Dakha. Au cours d’un déplacement au Bengale occidental le 25 mai, la Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina a profité de sa rencontre avec son homologue indien, Narendra Modi, pour solliciter l’aide de l’Inde dans le rapatriement au Myanmar des réfugiés Rohingyas. Ils sont en effet plus de 700 000 à avoir fui leur pays en direction du Bangladesh. Récemment en visite dans l’ancienne Birmanie, la ministre des Affaires étrangères indienne, Sushma Swaraj, a proposé l’aide de l’Inde à la reconstruction de villages dans la province de Rakhine d’où sont originaires les Rohingyas en exode (2).

En revanche, les autorités bangladaises ne se font pas d’illusion quant à la possibilité de voir l’Inde ouvrir ses portes à des réfugiés musulmans que nombre de nationalistes hindous perçoivent comme un risque potentiel pour la sécurité du pays. Au même moment, Sarbananda Sonowal, chef du gouvernement de l’Assam, Etat indien voisin du Bangladesh et qui représente cette mouvance, annonçait que la frontière entre celle-ci et le Bangladesh serait rendu totalement hermétique d’ici la fin de l’année. Son parti, le Bharatiya Janata Party, qui est aussi celui du premier ministre, n’avait eu de cesse avant son accession au pouvoir de dénoncer le coupable laxisme des dirigeants du parti au Congrès face à l’entrée sur le territoire indien de musulmans bangladais.

Dhaka espère seulement que New Delhi fasse pression sur la direction birmane et Aung San Suu Kyi, qui fut récipiendaire du prix Nehru (1993), mais a été critiquée pour son attitude inflexible vis à vis des Rohingyas. Cependant, New Delhi, dont la politique est surtout de ne pas abandonner le Myanmar à la seule influence chinoise, entend ne rien faire qui puisse entacher ses relations avec Naypyidaw. Alors que la saison des pluies se profile, l’avenir des réfugiés Rohingyas paraît toujours aussi sombre. L’aide de l’Union européenne dans cette crise humanitaire risque d’être nécessaire encore longtemps (1).

Perspectives :

  • Le 4e sommet du Bay of Bengal Initiative for Multi Sectoral Technical and Economic Cooperation doit se tenir à Katmandou au cours du second semestre 2018. Le BIMSTEC est une association régionale regroupant le Bangladesh, l’Inde, le Myanmar, la Thaïlande, le Sri Lanka, le Népal et le Bhoutan.

Sources :

  1. Commission Européenne, L’UE renforce son aide face à la crise des Rohingyas au Bangladesh , communiqué de presse du 15 janvier 2018.
  2. India asks Myanmar to secure ‘sustainable’ return of Rohingya refugees, The Wire, 11 mai 2018.