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L’accélération : nouveau mantra des discours politiques
Accélérer les réformes, accélérer la transition écologique, accélérer le cessez-le-feu ou la livraison d’armes, accélérer l’innovation… Il faut accélérer ! Tel est le nouvel impératif qui émerge de l’atmosphère d’urgence dans laquelle nous vivons aujourd’hui. La rhétorique accélérationiste est montée en puissance ces dernières années à la faveur des discours politiques consacrés aux urgences sanitaire et climatique, et ce à l’échelle tant nationale qu’internationale. Durant la pandémie de Covid 19, les États ont appelé à l’accélération de la recherche sur les tests et les vaccins — Donald Trump a lancé l’opération « Warp Speed » dès mai 2020 — puis à l’accélération des campagnes de vaccination. Si cette injonction a perdu sa raison d’être avec la fin de la pandémie, l’impératif d’accélération demeure très présent dans le contexte de l’urgence climatique, avec cette différence qu’il sera présent pour de très nombreuses années — car il n’existe aucun vaccin contre le réchauffement du climat.
Dans ses recommandations pour les décideurs politiques qui concluent son sixième rapport paru en 2022, le GIEC affirme qu’une « action climatique accélérée et équitable pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter est essentielle au développement durable ». L’exigence d’accélération est d’autant plus forte que les mesures à prendre pour éviter un réchauffement climatique au-delà de 1,5° doivent s’appliquer le plus vite possible, dans une fenêtre de tir réduite, limitée à la décennie critique 2020-20301. L’impératif d’accélération se retrouve en conclusion des dernières COP. Dans son discours prononcé à l’issue de la COP26, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a résumé ainsi la situation : « Nous devons accélérer l’action climatique pour sauver l’objectif de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5°C » (discours du 13 novembre 2021). Lors de la COP suivante, qui a maintenu l’objectif de 1,5°, il a fait part de sa profonde inquiétude, en déclarant que si accélération il y a, elle ne va pas pour le moment dans le bon sens : « Nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied toujours sur l’accélérateur » (discours du 7 novembre 2022).
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu pour conséquence inattendue d’obliger les pays européens à mettre en œuvre plus vite que prévu et dans une certaine précipitation le sevrage vis-à-vis des énergies fossiles. Le « plan de sobriété énergétique », élaboré par le gouvernement français en octobre 2022, martèle l’impératif d’accélération. Dans la page de présentation, Élisabeth Borne écrivait : « Nous vivons une période de bascules. La guerre en Ukraine bouscule l’ordre international et nous n’avons pas fini d’en mesurer les conséquences.
Sous la direction de Giuliano da Empoli.
Avec les contributions d’Anu Bradford, Josep Borrell, Julia Cagé, Javier Cercas, Dipesh Chakrabarty, Pierre Charbonnier, Aude Darnal, Jean-Yves Dormagen, Niall Ferguson, Timothy Garton Ash, Jean-Marc Jancovici, Paul Magnette, Hugo Micheron, Branko Milanovic, Nicholas Mulder, Vladislav Sourkov, Bruno Tertrais, Isabella Weber, Lea Ypi.
La crise énergétique nous pousse à revoir nos habitudes et à accélérer pour sortir, plus vite, de la dépendance aux énergies carbonées ». Le but est de « réduire de manière accélérée notre consommation d’énergie ». Il convient également, peut-on lire, « d’accélérer le plan vélo », « d’accélérer le déploiement de travaux à gains rapides sur les bâtiments de l’État et de ses opérateurs », « d’accélérer le remplacement des chaudières au gaz », « d’accélérer la valorisation énergétique de l’eau thermale », « d’accélérer le verdissement des flottes de véhicules et navires », bref, « d’accélérer la transition écologique et énergétique »2. Comme l’a titré Le Parisien dans sa une du 25 octobre 2022, à propos du projet de créer une mine de lithium dans l’Allier pour fabriquer des batteries électriques : « La France accélère ». Loin de se limiter à la question environnementale, l’impératif d’accélération s’applique à la politique générale du gouvernement. Le Premier ministre suivant, Gabriel Attal, annonçait devant les députés le 16 janvier dernier, juste après sa nomination : « je veux appuyer sur l’accélérateur avec des mesures fortes ».
