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Nonce apostolique aux États-Unis
Conservateur raisonné, le cardinal Pierre, ayant effectué toute sa carrière dans les services diplomatiques du Saint-Siège, a un rôle pivot de relais entre l’épiscopat américain et la Curie romaine.
Cardinal électeur
Originaire de Saint-Malo, il passe une partie de son enfance à Madagascar et à Marrakech ; en 1963, il entre au séminaire Saint-Yves de Rennes, pour lequel il est ordonné prêtre en avril 1970. Il obtient une maîtrise en théologie de l’Institut catholique de Paris, et un doctorat en droit canonique de l’université du Latran à Rome. Il est d’abord vicaire à Colombes, dans le diocèse de Nanterre (1970-1973). Puis il est sélectionné par son évêque pour intégrer l’Académie pontificale ecclésiastique de Rome, la prestigieuse école des nonces qui fait figure “d’ENA de l’Eglise”. Il est d’abord envoyé à la nonciature de Wellington (Nouvelle-Zélande) en 1977, puis en Afrique australe (Mozambique puis Zimbabwe), à Cuba et au Brésil, enfin à la représentation du Saint-Siège comme observateur permanent auprès de l’Office des Nations Unies à Genève.
En juillet 1995, Jean-Paul II le nomme nonce apostolique en Haïti, terrain difficile s’il en est ; il est sacré évêque dans la cathédrale de Saint-Malo, avec le titre d’archevêque titulaire de Gunela (Afrique proconsulaire), par le cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano (1927-2022) ; en 1999, il devient nonce en Ouganda, puis au Mexique en 2007, où il a maille à partir avec certains évêques mexicains sous Benoît XVI. Enfin, en avril 2016, François le promeut nonce apostolique aux Etats-Unis, une des nonciatures les plus prestigieuses et les plus stratégiques du réseau diplomatique du Saint-Siège. Il a la tâche délicate de succéder à Mgr. Carlo Maria Vigano (né en 1941), ancien lanceur d’alerte à l’occasion de l’affaire Vatileaks, qui bientôt basculera dans une dénonciation frénétiquement complotiste du pape François. À ce poste, il défend les droits des migrants pendant le premier mandat de Donald Trump, participant même à des réunions protestataires à la frontière américano-mexicaine. Enfin, en juillet 2023, il est créé cardinal, ce qui n’était plus d’usage pour des nonces en poste depuis les années 1960. À la Curie, il est membre de l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA), qui gère les biens temporels du Saint-Siège.
Le cardinal Pierre est un Français qui a effectué toute sa carrière dans les services diplomatiques du Saint-Siège. Conservateur raisonné, il a un rôle pivot de relais entre l’épiscopat américain, un des plus puissants du monde, très souvent divisé par les orientations du pape François, et la Curie romaine. Il a paru très soucieux d’unité, au Mexique comme aux Etats-Unis, à la fois pro-life et en faveur de la synodalité. Il a joué une partition d’équilibriste, entre nominations épiscopales plutôt proches du courant conservateur, et hostilité à la messe traditionnelle en latin. Le fait qu’il ait été créé cardinal pendant sa nonciature (ce qui n’est plus en usage dans l’Eglise depuis une soixantaine d’années) dit assez la faveur dont il a joui sous François. Il n’est pourtant pas réputé proche des cardinaux américains en faveur à la Curie (Tobin, Cupich et McElroy).
