
L’arrivée de la saison des moussons en Asie du Sud soulève à nouveau la question des ressources hydriques dans la région. Encourager une utilisation plus responsable et une meilleure gestion de l’eau est fondamental pour réduire le risque de crises déstabilisantes.
Les services pakistanais sont souvent accusés d’ambiguité vis-à-vis du terrorisme et d’interférer dans les élections du pays en soutenant les candidats qui leur paraissent les plus proches de leurs intérêts. Une situation qui sera suivie de près par les inspecteurs européens qui veilleront sur la régularité des élections du 25 juillet prochain.
Le Bangladesh compte sur le soutien de l’Inde pour que les Rohingyas réfugiés sur son territoire puissent retourner chez eux au plus vite. Mais l’Inde est réticente à faire pression sur le Myanmar, par crainte de voir son voisin s’allier exclusivement à la Chine.
Le 11 mai, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a entamé sa troisième visite officielle au Népal. L’objectif premier était de relancer une politique de « Neighbourhood First » et d’afficher la détermination de l’Inde à ne plus concéder de terrain à la Chine de plus en plus active dans un voisinage longtemps considéré comme une chasse gardée indienne.
La tentative d’assassinat par arme à feu dirigée contre le ministre de l’Intérieur, Ahsan Iqbal, rappelle que le Pakistan est loin d’en avoir fini avec la violence sectaire au moment où le pays entre en campagne électorale sur fond de tensions entre le pouvoir civil, les militaires et l’institution judiciaire.