- Date de naissance (âge) : Né le 31 décembre 1947
- Lieu de naissance : Mayence, Allemagne
- Nationalité : Allemand
- Formation : Mayence, université Gutenberg ; Fribourg, université Albert Ludwig ; Munich, université Louis-et-Maximilien
- Fonctions dans l’Église : Préfet émérite de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
- État ou ordre : Prêtre séculier
- Rang : Cardinal-prêtre surnuméraire depuis 2024 ; auparavant cardinal-diacre de la diaconie du titre de Ste-Agnès in Agone
- Cardinal électeur depuis le : 22 février 2014 (créé par François)
- Cardinal électeur jusqu’au : 31 décembre 2027
Carrière
Fils d’un ouvrier, né à Mayence, où il passe une grande partie de sa jeunesse, il se destine simultanément au sacerdoce et à une carrière universitaire en théologie, qui le mène aussi dans les universités de Munich et Fribourg. Il soutient en 1977 une thèse de doctorat sur le pasteur protestant et grand résistant Dietrich Bonhoeffer, sous la direction du futur cardinal Karl Lehmann, le très influent chef de file des évêques progressistes allemands. Il est ordonné prêtre pour le diocèse de Mayence le 11 février 1978 par le cardinal Hermann Volk ; d’abord chargé de tâches pastorales dans trois paroisses, aumônier et enseignant en lycée, il est nommé en 1986 professeur à la chaire de théologie dogmatique de l’université Louis-et-Maximilien de Munich, une des plus réputées du pays. Il a été professeur invité dans de très nombreuses universités étrangères, et se signale en particulier comme un très bon connaisseur du monde hispanique. Entre 1998 et 2002, il est membre de la Commission théologique internationale, où l’appelle son véritable maître à penser, Joseph Ratzinger.
En octobre 2002, sur les conseils du cardinal Ratzinger, Jean-Paul II le nomme évêque de Ratisbonne, en Bavière. En 2007, son maître et ami Benoît XVI le nomme membre des Congrégation pour la Doctrine de la Foi (2007) et pour la Culture (2009). Chargé de l’édition scientifique des Opera Omnia de Benoît XVI, il est lui-même l’auteur de plus de 400 publications scientifiques. En juillet 2012, Benoît XVI élève son disciple au rang d’archevêque à titre personnel, et surtout le nomme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), le poste de gardien du dogme qu’il a lui-même occupé pendant 25 ans : manière assez claire de le désigner comme son héritier intellectuel. C’est pourtant du pape François qu’il reçoit sa barrette de cardinal-diacre en février 2014. À peu de choses près, c’est la dernière chose qu’il recevra du nouveau pape : après un mandat de 5 ans où les occasions de heurts n’ont pas manqué entre le pontife et le préfet du dicastère autrefois appelé la Suprema, il n’est pas renouvelé dans ses fonctions de préfet de la Doctrine de la Foi, et se retrouve donc à 73 ans cardinal électeur sans affectation, ce qui est une marque claire de disgrâce, les évêques ne partant qu’en retraite à 75 ans, et les cardinaux de curie, à 80. Ses critiques du pontificat, autrefois feutrées, s’en font plus dures au fil du temps, si bien qu’il apparaît désormais comme le chef de file des prélats “ultraconservateurs”, cardinaux ouvertement critiques de François, alors qu’il était vu comme un conservateur modéré au moment de sa nomination à Rome. En 2021, il a tout de même été nommé membre de la Signature apostolique, le Tribunal suprême du Saint-Siège, et a accédé en 2024 au rang supérieur de cardinal-prêtre.
Profil
Grand théologien ratzingérien, doté d’une véritable puissance intellectuelle, homme lige de Benoît XVI, le cardinal Müller fait figure aujourd’hui de véritable opposant à François, incarnant une ligne alternative très conservatrice et intransigeante sur les questions morales et de dogme, tout en relativisant les orientations berglogliennes sur les enjeux climatiques et migratoires. D’entrée de jeu, cependant, le cardinal Müller était perçu comme bien plus modéré : il a longtemps été personnellement proche de certains théologiens de la libération latino-américains, et a eu des paroles dures contre les traditionalistes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et la messe traditionnelle en latin, avant de critiquer fortement les restrictions que lui a apporté François. Il est clair qu’il a mal vécu sa mise à l’écart de la la CDF, qui est sans doute due en partie à des incompatibilités de caractère avec le pape : ce dernier aurait peu apprécié que Müller se donne pour tâche la “structuration intellectuelle” d’un pontificat qui en serait donc dépourvu. Toutes ces caractéristiques font de lui un grand électeur du camp ultra-conservateur.