L’impératif d’accélération est devenu une matrice de pensée par-delà les frontières et les obédiences politiques. Outre-Rhin, le Chancelier Olaf Scholz a annoncé en octobre 2023 un « pacte d’accélération » entre l’État fédéral et les Länder, qui a pour but de faciliter les procédures d’autorisation en matière de construction, de transport et de communication, trois domaines qui sont au cœur de l’accélération technologique : « Cela va considérablement modifier le rythme de la croissance en l’Allemagne et le rythme auquel les décisions sont prises, et ce dans le sens de la vitesse », a déclaré le Chancelier lors d’une conférence de presse à Berlin le 7 novembre 20233. Aux États-Unis, le Président Joe Biden a lancé début 2023 un appel à toutes les parties prenantes des secteurs privé et public pour accélérer la « transition historique » vers les véhicules électriques. Le plan « Défi pour l’accélération des véhicules électriques » (EV Acceleration Challenge) vise à ce que leur part de marché atteigne 50 % des ventes d’ici 20304. Le Président Biden mise plus généralement sur « l’accélération de l’innovation et du développement des technologies propres » afin de maintenir l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°5. Terminons ce florilège par deux autres exemples. En Russie, Vladimir Poutine a demandé à son gouvernement en septembre 2023 d’accélérer le développement de l’intelligence artificielle, pour concurrencer les pays occidentaux dans la course mondiale à l’IA6. L’impératif d’accélération est omniprésent également en Chine, au point que Xi Jinping a été surnommé par ses opposants « l’Accélérateur en chef »7. Cette allusion ironique à Deng Xiaoping, qui était appelé « l’Architecte en chef », a pour but de dénoncer les politiques intérieures et extérieures du Parti visant à élever la Chine au rang de superpuissance mondiale, en rivalité frontale avec les États-Unis.
Fin de la politique, fin de l’histoire ?
Que penser de cet impératif d’accélération ? Qu’est-ce que cela signifie, au juste, d’ériger l’accélération en principe d’action politique ? On sait qu’en physique, cette notion est définie par l’augmentation de la vitesse d’un mobile en fonction du temps. Lorsqu’elle est employée en dehors de son contexte scientifique initial, elle a une dimension descriptive (on constate que tout va plus vite) ou prescriptive (on dit qu’il faut accélérer) avec une signification politique ou technologique. Dans son sens politique, qui remonte aux phases révolutionnaires des temps modernes, la notion d’accélération désigne l’accroissement brusque du rythme des changements sociaux et institutionnels dans une société. Lors de son discours à la Convention du 10 mai 1793, Robespierre déclare ainsi : « Les progrès de la raison humaine ont préparé cette grande révolution, et c’est à vous qu’est spécialement imposé le devoir de l’accélérer ». Cet usage prescriptif du concept d’accélération politique cohabite avec un usage descriptif. Revenant sur sa tentative d’écrire à chaud l’histoire de son temps, Chateaubriand reconnaît son échec : « les événements couraient plus vite que ma plume ; il survenait une révolution qui mettait toutes mes comparaisons en défaut »8. Lorsque Marx affirme, au moment de la Révolution de 1848, que « les révolutions sont les locomotives de l’histoire »9, il associe révolution (politique) et accélération, sur un mode à la fois descriptif et prescriptif. La locomotive évoquée ici symbolise l’accélération des moyens de transport, qui permet de faire le tour du monde en quatre-vingt jours à l’époque de Marx, en un peu plus de deux jours aujourd’hui grâce à l’avion. Elle relève de l’accélération technologique initiée par cette autre révolution qu’a été la révolution industrielle.
Loin de faire consensus, l’impératif d’accélération a toujours été source de débats et de positions contraires, qui transcendent les clivages gauche/droite. Pour beaucoup, l’accélération, érigée en loi générale de l’histoire, donne le sentiment d’être subie au lieu d’être voulue. Romain Gary l’exprime en ces termes dans les années 1970 : « Ce qu’il y a en effet de frappant dans ‘l’accélération de l’histoire’ que nous vivons, c’est que cette vitesse vertigineuse à laquelle le monde court vers l’avenir s’accompagne d’une absence de contrôle sur la direction de marche »10.
L’accélération peut non seulement paraître absurde sur de nombreux points, elle est aussi, comme le font valoir ses contempteurs, dangereuse. C’est du moins l’impression qui ressort des travaux du plus célèbre des penseurs critiques de l’accélération, le sociologue allemand Hartmut Rosa. Pour ce dernier en effet, la spirale de l’accélération dans laquelle est prise notre modernité tardive nous conduit tout droit à une catastrophe nucléaire, climatique ou épidémiologique. Cette thèse, formulée en 2005, prend rétrospectivement des allures prophétiques. Dans son livre Accélération, Rosa distingue plus exactement trois formes d’accélération qui sont en interaction les unes avec les autres : l’accélération du rythme de vie (qui provoque au quotidien les sentiments d’urgence et de manque de temps), l’accélération technique (l’augmentation de la vitesse des moyens de transport, de production et de communication), et l’accélération sociale (l’augmentation du rythme des changements sociaux comme les transformations de la structure de la famille et de l’organisation du travail). Dans cette typologie, l’accélération politique d’inspiration révolutionnaire a disparu, elle est diluée dans la grande catégorie d’accélération sociale. C’est que pour Rosa, la politique a perdu tout pouvoir sur la société, elle est bien plutôt toujours « en retard », « désynchronisée » par rapport au rythme frénétique des sociétés modernes. Selon lui, l’accélération de la société est un phénomène qui s’alimente de lui-même : plus la société accélère, plus elle a tendance à accélérer encore, échappant toujours plus au contrôle du politique. C’est ce mouvement sans fin ni finalité que nomme la spirale de l’accélération.
