Téhéran. Alors que les sanctions américaines ont commencé à frapper de nouveau l’économie iranienne, par l’ajout, notamment, du directeur de la Banque Centrale d’Iran, Valliollah Seif, sur une liste de sanctions pour financement du terrorisme, et que les principales multinationales européennes impliquées en Iran ont déclaré mettre leurs activités en pause, notamment le leader des bateaux A.P. Moller Maersk (3), les compagnies allemandes Allianz et Siemens, et surtout Total (4) pour l’exploitation de South Pars 11, que nous avions évoqué la semaine dernière (2), Jean-Claude Juncker a annoncé, à l’issue du sommet européen de Sofia tenu jeudi 17 mai, où Donald Tusk et Federica Mogherini ont dénoncé le retrait américain du JCPOA avec une certaine radicalité, que l’Union travaillerait sur la mise à jour de la loi de blocage de 1996 (1), qui permet d’annuler les effets des sanctions extraterritoriales américaines.

Cependant, l’avenir de l’accord et des conséquences de la crise actuelle se joue probablement en Iran, en raison de l’opposition entre ceux qui constatent les efforts européens et invitent à croire en la possibilité d’un accord maintenu sans les États-Unis et ceux qui s’interrogent sur les motifs européens, et notamment sur leur volonté de négocier sur le programme balistique. Dans la bouche des radicaux, le comportement très violent d’Israël face aux manifestants palestiniens, et l’absence de réaction forte de l’Europe deviennent des arguments pour montrer l’hypocrisie et la passivité européenne face aux décisions américaines. La cohérence d’une position européenne forte est probablement le seul moyen de donner raison aux modérés et de les renforcer face à ceux qui veulent définitivement rompre avec l’occident.

Perspectives :

  • 18-21 mai : Miguel Arias Canate, commissaire chargé des questions énergétiques, se rendra en Iran.
  • 25 mai : avec le soutien du vice ministre des affaires étrangères russe, Sergei Riabkov, une réunion aura lieu à Vienne sur le Jcpoa.
  • 04 novembre : Total se retirera d’Iran s’il ne bénéficie pas d’une exemption d’ici là par les américains avec le soutien français et européen.

Sources  :

  1. Communiqué de presse de la Commission européenne, 18 mai.
  2. RAMDANI Sami, La Lettre du Lundi, sixième édition, Les sanctions américaines contre l’Iran, une bonne nouvelle pour l’Europe, 14 mai.
  3. Reuters, 17 mai, directeur exécutif de l’entreprise, Soren Skou : « With the sanctions the Americans are to impose, you can’t do business in Iran if you also have business in the U.S., and we have that on a large scale. »
  4. Site de Total, 16 mai : « Total has always been clear that it cannot afford to be exposed to any secondary sanction, which might include the loss of financing in dollars by US banks for its worldwide operations (US banks are involved in more than 90 % of Total’s financing operations), the loss of its US shareholders (US shareholders represent more than 30 % of Total’s shareholding) or the inability to continue its US operations (US assets represent more than 10 billion dollars of capital employed).”