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Conclave

Conclave 2025

Conclave

Observatoire du Conclave

Le siège est vacant.
Le conclave a commencé mercredi 7 mai à 17h44.
Pour suivre ce moment historique — et alors que la Maison-Blanche cherche à asseoir son emprise sur l’Église —, nous lançons un nouvel Observatoire.
La plus grande collecte de données ouvertes sur les cardinaux électeurs, l’histoire, la géographie et la géopolitique de cette institution singulière en langue française.

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01

Mort du Souverain pontife

Le pape François est décédé le 21 avril à 7h35. Ses funérailles se tiennent samedi 26 avril à 10h.

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02

Sede vacante (Siège vacant)

Pendant la vacance du siège apostolique, le gouvernement de l'Église est confié au collège des cardinaux chargé d'élire un nouveau pape.

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03

Congrégations générales

À côté des C.G. réunissant l'ensemble des cardinaux (électeurs et non électeurs), des congrégations particulières gèrent provisoirement les affaires courantes

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04

Messe pro eligendo Papa

La messe d'ouverture du conclave est présidée par le cardinal-doyen et concélébrée par tous les cardinaux qui invoquent l’Esprit Saint pour qu’il descende sur eux et éclaire leur choix.

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05

Début du conclave

Dans le secret de la Chapelle sixtine (cum clave signifiant «sous clef») une assemblée de 133 cardinaux électeurs élira le successeur de François.

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06.1

Fumata nera

À chaque session, les bulletins comptabilisés sont brûlés dans un poêle en fonte : la fameuse fumée noire de la cheminée de la chapelle Sixtine indique au monde que le scrutin n’est pas encore concluant.

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06.2

Fumata bianca

Dès qu’un nom agrège la majorité requise des deux tiers des votants, le doyen des cardinaux demande au candidat élu, en latin, s’il accepte son élection comme pape. Les cardinaux envoient alors une fumée blanche.

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07

Habemus Papam

Depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, le nouveau pape et son nom de règne sont présentés urbi et orbi (à la ville de Rome et au monde). Puis le nouveau pape apparaît lui-même au balcon pour un discours inaugural et une prière.

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Focus : géographie d'un conclave façonné par François

La première rupture sera géographique : pour la première fois dans l'histoire de l'Église, les cardinaux électeurs européens ne seront pas majoritaires. Sur les 135 cardinaux en âge de voter au moment de la mort du pape François, 53 sont issus d’un pays européen, 20 d’Asie, 21 d’Amérique centrale et du Sud, 18 d’Afrique, 16 d’Amérique du Nord (dont 10 des États-Unis), 4 d’Océanie et 3 du Moyen-Orient.

Villes de naissance des cardinaux électeurs du Collège cardinalice

Répartition géographique des cardinaux électeurs du Collège cardinalice, par continent de naissance

Un effet François sur le Conclave ?

Par rapport au conclave de 2013, l’effet de la géopolitique de François et de sa devise «aller aux périphéries» sont bien présents :
— l'Asie-Pacifique est la région qui a le plus augmenté sa représentativité, passant de 10 % à 18 %, l’Amérique latine de 17 % à 18 %, et l'Afrique subsaharienne de 8 % à 12 %.
— Ces évolutions reflètent en quelque sorte les dynamiques continentales de l’Eglise catholique : croissance absolue et relative dans les pays du Sud (sauf en Amérique latine, où elle connaît une décrue relative), baisse absolue et relative en Europe.
— À l’inverse, pour la première fois, les pays européens ne seront plus majoritaires et n'auraient plus «que» 40 % du total des cardinaux du Collège, alors que les cardinaux européens représentaient toujours plus de la moitié du Sacré Collège (51 %) en 2013.

Répartition des cardinaux électeurs du Collège cardinalice

Comme nous l'avons vu supra, pour la première fois dans l'histoire de l'Église les cardinaux électeurs européens ne sont pas majoritaires.

Le continent européen reste néanmoins surreprésenté par rapport à la part qu’il représente dans la population catholique mondiale, soit seulement 21 %.

— Au sein de l’Europe, le nombre des cardinaux italiens, nation historiquement prépondérante, se maintient à un chiffre stable (17 contre 18), mais du fait du faible nombre de cardinaux européens non-Italiens créés par François, leur poids au sein du Vieux Continent augmente.
— À l'échelle de la péninsule italienne, le pape François a délaissé les archevêques des grandes métropoles comme Milan ou Venise, des sièges traditionnellement cardinalices, au profit de sièges de moindre ampleur et plus inattendus (Pérouse, Ancône, Côme, Agrigente, Sienne, L’Aquila), mais dont les évêques partageaient plus visiblement ses orientations pastorales.

