Entre Roumanie et Ukraine, y a-t-il territoire plus européen que la Bucovine ? Son centre, Czernowitz, est comme un manuscrit ; les strates de ses époques autant de mythes. C’est dans cet espace complexe et composite que Galyna Dranenko nous invite à poursuivre notre Grand Tour.
Qu’est-ce qu’un monde où l’on ne peut plus se fier à la parole d’autrui ? Politique, commerciale ou scientifique — plus la valeur de la parole se dégrade, plus nous peinons à « faire société ». Pour surmonter ce discrédit et lutter contre les violences qu’il engendre, il faut retrouver dans la cité les conditions du parler vrai.
Une pièce de doctrine d’Alain Supiot.
L’autrice de La langue géniale peut l’admettre aujourd’hui : la Grèce dont elle nous parle est fantasmée, imaginaire. En Méditerranée, lieu d’une souffrance continue, la Grèce fait figure d’exception, par son antiquité glorieuse et sa langue, mais aussi par les échelles qu’elle mobilise. Pour les saisir, il faut voyager dans le temps — y compris dans les époques les plus méconnues.
Est-il seulement possible de se perdre dans le tracé politique d’une ville ? Des Guelfes noirs au Comité invisible, l’espace public est un défi lancé aux corps dans la cité.
Une pièce de doctrine signée Patrick Boucheron.
Dans ce nouvel épisode de notre série Grand Tour, Javier Cercas revient sur son enfance passée en Espagne — entre l’Estrémadure natale et la Catalogne d’adoption. À travers ce double déracinement géographique et spirituel qui l’a guidé vers la littérature, l’auteur de Soldats de Salamine interroge les notions d’identité et de patrie. Il médite sur la diversité culturelle et linguistique de l’Espagne, largement méconnue en Europe.
Trois expositions, de la Toscane à la Vénétie en passant par l’Emilie Romagne, permettent d’apprécier au plus près l’immense et prolifique génie de Donatello.
Si Florence accueille une rétrospective d’ampleur, Venise et Ferrare ont le mérite de nous surprendre. A la Ca’ d’Oro, beaucoup de nouveautés viennent directement se confronter aux chefs d’œuvre des collections permanentes d’un musée de référence. Enfin, à Ferrare la qualité du travail de Dossena vient témoigner de l’éternel renouvellement du génie artistique italien, et nous rappelle que l’histoire de l’art, face aux vaines tentatives d’en faire une science exacte, n’a pas fini de nous réserver des surprises.
La désarticulation de la sécurité nationale et de la sécurité humaine devient de plus en plus visible. La ville en est le lieu privilégié. Les menaces directes liées au réchauffement climatique nous affectent tous. C’est une révolution : ce qui nous menace devient plus important que ce qui nous réunit. Saskia Sassen entrevoit pour l’avenir une nouvelle forme de ville ouverte.
Notre histoire est faite de notre relation tumultueuse avec l’espace public et le monument. Né du mariage forcé du temple et de l’agora, le parvis – et par extension la place – a entretenu l’esprit du sacré au cœur de l’agitation urbaine. L’architecture du pouvoir, éclatante et manifeste, révèle tranquillement le pouvoir de l’architecture. Pourtant, ce pouvoir mystérieux ne doit rien aux dieux – simples passagers. Il tient de ses murs-mêmes et non de ce qu’ils renferment.
Expression spatiale la plus forte de ce souci de soi qui constitue la personne moderne, la chambre — plus petite des échelles de l’habiter — est peut-être l’atome de la démocratie. Une pièce de doctrine signée Michelle Perrot.
« En Équateur, il se passe constamment des choses étonnantes », une conversation avec Philippe Descola
AmériquesC’est en Amazonie que Philippe Descola a découvert en lui cette « envie d’étudier des peuples qui seraient heureux dans la forêt ». Pour ouvrir notre série d’été, nous avons interrogé l’anthropologue sur le rapport puissant qu’il entretient avec l’Équateur, pays farouchement original dont il faudrait « une demie douzaine de vies » pour faire l’ethnographie totale. Il nous embarque, en bateau ou à bord d’un avion militaire, dans un voyage qui dure de 1974 à aujourd’hui.