Face à un tel emballement, l’action politique requise ne consisterait plus à accélérer mais à freiner au contraire. Or, un tel scénario de freinage d’urgence par une « intervention politique déterminée » est exclu, affirme Rosa, car il s’agirait d’une « vision des choses profondément irréaliste » du fait des coûts économiques et sociaux qu’elle pourrait entraîner. En outre, stopper la spirale de l’accélération serait en contradiction avec le projet de la modernité basé sur l’idée de progrès. Dans ce schéma de pensée, le concept d’accélération est dépolitisé : au lieu d’être un impératif d’action, il alimente un catastrophisme aux accents discrètement eschatologiques, comme le montre la conclusion placée sous le signe de « La fin de l’histoire », qui fait pendant à la fin de la politique11.
Sur ce point, Rosa a pu être influencé par les réflexions de Francis Fukuyama sur La fin de l’histoire et le dernier homme, en vogue dans les années 1990, qui proviennent elles-mêmes de l’interprétation de Hegel par Alexandre Kojève. Dans un entretien publié en 1968 dans la Quinzaine littéraire, un mois avant sa mort, Kojève a résumé sa position : « Tout cela est lié à la Fin de l’histoire. C’est drôle. Hegel l’a dit. Moi, j’ai expliqué que Hegel l’avait dit et personne ne veut l’admettre, que l’histoire est close, personne ne le digère. (…) La fameuse accélération de l’histoire dont on parle tant, avez-vous remarqué qu’en s’accélérant de plus en plus le mouvement historique avance de moins en moins ? »
Je laisse à Kojève la responsabilité de son interprétation de Hegel, dont il ne faut pas exclure une part de provocation teintée d’ironie. Je retiendrai de ce passage une idée importante que Rosa a développée dans sa critique de l’accélération sociale. L’accélération est non seulement dangereuse — elle peut mener à des catastrophes —, elle est aussi trompeuse. On a l’impression que tout change de plus en plus vite, alors qu’en réalité, tout ne fait que ralentir de plus en plus, au point de cesser d’avancer. Car derrière l’accélération apparente de la société, les structures économiques et politiques en place resteraient intangibles, comme pétrifiées. S’inspirant de Paul Virilio, Rosa appelle ce phénomène « l’immobilité fulgurante ». On songe à la fameuse déclaration de Tancrède Falconeri dans le roman Le Guépard, popularisé par le film éponyme de Visconti : « il faut que tout change pour que rien ne change ».
Rosa a toujours dit que la solution à l’accélération n’était pas à ses yeux la décélération mais ce qu’il a appelé, dans son ouvrage suivant, la « résonance », qui nomme une relation d’harmonie, d’écoute et de réponse entre l’homme et le monde. Or la résonance est présentée comme une relation « indisponible », au sens où l’on ne peut pas la maîtriser et encore moins l’instaurer. On n’est donc pas surpris de voir Rosa réitérer sa conception décliniste de la politique : « la politique n’apparaît plus comme un stimulateur d’évolution sociale, mais comme une ambulance à la traîne et à la peine »12. S’il est sans doute naïf de penser que la politique serait toute-puissante, la croyance inverse d’une incapacité de celle-ci à agir sur la société n’est pas sans rappeler la rhétorique réactionnaire et néolibérale. Entre ces deux positions, n’y a-t-il pas un espace pour repenser l’impératif d’accélération en son sens proprement politique ?
L’urgence climatique et la thèse de la « Grande Accélération »
C’est en grande partie à cause de l’urgence environnementale que la question de l’accélération s’impose aujourd’hui dans les agendas politiques de la plupart des pays, au point de revêtir la forme d’un nouvel impératif. Depuis la révolution industrielle, l’accélération technologique des transports, de la production et de la communication a nécessité une consommation croissante d’énergies — bois, charbon, gaz, pétrole — qui ne se sont pas substituées les unes aux autres mais se sont accumulées au contraire dans une augmentation exponentielle — comme l’a montré récemment Jean-Baptiste Fressoz13. Bien qu’elle ait été répartie très inégalement entre les pays, cette orgie d’énergie a entraîné une dégradation de plus en plus rapide de toute la planète, ce qu’on a appelé, dans la littérature sur l’anthropocène, « la Grande Accélération »14. Si la thèse de la fin de la politique était exacte, il ne resterait plus qu’à s’en remettre aux collapsologues qui nous prédisent l’arrivée rapide de la fin du monde, du moins pour l’humanité. Or il semble que nous n’en soyons pas encore là. Dans leur immense majorité, les scientifiques qui analysent les causes et les effets du réchauffement climatique ne partagent nullement la thèse d’une fin de la politique. Ils ne pensent pas que les États, les gouvernements seraient « désynchronisés », impuissants, comme si ce processus était un mouvement fatal, alors même que leurs travaux montrent que ce sont les activités humaines qui en sont à l’origine et qu’il existe des solutions pour en atténuer les dommages.
