Dans la matinée du jeudi 11 avril, une frappe de missiles russes a complètement détruit la centrale électrique de Trypilska, située à une dizaine de kilomètres au sud de Kiev1.

  • Il s’agit de la deuxième centrale de production d’électricité à partir de charbon (deuxième source de production d’électricité du pays) détruite depuis le début de la guerre.
  • Parmi les 16 centrales actives en mars 2024, selon les données de l’ONG Global Energy Monitor, 11 ont à ce jour été endommagées.
  • Seulement trois centrales thermiques (Kalouch, Tcherkassy et Darnytsia, à Kiev) n’ont pour le moment pas été endommagées par des frappes ou des attaques russes.

Ces trois centrales ont cependant une capacité de production d’électricité cumulée de 540 MW, soit seulement 4,8 % des capacités totales de production d’électricité à partir de charbon (11 138 MW). La centrale de Trypilska, détruite ce matin, disposait d’une capacité de 1 225 MW, ce qui en faisait la quatrième centrale de production d’électricité à partir de charbon du pays.

L’acharnement sur les infrastructures énergétiques et civiles ukrainiennes est une des principales composantes de la guerre d’agression russe depuis le lancement de l’invasion.

  • Fin mars, l’énergéticien ukrainien VTEK — qui opère plusieurs dizaines de sites de production d’électricité à travers le pays — déclarait que les attaques russes avaient contribué à détruire ou endommager 80 % de ses capacités de production en seulement un mois2.
  • Le 22 mars, une importante vague de missiles et de drones avait endommagé le barrage de la plus grande centrale hydroélectrique du pays, DniproHES, situé à une cinquantaine de kilomètres en amont de la centrale nucléaire de Zaporijia3.
  • Cette attaque est intervenue quelques jours seulement après que des drones ukrainiens aient endommagé des raffineries de pétrole russes situées à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière.

L’Ukraine, qui était un exportateur net d’électricité avant l’invasion de février 2022, est de plus en plus contrainte d’importer du courant de ses voisins (Roumanie, Slovaquie, Pologne, Hongrie, Moldavie), à mesure que ses centrales sont mises hors service par les attaques russes. Au cours de la dernière semaine de mars, l’Ukraine a importé 89 310 MWh d’électricité et en a exporté 1 588, à l’opposé de la première semaine du mois (82 475 MWh exportés contre 1 088 MW importés).

L’Ukraine ne dispose actuellement que de trois systèmes anti-missiles Patriot (un donné par les États-Unis et deux par l’Allemagne), qui sont particulièrement efficaces pour intercepter les missiles et drones russes. Dans l’Union, six pays disposent de systèmes Patriot : la Grèce, les Pays-Bas, la Roumanie, l’Espagne, la Suède et l’Allemagne4. Les États-Unis disposent quant à eux de plusieurs dizaines de systèmes déployés sur leur territoire national et à l’étranger, notamment en Indo-Pacifique5.

Sources
  1. « Russian attacks completely destroy Trypilska TPP – head of Centerenergo’s supervisory board », Interfax Ukraine, 11 avril 2024.
  2. Kateryna Denisova, « 80 % of DTEK’s energy capacity damaged, destroyed after Russian March attacks », The Kyiv Independant, 30 mars 2024.
  3. Pjotr Sauer, « Over 1m Ukrainians without power after major Russian assault on energy system », The Guardian, 22 mars 2024.
  4. Missile Defense Project, Patriot, Missile Threat, Center for Strategic and International Studies, mis à jour le 23 août 2023.
  5. PATRIOT Air and Missile Defense System for Ukraine, U.S. Congressional Research Service, 18 janvier 2023.