Depuis que le 26 mai 1908, à quatre heures du matin, William Knox d’Arcy a vu sept années de recherches récompensées par le jaillissement d’un puits de pétrole à Masjed-é Soleyman, la question du pétrole a été au coeur des relations entre l’Iran et l’Europe : domination britannique jusqu’à la seconde guerre mondiale, tentative d’Hitler de s’emparer des ressources du Caucase, renversement du premier ministre Mossadegh, qui avait nationalisé le pétrole, en 1953. Les Européens se souviennent avec inquiétude du boom pétrolier qui a suivi la révolution iranienne de 1979 (1), d’autant plus que l’Iran détient toujours la troisième réserve au monde de pétrole brut.

Or, loin d’être passive face aux aléas des prix du pétrole, l’Union européenne est capable, par la variété de ses approvisionnements, d’utiliser ses importations comme une arme : imposant en janvier 2012 un embargo sur le pétrole iranien jusqu’au 16 janvier 2016, l’Union européenne imposait à l’Iran un excédent commercial qui s’est considérablement résorbé, sitôt que l’embargo fut levé (1).

Comme le montre le tableau ci-dessous, l’augmentation des exportations iraniennes est due à la reprise des exportations des hydrocarbures, et principalement du pétrole.

Ainsi, les trois principaux clients de l’Iran au sein de l’Union que sont la France (25 % du total UE), l’Italie (19 %) et l’Espagne (16 %) importent en grande majorité du pétrole brut (qui représent 98 % des importations depuis l’Iran pour la France – ce qui a permis une augmentation des exportations iraniennes vers la France de 7800 % !).

Par conséquent, la meilleure manière de pousser l’Iran à respecter ses engagements serait de continuer à acheter du pétrole iranien à l’échelle européenne – car l’expérience d’un commerce uniquement tourné vers la Chine (entre 2012 et 2016), a laissé un bien mauvais souvenir aux Iraniens – la Chine exportant des produits de très mauvaise qualité, notamment des voitures très peu sécurisées (3).

Perspectives :

  • 06 août : date à laquelle les entreprises minières et automobiles devront cesser leurs activités en Iran sous peine d’être touchées par des sanctions américaines.
  • 04 novembre : date à laquelle Total sera contraint de quitter l’Iran si l’entreprise n’obtient pas d’exemption des sanctions américaines

Sources  :

  1. BAUJARD, Agathe, L’embargo sur le pétrole iranien, Impact sur l’offre globale, Presses Académiques Francophones, 2014.
  2. BOURDILLON, Yves, “Pour Téhéran, le pétrole est la clef d’une sortie de crise”, Les Echos, 23 mai 2018.
  3. DJALILI, Mohammed Reza, et KELLNER, Thierry, “Economie” dans L’Iran, La Boétie, 2013.
  4. PERRIN, Francis, “Géopolitique du pétrole, quelles perspectives ?”, IRIS, 18 mai 2018.
  5. “Le Commerce extérieur de l’Iran sur l’exercice 2016-2017”, Ministère des Finances.
  6. Statistiques annuelles de l’OPEC.