Comptes-rendus


Dans son nouvel essai, Leader per forza (Rizzoli), l’ancien chef de cabinet de Mario Draghi et de Paolo Gentiloni explique pourquoi les meilleurs leaders le deviennent souvent par nécessité. Dans cette conversation pleine d’anecdotes sur ses mois passés au Palazzo Chigi, l’ancien conseiller du Président du Conseil réfléchit à la crise de la démocratie et aux solutions possibles face à la montée des autocraties.

L’historien Hans-Lukas Kieser signe une biographie sur Talaat Pacha, acteur majeur de la Révolution des Jeunes Turcs qui a recentré les intérêts de l’Empire ottoman vers l’Asie Mineure tout en radicalisant la politique antichrétienne d’Istanbul — avant d’être l’initiateur et l’architecte du génocide arménien.

En France, ses livres sont qualifiés «  d’inclassables  ». Depuis plus de dix ans, David van Reybrouck donne la parole à des acteurs méconnus de l’histoire, à travers la collection de milliers de témoignages oraux. Avec lui, nous sommes revenus longuement sur son travail et sa méthode à l’occasion de la traduction en français de Revolusi, consacrée à la mémoire de l’indépendance indonésienne.

«  Quand je voyage à l’étranger, je constate qu’il y a en France une véritable obsession de l’histoire. Pourquoi notre identité est-elle à ce point historique  ?  » Dans son dernier ouvrage, Gérard Araud se fait historien  : l’ancien ambassadeur revient sur les occasions diplomatiques manquées de l’Europe de l’entre-deux guerres — de Versailles à Munich.

La période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale a vu le capitalisme se transformer en profondeur. Mais ces évolutions n’étaient pas structurellement déterminées  : si la trajectoire du capitalisme a pu s’ancrer dans certaines démocraties jusqu’à finir par écarter tous les modèles rivaux, c’est à travers une série de raisons contingentes que Krishnan Nayar explore dans son dernier livre. Un compte-rendu signé Branko Milanovic.

«  Pour produire un effondrement, il faut que différentes élites s’affrontent et que l’une d’entre elles s’assure le soutien du «  peuple  » pour l’emporter.  » Branko Milanovic a lu le dernier ouvrage de Peter Turchin dont l’ambition est de dresser une histoire quantitative des inégalités — un modèle qui correspond presque trop bien à la réalité des États-Unis aujourd’hui.

Alors que la pièce de Suzie Miller arrive à Broadway après avoir connu un succès mondial, Agathe Cagé et Elsa Guippe s’interrogent sur le peu de réactions que Prima Facie a suscité en France. Elles appellent à suivre l’exemple de la Suède et de l’Espagne pour faire évoluer le système judiciaire et garantir les droits des femmes pour décharger la victime de viol de la charge de la preuve — une évolution qui passera nécessairement par l’implication de la société civile.

À partir de son livre Le Catene della destra (Les chaînes de la droite), le directeur d’Il Foglio analyse les premiers pas du gouvernement de Meloni et certains de ses choix des derniers, moins extrémistes que prévu  : «  comme tous les changements soudains, celui-ci laisse aussi quelque chose en suspens.  »

Il s’attarde ensuite sur les défis plus généraux pour la politique dans une société post-pandémique, en critiquant très durement l’élite de son pays  : «  Il y a eu pendant trop longtemps une classe dirigeante que j’aime appeler la « classe digérante », qui, au lieu de diriger, a digéré tout ce qui s’est passé et l’a ensuite justifié.  »