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Archevêque de Juba
Connu comme un homme de paix et de réconciliation dans un pays touché par la guerre civile et l’extrême misère, il représente la ligne prophétique, dessinée par le pape François, d’une Eglise «hôpital de campagne».
Cardinal électeur
Né à Ido, dans la province d’Équatoria-Oriental du Soudan dans le territoire du futur Sud-Soudan, il fréquente d’abord le petit séminaire de sa ville natale et de Wau, puis rejoint le Grand séminaire national Saint-Paul à Juba pour sa théologie (1988-1991). Il est ordonné prêtre le 21 avril 1991 à Torit. De 1991 à 1993 il effectue diverses tâches pastorales à Khartoum, capitale du Soudan. Il poursuit ses études à Rome, à l’université pontificale urbanienne, la grande université missionnaire, dont il est docteur en théologie dogmatique grâce à une thèse sur le dialogue interreligieux et la réconciliation au Soudan (1993-1997). Il retourne ensuite dans son pays comme professeur, puis doyen et recteur du séminaire national de Juba. Il enseigne également dans d’autres structures, et devient vice-chancelier pour l’administration et les finances de l’Université catholique du Sud-Soudan en 2016, après l’indépendance du pays (2011). Il vient encore en aide à son pays en s’impliquant dans des ONG humanitaires : consultant pour la SONAD (Sudanese Organisation for Non-violence and democracy), fondateur et conseiller de l’Horiok Community Association and Development (HODA), consultant et aumônier de la Women A.. Organization (WOA) de Juda.
Choisi par le pape François pour devenir évêque de Torit, sa ville natale (un diocèse resté vacant 5 ans), il est consacré évêque en mars 2019 par l’archevêque de Juba, Paulino Lukudu Loro (1940-2021), qui occupait ce siège depuis 1983, mais est rapidement choisi pour succéder à ce dernier (décembre 2019). Sa nomination entraîne une forte opposition locale de l’ethnie Bari, car Mgr. Mulla est d’une ethnie différente, Otuho. Le pape François ne cède pas à la pression et le confirme comme archevêque en mars 2020. Il devient également, à titre provisoire, administrateur apostolique des diocèses voisins de Torit et Wau. En septembre 2023, à l’occasion du 12e anniversaire de l’indépendance du Sud-Soudan, François décide de le créer cardinal, avec le titre nouvellement créé de cardinal-prêtre de Sainte-Gemma-Galgani. Il devient le premier cardinal originaire de son pays, récemment indépendant. Ce n’est pas le premier signe de la sollicitude pastorale du pape pour ce pays meurtri par les guerres civiles et l’extrême pauvreté : dans un geste saisissant, François avait embrassé les pieds du président Salva Kir et de son vice-président Riek Machar pour les supplier de trouver un accord de paix. En février 2023, le pape avait achevé son voyage apostolique en Afrique par la visite du pays, organisée par Mgr. Mulla. À la Curie romaine, il est membre du Dicastère pour la doctrine de la foi.
Le cardinal Juba est avant tout connu comme un homme de paix et de réconciliation dans un pays touché par la guerre civile et l’extrême misère. Conservateur en théologie morale, il est en même temps en faveur de la synodalité. Du fait de l’importance de la foi chrétienne au Sud-Soudan, où elle sert de ciment national dans un pays ethniquement très divisé, il est une figure respectée et écoutée. Prélat d’une Eglise ultra-périphérique, issu d’un pays martyr, il représente la ligne prophétique, dessinée par le pape François, d’une Eglise “hôpital de campagne”.
