Faute de pouvoir l’emporter sur le terrain en raison de pénuries de matériel, de munitions et d’un manque de soldats, l’Ukraine met à mal le secteur pétrolier russe en ciblant ses dépôts et raffineries de pétrole — jusqu’à plus de 900 kilomètres de ses frontières.

  • La vente d’hydrocarbures — et particulièrement de pétrole — est vitale pour l’économie russe et pour financer sa guerre contre l’Ukraine.
  • Selon les données du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), Moscou a perçu plus de 435 milliards d’euros de revenus de ses ventes de pétrole depuis le lancement de l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
  • Les attaques de drones à longue portée provoquent des dégâts considérables pour un coût limité. Un drone ukrainien Lyutyi — utilisé pour attaquer les raffineries russes — coûte quelques dizaines de milliers de dollars l’unité, tandis que le coût de l’arrêt de la production voire des réparations se chiffre en dizaines de millions de dollars.

L’entreprise énergétique Gunvor estime que les attaques ukrainiennes de drones ont réduit la capacité de raffinage de la Russie de 600 000 barils de pétrole par jour1. Morgan Chase considère que le chiffre serait de 900 000 barils — soit environ 67,5 millions de dollars chaque jour, selon les cours actuels du baril de l’Oural.

Dans un marché où la demande reste forte, chaque variation de l’offre conduit à une augmentation des prix.

  • Depuis l’intensification des attaques ukrainiennes sur les raffineries russes le 12 mars dernier, le prix du baril de pétrole Brent a augmenté de presque 5 %.
  • Face à la crainte de la répercussion de l’augmentation du prix du brut sur le gallon d’essence payé par les Américains, la Maison-Blanche a « exhorté l’Ukraine à cesser ses attaques contre les infrastructures énergétiques russes »2.
  • Au-delà de l’impact de ces attaques sur les marchés, l’administration démocrate a également mis en garde Kiev contre des risques de « représailles » de la part de la Russie.
  • La nuit dernière, l’Ukraine a subi l’une des attaques aériennes les plus importantes depuis le début de la guerre : plus de 60 drones Shahed et près de 90 missiles ont été lancés sur des centrales électriques, des immeubles résidentiels ainsi qu’un barrage hydroélectrique3.

L’administration démocrate est très préoccupée par la stabilité de la situation économique ainsi que des indicateurs susceptibles de ternir le bilan de Joe Biden en amont des élections de novembre. Afin de limiter le coût à la pompe pour les consommateurs américains, Washington a encouragé l’augmentation de la production américaine de pétrole qui a atteint son niveau le plus élevé de son histoire en décembre. La Maison-Blanche a également assoupli ses sanctions à l’encontre du Venezuela et de l’Iran et prélevé 180 millions de barils de sa réserve stratégique (SPR).

Sources
  1. Devika Krishna Kumar et Will Kennedy, « Gunvor Says Drones Shut 600,000 Barrels of Russian Refining », Bloomberg, 18 mars 2024.
  2. Christopher Miller, Ben Hall, Felicia Schwartz et Myles McCormick, « US urged Ukraine to halt strikes on Russian oil refineries », Financial Times, 22 mars 2024.
  3. Publication de Volodymyr Zelensky sur X (Twitter), 22 mars 2024.