Les pénuries ukrainiennes de munitions, particulièrement d’obus d’artillerie, menacent la stabilité de la ligne de front alors que l’armée russe dispose d’un avantage en hommes et munitions. Dans certains secteurs, Kiev est désormais contraint de reculer faute de pouvoir opposer une résistance face aux avancées russes1.

Tandis que l’aide américaine — malgré des tentatives démocrate et républicaine de contournement de l’opposition du leadership républicain de la Chambre — est toujours bloquée au Congrès, les soutiens de l’Ukraine œuvrent pour acheter conjointement des obus d’artillerie.

  • Le département de la Défense américain a annoncé le 12 mars un nouveau paquet d’assistance à l’Ukraine. Valorisé à 300 millions de dollars, il s’agit de la première fois que les États-Unis livrent des obus d’artillerie à Kiev depuis le 27 décembre2.
  • Face à la suspension prolongée des livraisons américaines, la République tchèque a lancé en février une initiative visant à financer l’achat conjoint de plusieurs centaines de milliers d’obus pour Kiev.
  • Prague a déclaré être prêt à trouver des obus de 152 et 155 mm auprès de pays asiatiques ou africains qui ne souhaitent pas en fournir directement à l’Ukraine mais qui sont disposés à passer par un intermédiaire3.

La République tchèque considère pouvoir acheter un total de 1,5 million d’obus pour un montant de 3 milliards d’euros. Afin de tenir sa ligne de front, l’Ukraine a besoin d’environ 200 000 obus par mois. Si Prague a reçu suffisamment de promesses de financements pour l’achat d’une première vague de 800 000 obus — soit l’équivalent de 4 mois de consommation —, beaucoup d’incertitudes demeurent quant aux délais de livraison4.

  • Face à l’urgence de la demande ukrainienne, l’Allemagne a annoncé mardi 19 mars un nouveau paquet d’assistance de 500 millions d’euros comprenant 10 000 obus issus des réserves de la Bundeswehr qui seront envoyés « immédiatement »5.
  • Si l’assistance allemande est de loin la plus importante en Europe en termes de valeur, 10 000 obus correspond à une consommation de seulement cinq jours6.

Le conseiller à la sécurité nationale tchèque Tomáš Pojar a déclaré que les premières livraisons devraient arriver « au plus tard en juin », soit dans plus de deux mois7. Dans l’attente, la résistance du front ukrainien sera en partie déterminée par des facteurs exogènes au conflit, comme le retour de la boue, qui pourrait limiter les risques d’une progression russe et permettre à l’armée ukrainienne de fortifier ses lignes de défense.

Sources
  1. Publication de Dara Massicot sur X (Twitter), 19 mars 2024.
  2. Biden Administration Announces Urgent Security Assistance for Ukraine, U.S. Department of Defense, 12 mars 2024.
  3. Lisa O’Carroll et Dan Sabbagh, « Czech Republic to deliver thousands of extra artillery shells to Ukraine », The Guardian, 19 mars 2024.
  4. Stefan Korshak, « Czech Plan to Get Ukraine Massive Artillery Ammo Refill a Success, Delivery Will Take Months », Kyiv Post, 18 mars 2024.
  5. Joshua Posaner et Laura Kayali, « Germany promises Ukraine €500M more in military aid », Politico, 19 mars 2024.
  6. Katie Bo Lillis, Natasha Bertrand, Oren Liebermann et Haley Britzky, « Russia producing three times more artillery shells than US and Europe for Ukraine », CNN, 11 mars 2024.
  7. « Ukraine troops will start to get artillery shells under Czech scheme by June », Reuters, 13 mars 2024.