Comment comprendre une guerre qui dure, qui s’intensifie et dont la forme qu’on croyait figée semble sur le point d’exploser ? La grammaire de la guerre d’Ukraine est en train de changer. Pour comprendre comment, il faut regarder à la fois ce qu’il se passe à l’intérieur des rangs ukrainiens, dans les discours russes, mais aussi sur les cartes et dans les entrepôts d’armes, en Europe et aux États-Unis. Ces dix leçons clefs pour le printemps par Gustav Gressel permettent de tracer une perspective sur ce à quoi pourrait ressembler la guerre dans les prochains mois. Ce travail n’existe que grâce à vous : nous vous demandons de penser à vous abonner.

1 — Si l’Europe parvient à accélérer sa production, l’Ukraine pourrait se passer de l’aide américaine d’ici 2025

Si les Européens augmentaient très rapidement leur production d’équipements et de matériels militaires, ils pourraient être en mesure de maintenir des capacités défensives suffisantes pour l’Ukraine d’ici 2025. Toutefois, l’année 2024 sera difficile sur de nombreux points. Un soutien américain supplémentaire est nécessaire pour maintenir la base défensive de l’Ukraine à un niveau suffisant, particulièrement en ce qui concerne les munitions et la défense aérienne.

Les Européens luttent pour compenser ces faiblesses. L’initiative tchèque en matière d’artillerie devrait compenser le déficit creusé par l’arrêt des livraisons américaines, mais elle est de plus en plus retardée. La défense aérienne est quant à elle encore plus difficile car les délais de production des missiles sont beaucoup plus longs.

La capacité des Européens à remplacer l’aide américaine d’ici 2025 ne dépend pas seulement d’eux. Les États-Unis sont un fournisseur majeur pour de nombreux éléments critiques tels que les missiles Patriot, les missiles M29/30/31 pour les GMLRS (Guided Multiple Launch Rocket System), les véhicules de combat d’infanterie, les armements pour avions… et continueront à jouer un rôle important pour soutenir la flotte ukrainienne de F-16 — quand elle arrivera.

L’administration Trump autorisera-t-elle les Européens à acheter ces équipements pour l’Ukraine, au moins jusqu’à ce que les Européens trouvent un moyen de les remplacer ? La Corée du Sud livrera-t-elle à l’Ukraine des systèmes comparables ? Le Japon commencera-t-il à envoyer des Patriots à l’Ukraine ? Si ces options deviennent possibles, l’Ukraine pourrait tenir bon — sinon, la Russie risquerait de gagner la guerre à l’horizon 2025.

Mais les Européens n’ont même pas entamé les négociations pour l’achat de ce matériel. Chaque mois qui passe voit les actions européennes s’intensifier avec bien trop de lenteur et d’une manière insuffisante. Je ne sais pas quelle sera notre stratégie si Trump est élu. Si l’Ukraine perd, il sera facile de blâmer Washington, mais cela n’assura pas notre sécurité. Et nous en subiront les conséquences néfastes : nous aurons à nos portes un empire fasciste, agressif, hostile, prospère, armé jusqu’aux dents et disposant d’une armée éprouvée au combat.

Si ces options deviennent possibles, l’Ukraine pourrait tenir bon — sinon, la Russie risquerait de gagner la guerre à l’horizon 2025.

Gustav Gressel

2 — À eux seuls, les drones ne permettent pas de remplacer l’artillerie

Les drones à pilotage immersif (FPV) sont indispensables aux deux camps. Ils disposent de l’avantage — par rapport aux missiles antichars conventionnels — d’avoir une plus grande portée, d’être beaucoup moins chers et donc de pouvoir être utilisés massivement, rendant les positions de lancement difficiles à repérer pour l’ennemi. Ils permettent donc des tirs antichars denses et à longue portée que l’ennemi peut difficilement contenir. Cela permet d’éviter les percées de blindés, des deux côtés.