En témoignent les rapports du GIEC, évoqués au début de ce texte, dans lesquels des centaines de chercheurs s’efforcent de transformer le constat du réchauffement climatique en mesures politiques à entreprendre pour en limiter les conséquences néfastes. Tel est le but des « résumés à l’intention des décideurs » (Summary for Policymakers) qui accompagnent inlassablement chaque rapport. C’est de l’ampleur et de la rapidité plus ou moins grandes des mesures effectivement prises dans cette décennie critique que dépendent les cinq scénarios pour l’évolution future des sociétés et du climat distingués par le sixième rapport du GIEC (dans la première partie parue en 2022 : The Physical Science Basis). Ces « scénarios socio-économiques de référence » (« Shared Socioeconomic Pathways » : SSP), selon leur expression technique, sont des projections basées sur des hypothèses géopolitiques pondérées par des données démographiques, économiques, et technologiques. Ils esquissent plusieurs futurs possibles à l’échelle du siècle.
Le tableau « SPM.1 : Scenarios, Climate Models and Projections » montre une gerbe de trajectoires possibles concernant l’évolution des émissions de CO2, d’aujourd’hui jusqu’à 2100. Ces projections varient en proportion de l’intensité des politiques qui seront menées pour lutter contre le réchauffement climatique15. Dans les deux premiers scénarios — les plus optimistes — les accords de Paris sont à peu près respectés. Les réductions drastiques et rapides d’émissions de CO2 conduisent à la neutralité carbone au milieu du siècle, et à une augmentation estimée à 1,4° (le « SSP1-1.9 ») ou à 1,8° (le « SSP1-2.6 ») en 2100 par rapport à la température du globe en 1850. Le scénario intermédiaire (le « SSP2-4.5 »), qui est celui qui correspondrait au niveau des efforts actuels s’ils ne s’intensifiaient pas, se termine par une élévation de température de 2,7°. Les deux derniers scénarios, les plus pessimistes, sont élaborés à partir de l’hypothèse d’une incurie (le « SSP3-7.0 ») ou même d’une course en avant de notre mode de vie énergivore (le « SSP5-8.5 »), ce qui aboutirait à une augmentation de température respectivement de 3,6° et de 4,4° à la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle. Et on sait que plus la température sera élevée, plus les populations devront faire face à des épisodes de canicule et de sécheresse, à des inondations, des tempêtes et autres cataclysmes naturels.
Plus le temps passe, plus le temps presse. Doit-on penser que tous ceux et celles qui formulent l’impératif politique d’accélération de la lutte contre le réchauffement climatique s’illusionnent et prêchent dans le désert ? En réalité, la politique est d’autant plus en retard sur les échéances actuelles que ses « décideurs » ont eu tendance à retarder les prises de décision. Pour ne prendre qu’un exemple, tout le monde connaît le discours de Jacques Chirac au IVe Sommet de la Terre à Johannesburg le 2 septembre 2002 : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l’admettre ». Cette grande déclaration a-t-elle été suivie d’effets à la hauteur des alertes lancées, au moins en France ? Il est permis d’en douter. Mais, dira-t-on, l’État n’a pas agi tout simplement parce qu’il ne pouvait pas agir, parce qu’il ne disposait pas du budget nécessaire pour mener une politique environnementale d’envergure. Cet argument de la rigueur budgétaire a été remis en cause de manière inattendue, d’abord par la crise des subprimes, puis par la pandémie de Covid-19, deux crises qui ont montré chacune à sa manière la capacité de nombreux États à intervenir massivement dans l’économie, par le soutien financier aux banques (en 2008) et aux entreprises (en 2020-21). Comme l’a résumé Paolo Gerbaudo dans ces pages : « ce que les crises actuelles ont clairement montré, c’est que l’État n’est pas impuissant et que son renoncement à des formes de contrôle politique est en fin de compte le résultat de décisions politiques »16. Tel un réactif chimique incolore, la pandémie de Covid-19 a révélé le pouvoir des États que nous avions presque fini par oublier, pouvoir qui n’avait pas disparu mais était simplement dissimulé derrière des discours « réalistes » de façade.
« Achille immobile à grands pas »
On observe deux conceptions opposées de l’impératif d’accélération à l’ère de l’Anthropocène.
