- Date de naissance (âge) : Né le 21 septembre 1953 (72 ans)
- Lieu de naissance : Geseke, Allemagne
- Nationalité : Allemand
- Formation : Université de Paderborn ; Paris, université de Bochum (doctorat) ; université Wilhelm de Münster
- Fonctions dans l’Église : Archevêque de Munich et Freising
- État ou ordre : Prêtre séculier
- Rang : Cardinal-prêtre du titre de Saint-Corbinien
- Cardinal électeur depuis le : 2010 (nommé par Benoît XVI) ; a participé au conclave de 2013
- Cardinal électeur jusqu’au : 21 septembre 2033
Carrière
Fils d’un maître-serrurier, il est né à Geseke, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il se destine au sacerdoce et étudie la théologie à l’université de Paderborn, ainsi qu’à Paris, où il rencontre le futur cardinal Philippe Barbarin. Il est ordonné prêtre le 2 juin 1979 pour le diocèse de Paderborn par son archevêque, le futur cardinal Johannes Degenhardt (1926-2002). D’abord vicaire à Arolsen, il poursuit ensuite la voie universitaire : en 1989, il est docteur en théologie de l’université de Bochum, avec une thèse d’ecclésiologie. Il devient ensuite directeur de l’Institut Kommende de Dortmund, une institution d’enseignement ; chapelain de Sa Sainteté (“monsignore”) en 1993, il est nommé en 1996 professeur d’éthique sociale de l’Eglise à l’université de Paderborn.
En juillet 1996, Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Paderborn, et il reçoit la consécration épiscopale ; en décembre 2001, il est transféré évêque de Trêves, le plus ancien diocèse d’Allemagne. En novembre 2007, Benoît XIV le nomme archevêque de Munich et Freising, un siège métropolitain important qu’il avait lui-même occupé entre 1977 et 1981, pour succéder au cardinal Friedrich Wetter. En novembre 2010, il le nomme cardinal, avec le titre de cardinal-prêtre de Saint-Corbinien (le saint patron de la Bavière), créé spécialement pour lui. Il est alors à 57 ans le plus jeune cardinal du Sacré Collège, et fait figure de spécialiste de la doctrine sociale de l’Eglise. Il rejoint comme membre divers dicastères de la Curie (Congrégations pour les Eglises orientales et l’Éducation catholique ; Conseil pontifical “Justice et Paix”). En 2012, il est élu président de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE), qui représente les évêques auprès de l’Union européenne : sa stature internationale s’en voit accrue, et lui fait prendre des engagements résolument pro-européens, critiquant par exemple le Brexit. Peu après son élection, François le nomme membre du “C8” (futur “C9”), composé de cardinaux éminents issus des 5 continents chargés de le conseiller spécialement et de l’aider à réformer la Curie, et il est renouvelé à ce poste en 2020. Depuis 2014, le pape l’a chargé d’être le coordinateur du Conseil pour l’Economie, organisme de la Curie romaine entièrement refondu. Entre 2014 et 2020, Marx est également président de la Conférence épiscopale allemande, élu après un vote très disputé, au 5e tour de scrutin. C’est là le reflet de prises de position de plus en plus progressistes, soutenant une évolution possible de la doctrine de l’Eglise sur les questions morales lors des deux sessions du Synode sur la famille en 2014-2015. Surtout, il apparaît comme l’initiateur et la cheville ouvrière du Chemin synodal allemand, lancé en 2019 en réponse à un rapport dévastateur sur les abus sexuels. Le Chemin synodal est poursuivi par le comité central des catholiques allemands, qui propose bientôt son propre rythme de réformes radicales d’ampleur sur la doctrine, la discipline et la gouvernance de l’Eglise, au point de se voir contesté à Rome, et freiné par François lui-même. En 2021, devant les scandales d’abus sexuels qui atteignent son diocèse, le cardinal présente sa démission de l’archevêché de Munich au nom de la faillite collective de l’Eglise allemande, mais le pape refuse sa démission et lui demande de rester en poste. Il se tient depuis plus en retrait dans ses positions publiques.
Profil
Le cardinal Marx, qui a longtemps tenu le rôle de leader de la très influente et riche Église d’Allemagne, s’est également signalé comme l’un des cardinaux progressistes les plus demandeurs de changements disciplinaires et doctrinaux dans l’Église, avant de paraître quelque peu s’effacer, à son tour, devant une base plus contestataire : il a lui-même béni des unions homosexuelles, réclamé l’ouverture du diaconat aux femmes, considéré que le célibat sacerdotal devait être rendu facultatif, réclamé puis demandé d’accentuer le “tournant synodal” voulu par le pape. Spécialiste reconnu de la doctrine sociale de l’Eglise, il est totalement aligné sur les orientations prioritaires du pape François quant à l’accueil des réfugiés et l’urgence climatique. Intéressé par le rapport à la politique, il ne dédaigne pas prendre la parole sur des sujets de société, et a plus d’une fois sonné la charge contre l’AfD. En un clin d’œil homonymique, il a écrit un livre intitulé Das Kapital, dans lequel il expose son éthique sociale. Il a également été critiqué pour la richesse ostentatoire du diocèse de Munich et ses dépenses somptuaires. Habitué des coups d’éclat médiatiques, mais aussi homme d’influence et de réseaux, il est un des grands électeurs européens du courant progressiste.