Les drones à pilotage immersif comportent néanmoins des inconvénients. Ils sont vulnérables au brouillage et leur charge utile — et par conséquent leur létalité — sont inférieures à celles des missiles antichars guidés conventionnels. Autrement dit, une grande partie de l’équipement endommagé par les drones peut être récupérée et réparée. Enfin, ils n’ont que peu d’intérêt pour neutraliser les soldats ennemis, surtout s’ils sont bien retranchés. Les drones commerciaux n’ont ni la portée ni la résilience vis-à-vis des outils de guerre électronique nécessaires pour réaliser des tirs de contre-batterie, qui ne peuvent être effectués que par des munitions rodeuses spécialisées, plus chères et plus rares.

Les drones à pilotage immersif ne peuvent donc pas se substituer pleinement à l’artillerie. Dans une situation idéale, les deux fonctionnent ensemble : les drones freinent l’assaut ennemi, tandis que l’artillerie neutralise les soldats et les équipements militaires une fois qu’ils ont été immobilisés.

Étant donné que de nombreux sous-composants de ces drones sont achetés à l’étranger, il ne faut pas oublier que les Ukrainiens ont également besoin d’un approvisionnement constant en devises étrangères pour maintenir la production.

Je ne sais pas quelle sera notre stratégie si Trump est élu. Si l’Ukraine perd, il sera facile de blâmer Washington, mais cela n’assura pas notre sécurité.

Gustav Gressel

3 — Si les Ukrainiens reculent trop, le front risque de céder

Raccourcir la ligne de front, comme l’a suggéré le président Zelensky 1, n’est pas une solution viable pour l’armée ukrainienne — l’état des secondes lignes de fortifications n’est pas suffisant.

Des rangées de dents de dragon, des obstacles antichars dans la région de Donetsk, en Ukraine, le samedi 6 avril 2024. © Alex Babenko/AP/SIPA

Cela vaut surtout pour les parties exposées du front, comme Avdiivka. Siversk pose un problème différent. Mais il y a peu d’endroits où la ligne de front pourrait être raccourcie sans sacrifier beaucoup de terrain. L’Ukraine n’abandonnera pas si facilement les nouveaux territoires qu’elle a difficilement libérés. Plus encore que la longueur du front, c’est l’état de préparation des lignes défensives qui importe.

Le problème de l’Ukraine est qu’elle dispose de beaucoup moins d’ingénieurs spécialisés que les Russes pour réaliser des travaux de fortification. Elle sollicite désormais des entreprises civiles pour construire des défenses dans les zones frontalières avec la Russie. Mais près de la ligne de front, sous le feu russe, les tranchées et les fortifications sont creusées par les troupes elles-mêmes.

Le manque de soldats ukrainiens se répercute sur les lignes arrière : il n’y a pas assez d’hommes pour les consolider alors qu’elles servent de point de repli pour la première ligne. Lorsqu’ils reculent, les Ukrainiens peuvent ne pas être en mesure de tenir la deuxième ligne en raison de l’état d’impréparation des positions fortifiées, ce qui permet aux Russes de les repousser encore plus. C’est un risque constant auquel les soldats ukrainiens sont confrontés. Accepter de se replier pour réduire la ligne de front n’est donc pas la formule universelle qui allégera le fardeau défensif de l’Ukraine.

4 — L’offensive russe de cet été se concentrera sur les mêmes axes que cet hiver : Tchassiv Yar, Avdiivka, Siversk et Koupiansk

Un redéploiement russe d’ampleur est à prévoir cet été — l’objectif est de poursuivre l’offensive vers l’ouest, en s’emparant de Tchassiv Yar. Le succès russe sera conditionné à l’équipement et au matériel militaire disponibles.

Accepter de se replier pour réduire la ligne de front n’est donc pas la formule universelle qui allégera le fardeau défensif de l’Ukraine.

Gustav Gressel

L’offensive de printemps se poursuit toujours puisque la Russie envoie encore des unités des Forces de combat nationales de réserve et de deuxième ligne dans les zones du front les moins agitées pour maintenir la pression et former de nouvelles troupes. Elle déploie ses forces autant qu’elle le peut, en essayant d’exploiter les faiblesses ukrainiennes en matière d’artillerie et de défense antiaérienne.