Répartition de la population chrétienne dans le monde

Focus : visions de l'Eglise

Ce n’est pas uniquement l’équilibre régional qui sera renversé lors de cette élection : sur les 135 cardinaux électeurs, le pape François en a nommé 108, soit plus de 80 %.

Cardinaux électeurs au sein du Collège cardinalice, par pape de création

Lors de l’élection de Benoît XVI en 2005, sur les 115 cardinaux électeurs ayant participé au conclave, 113 avaient été nommés par Jean-Paul II, ce qui s’explique surtout par la durée record de son pontificat (26 ans).

Le cardinal Ratzinger était alors l’un des seuls cardinaux électeur créés par Paul VI, avec le grand pénitencier émérite William Wakefield Baum (1926-2015) à avoir déjà connu les deux précédents conclaves de 1978, qui avaient élu l’éphémère Jean-Paul Ier, puis Jean-Paul II. Figure d’autorité en tant que doyen du Collège des Cardinaux, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, et point de ralliement de ses confrères, c’est tout naturellement que Joseph Ratzinger a vite agrégé, en 2005, la majorité canonique des voix sur sa tête.
— Au contraire, lors de l’élection de François en 2013, sur les 115 cardinaux en âge de voter, 67 avaient été créés par Benoît XVI, le reste par Jean-Paul II : le collège des cardinaux était partagé de manière équilibrée entre nominations wojtyliennes et ratzingeriennes. Le relativement court (8 ans) pontificat de Benoît XVI ne lui a pas permis de modeler un Collège cardinalice à son image - du reste, au contraire de François, il s’en est tenu à des nominations extrêmement classiques et attendues. Cela s’est aussi marqué par la hausse tendancielle de la moyenne d’âge des cardinaux sous son pontificat.

Au contraire, en 2025, près de 80 % des cardinaux électeurs ont été créés par François, qui a résolument voulu imprimer sa marque et sa devise «aller aux périphéries» au Collège cardinalice.

— Les cardinaux électeurs sont aussi spécialement dispersés par nationalité : ils proviennent de 71 pays différents (42 pays au conclave de 2013, 52 à celui de 2005) ; si 17 pays envoient plusieurs cardinaux au conclave (le trio de tête étant représenté par l’Italie, les Etats-Unis et le Brésil, qui totalisent 34 cardinaux électeurs, soit un peu moins du tiers de l’effectif), 54 autres nations ne seront représentées que par un seul cardinal.
— Mieux, au moins 10 cardinaux, tous créés par François, sont les premiers cardinaux à représenter leur pays au Sacré Collège dans l’histoire.

Comment se positionnent les cardinaux ?

L’Eglise catholique étant un corps à la tradition unanimiste, ses hiérarques n’ont pas de tendance politique clairement affichée : il n’y a en elle ni majorité ni opposition.

Malgré tout, il est possible de déceler des indices de positionnement selon une grille pertinente depuis le concile Vatican II (1962-1965), qui oppose les tenants progressistes d’une plus grande ouverture de l'Église au monde et de réformes d’ampleur, et des conservateurs partisans de réformes mesurées, du maintien de l’intégralité de la doctrine, et de l’application rigoureuse de l’ancienne discipline ecclésiastique, même quand elle semble en contradiction avec certaines valeurs des sociétés démocratiques.

Les cardinaux électeurs peuvent également être classés selon une seconde grille, qui évalue cette fois leur proximité avec le pouvoir central de l'Église, ou au contraire leur marginalité.

Nous avons donc cherché à positionner les 135 cardinaux électeurs ici sur ce double axe : progressiste / conservateur ; périphérique / central.
Progressiste
Conservateur
Périphérique
Central

Focus : La question de l'âge

L’élection pontificale, comme la composition du Collège cardinalice, répondent aussi à des critères d’âge.

— Le premier est évident : le pape, comme les cardinaux qui l’élisent en leur sein, doivent être des hommes d’expérience, et ne pas paraître trop jeunes. Le benjamin du collège cardinalice, le cardinal ukraino-australien Mykola Bytchok, a 45 ans, ce qui est très précoce pour un cardinal.
— Seulement 16 cardinaux électeurs ont moins de 60 ans.

