Cardinal Joao Braz de Aviz
Préfet émérite du Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée
Proche de la «théologie du peuple», il est un grand électeur de la tendance progressiste latino-américaine et un appui du pape François.
Cardinal électeur
Préfet émérite du Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée
Proche de la «théologie du peuple», il est un grand électeur de la tendance progressiste latino-américaine et un appui du pape François.
Cardinal électeurNé à Mafra, dans le Sud du Brésil, il étudie au séminaire de Curitiba (philosophie), et à la faculté de Palmas, avant de partir à Rome poursuivre ses études, à la Grégorienne (licence) et à l’université du Latran (doctorat en théologie dogmatique, obtenu en 1992). Il est ordonné prêtre en novembre 1972 pour le diocèse d’Apucarana, dans l’Etat du Parana (Sud). Il est d’abord vicaire de paroisse, puis curé, enfin recteur du séminaire diocésain d’Apucarana et Londrina, et professeur de théologie dogmatique à l’Institut Paul VI de cette dernière ville. Alors jeune prêtre, il est pris dans une fusillade crapuleuse, et reçoit des blessures graves à l’oeil, aux poumons et au ventre.
En avril 1994, Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Vitoria, dans l’Etat côtier d’Espirito Santo. Consacré évêque, il est transféré en août 1998 sur le siège de Ponta Grossa (Parana), puis promu en juillet 2002 archevêque de Maringa (même Etat), enfin nommé en 2004 archevêque de Brasilia, la capitale du pays, pour succéder au cardinal José Freire Falcao (1925-2021). Il y reste jusqu’en 2011, lorsque Benoît XVI l’appelle à la Curie comme préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, le Dicastère en charge de tous les ordres religieux dans le monde, tant féminins que masculins. En 2012, il est créé cardinal-diacre, et participe au conclave de 2013. À son poste, le pape François trouve en lui un allié, qui partage ses orientations plus qu’aucun autre prélat de la Curie de Benoît XVI : il le confirme donc à la tête de sa congrégation en mars 2014. Autre signe de faveur, il est président délégué de l’assemblée synodale lors du synode pour l’Amazonie de 2019 ; en 2022, son ancienneté et ses services l’élèvent au rang de cardinal-prêtre ; il est membre de 4 autres dicastères de la Curie. Lorsqu’il démissionne de la tête de son Dicastère pour raison d’âge, en janvier 2025, il voit une femme lui succéder, soeur Simona Brambilla, ancienne secrétaire (N°2) du même organisme : elle est la première femme nommée à la tête d’un Dicastère de la Curie. Par cette nomination inédite, avec laquelle Braz de Aviz est très certainement en accord, le pape François tire les conséquences de l’énorme prédominance numérique, à l’échelle mondiale des 600 000 religieuses sur les 177 000 religieux de l’Eglise catholique.
Le cardinal Braz de Aviz est un prélat de tendance nettement libérale, connu pour ses qualités d’organisateur efficace. Il a été proche de la “théologie du peuple”, la version modérée de la théologie de la libération latino-américaine, dont il a d’ailleurs critiqué les excès. Son prédécesseur au Dicastère pour les religieux, le cardinal Franc Rodé, bien plus conservateur que lui, l’a décrit comme proche du mouvement de laïcs des Focolari, qui suscite la méfiance des prélats conservateurs. Son œuvre de modernisation de la discipline ecclésiastique et des structures de pouvoir des religieux a été saluée, même si on lui a reproché son insistance sur la dimension apostolique et sociale de la vie religieuse, au détriment de sa dimension contemplative. Il est hostile à la messe traditionnelle en latin, et a mis des obstacles aux communautés qui souhaitaient l’adopter, comme les Franciscains de l’Immaculée. Il est en faveur de réformes synodales d’ampleur, et a critiqué l’infériorisation des femmes dans l’Eglise, et spécialement des religieuses, comme un système propice aux abus sexuels et spirituels. C’est en somme un grand électeur de la tendance progressiste latino-américaine, et un appui du pape François.