La première, largement dominante aujourd’hui, entend coupler l’accélération politique des lois à adopter et des mesures à appliquer avec l’accélération technologique qui cherche des solutions du côté de l’« innovation ». Autrement dit, il s’agit d’accélérer les investissements pour inventer et développer de nouvelles technologies moins polluantes, moins énergivores, etc. Cette stratégie, relayée par l’« éco-modernisme »17, est présente en filigrane dans les recommandations du GIEC, centrées sur les notions d’« adaptation », d’« atténuation » et de « transition ». Et de fait, elle inspire la plupart des politiques menées contre le réchauffement climatique. Dans son discours sur « L’accélération de l’innovation et du développement des technologies propres » cité plus haut, Joe Biden évoque comme solutions « L’hydrogène propre, le stockage de l’énergie à long terme, les énergies renouvelables et nucléaires de la prochaine génération, le piégeage du carbone, l’agriculture durable, et bien d’autres choses encore. Nous devons investir dans les percées technologiques et je salue le leadership du Royaume-Uni dans le cadre du programme Glasgow Breakthrough. L’innovation est la clé de notre avenir »18. Ce « futurisme technologique »19 consiste à identifier purement et simplement l’impératif d’accélération politique — les gouvernements doivent agir le plus vite possible pour faire face au changement climatique — à l’impératif d’accélération technologique — il faut accélérer les innovations —, comme si la technologie était le seul remède aux maux qu’elle engendre et allait forcément nous assurer des « lendemains qui chantent ».
Prenons pour le montrer plus en détails l’exemple de la France, qui va nous servir d’étude de cas représentative. Un « plan de relance 2020 » a été présenté par le gouvernement d’Édouard Philippe en pleine deuxième vague de la pandémie. Ce plan, qui s’inscrit dans le 4e « Programme d’investissements d’avenir » (PIA4,) prévoit des investissements publics et des financements de projets déclinés tous azimuts en une dizaine de « stratégies d’accélération »20. Les domaines concernés sont très variés : la santé, les systèmes agricoles durables, les biocarburants, l’hydrogène décarboné, le développement du photovoltaïque et de l’éolien flottant, la décarbonation des mobilités, le recyclage, etc. Le couplage faussement évident entre accélération politique et accélération technologique apparaît particulièrement bien dans les trois secteurs où cette dernière est la plus présente : le transport, la production et la communication. En ce qui concerne le premier domaine, la « stratégie d’accélération » évoque par exemple l’émergence de véhicules automatisés et connectés, mais aussi le développement de l’hydrogène décarboné pour les « véhicules lourds » (poids lourds, bus, trains, navires, avions). Or, l’hydrogène est fabriqué avec de l’électricité, ce qui déplace le problème, puisque la production d’électricité décarbonée en grande quantité pose de nombreuses difficultés. La loi d’accélération de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires laisse penser que l’électricité décarbonée pourra continuer à couler à flot, mais la technologie « EPR » est loin d’avoir fait ses preuves et même si elle finit par fonctionner, elle soulève la question des risques d’une catastrophe nucléaire de type Tchernobyl ou Fukushima21.
S’agissant de la production, la « stratégie d’accélération » pour la « décarbonation de l’industrie » vise à « développer une offre de technologies pour la décarbonation de l’industrie, innovante et compétitive, qui favorisera en premier lieu l’émergence d’une industrie française décarbonée, et de ce fait durable. La stratégie doit donc permettre de produire le plus de valeur possible du côté de l’offre et de la demande ». La décarbonation de l’industrie est présentée comme un nouveau « marché » à conquérir, dans lequel il faut être « productif » et « compétitif ». La « stratégie d’accélération » en question inclut notamment les innovations pour les techniques de captage et de stockage de carbone. La géo-ingénierie — l’ambition prométhéenne de contrôler le changement climatique par la technologie — est en marche. Mais cette « stratégie d’accélération » des innovations en matière de captage et de stockage de carbone n’est-elle pas le signal, alors même que la viabilité de ces technologies est incertaine, qu’on peut continuer le business as usual ? Pourquoi réduire la pollution si les émissions de CO2 peuvent être stockées et si cela rapporte en plus de l’argent ?
Dans le secteur de la communication, la « stratégie d’accélération » se concentre sur l’implantation du réseau 5G en France. Cette nouvelle technologie est vantée pour ses performances en matière de vitesse : elle offre un débit jusqu’à dix fois supérieur à la 4G, un délai de transmission divisé par dix, une connexion plus stable même en mobilité et une capacité à connecter simultanément de très nombreux appareils. En investissant dans la 5G, le gouvernement « fait le choix de soutenir un marché à fort potentiel de croissance d’une importance prioritaire pour accroître la compétitivité de l’économie française ». On peut se demander cependant si l’impératif politique (et économique) d’accélération 5G n’entre pas en contradiction avec les efforts de sobriété énergétique annoncés haut et fort à la rentrée 2022. Si la technologie 5G semble moins énergivore de prime abord que la 4G, dans la mesure où les antennes desservent un plus grand nombre d’abonnés pour la même puissance, elle peut créer un effet rebond, c’est-à-dire une augmentation de la consommation par l’offre. Plus de débit et moins de temps d’attente permettent en effet de télécharger et de voir plus de vidéos, avec une meilleure résolution, de consulter plus souvent son smartphone, bref de consommer plus de données. Selon un rapport de 2019 de l’Arcep, agence indépendante de régulation des communications, « l’amélioration de l’efficacité énergétique [de la 5G] ne suffira pas, à long terme, à contrebalancer l’augmentation du trafic »22. Comme cela s’est déjà vérifié en Corée du Sud, pays pionnier dans le passage à la 5G, cette technologie ne fait pas bon ménage avec la sobriété numérique, qui est pourtant l’un des aspects essentiels de la sobriété énergétique.
