Bangalore. L’enjeu de l’élection qui s’est déroulée récemment au Karnataka dépassait largement le cadre provincial. Cet État du sud de l’Inde allait-il à son tour échapper au Parti du congrès (CNI) et tomber dans l’escarcelle du Bharatiya Janata Party (BJP), la formation de droite nationaliste hindoue du Premier ministre indien, Narendra Modi ? Depuis l’arrivée au pouvoir de ce dernier à New Delhi en 2014, le BJP a remporté coup sur coup les élections conduites dans plusieurs Etats de l’Union indienne. À l’inverse, le parti du Congrès, formation de centre gauche, et son chef, Rahul Gandhi, ont reculé, perdant neuf élections provinciales au cours des quatre dernières années et ne gouvernant plus que dans trois Etats (Pendjab, Karnataka, Mizoram) et un territoire de l’Union (Pondichéry) 1.

De fait, il a manqué peu de sièges au BJP pour obtenir cette fois encore une majorité absolue. Or, l’assemblée est ensuite amenée à désigner le gouvernement local, et le BJP, à court de quelques voix, aurait tenté d’acheter certains parlementaires élus sous d’autres étiquettes. Une manœuvre à laquelle la Cour suprême a mis son véto. Le parti du Congrès, arrivé en tête en termes de voix mais humilité par ses revers électoraux, a choisi de former une coalition avec Janata Dal, autre parti laïc, et de soutenir leur candidat au poste de Chief Minister de l’État, même s’ils ont obtenu deux fois moins de voix que le CNI lors de ce scrutin. Déjà en 1996, après la chute de l’éphémère (13 jours) gouvernement d’A.B. Vajpayee, le Congrès avait au niveau national soutenu l’élection au poste de Premier ministre d’un autre homme politique du Janata Dal et du Karnataka, H.D. Gowda.

La renaissance du parti du Congrès semble donc bien passer par des alliances pré-électorales ou des coalitions post-électorales avec des partis localement influents et tous déterminés à défendre l’idée d’une Inde laïque face aux dérives sectaires du gouvernement et à s’opposer à un mode de gouvernance autocratique 2.  La dynamique qui semblait assurer à Narendra Modi une reconduction en 2019 pour cinq années supplémentaires pourrait se voir efficacement freinée par cette approche pragmatique. L’Union européenne ne peut donc exclure lors des élections législatives de 2019 la possibilité d’une victoire d’un front anti-BJP, aussi large qu’hétéroclite.

Perspectives :

  • Décembre 2018 / Janvier 2019 : élections provinciales dans les Etats du Chhattisgarh, du Rajasthan, du Madhya Pradesh et du Rajasthan actuellement dirigés par le BJP.
  • Printemps 2019 : 17e élections législatives.
Sources
  1. SINGH Pragya, Palm Fringed ?, Outlook India, 28 mai 2018.
  2. VIJ Shivam, A failed politician takes over the reign of a flailing party, Quartz India, 05 décembre 2017.