Répartition des cardinaux électeurs du Collège cardinalice, par âge

Même si François a eu tendance à rajeunir le Sacré Collège en regard de Benoît XVI, qui n’avait créé aucun cardinal de moins de 50 ans à sa nomination, la jeunesse fait plutôt figure de handicap que d’atout pour être papabile.

— En effet, avec l’augmentation de l’espérance de vie, le Collège cardinalice craint des pontificats trop longs : celui de saint Pierre, qui, selon la tradition, aurait duré près de trente cinq ans, fait figure de limite indépassable, dont s’est seulement approché Pie IX (1846-1878), qui régna 31 ans.
— L’élection d’un pape aussi jeune que Jean-Paul II, élu à 58 ans en 1978, semble donc peu probable.

Mais si le pape ne doit pas être trop jeune, il ne doit pas non plus être trop vieux : c’est le sens de la limite d’âge de 80 ans pour être cardinal électeur posée par Paul VI en 1970, et pensée pour être aussi une limite informelle d’éligibilité.

— Les cardinaux électeurs sont ainsi incités à choisir en leur sein (même si, juridiquement, ils n’y sont pas tenus) un homme de moins de 80 ans, de manière à ce que le futur pontificat ne soit pas non plus trop court, ou trop vite entravé par les infirmités du grand âge.
— Malgré tout, avec l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé dans nombre de pays développés, on constate qu’élire un pape âgé de 75 ans ou plus (la tranche d’âge la plus représentée parmi les cardinaux électeurs) apparaît moins problématique : élu à 77 ans en 1958, Jean XXIII faisait figure de grand vieillard et donc de pape de transition ; c’était déjà moins le cas pour Benoît XVI, pourtant élu à 78 ans en 2005, et encore moins le cas pour François, à 76 ans en 2013.

Pourtant, du fait des problèmes de santé aggravés des trois derniers papes à la fin de leur pontificat, des voix s’élèvent également pour fixer des limites d’âge à la papauté :

— le pape est en effet le seul évêque diocésain à ne pas devoir présenter sa démission le jour de ses 75 ans, de même que les préfets de Dicastère de la Curie.
— Certains plaident pour l’instauration d’un âge, par exemple 85 ans, au-delà duquel le pape devrait présenter sa démission.
— C’est la même raison qui fait qu’il est peu probable qu’un cardinal non-électeur, de plus de 80 ans, soit élu pape, aussi influent et écouté soit-il encore.

Focus : Logiques internes à l'Église

Les cardinaux du conclave de 2013 sont très majoritairement (101 sur 135) des prêtres séculiers, qui ont eu des missions pastorales comme prêtres diocésains (et plus rarement, dans la diplomatie du Saint-Siège) avant d’accéder à l’épiscopat. Mais une minorité non négligeable d’entre eux (34) est issue d’un ordre religieux.

Ordres religieux les plus représentés au sein du Collège cardinalice

Répartition entre prêtres séculiers et cardinaux électeurs membres d'ordres religieux

— Parmi les cardinaux électeurs issus d’un ordre religieux, 8 proviennent de l’importante famille franciscaine, qui compte trois branches principales (les franciscains conventuels, les observants, et les capucins). Si l’on additionne toutes ses branches, c’est en effet la famille franciscaine qui compte le plus grand nombre de religieux dans le monde, avec plus de 26 000 membres.
— En 2e position, avec 5 cardinaux électeurs, vient la très puissante congrégation des Salésiens de Don Bosco, active dans les oeuvres éducatives sur tous les continents, et qui compte 14 000 membres (c’est notamment la congrégation de Tarcisio Bertone, le secrétaire d’Etat de Benoît XVI).
— Derrière eux, 4 cardinaux électeurs sont, comme le pape François, issus des jésuites, congrégation masculine autrefois la plus peuplée, qui maintenant fait jeu égal avec les Salésiens (14 000 membres également). Tous ont été créés par François. Mais comme la Compagnie de Jésus impose à ses membres de ne pas briguer l’épiscopat, les cardinaux qui en proviennent ne sont plus que nominalement jésuites, et ne doivent plus obéissance au supérieur général de la Compagnie de Jésus.
— D’autres ordres religieux numériquement importants comptent chacun deux cardinaux électeurs : les dominicains (5000 membres), les lazaristes (3000), les rédemptoristes (4600) et les verbistes (5800). Enfin, 9 ordres religieux ne comptent qu’un seul cardinal électeur Dans l’ensemble, on peut donc dire que le Collège cardinalice est plutôt représentatif de la démographie cléricale de l’Eglise : prééminence des prêtres diocésains sur les religieux et, au sein de ces derniers, les ordres numériquement les plus importants dans le monde sont aussi les plus représentés au sein du Collège cardinalice.