Le plan de sobriété énergétique d’octobre 2022 a-t-il remis en cause un tant soit peu la matrice accélérationiste qui guide depuis des années la politique du gouvernement ? Dans son discours sur la politique économique du gouvernement prononcé à Paris le 6 octobre 2022, Emmanuel Macron a expliqué que la sobriété énergétique :
« C’est ce que chacun, comme particulier, comme entreprise, on peut faire pour consommer un tout petit peu moins, pour au fond, sauver de l’énergie. C’est comme ça qu’il faut le valoriser. L’énergie qu’on sauve, c’est la moins chère. Ça ne veut pas dire produire moins, je n’ai pas changé d’opinion là-dessus. Ça ne veut pas dire aller vers une économie de la décroissance. Pas du tout. La sobriété, ça veut juste dire gagner en efficacité. Et vous, toutes et tous, qui traquez à chaque instant dans votre vie d’entrepreneur les coûts cachés, tout ce qu’on peut faire pour produire mieux, de la meilleure qualité et produire encore davantage mais en dépensant moins. Il faut accélérer en quelque sorte les efforts sur l’énergie. C’est ça la bonne sobriété. Donc là-dessus, c’est accélérer sur les petits investissements en termes d’efficacité énergétique et c’est avoir quelques mécanismes très simples pour réussir collectivement à diminuer de 10 % ce qu’on consomme d’ordinaire ».
Sous la direction de Giuliano da Empoli.
Avec les contributions d’Anu Bradford, Josep Borrell, Julia Cagé, Javier Cercas, Dipesh Chakrabarty, Pierre Charbonnier, Aude Darnal, Jean-Yves Dormagen, Niall Ferguson, Timothy Garton Ash, Jean-Marc Jancovici, Paul Magnette, Hugo Micheron, Branko Milanovic, Nicholas Mulder, Vladislav Sourkov, Bruno Tertrais, Isabella Weber, Lea Ypi.
Comme beaucoup d’autres chefs d’État, le président français, tel « Achille immobile à grands pas »23, continue d’adhérer mutatis mutandis au vieux modèle de production et de consommation, responsable de la crise climatique actuelle. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il est à craindre qu’il faille plus qu’une « chasse au gaspi » et qu’une accélération des « petits investissements » dans l’efficacité énergétique. C’est là que l’innovation technologique entre en scène. Le plan « France nation verte » de 2023, qui prend le relais du plan de sobriété énergétique de 2022, annonce que pour atteindre les objectifs de décarbonation en 2030, il faudrait baisser de 55 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, ce qui implique que « nous devons aujourd’hui réussir à faire davantage en 7 ans que ce que nous avons fait ces 33 dernières années ». L’accélération annoncée est ambitieuse. Comment peut-on la réaliser ? La décarbonation profonde de l’industrie, nous est-il expliqué, « repose sur des technologies éprouvées comme la chaleur biomasse ou l’amélioration de l’efficacité énergétique, clés pour réduire les émissions de l’industrie diffuse. Elle devra aussi faire appel à des technologies de rupture comme l’hydrogène ou le captage de carbone, notamment pour les grands sites »24.
Ce couplage des impératifs d’accélération politique et technologique se retrouve sans surprise au cœur du discours de politique générale de Gabriel Attal du 30 janvier 2024 : « Ensemble, lance-t-il aux députés, je vous propose d’accélérer encore notre transition écologique. (…) Le retour de l’industrie, les investissements en faveur de la décarbonation grâce à France 2030 [plan qui vise à «développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir»], les métiers de la rénovation thermique ou le secteur de l’économie circulaire… : oui, la transition écologique regorge d’opportunités, de secteurs en croissance et de filières nouvelles. Oui, nous ferons rimer climat avec croissance ». L’accélération politique, légitime et nécessaire face à l’urgence climatique, est associée en « package » avec l’accélération technologique, plus discutable quant à elle. Cette stratégie de double accélération donne le sentiment d’une immobilité fulgurante au sens de Rosa, ou mieux, d’une accélération immobile. Plus on accélère, moins on avance. Sauf que cette situation ne vient pas d’une impuissance de la politique mais d’une stratégie délibérée de course en avant jointe à une vision excessivement optimiste des capacités de la technologie à réparer ses propres maux. On fait mine d’accélérer, sans changer sur le fond le mode de vie source du réchauffement climatique : même mode de production, même mode de consommation, même course à la productivité, même croyance en une croissance indéfinie, même raisonnement en termes d’« innovations », d’« adaptation »25, de « compétitivité », d’« investissements » et de « marchés ». Il faut que tout change pour que rien ne change.
