- Date de naissance (âge) : Né le 4 juillet 1948 (75 ans)
- Lieu de naissance : Zakho, Irak
- Nationalité : Irakien
- Formation : Mossoul, séminaire Saint-Jean ; Rome, Institut pontifical oriental (doctorat en patrologie orientale) ; Paris, Sorbonne (doctorat en histoire)
- Fonctions dans l’Église :Patriarche de Bagdad, primat de l’Eglise catholique chaldéenne
- État ou ordre : Prêtre séculier
- Rang : Cardinal-patriarche
- Cardinal électeur depuis le : 28 juin 2018 (nommé par François)
- Cardinal électeur jusqu’au : 4 juillet 2028
Carrière
Né à Zakho dans le Kurdistan irakien, il grandit dans l’Eglise chaldéenne, une des 23 Eglises catholique de rite oriental, spécialement présente en Irak, et de rite syriaque oriental (à l’instar de l’Eglise assyrienne, présente également en Irak et très similaire dans ses traditions, mais quant à elle indépendante de Rome). À Mossoul, il entre au séminaire Saint-Jean, tenu par des dominicains. Il est ordonné prêtre le 9 juin 1974, et sert comme vicaire à la cathédrale de Mossoul jusqu’en 1979, où il est envoyé à Rome poursuivre ses études à l’Institut pontifical oriental, où il obtient un doctorat en patrologie orientale. Comme l’Irak laïque de Saddam Hussein refuse de reconnaître qu’un diplôme d’une université pontificale l’autorise à enseigner, il obtient un second doctorat en histoire dans une université laïque : la Sorbonne, à Paris. Il devient par la suite enseignant, et, de 1997 à 2002, recteur du séminaire patriarcal de Bagdad. Curé de paroisse à Mossoul pendant un an, il est ensuite élu par le synode chaldéen archevêque de Kirkouk, dans le Kurdistan irakien, élection confirmée par Jean-Paul II en 2003. Entre 2010 et 2013, il est également administrateur apostolique du diocèse voisin de Souleimaniye.
En 2013, il est élu par le synode des évêques de l’Eglise chaldéenne patriarche de son Église, avec le siège titulaire de Babylone des Chaldéens, et la résidence à Bagdad. Il succède au cardinal Emmanuel III Karim Delly (1927-2014). Il adjoint le nom de règne de Raphaël Ier à son prénom de naissance, Louis. Conformément aux règles en vigueur, le pape Benoît XVI ratifie ensuite son élection, tout en laissant à l’Église chaldéenne son autonomie de fonctionnement. Depuis la chute de Saddam Hussein, il fait face à l’exode massif des chrétiens irakiens sous l’effet des violences multiples. En 2014, le nouveau patriarche chaldéen se retrouve en première ligne face à l’avancée de l’Etat islamique qui s’empare de Mossoul, détruit sa cathédrale et persécute les chrétiens ; il dénonce vigoureusement la persécution des chrétiens comme des autres minorités religieuses, s’indignant à l’occasion des condamnations trop tièdes des instances islamiques. En 2015, dans un geste prophétique qui veut illustrer l’oecuménisme des martyrs, il propose d’unir l’Église catholique chaldéenne avec l’Eglise assyrienne de l’Orient, pour former une seule Église autonome, mais unie avec le pape, acceptant même de renoncer à son siège patriarcal au service de l’unité. Le patriarche de l’Eglise assyrienne, plus réduite, refuse cette fusion qui aurait signifié son absorption. En 2018, le pape François le crée cardinal, et membre de la Congrégation pour les Eglises orientales, comme du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (2019). Signe de faveur, le pape lui rend visite en Irak en 2021, et en profite pour rencontrer l’ayatollah Sistani, autorité suprême des chiites irakiens. Une fois Daesh vaincu, le cardinal Sako connaît à partir de 2023 un grand contentieux avec les autorités irakiennes qui décident de révoquer le décret le reconnaissant comme patriarche ; en signe d’opposition, il déménage son siège au Kurdistan irakien, région autonome aux velléités indépendantistes. Il accuse les partis chiites pro-iraniens et leurs milices d’être derrière cette vexation. Après 15 mois d’exil, il rentre à Bagdad et trouve un accord avec le Premier ministre Al Soudani. Mais cet épisode laisse des traces dans une Eglise chaldéenne qui connaît désormais des dissensions ouvertes, plusieurs évêques contestant la gouvernance de leur patriarche, décriée comme autoritaire.
Profil
Patriarche à la tête d’une Église martyre, le cardinal Sako incarne la condition difficile des chrétiens d’Orient, dont il a inlassablement défendu la cause et la voix dans l’Église comme dans les instances internationales. Prélat francophone et francophile, il dispose de nombreux relais dans l’Hexagone. Il fait figure d’expert dans le dialogue avec les hiérarques musulmans, en même temps qu’il est une figure autoritaire, à la forte personnalité. Comme bien des prélats catholiques orientaux, il est conservateur en théologie morale ; en revanche, il soutient l’inculturation liturgique, avec un usage accru de la langue véhiculaire arabe dans le rite de son Église, connu pour conserver l’araméen, la langue du Christ, dans les paroles de la consécration. Polyglotte, il parle lui-même néo-araméen, syriaque, arabe, français, anglais et italien. C’est un outsider qui incarne une des “périphéries” chères à François, celle des chrétiens minoritaires et menacés de disparition dans leurs terres ancestrales.