En ce moment, ils essaient de s’emparer de Tchassiv Yar, une colline stratégiquement cruciale qui leur permettrait d’avancer encore plus avant dans l’oblast de Donetsk. Je n’image toutefois pas de nouveaux redéploiements plus importants au printemps qui suggéreraient d’autres mouvements offensifs, vers Kharkiv ou Zaporijia par exemple. L’offensive d’été sera donc très probablement dirigée vers les mêmes secteurs que l’offensive d’hiver-printemps 2023/2024 : Tchassiv Yar, l’ouest d’Avdiivka, Siversk et Koupiansk.

D’ici mai-juin, les nouveaux soldats que la Russie mobilise clandestinement ou qu’elle tente de soustraire à la campagne de conscription de printemps par le biais de contrats volontaires viendront remplacer les pertes et arriveront en grand nombre. Les Russes auront alors reconstitué certaines des unités tombées lors de l’offensive de printemps.

Du côté russe, à ce stade de la guerre, le facteur contraignant semble être le matériel militaire plutôt que le personnel. L’ampleur de l’offensive d’été dépendra avant tout de l’équipement dont Moscou disposera. Or, les pertes matérielles de la Russie sont considérables. Par rapport à la même période en 2023 (la Russie avait alors également mené une offensive hivernale sur Bakhmout), les pertes russes sont beaucoup plus élevées, et Moscou ne semble pas s’en inquiéter.

Bien que la capacité de la Russie à puiser dans ses réserves ait atteint son maximum, l’industrie de la défense a du mal à trouver des travailleurs. Il faut peut-être chercher du côté du soutien de la Chine pour expliquer la confiance retrouvée par les Russes en leur capacité à supporter les pertes matérielles.

5 — La défense antiaérienne est une priorité pour l’Ukraine

Le réseau défensif ukrainien s’est jusqu’à présent révélé efficace pour arrêter et ralentir les tentatives russes de percée, même contre les brigades de reconnaissance et d’assaut spécialement mises sur pied à cet effet. Toutefois, en temps de guerre, beaucoup d’éléments dépendent des performances quotidiennes des troupes, et de la chance. Ainsi, il se peut que les choses tournent mal du côté ukrainien et que les Russes parviennent à créer une brèche.

Par rapport à la même période en 2023, les pertes russes sont beaucoup plus élevées, et Moscou ne semble pas s’en inquiéter.

Gustav Gressel

Cela dit, les forces russes ne sont pas dans les meilleures conditions pour profiter d’une potentielle percée. Les unités les plus expérimentées ont été malmenées tandis que les nouvelles recrues auraient eu besoin de plus de temps pour renforcer leur cohésion et leur efficacité tactique. Les pertes ont été particulièrement lourdes parmi les jeunes officiers. Les chances d’une percée auraient été plus élevées du côté russe si Valeri Guerassimov, le chef d’état-major des forces armées russes, avait attendu davantage pour renforcer les compétences de ses troupes et n’avait pas repris les offensives à la première occasion possible.

Par ailleurs, la détérioration de la défense anti-aérienne sur les lignes de front se répercute négativement sur les Ukrainiens. Premièrement, en l’absence de systèmes de missiles Osa et Strela, les drones de reconnaissance russes volant au-dessus des canons antiaériens ont de plus en plus de liberté pour observer les lignes arrières, détecter les mouvements et les réserves ukrainiennes.

Des soldats ukrainiens de la 71e brigade Jaeger tirent un obusier M101 en direction des positions russes sur la ligne de front, près d’Avdiivka, dans la région de Donetsk, en Ukraine, le vendredi 22 mars 2024. © Efrem Lukatsky/AP/SIPA

Deuxièmement, l’absence d’avions de chasse ukrainiens permet à la Russie d’utiliser plus librement des bombes planantes, ce qui réduit la capacité de l’Ukraine à tenir ses points fortifiés et ses lignes de défense. Autour de Tchassiv Yar, les Russes ont systématiquement anéanti les défenses ukrainiennes avant d’avancer. Si la situation ne s’améliore pas, elle risque de se détériorer davantage pour l’Ukraine.