Accélérer et décélérer
Une autre voie est cependant possible, qui consiste à prendre conscience que l’impératif d’accélération politique n’implique pas nécessairement celui d’accélération technologique. Il faut déconstruire le couplage entre accélération politique et accélération technologique, qui est l’un des rouages centraux de la matrice accélérationiste décrite dans ce texte. Dans ce cadre de pensée, la politique ne fait que singer l’économie en se plaçant sur la même échelle de temps à court terme et sur le même tempo. Or on peut fort bien accélérer les décisions politiques, mais décélérer sur les plans technologique et économique — puisque ces deux plans sont étroitement corrélés l’un à l’autre : à savoir produire moins, travailler moins, consommer moins (de biens et d’énergie). C’est dans le courant de la décroissance que cet impératif de décélération est défendu avec le plus de vigueur. Après avoir comparé les sociétés cherchant à maximiser toujours plus la croissance à un bus qui accélère en roulant tout droit vers une falaise, Timothée Parrique en appelle à un « grand ralentissement », qui romprait avec la logique du productivisme et du consumérisme. En plus des décisions individuelles de frugalité et de sobriété, il défend la nécessité d’une politique de décroissance aboutissant à une économie stationnaire en harmonie avec son environnement — la vitesse de consommation et d’extraction restant inférieure à la vitesse de régénération des ressources naturelles.
Quand on sait que l’émission annuelle de CO2 par personne doit passer en France de dix tonnes actuellement à deux tonnes en 2050 pour espérer atteindre la neutralité carbone, l’idée de réduire sensiblement la production et la consommation ne semble pas déraisonnable, quand bien même la question de savoir si un tel bouleversement est possible dans le cadre du capitalisme en place reste ouverte26. La société de post-croissance n’est ni un retour en arrière à l’ère préindustrielle et à ses maux (maladies, pauvreté, etc.), ni un arrêt. Les innovations continuent mais elles doivent servir à vivre mieux, notamment à réduire le temps de travail et à en améliorer les conditions27. Assurément, cette voie n’est pas encore à l’ordre du jour dans les travaux du GIEC, dont le dernier rapport n’envisage jamais sérieusement l’idée de décroissance et n’emploie que timidement la notion de « sufficiency », euphémisme pour la sobriété28. Pourtant, il est illusoire de croire que l’on pourra faire face aux enjeux climatiques grâce aux seules innovations technologiques sans un réel effort de sobriété29.
L’innovation, vocable qui a remplacé celui de « progrès », est à double-tranchant. Elle apporte des solutions (comme l’isolation des bâtiments, les pompes à chaleur, etc.), tout comme elle fait croire qu’on peut continuer à consommer de l’énergie comme avant (par exemple en espérant remplacer le kérosène par l’hydrogène). Même les technologies de production d’énergie renouvelable ont un coût écologique dû à la fabrication des panneaux solaires ou des éoliennes. Il ne s’agit pas de stopper l’innovation technologique, mais de la contrôler et le cas échéant de la ralentir en fonction de ses conséquences potentielles néfastes sur les conditions d’habitabilité présentes et futures de la planète. En d’autres termes, l’accélération politique de la lutte contre le réchauffement climatique sera d’autant plus efficace qu’elle s’accompagnera d’un ralentissement dans la course en avant du productivisme et du « progrès » technologique qui le suit comme son ombre.
Quels futurs pour la planète ?
Où cette stratégie politique peut-elle nous conduire à moyen et à long terme ? Il est difficile de répondre à ce type de question, s’il est vrai, comme le disait Hegel, que la philosophie ne saurait faire de prophétie. Limitons-nous pour conclure à une brève typologie des futurs possibles de notre planète. L’efflorescence des « utopies vertes » des années 1970, qui prônaient des économies locales organisées en petites communautés autosuffisantes et respectueuses de l’environnement, a laissé la place, après la prise de conscience croissante du réchauffement climatique des années 2000, à des dystopies qui brossent le tableau d’un futur apocalyptique, marqué par l’effondrement des sociétés et l’accumulation de catastrophes naturelles30. On trouve aujourd’hui cette sombre vision du futur aussi bien dans les discours des collapsologues que dans des romans de science-fiction — c’est même devenu un genre à part entière, celui des « climate fictions ».
Certains historiens pointent également la menace d’un néofascisme climatique caractérisé par le nationalisme, le survivalisme et le repli derrière les frontières31. En contre-point de ce futur apocalyptique, le futurisme technologique évoqué plus haut promet un avenir en continuité avec le présent, où la technologie — les énergies renouvelables, la géo-ingénierie, la digitalisation, etc. — permet à la fois une « atténuation » du réchauffement et une « adaptation » à ses conséquences. En dépit de ses technologies dites « de rupture », un tel avenir ne remet pas foncièrement en cause le mode de vie économique et culturel centré sur la production et la consommation.
