Asie septentrionale

Long format

Pour affirmer sa domination, l’URSS a mené une série de déplacements de population forcés tout au long de son existence. En Europe orientale, les mémoires de ces déportations constituent, à des degrés variables selon les pays, un socle commun des identités nationales.

Dans un nouvel épisode de notre série «  Violences impériales  », Céline Marangé interroge Alain Blum, Catherine Gousseff et Emilia Koustova sur les déportations staliniennes avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

Pour contrer l’Occident, l’architecte intellectuel de la ligne dure du Kremlin a un concept  : la «  Majorité mondiale  ». Dans un rapport en 55 pages, Sergueï Karaganov expose point par point sa stratégie pour «  articuler les échelles  », arsenaliser le Sud global et assurer l’hégémonie russe sur la planète. Nous publions intégralement et pour la première fois en français le document de politique étrangère russe le plus complet et le plus important depuis la doctrine Primakov—commenté par Marlène Laruelle.

En appel de sa condamnation, l’opposant Vladimir Kara-Murza n’a pas eu le droit de s’adresser physiquement au tribunal. Des profondeurs de la colonie pénitentiaire où l’a enfermé illégalement le régime de Poutine pour avoir critiqué la guerre, il a envoyé une déclaration écrite. Son message est simple et doit être entendu  : Poutine ne représente pas ces Russes qui résistent. Face au dictateur, il y aura une Russie d’après.

1 600 morts par jour.

En Europe, les grandes Purges de 1937-1938 sont connues pour leurs procès truqués et médiatisés et marquent le tournant stalinien d’épuration du parti. Mais la Grande Terreur n’a pas simplement visé les cadres du PCUS  : elle a aussi et surtout éliminé des centaines de milliers de Soviétiques, considérés comme une menace selon des critères socio-ethniques. Dans cette étude fouillée, Nicolas Werth tente de retrouver qui ils furent.

L’Holodomor — l’extermination par la faim de 4 millions d’Ukrainiens — a façonné l’identité ukrainienne.

Mais elle n’est pas la seule famine de l’ère soviétique. Le règne de Staline a été marqué par les dernières grandes famines européennes, intentionnellement orchestrées pour certaines, oubliées pour la plupart. Dans une étude fouillée, Nicolas Werth fait le point et relève les dernières avancées de l’historiographie.

Alors que la guerre territoriale en Ukraine et les rivalités entre puissances étatiques prennent de plus en plus de place, Daesh nous rappelle qu’un courant non-westphalien irrigue la recomposition géopolitique contemporaine. Selon l’auteur de La Colère et l’oubli (Gallimard, 2023), dans «  la première guerre mondiale de l’information  », le djihadisme joue un rôle crucial.

Soviétiser des espaces immenses, impossibles à parcourir.

Dans des travaux pionniers, Isabelle Oyahon a montré comment les famines intentionnelles et la sédentarisation forcée des nomades ont façonné brutalement l’Asie centrale. À partir du cas du Kazakhstan, elle dresse une vaste généalogie jusqu’à nos jours — et la longue absence de loi mémorielle sur cette histoire oubliée.

Pour pénétrer dans les contradictions du système qui a permis à Poutine d’obtenir plus de 88  % des voix, il suffit d’analyser d’un œil critique les nombreuses images des Russes aux urnes qui circulaient sur Telegram et les médias du régime. On en tire une leçon  : c’est parce que le processus est une farce que le carnaval devient la seule forme d’engagement possible avec l’élection.

Pas d’opposition, pas de campagne. Le 29 février dernier, devant l’Assemblée fédérale de Russie, Poutine n’a pas menacé le monde d’une attaque nucléaire. Il s’est d’abord adressé aux Russes qui votent aujourd’hui — et qui le rééliront majoritairement. Alors que la Russie est prise dans une guerre qui s’étend à l’Ouest, Poutine multiplie les annonces chimériques et promet aux Russes une vie normale.

Le socle du régime politique russe n’est pas au Kremlin.

Si l’issue de cette élection est déjà connue, ses résultats ne seront pas simplement truqués depuis Moscou  : aujourd’hui, des centaines de milliers de Russes font fonctionner la machine électorale. Dans une analyse en sept points, Anna Colin Lebedev nous aide à décoder les signaux faibles au cœur de ce processus et à comprendre le sens politique de cette séquence.