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Archevêque de Téhéran-Ispahan
Plaidant pour le dialogue interreligieux avec le monde islamique, son élévation au cardinalat a été interprétée comme un signe que le Saint-Siège est conscient de l’importance géopolitique de l’Iran.
Cardinal électeur
Né à Arlon, en Belgique, où il effectue ses études secondaires, il entre à 20 ans dans l’ordre des franciscains, branche des Frères mineurs conventuels, dans leur noviciat en Allemagne. Il obtient la même année une licence de sciences économiques (1983). Il prononce ses vœux simples (1984), puis étudie la théologie à Rome, à la faculté pontificale Saint-Bonaventure ou Seraphicum, l’université franciscaine de Rome. En 1987, il fait sa profession religieuse solennelle, et est ordonné prêtre deux ans plus tard à Damme (Flandre occidentale). Il devient alors recteur de l’important sanctuaire Saint-Antoine de Padoue à Bruxelles. Gravissant les échelons de son ordre, il en devient supérieur provincial pour la Belgique, et délégué général quand celle-ci est réunie à la province française par manque d’effectifs, jusqu’à devenir président de la Fédération d’Europe centrale des franciscains conventuels. En 2013, l’ordre franciscain l’envoie au Liban, où il est incardiné dans la Custodie de Terre Sainte, qui maintient une présence catholique en Orient depuis le XIVe siècle. Il s’y familiarise avec le monde musulman, occupant des fonctions de secrétaire custodial, maître des novices et des postulants. Il revient brièvement en Europe en 2019-2021, comme définiteur et assistant général de la Fédération d’Europe centrale pour son ordre.
En janvier 2021, le pape François le nomme archevêque latin de Téhéran et Ispahan : ce diocèse extrêmement étendu couvre tout l’Iran, mais ne comprend plus que 6 paroisses, théoriquement de rite latin, pour moins de 2000 fidèles, rendant la situation de l’Eglise catholique iranienne extrêmement précaire. Le siège était vacant depuis 2015, et la retraite de son prédécesseur Mgr. Ignazio Bedini, un religieux salésien italien, qui l’occupait depuis 1989. Il reçoit la consécration épiscopale du cardinal Leonardo Sandri, alors préfet du Dicastère pour les Eglises orientales. En octobre 2024, le pape François le crée cardinal : manière de témoigner, non de l’importance numérique de son siège, mais de la sollicitude pontificale pour la petite et fragile Eglise d’Iran, prise dans des défis géopolitiques qui la dépassent, et très exposée à des vexations du régime en place. À la Curie romaine, il est membre du Dicastère pour les Causes des Saints.
Le cardinal Dominique Mathieu est un homme polyglotte, savant (notamment féru d’astronomie) et discret, réputé pour sa connaissance du monde islamique ; il plaide pour le dialogue interreligieux avec ce dernier. Son élévation au cardinalat a été interprétée comme un signe que le Saint-Siège est conscient de l’importance géopolitique de l’Iran. Si la présence chrétienne et missionnaire franciscaine en Perse est très ancienne, l’Eglise catholique y est désormais réduite comme peau de chagrin, même si elle a le statut de minorité reconnue : le diocèse latin d’Ispahan-Téhéran ne compte plus que 2 prêtres et 5 religieuses, et les 5 autres diocèses iraniens des Églises catholiques orientales (chaldéenne et arménienne) ne sont guère mieux lotis, avec un total de 5 prêtres pour 13 paroisses et moins de 3000 fidèles. À vue humaine, l’Eglise en Iran paraît moribonde ; mais c’est justement l’une des caractéristiques du pape François que d’attirer l’attention sur des pays où la présence catholique est infime, alors que grand est le rôle de l’Iran dans les (dés)équilibres internationaux.
