Comptes-rendus


Que peut nous dire l’histoire de la violence de masse au XXe siècle — et notamment l’histoire de la Première Guerre mondiale — du conflit ukrainien  ? Depuis février 2022, Stéphane Audoin-Rouzeau ne cesse de souligner combien l’Europe pâtissait d’avoir oublié le «  risque  » de la guerre, au point de discuter de ces questions avec Hervé Mazurel dans un livre. Dans un entretien fouillé, il revient sur son approche de la violence, ses méthodes et ses inquiétudes.

Relais de plus en plus assumé de la puissance publique, le droit s’étend — il transperce les frontières nationales. À l’occasion de la sortie de son dernier livre, Laurent Cohen-Tanugi échange avec Nicolas Dufourcq et Jean-François Bohnert sur la manière dont les États-Unis, l’Union européenne et la Chine ont usage géopolitique de leurs systèmes juridiques.

Si les politiques d’austérité ont pu être décrites comme des politiques irrationnelles manquant — en apparence — de remplir leurs objectifs économiques, on peut au contraire les comprendre comme des réactions visant à défendre le capitalisme lorsque celui-ci est en crise, lorsque ses piliers, la propriété privée et la relation salariale, sont menacés par la masse ouvrière. Telle est la thèse de cet ouvrage de Clara Mattei, qui explore ici la période des «  années rouges  » (1918-1920), qui voit l’émergence de ces politiques d’austérité, à travers les cas britanniques et italiens.

Dans son nouvel essai, Leader per forza (Rizzoli), l’ancien chef de cabinet de Mario Draghi et de Paolo Gentiloni explique pourquoi les meilleurs leaders le deviennent souvent par nécessité. Dans cette conversation pleine d’anecdotes sur ses mois passés au Palazzo Chigi, l’ancien conseiller du Président du Conseil réfléchit à la crise de la démocratie et aux solutions possibles face à la montée des autocraties.

L’historien Hans-Lukas Kieser signe une biographie sur Talaat Pacha, acteur majeur de la Révolution des Jeunes Turcs qui a recentré les intérêts de l’Empire ottoman vers l’Asie Mineure tout en radicalisant la politique antichrétienne d’Istanbul — avant d’être l’initiateur et l’architecte du génocide arménien.

En France, ses livres sont qualifiés «  d’inclassables  ». Depuis plus de dix ans, David van Reybrouck donne la parole à des acteurs méconnus de l’histoire, à travers la collection de milliers de témoignages oraux. Avec lui, nous sommes revenus longuement sur son travail et sa méthode à l’occasion de la traduction en français de Revolusi, consacrée à la mémoire de l’indépendance indonésienne.

«  Quand je voyage à l’étranger, je constate qu’il y a en France une véritable obsession de l’histoire. Pourquoi notre identité est-elle à ce point historique  ?  » Dans son dernier ouvrage, Gérard Araud se fait historien  : l’ancien ambassadeur revient sur les occasions diplomatiques manquées de l’Europe de l’entre-deux guerres — de Versailles à Munich.