- Date de naissance (âge) : Né le 7 octobre 1955 (69 ans)
- Lieu de naissance : Vérone, Italie
- Nationalité : Italien
- Formation : Venise, université Ca’Foscari (licence en langues et littératures orientales) ; Rome, Athénée pontifical Saint-Anselme (licence en liturgie), Institut pontifical oriental (doctorat)
- Fonctions dans l’Église : Préfet du Dicastère pour les Eglises orientales
- État ou ordre : Pieuse Société de Don Mazza (Institut séculier diocésain)
- Rang : Cardinal-diacre de la diaconie du titre des Saints-Ambroise-et-Charles
- Cardinal électeur depuis le : 30 octobre 2023 (nommé par François)
- Cardinal électeur jusqu’au : 7 octobre 2035
Carrière
Né à Vérone, il est ordonné prêtre pour ce même diocèse le 29 mai 1982, et rejoint la Pieuse Société de Don Mazza, un petit institut séculier. C’est encore dans cette ville qu’il enseigne la patristique, à l’Institut théologique San Zeno (1981-1984), et les théologie et liturgie orientales à l’Institut d’études oecuméniques (1982-1985). Il obtient une licence en langues et littératures orientales à l’université Ca’Foscari de Venise, et une licence en liturgie à Rome, à l’Athénée Saint-Anselme, d’obédience bénédictine. Dès 1985, ses compétences linguistiques rares lui valent de rejoindre la Congrégation pour les Eglises orientales à la Curie romaine. Institué en 1917, ce Dicastère est en charge des 23 Églises catholiques orientales, rattachées à Rome, mais dotées de leurs rites propres et de leur autonomie interne, et comptant une vingtaine de millions de fidèles. En décembre 1997, il en devient le sous-secrétaire (n°3), le préfet en titre étant le puissant cardinal Achille Silvestrini (1923-2019), qui favorise sa carrière. Parallèlement, il enseigne la patristique, la langue et la littérature arméniennes à l’Institut pontifical oriental, la faculté romaine chargé de l’Orient chrétien, où il obtient un doctorat en sciences ecclésiastiques orientales (1996). Spécialiste de l’Arménie, il a aidé Jean-Paul II à célébrer la liturgie selon le rite arménien. En 1988, il vient en aide à l’Arménie à la tête d’une humanitaire de Caritas Italie après un séisme meurtrier.
En décembre 2001, Jean-Paul II l’élève au rang d’archevêque titulaire, le consacre lui-même évêque (en janvier 2002), et le nomme nonce apostolique pour la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan : trois pays dont il est spécialiste, et où l’Eglise catholique est ultra-minoritaire parmi une population très majoritairement orthodoxe (Géorgie), chrétienne orientale indépendante (Arménie) ou musulmane (Azerbaïdjan). En 2011, Benoît XVI le transfère comme nonce en Biélorussie, un autre terrain qui n’est guère plus facile, la petite Église catholique souffrant des brimades du président Loukachenko. En 2015, cette fois, François le fait nonce en Ukraine : dans le contexte récent de l’Euromaïdan et de la sécession-invasion russe du Donbass, cette nomination prend un relief particulier, en direction d’un pays multiconfessionnel où la part des catholiques est plus significative (s’y trouve la plus grande Eglise catholique orientale). Enfin, en 2020, il est nommé nonce en Grande-Bretagne, un poste diplomatique de prestige. En novembre 2022, cependant, il est rappelé à Rome par François, qui le nomme préfet du Dicastère pour les Eglises orientales pour succéder au cardinal Leonardo Sandri (né en 1943), un diplomate de Curie argentin, qui n’est pourtant pas réputé proche du pape François. Il est créé cardinal-diacre en juillet 2023.
Profil
À la fois universitaire reconnu et diplomate d’expérience, aussi polyglotte (il parle 9 langues, dont le russe, l’arménien et le kurde) que discret, le cardinal Gugerotti cumule nombre d’atouts en regard des défis qui se présentent à l’Eglise : grand défenseur de traditions chrétiennes orientales qui se sentent parfois reléguées, il est engagé en faveur de l’oecuménisme avec les Églises orthodoxes et apostoliques ; comme nonce, il a eu l’expérience de périphéries où le catholicisme est en ultra-minorité, et de régions touchées par des conflits brutaux, mais il connaît très bien aussi les grandes nonciatures et les bureaux centraux de la Curie. En Ukraine, il a eu de bonnes relations avec les Eglises locales, et il passe pour partisan d’une ligne plus dure à l’égard de la Russie, qui n’a jusqu’à présent pas été suivie par François. Il est décrit comme très proche du cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, qui l’a constamment appuyé, et pourrait représenter un choix alternatif crédible dans le cas où la candidature de Parolin serait trop voyante : il est comme lui grand diplomate, et sur une ligne modérée, relativement libérale tout en sachant éviter les clivages. Toutes ces raisons font de lui une figure éminemment papabile.