Ses films sont autant de quêtes dans lesquelles les conversations entre personnages soulèvent progressivement de nouveaux secrets. Avec Nuri Bilge Ceylan, le présent est toujours lourd du passé — tandis que, dans son cinéma, se dessine l’image d’une Turquie des marges, provinciale et frappée par l’exode de la jeunesse.
En donnant la parole au dernier empereur aztèque, Moctezuma II, Italo Calvino livre une réflexion profonde, drôle et surprenante sur la concurrence des histoires et des temps. Une conversation impossible que nous vous offrons pour ce lundi de Pâques — à lire en attendant l’ère du serpent à plumes.
Le Cours de poétique que Paul Valéry dispensa pendant près de huit au Collège de France ne parle qu’accessoirement de poésie. Son ambition est autre : faire une anthropologie de l’esprit, de celui de l’être biologique à celui de l’être social. Désormais accessibles grâce au travail de William Marx, les leçons comme celle prononcée le 21 janvier 1938, que nous publions en intégralité, sont représentatives de cet effort — et constituent aussi l’une des meilleures introductions à la pensée de Paul Valéry.
Proust et Joyce sont comme Trieste et Venise : proches mais séparés culturellement. Pourtant, ils partagent un rapport étroit entre l’intériorité du moi et le contexte politique dans lequel ils inscrivent leurs grandes histoires. Au Palais Farnèse, Anna Isabella Squarzina, autrice de plusieurs travaux de référence sur Marcel Proust, dialogue avec Samuel Slote, spécialiste de James Joyce. Alors que nous commémorons les cent ans de la mort de l’auteur de La Recherche, cet entretien célèbre « un nouveau Proust ».
Les fictions extraordinaires prennent-elles toujours naissance dans des grottes ? Dans cet entretien fleuve, Horacio Castellanos Moya, l’écrivain le plus emblématique du Salvador, revient avec Florent Zemmouche sur les conditions dans lesquelles ont émergé ses romans — le long d’une vie d’exils, passée à lire et à recueillir des témoignages.
Au début de l’été, l’écrivain letton Jānis Joņevs s’est rendu à Kyiv, « capitale du monde ». Il tire de son séjour ukrainien, dans les reliefs incandescents de la guerre, ce texte puissant écrit dans son style unique.
« C’est l’ennui politique suisse qui fait la force de son système », une conversation avec Giuliano da Empoli
EuropeSa neutralité et l’efficacité de son système politique fascinent. Comment expliquer la permanence de l’image d’une Suisse comme refuge où règne la paix ? L’écrivain Giuliano da Empoli explore dans son Grand Tour ce modèle unique. Pour l’auteur du Mage du Kremlin, cette « anti-Russie » a réussi un tour de force singulier : dompter la bête féroce du pouvoir pour en faire un animal de compagnie.
Avant l’arrivée des Européens, chez les Baruya, il existe une forme d’architecture sans pour autant qu’il n’existe d’architectes. Chacune et chacun dans sa jeunesse apprend de ses aîné(e)s comment faire une maison, comment en choisir les matériaux, les ajuster, comment rechercher la solidité de l’édifice, la protection contre le froid, l’évacuation de la fumée du foyer… Avant la naissance des villes, des États et des sociétés à castes, à ordres ou classes sociales hiérarchisées, il est possible que nous ayons traversé une ère d’architecture sans architectes.
Un paysage urbain peut-il nous faire connaître le caractère d’une ville ? Comment se modifie l’organisme que forme la cité ? Quelles qu’en soient les causes, son évolution est visible à travers cette longue suite de figurations laissée par les siècles. Cet article est publié dans le cadre d’une série en partenariat avec Le Visiteur.
Entre l’Italie et la France : les montagnes. Au coeur de l’Europe, les cantons suisses comme analogie de l’Union européenne qui, malgré quatre langues, des religions et confessions multiples, forment un pays souvent pris pour exemple. L’historien et philosophe Carlo Ossola nous raconte sa découverte de la Suisse et médite sur son histoire et son modèle politique.