← Voir tous les cardinaux

Cardinal Pierbattista Pizzaballa

Patriarche latin de Jérusalem

Franciscain, il est l'un des prélats les plus engagés dans le dialogue judéo-chrétien, en particulier depuis les massacres du 7 octobre.

Papabile
Sufficit tibi gratia mea Ma grâce te suffit
  1. Date de naissance (âge) : Né le 21 avril 1965 (60 ans)
  2. Lieu de naissance : Cologno al Serio, Italie
  3. Nationalité : Italien
  4. Formation : Petit séminaire de Rimini, séminaire franciscain d’Émilie-Romagne ; Rome, université pontificale Saint-Antoine ; université hébraïque de Jérusalem
  5. Fonctions dans l’Église : Patriarche latin de Jérusalem
  6. État ou ordre : Franciscain
  7. Rang : Cardinal-prêtre du titre de Saint-Onuphre du Janicule
  8. Cardinal électeur depuis le : 30 septembre 2023 (créé par François)
  9. Cardinal électeur jusqu’au : 21 avril 2045

Carrière

Né en Lombardie, issu d’un milieu rural, il entre jeune au petit séminaire de Rimini ; fait profession à 20 ans, en 1985, dans l’ordre des franciscains, où il prononce ses vœux perpétuels en 1989. Mis à part un diplôme de lettres classiques au séminaire archiépiscopal de Ferrare, il n’a été formé pour ses études supérieures que dans des institutions franciscaines : d’abord le séminaire franciscain d’Émilie-Romagne, puis à Rome, l’Antonianum, université pontificale franciscaine ; enfin à Jérusalem, le Studium Biblicum, où il obtient en 1993 une licence canonique en théologie biblique. Il est ordonné prêtre en 1990 par le cardinal Biffi, archevêque de Bologne très conservateur. 

Il met d’abord à profit ses compétences rares d’hébraïsant (hébreu biblique comme moderne) : professeur d’hébreu au Studium Biblicum de Jérusalem, il y est responsable de la traduction du missel romain en hébreu moderne en 1995. En 1999, il entre au service de la Custodie franciscaine de Terre Sainte – institution qui y maintient une présence catholique depuis le XIVe siècle : d’abord chargé de la pastorale d’un groupe très restreint, les catholiques de langue hébraïque (souvent des Israéliens convertis), et (mai 2001) supérieur du couvent franciscain de Jérusalem, en mai 2004, il est élu par ses frères Custode de Terre Sainte, chef de l’ordre franciscain au Proche-Orient, et réélu deux fois jusqu’en 2016 ; en 2005-2008, il est également vicaire patriarcal de Jérusalem. Il fait figure de spécialiste du dialogue judéo-chrétien, et organise notamment la prière pour la paix du pape François avec Shimon Peres et Mahmoud Abbas devant le mur des Lamentations en 2014. 

En juin 2016, à la suite de la démission du patriarche de Jérusalem pour le rite latin, Fouad Twal (né en 1940), il est nommé administrateur apostolique du patriarcat (consacré évêque à cette occasion), et le reste pendant une durée inhabituellement longue, jusqu’en 2020. C’est là le reflet de difficultés financières et de tensions multiples : d’une part entre tenants d’une Église traditionnellement pro-palestinienne, tournée vers le monde arabe, et partisans de l’élargissement de sa pastorale en direction de la société israélienne ; à ce conflit se surajoute ce qui a pu être perçu comme une mainmise des Italiens sur les postes ecclésiaux, vue comme un retour en arrière qui romprait avec les efforts d’inculturation en direction des Arabes chrétiens. Le pape François passe outre, et choisit bien Pizzaballa comme nouveau patriarche latin de Jérusalem en octobre 2020 : la nomination d’un Italien est un retour à la situation qui prévalait de 1847 à 1987. Pour appuyer son soutien, il le crée cardinal en septembre 2023, alors que le patriarcat latin de Jérusalem est traditionnellement un siège non-cardinalice, car il compte relativement peu de fidèles. À la curie romaine, il est membre du dicastère pour les Églises orientales et de la commission pontificale pour le dialogue avec le judaïsme ; en tant que patriarche, il est également président de Caritas Jérusalem (qui vient en aide aux populations des territoires palestiniens), et grand-prieur de l’ordre des chevaliers du Saint-Sépulcre. 

Profil

À bien des égards, ce papabile surprise est un outsider : imposé par François à la tête du patriarcat de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa peut-être défini comme résolument « franciscain » dans tous les sens du terme ; à la fois par son appartenance à l’ordre de saint François d’Assise qui a profondément nourri sa pensée, mais aussi par sa grande simplicité et proximité avec ses fidèles, qui lui confèrent un profil tout à fait bergoglien. Surtout, dans la guerre en cours à Gaza et en Cisjordanie, à la suite des massacres du 7 octobre, il est apparu comme une grande voix en faveur de la paix : un des prélats les plus engagés dans le dialogue judéo-chrétien, il a su forcer le respect de nombreux Israéliens ; dans un geste qui a fait sensation, il a proposé de s’offrir lui-même en otage dans la bande de Gaza en échange du retour d’enfants enlevés le 7 octobre ; il n’a pas craint de se rendre en personne à Gaza au plus fort de l’offensive israélienne, pour y visiter la paroisse catholique et y apporter de l’aide humanitaire. Par sa présence comme faiseur de ponts entre deux sociétés majoritairement non-chrétiennes et, à des titres divers, éprouvées dans leur chair, il tente d’incarner la fonction prophétique de l’Église, que François décrivait comme l’hôpital de campagne d’un monde meurtri.

Sa position dans le collège des cardinaux électeurs

Progressiste
Conservateur
Périphérique
Central