C’est souvent pour briser cette vision par trop rassurante de l’avenir, dénoncée comme fausse et irresponsable, qu’est brandi un futur aux couleurs apocalyptiques. Entre ces deux représentations opposées, qui sont bien entendu des idéal-types comportant de nombreuses variantes, il y a un espace pour des futurs de post-croissance qui ne cèdent pas au fatalisme des collapsologues sans pour autant tomber dans l’optimisme excessif des chantres de l’innovation. En quoi ce type de futur est-il désirable ? On admettra qu’au-delà de la satisfaction des besoins fondamentaux, la (sur)consommation n’a jamais fait le bonheur des individus. Il existe par contre une sobriété heureuse, qui n’est pas synonyme de privation et de manque. Et à une époque où la valeur du travail est de plus en plus remise en question (« early retirement », « Great Resignation », « quiet quitting », etc.), l’idée de ralentir la production — qui implique de travailler moins mais mieux, d’avoir plus de loisir — est dans l’air du temps. Une société de post-croissance serait ainsi à la fois une utopie verte et une utopie du temps libre32, deux imaginaires de l’avenir que la crise du réchauffement climatique fait converger l’un vers l’autre.
Sources
- « Summary for Policymakers » et « Mitigation of Climate Change », 6ème rapport du GIEC, 2022.
- « Plan de sobriété énergétique », Publication du gouvernement français, 6 octobre 2022.
- Site officiel du gouvernement fédéral allemand, 7 novembre 2023.
- « EV Acceleration Challenge », Site officiel de la Maison blanche.
- « Remarks by President Biden at “Accelerating Clean Technology Innovation and Deployment” Event », Site officiel de la Maison blanche, 2 novembre 2021.
- « Poutine demande à son gouvernement d’accélérer le déploiement de l’intelligence artificielle », Sud Ouest, 7 septembre 2023.
- « Accelerationism », China Digital Space.
- François-René de Chateaubriand, Essai sur les révolutions (1797), préface de 1826, Gallimard, 1978, p. 15.
- Karl Marx, La Lutte des classes en France (1850), Œuvres IV, Gallimard, 1994, p. 319.
- Romain Gary, La nuit sera calme, Gallimard, 1974, p. 97.
- Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps, La Découverte, 2010, p. 326-374.
- Hartmut Rosa, Résonance. Une sociologie de la relation au monde, La Découverte, 2018, p. 254.
- Jean-Baptiste Fressoz, Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie, Seuil, 2023.
- Cette notion désigne le fait que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les multiples indicateurs qui mesurent les impacts destructeurs de l’homme sur la nature augmentent selon des courbes aux allures exponentielles (je me permets de renvoyer sur ce point à mon ouvrage L’accélération de l’histoire. Des Lumières à l’Anthropocène, Seuil, 2022, chap. 6).
- « Summary for Policymakers », Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change, 2021, p. 13.
- Paolo Gerbaudo, « La décennie de l’État : pourquoi le monde post-pandémique restera interventionniste », Politiques de l’interrègne, Gallimard, 2022, p. 268.
- Manifeste disponible sur le site officiel du mouvement « éco-modernisme ».
- Discours cité plus haut, note 5. Le programme Glasgow Breakthrough, créé lors de la COP 26, vise à « accélérer l’action internationale » pour développer des « technologies propres et soutenables ». Breakthrough Agenda.
- Je reprends une formule de J.-B. Fressoz, Sans transition, p. 36.
- « Les stratégies d’accélération », Portail de la Direction générale des Entreprises.
- Hervé Kempf, Le nucléaire n’est pas bon pour le climat, Seuil, 2022.
- « L’empreinte carbone du numérique », ARCEP, 21 octobre 2019.
- J’emprunte l’expression au poème « Le cimetière marin » de Paul Valéry, qui l’emploie en référence au paradoxe de Zénon d’Élée contre le mouvement.
- « Mieux produire », Site officiel du gouvernement français, 27 janvier 2023.
- L’impératif « Il faut accélérer ! » devient une variante de l’impératif néolibéral « Il faut s’adapter ! ». Barbara Stiegler, « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique, Gallimard, 2019.
- Andreas Malm, L’anthropocène contre l’histoire. Le réchauffement climatique à l’ère du capital, La Fabrique, 2017.
- Timothée Parrique, Ralentir ou périr, Seuil, 2022, chap. 7.
- Jean Baptiste Fressoz, Sans transition, p. 316.
- « La sobriété — sous toutes ses formes — est nécessaire, la technologie ne suffira pas à résoudre le problème, ni maintenant ni à l’horizon 2050 ». « Matière à penser sur la sobriété », Académie des technologies, 27 juin 2023, p. 13.
- Lisa Garforth, Green Utopias. Environmental Hope Before and After Nature, Polity Press, 2017.
- Rodrigo Turin, « Antropoceno e futuros presentes : entre regime climático e regimes de historicidade potenciais », Topoi, v. 24, n. 54, 2023, p. 703-724.
- Christophe Bouton, L’accélération de l’histoire, chap. V.