La formation des cardinaux électeurs : une clef sociologique forte

Touts les cardinaux ont suivi le séminaire, mais leur formation universitaire présente des caractéristiques remarquables : une proportion significative est diplômée d’universités catholiques de leur pays d’origine, parfois complétée par des études dans des universités séculières réputées.

— Nombre d’entre eux ont poursuivi leur cursus à Rome, principalement dans trois institutions : l’Université Grégorienne, le Latran et l’Angelicum, auxquelles s’ajoutent d’autres établissements romains moins représentés.

Parcours d'études les plus représentés au sein du Collège cardinalice

La ville et le monde (Urbi et orbi)

Le conclave est un moment secret qui se déroule entre la Chapelle Sixtine et la Résidence Sainte-Marthe, mais autour de ces lieux uniques se construit un théâtre qui investit et mobilise les splendeurs de l'architecture vaticane et la scène romaine pour s'adresser à des milliards de personnes à travers le monde, à l’échelle planétaire.

À l'échelle du Vatican

Les sept lieux clefs d'une mise en scène à l'échelle planétaire
  1. Palais apostolique (lieux des Appartements pontificaux)
  2. Chapelle Sixtine (lieu de la tenue du conclave)
  3. Résidence Sainte-Marthe (logement des cardinaux durant le conclave)
  4. Basilique Saint-Pierre
  5. Place Saint-Pierre
  6. Loggia des bénédictions (lieu où apparaît le nouveau pape)
  7. Basilique Sainte-Marie-Majeure (lieu de sépulture de François)

Le conclave est désormais associé à Rome – mais dans la profondeur de cette institution d'autres villes ont vu l'organisation de conclaves depuis 1216, définissant une autre cartographie de l'Europe latine.

Villes où les conclaves se sont tenus, depuis 1216

Combien de temps dure un conclave ?

Depuis le XVIIIe siècle, la durée moyenne des conclaves a considérablement diminué, passant de 95 jours en moyenne (soit environ 3 mois) à seulement 4 au siècle dernier, et 2 pour les deux derniers conclaves de 2005 (pour l’élection de Benoît XVI) et 2013 (l’élection de François).

Durée moyenne des conclaves, par siècle

Depuis 1903 et le difficile conclave qui avait vu l’élection de Pie X (Giuseppe Sarto, patriarche de Venise), contre l’ultra-favori cardinal Rampolla, ancien secrétaire d’Etat de Léon XIII, aucun conclave n’a duré plus de cinq jours.

— Certains conclaves ont même été exceptionnellement courts, comme celui de 1939, qui dura moins d’un jour et élit Pie XII en seulement trois tours de scrutin, tant le cardinal secrétaire d’Etat Pacelli apparaissait comme le successeur naturel de Pie XI.
— Le conclave qui avait élu ce dernier en 1922 pour succéder à Benoît XV, avait été plus difficile, avec 5 jours et 14 tours de scrutin. Benoît XVI comme François font partie des papes rapidement élus, en deux jours et cinq tours de scrutin.

Durée des conclaves depuis le XXe siècle

La durée des conclaves a beaucoup varié depuis le XIIIe siècle, allant de quelques jours à plusieurs années.

— Certains conclaves, notamment ceux de 1268-1271 (1 005 jours), 1314-1316 (822 jours) et 1292-1294 (832 jours), ont été exceptionnellement longs, souvent en raison de profondes divisions politiques entre les cardinaux, de pressions extérieures ou de grandes crises géopolitiques.
— S'il semble impossible que l'on connaisse de nouveau une perturbation de ce type, selon plusieurs spécialistes, il est possible qu'une puissance impériale cherche pour la première fois depuis plus d'un siècle à influencer directement l'issue d'un conclave.

Durée des conclaves depuis le XIIIe siècle

Brèves

Pour approfondir

Géopolitique du pape François : de l’Ukraine aux périphéries, 10 points sur son bilan international

In Memoriam