Aujourd’hui, les ministres de l’Agriculture prolongent les discussions sur les réponses « rapides et structurelles » aux revendications des agriculteurs qui ont manifesté dans toute l’Europe.

  • Après un mois de février marqué par les manifestations du monde agricole — y compris dans le quartier européen de Bruxelles où plus de 900 tracteurs se sont rendus le 26 février1 —, les protestations se poursuivent.
  • Le 7 mars, des agriculteurs tchèques ont manifesté dans les rues de Prague tandis que 70 000 agriculteurs ont bloqué les axes routiers en Pologne le 20 pour protester contre le Pacte vert et exiger le rétablissement des droits de douane sur les céréales ukrainiennes2.
  • Une manifestation est prévue aujourd’hui à Bruxelles pour la troisième fois depuis février. Les autorités ont alerté sur de possibles blocages des voies de circulation3.

La réponse européenne entérine surtout la baisse des ambitions environnementales de la PAC 2023-2027, notamment sur la mise en jachère des terres pour la préservation de la biodiversité, l’obligation de rotation des cultures et l’usage des pesticides.

  • L’une des mesures les plus contestées de la PAC 2023-2027 était la conditionnalité des aides au respect de la Bonne Condition Agricole et Environnementale 8 (BCAE 8), qui demande notamment aux agriculteurs de mettre en jachère 4 % de leurs terres arables.
  • Sous la pression des exploitants et des États membres, la Commission avait accordé une dérogation à la mesure en 2023. Le 14 février dernier, la Commission a également adoptée « une exemption partielle » de la règle relative aux terres mises en jachère4.

La cible intermédiaire de 90 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 20405— avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050 — était à l’ordre du jour d’un conseil environnement qui s’est tenu hier, lundi 25 mars.

  • Au troisième trimestre de l’année 2023, la part de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre était de 15,4 %.
  • Les États membres ont reporté sine die l’adoption de la loi sur la restauration de la nature, faute de majorité qualifiée — la Hongrie ayant retiré son soutien au texte.

L’Europe n’a plus que 6 ans pour remplir l’objectif du plan Fit For 55 de 55 % de réduction des émissions en 2030. L’an dernier, la baisse des émissions par rapport aux années 1990 n’était que de 31 %.

  • Les partis d’extrême-droite européens, dont la progression est attendue lors des élections européennes — mais aussi une partie du PPE dont von der Leyen elle-même est issue —, pourraient constituer une force non négligeable de frein aux législations environnementales lors du nouveau cycle politique qui s’ouvrira en juin.
  • Le groupe des Verts et de l’Alliance libre européenne pourrait perdre 28 sièges au Parlement européen — remportant 41 sièges contre 72 aujourd’hui —, selon une projection réalisée par EU Matrix. ID et CRE disposeraient quant à eux de 173 sièges (contre 127 actuellement).

Sur la question des céréales ukrainiennes, Mykola Solsky, ministre ukrainien de la Politique agraire et de l’Alimentation, s’adressera aux ministres européens en amont du conseil. Une réunion entre les gouvernements polonais et ukrainien est également prévue à Varsovie jeudi.