6 — Les frappes russes sur les centrales ukrainiennes posent un réel défi pour l’économie et l’industrie d’armement de Kiev

Si l’Ukraine parvient à intensifier et à maintenir son effort de frappes contre les infrastructures énergétiques russes, les finances de Moscou s’en trouveront certainement affectées. Cela améliorerait également la position politique de l’Ukraine dans le cadre d’éventuelles négociations avec la Russie, car cette dernière souhaiterait que ces attaques cessent et pourrait être disposée à en payer le prix.

Mais cet effort n’est pas soutenu par l’étranger. Il dépend uniquement des efforts déployés par l’industrie de la défense ukrainienne pour développer, produire et améliorer ces drones d’attaque. L’Ukraine a besoin de devises étrangères pour acheter les sous-composants de ces systèmes. Elle ne peut pas se contenter d’imprimer de l’argent pour soutenir son industrie de défense. Mais l’argent se fait également rare. La majeure partie du budget de la défense ukrainien est déjà consacrée aux salaires des soldats, et la mobilisation supplémentaire en préparation n’améliorera pas la situation.

Il faut peut-être chercher du côté du soutien de la Chine pour expliquer la confiance retrouvée par les Russes en leur capacité à supporter les pertes matérielles.

Gustav Gressel

Les récentes frappes russes sur le réseau énergétique de l’Ukraine — cette fois-ci, sur les centrales électriques elles-mêmes — auront un impact négatif sur l’économie du pays, en particulier sur l’industrie de l’armement. Le soudage, le découpage et tous les processus nécessaires pour construire des véhicules blindés sont des activités très énergivores. Il en va de même pour l’industrie chimique destinée aux munitions.

En raison des retards et des insuffisances des livraisons occidentales, l’Ukraine avait envisagé de produire davantage pour être autosuffisante. Tout cela est aujourd’hui remis en question, et il ne s’agit pas uniquement de savoir si l’Ukraine pourra ou non soutenir la guerre des drones.

7 — La réussite d’une contre-offensive ukrainienne dépendra de la capacité du commandement à innover sur le plan tactique

Au-delà du manque d’hommes et de munitions, la qualité des forces et des tactiques employées par l’Ukraine doivent également être améliorées — en particulier pour l’offensive. Maintenant que la loi de mobilisation a été adoptée, l’Ukraine va accueillir de nouveaux soldats. Ils doivent être formés et les unités auxquelles ils seront affectés doivent apprendre à travailler ensemble. Cela prendra du temps.

Deuxièmement, la contre-offensive de 2023 a montré que, pour briser les défenses russes, il fallait plus qu’une simple masse de soldats. Les drones à pilotage immersif contribuent à la défense des deux côtés, rendant les percées blindées presque impossibles. La formation de l’OTAN, basée sur les tactiques de la guerre froide, ne fournit pas à l’Ukraine de réponses à ce problème. Les Ukrainiens ne devront pas seulement rassembler des équipements et des munitions en vue d’une contre-offensive, ils devront aussi innover sur le plan tactique et former leurs forces à l’application de nouvelles stratégies afin de briser les défenses russes. Tout cela prend du temps.

Ensuite, ils ont d’abord besoin d’épuiser les troupes russes pour frapper à un moment où la Russie sera relativement faible. À l’automne 2022, les forces russes étaient épuisées et en surnombre, ce qui a facilité les contre-offensives ukrainiennes. Mais elles se sont consolidées au cours de l’hiver. Aujourd’hui, elles sont à nouveau en train de passer à l’offensive et elles finiront, d’un moment à l’autre, par surpasser l’armée ukrainienne. La question sera alors de savoir si l’Ukraine disposera de forces et si elle sera capable d’en faire usage.

8 — Les livraisons de F-16 ne seront pas suffisantes pour couvrir les besoins ukrainiens en matière de défense aérienne

Le déploiement de F-16 en Ukraine aura un impact important mais pas radical sur la capacité du pays à lutter contre les attaques aériennes russes. Le personnel ukrainien capable de piloter ces chasseurs se réduit progressivement, et les munitions disponibles sont par ailleurs vieillissantes et s’épuisent encore plus vite. Pour empêcher l’armée de l’air russe d’opérer dans le ciel ukrainien, Kiev a besoin de chasseurs — un besoin renforcé par la difficulté d’obtenir des missiles sol-air.

