À la fin du mois de février, le président ukrainien Volodymyr Zelensky déclarait que la Russie se préparait « à lancer une offensive en Ukraine au printemps ou au début de l’été »1. N’ayant pas les munitions ni le matériel pour avancer, l’armée ukrainienne est entrée dans une posture défensive qui pourrait durer jusqu’en 2025 voire 2026.

  • La progression russe dans l’Est de l’Ukraine après la chute d’Avdiivka avait fait craindre une accélération qui aurait pu contraindre les forces ukrainiennes à reculer sur plusieurs dizaines de kilomètres.
  • Si cet élan ne s’est finalement pas concrétisé, Kiev dispose d’un réseau de fortifications insuffisant dont les lacunes pourraient échouer à stopper une offensive de plus grande ampleur2.

En novembre, Kiev avait annoncé la construction d’un vaste réseau de fortifications. Plus de 4 mois après cette annonce, les résultats sont toujours insuffisants et la ligne de défense ukrainienne demeure bien inférieure à celle construite par la Russie ayant permis de stopper la contre-offensive de l’été 20233.

Face à la menace grandissante d’une perte de terrain rapide, l’Ukraine a récemment accéléré la mise en œuvre de ces fortifications.

  • Dimanche 10 mars, le ministère de la Défense britannique notait que « l’Ukraine a très certainement accéléré la construction de positions défensives sur plusieurs zones de la ligne de front : dents de dragon, fossés antichars, tranchées d’infanterie, champs de mines et positions défensives fortifiées »4.
  • Aujourd’hui, lundi 11 mars, Volodymyr Zelensky a convoqué une réunion de l’état-major et déclaré que l’Ukraine avait entrepris la construction de 2 000 kilomètres de fortifications sur trois lignes5.
  • Le Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal a annoncé que 800 millions de dollars avaient été alloués à la construction de ce réseau défensif.

La résilience de la défense ukrainienne ne dépendra pas uniquement du nombre de kilomètres de tranchées ou de fossés antichars, mais également de sa capacité à fixer les attaquants russes, ce qui passe notamment pas l’artillerie. Selon des estimations récentes des services de renseignement de l’OTAN, les capacités russes de production d’obus sont toujours trois fois supérieures à celles des États-Unis et de l’Union européenne cumulées. Sur le terrain, l’armée russe tire 10 000 obus par jour contre 2 000 pour les Ukrainiens6.

Sources
  1. « Zelensky : Russia preparing offensive for early summer », The Kyiv Independant, 25 février 2024.
  2. Josh Holder, Constant Méheut, Eric Schmitt et Thomas Gibbons-Neff, « Surprisingly Weak Ukrainian Defenses Help Russian Advance », The New York Times, 2 mars 2024.
  3. Matthew Luxmoore et Daniel Michaels, « Ukraine Enters New Phase of War With Russia : Dig, Dig, Dig », The Wall Street Journal, 7 mars 2024.
  4. Publication sur X (Twitter) du ministère de la Défense britannique, 10 mars 2024.
  5. Post Telegram de Volodymyr Zelensky, 11 mars 2024.
  6. Katie Bo Lillis, Natasha Bertrand, Oren Liebermann et Haley Britzky, « Russia producing three times more artillery shells than US and Europe for Ukraine », CNN, 11 mars 2024.