Trump et la Guerre Commerciale
L'Observatoire du Grand Continent → Découvrez toutes les données clefs
Évêque de l’éparchie gréco-catholique ukrainienne de Melbourne
Missionnaire polyglotte, attaché à une Église diasporique, le cardinal Bytchok est un symbole des orientations bergogliennes en tant que «faiseur de pont», mais il demeure un outsider.
Cardinal électeur
Né à Ternopil en Ukraine occidentale, il rejoint très jeune la congrégation des Rédemptoristes, s’engageant dans leur ordre dès juillet 1997. Après son noviciat et une formation sacerdotale en Pologne et en Ukraine, il y prononce ses vœux perpétuels en 2003. Il est ordonné prêtre le 3 mai 2005. Il est d’abord envoyé comme missionnaire en Russie, auprès des catholiques russe de rite oriental, à Prokopievsk (Sibérie occidentale). Il revient en Ukraine, à Ivano-Frankivsk (Ouest) où il est curé de paroisse, supérieur du monastère Saint-Joseph des rédemptoristes, et économe de la province rédemptoriste de Lviv. Entre 2015 et 2020, il séjourne aux Etats-Unis, où il est vicaire de la paroisse ukrainienne de Saint-Jean-Baptiste de Newark (New Jersey), un diocèse dont l’archevêque, le cardinal Tobin, partage la ligne du pape François. En 2020, le pape François le nomme évêque d’une éparchie (diocèse de rite catholique oriental) dans le monde occidental, l’éparchie St-Pierre-et-Paul de Melbourne, qui a juridiction sur tous les fidèles de rite gréco-catholique ukrainien en Australie, Nouvelle-Zélande et dans le reste de l’Océanie. Il reçoit la consécration épiscopale dans la cathédrale de Lviv en juin 2020 des mains de Mgr. Shevchuk, primat de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne. En décembre 2024, le pape François le crée cardinal, ce qui fait de lui le plus jeune cardinal, et le plus jeune (44 ans) à sa date de création depuis près d’un siècle (1927). Cette nomination étonnante peut être interprétée comme un coup médiatique du pape François, à qui il a été reproché de n’avoir pas créé cardinal Mgr. Shevchuk, archevêque majeur de Kiev, pour des raisons oecuméniques (les orthodoxes ne voyant pas d’un bon œil les Églises “uniates”) et géopolitiques (ne pas froisser la Russie). Le cardinalat de Mgr. Bytchok, moins exposé, est donc un geste de sollicitude pastorale en direction des Ukrainiens de la diaspora, et en même temps un discret message de soutien à l’Ukraine par des voies détournées. En janvier 2025, il est nommé membre du Dicastère pour la culture et l’Éducation à la Curie romaine ; il a également reçu des distinctions dans l’Ordre de Malte.
Missionnaire polyglotte, attaché à une Église diasporique, qui est à la fois périphérique par sa situation aux antipodes, son rite oriental et ses effectifs réduits (près de 7000 fidèles répartis dans 11 paroisses et très éparpillés), et centrale par les déchirements et l’exil auxquels elle renvoie, le cardinal Bytchok incarne beaucoup d’orientations bergogliennes. Ukrainien de naissance, de cœur et de langue liturgique, il a une expérience missionnaire en Russie comme aux Etats-Unis, avant l’Australie : c’est dire à quel point le pape François, en l’élevant de manière inattendue à la pourpre cardinalice, a promu un faiseur de ponts. Cela est peut-être aussi sa limite : d’un cardinal symbole, on ne fait pas un cardinal central, mais un outsider.
