New Delhi. Le 11 mai, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a entamé sa troisième visite officielle au Népal. L’objectif premier était de relancer une politique de « Neighbourhood First » et d’afficher la détermination de l’Inde à ne plus concéder de terrain à la Chine de plus en plus active dans un voisinage longtemps considéré comme une chasse gardée indienne (3).

Le précédent mandat de Khadga Prasad Oli (octobre 2015-août 2016), son homologue népalais, avait été marqué par le blocus imposé par l’Inde pour protester contre la nouvelle constitution népalaise (2), accusée de prendre insuffisamment en compte les droits des Madhesis, une communauté d’origine indienne (environ ¼ de la population totale) habitant dans les régions frontalières de l’Inde (plaine du Teraï).

Le gouvernement de M. Oli avait alors répondu en signant des traités de commerce et de transit avec la Chine. Il est surtout intéressant de constater que la visite de M. Modi a débuté à Janakpur, une ville située près la frontière avec l’Etat indien du Bihar et à forte connotation symbolique puisque Sita est supposée y avoir épousé Rama, un avatar du dieu Vishnou. Dans ce lieu saint de l’hindouisme, Modi a prononcé un discours ponctué de références mythologiques visant à souligner les liens culturels unissant les deux pays. Ce fut aussi l’occasion d’annoncer une liaison par bus entre Janakpur et Ayodhya (Uttar Pradesh) où Rama est censé être né.

M. Modi a poursuivi son “pèlerinage” par un passage au temple sacré de Muktinath dans la région du Mustang et à Pashupathinath, le « Bénarès népalais », dans la banlieue de Katmandou. M. Modi est connu pour offrir des exemplaires de la Bhagavad Gita à ses interlocuteurs étrangers (en retour, Emmanuel Macron lui a offert en mars 2018, lors de sa visite en Inde, la première traduction française de ce texte fondamental de l’hindouisme) et il a promu le bouddhisme comme vecteur de rapprochement avec l’Asie du sud-est et orientale (1).

En Inde, la droite nationaliste hindoue a vécu comme un déchirement le renoncement à l’hindouisme comme religion d’Etat au Népal après la chute de la monarchie en 2008. En jouant des affinités religieuses avec le Népal, New Delhi cherche à valoriser un atout dont la Chine ne peut pas se prévaloir. L’Union européenne reste toutefois, après les organismes financiers internationaux, le premier fournisseur d’aide au Népal (4).

Perspectives :

  • Le président du Népal, K.P. Oli, qui s’est rendu à New Delhi en avril se déplacera à Pékin au mois de juin. Il s’agira notamment de faire le point sur les accords passés lors de son précédent déplacement en Chine en 2016, de discuter des projets financés par la Chine et d’entamer la réflexion sur la signature d’un accord de libre-échange.

Sources :

  1. MADHAV Ram, Uneasy Neighbours : India and China after Fifty Years of the War, Har Anand Publications, 2014.
  2. Constituion du Népal .
  3. CHAUDHURY Dipanjan Roy, How Buddhist outreach has always been a key element of PM Narenda Modi’s Act East Policy, The Economic Times, 16 juin 2017.
  4. Aid Management Platform, Ministère des finances du gouvernement népalais.