Il sera plus facile de se procurer des munitions pour les F-16 à l’Ouest, ce qui constituera l’un de leurs principaux avantages. Mais, en fin de compte, les F-16 arrivent très tard et leur nombre initial sera bien trop faible. L’Ukraine a besoin de 80 chasseurs opérationnels pour couvrir ses besoins en matière de défense et de contre-attaque aérienne. Nous sommes encore loin du compte.

Les drones à pilotage immersif contribuent à la défense des deux côtés, rendant les percées blindées presque impossibles. La formation de l’OTAN, basée sur les tactiques de la guerre froide, ne fournit pas à l’Ukraine de réponses à ce problème.

Gustav Gressel

9 — L’innovation technique seule ne permettra pas à l’Ukraine de sortir de l’impasse

Seule une combinaison de nouvelles technologies et de nouvelles tactiques pourrait permettre aux Ukrainiens de sortir de l’impasse sur le champ de bataille. La technologie évolue rapidement, mais pour le moment, elle a seulement renforcé la supériorité de la puissance de feu défensive : artillerie rapide et coordonnée par une conduite de tir informatisée, par des tirs anti-chars rapides par drone à pilotage immersif et par une reconnaissance constante par des drones.

Un militaire d’une section de reconnaissance aérienne de la 108e brigade indépendante des Forces de défense territoriale ukrainiennes transporte un drone Leleka-100 sur l’axe de Zaporijia. © Ukrinform/SIPA

Ces innovations offrent aux soldats dispersés la capacité de concentrer rapidement leur puissance de feu sur un point précis en permettant de bénéficier de l’effet de surprise – bien plus rapidement que ne le feraient des unités mécanisées. Les Russes ont essayé de contrer ces équipements par le déploiement massif de brouilleurs, mais cela n’a pas changé la donne.

Outre les brouilleurs, la défense contre les drones basée sur les lasers et les canons, la reconnaissance électronique combinée à l’intelligence artificielle pour localiser les unités de drones, les munitions rôdeuses… peuvent également jouer un rôle, mais seulement si ces éléments sont utilisés en masse et en synchronisation tactique avec les mouvements et les tirs des troupes conventionnelles.

Il est impossible de prédire quand l’innovation technique et tactique permettra de réaliser des progrès suffisants pour changer à nouveau la donne, et si l’Ukraine a la capacité de combiner les deux.

10 — Nous nous rendons compte trop tard des retards accusés par l’industrie européenne de défense

Dans un futur proche, je pense que la Russie restera sur l’offensive. Poutine semble croire qu’il peut épuiser l’Ukraine en appliquant une pression maximale. Lui et l’appareil de propagande russe semblent convaincus qu’ils peuvent remporter la victoire d’ici le début de l’année 2025. Trump et sa cote de popularité pourraient bien faire partie de cette équation, bien que je pense que les Russes soient trop optimistes — mais il ne sera toutefois pas facile de renverser la tendance.

L’industrie européenne de défense n’est pas ce qu’elle devrait être. Si l’Europe avait augmenté sa production d’équipements et de matériels qui se sont révélés cruciaux dans le conflit, la situation serait aujourd’hui différente. Mais nous ne l’avons pas fait. Je ne parle pas ici des obus d’artillerie, dont la production est relativement facile à rattraper, mais des missiles de défense aérienne, des munitions pour avions, des missiles de croisière, des véhicules de combat d’infanterie, des chars, des équipements de génie de combat et des équipements de guerre électronique.

Nous constatons aujourd’hui l’ampleur du fossé avec la Russie concernant l’artillerie, la défense aérienne, les chasseurs et les véhicules blindés de combat. Ces fossés sont plus difficiles à combler que celui de l’artillerie.

Sources
  1. David Ignatius, « Zelensky : ‘We are trying to find some way not to retreat’ », The Washington Post, 29 mars 2024.