La doctrine Tusk
La Pologne a un nouveau Premier ministre. Mardi 12 décembre, Donald Tusk a prononcé un long discours avant l'investiture de son gouvernement de coalition. Il a alors paru déterminé à engager une refondation politique et géopolitique pour son pays. Alors que la guerre prend un tour inquiétant, la doctrine Tusk ouvre de nouvelles perspectives pour l’Europe et pour l’Ukraine. Une traduction commentée, à lire et à discuter.
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- Le Grand Continent •
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Mardi 12 décembre, près de deux mois après les élections législatives qui ont consommé la défaite du PiS, Donald Tusk s’adressait au Sejm, après avoir été chargé de constituer un gouvernement par le Parlement, la veille. Il s’agissait pour lui de décrire les grandes lignes de son programme et de présenter tous les ministres de son gouvernement de coalition, avant que ceux-ci ne soient confirmés par un vote de confiance.
Au début de son allocution, Tusk a ironisé sur son premier discours d’investiture, en 2007, qui avait duré trois heures ! Si son discours du 12 décembre a duré moins longtemps, il n’en demeure pas moins un long texte, dans lequel le nouveau Premier ministre a organisé son propos en trois temps : d’abord, rendre hommage à tous ceux qui, au cours des huit années de gouvernement du PiS, ont lutté contre ce parti ; ensuite, présenter les grandes lignes de son programme, en liant sans cesse politique intérieure et étrangère ; finalement, en présentant la totalité des vingt-cinq ministres de ce gouvernement de coalition. Si certains passages de la dernière partie permettent de souligner certains des risques qui pourraient guetter le nouveau gouvernement Tusk, ce sont les deux premières parties de ce discours qui retiennent l’attention. Ensemble, elles dessinent le projet d’une doctrine Tusk, dans lequel celui-ci entend sans cesse conduire une politique et une géopolitique pour les classes moyennes polonaises.
Son discours commence par un moment thanatopolitique, dans lequel il rend hommage à plusieurs figures d’opposants au PiS, mortes au cours de ces dernières années. Ce propos introduit une longue dénonciation des huit années de gouvernement du PiS, accusé d’avoir affaibli la Pologne par cupidité et par égoïsme. En plein Sejm, cette diatribe peut surprendre, d’autant qu’à d’autres moments, Tusk se présente en rassembleur, décidé à unir tous les Polonais derrière son projet. Mais ces attaques, qui sont un écho de la violence de la campagne électorale, servent un double objectif : rappeler ce qui unit les différents partis de la coalition, c’est-à-dire leur rejet du PiS ; envoyer un signal aux partenaires européens de la Pologne. De fait, c’est le deuxième pilier de la démonstration de Tusk : le renforcement de son pays passera par des bonnes relations avec l’Union et par un renforcement de l’Ukraine. Autrement dit, le vrai ennemi de la Pologne n’est pas à l’Ouest, mais à l’Est. Mais Tusk va encore plus loin : il entend faire de son pays, un grand pays européen. Sous sa direction, la Pologne deviendrait un modèle pour le continent. Pour commencer, il devra débloquer les plus de cent milliards de fonds européens, gelés à cause de la politique judiciaire du PiS. En la matière, les institutions européennes devraient faciliter la tâche de celui qui fut Président du Conseil européen de 2014 à 2019.
Tour à tour léger et grave, Donald Tusk sait qu’il prononce un discours important dans l’histoire de son pays. Au cours des derniers moments, on le sent déterminé à rappeler l’enthousiasme et la détermination des opposants au PiS pendant la campagne. Devant le Sejm, il rappelle que, selon une étude, pour la première fois dans l’histoire de la Pologne post-communiste, une majorité de Polonais croit que les citoyens ordinaires peuvent peser sur les orientations politique de leur pays. Le propos est clair : la victoire des oppositions au PiS a marqué un moment de refondation démocratique pour la Pologne, après huit ans d’abus et de corruption.
Entre les lignes néanmoins, on voit déjà émerger les nombreuses difficultés qui se poseront à Donald Tusk, dans les mois qui viennent, à commencer par l’opposition que pourra incarner le Président de la République, Andrzej Duda, au cœur des institutions, jusqu’en 2025.
Difficile, donc, de savoir quel effet aura la doctrine Tusk. Il faut néanmoins lire ce texte non seulement important pour saisir les orientation contemporaines de la Pologne, mais aussi de l’Union européenne.
Monsieur le Maréchal [Szymon Hołownia], Mesdames et Messieurs les Députés, chers invités. Il y a seize ans, j’ai eu l’honneur de prononcer mon premier discours en tant que Premier ministre. J’en ai tiré une leçon qui m’est restée en mémoire ; j’avais alors voulu parler de tout. J’étais un Premier ministre débutant et j’ai parlé pendant plus de trois heures. J’ai reçu un appel de mes proches me mettant en garde — j’avais parlé pendant trois heure —, et, aujourd’hui, ce dont les Polonais se souviennent, c’est que j’avais parlé pendant trois heures. Aujourd’hui, permettez-moi de me concentrer sur les questions les plus sérieuses.
Le Maréchal est le président du Sejm, la principale assemblée législative polonaise. Dans ce discours solennel, Donald Tusk, déjà Premier ministre entre 2007 et 2014, rappelle son expérience gouvernementale au moment d’entamer une transition politique difficile après huit ans de gouvernement du PiS et alors qu’il s’avance à la tête d’une coalition, essentiellement unie par son attachement à l’Union européenne et son rejet du clientélisme et des abus du PiS.
Ce moment est solennel, car c’est bien ce que cette journée exige : du sérieux. Nous sortons d’une campagne électorale très brutale et spectaculaire. La politique polonaise, depuis plusieurs années, a perdu la gravité qui sied au débat public, malgré les circonstances extérieures et intérieures, les drames qui ont touché notre nation et le monde entier ces années-là — la pandémie, la guerre, la crise migratoire — et pourtant, il nous a été difficile, et je parle pour nous tous, de trouver le ton de la gravité et de la pleine responsabilité qui nous incombe à tous en ces temps extrêmement difficiles.
Il est intéressant que Tusk fasse si tôt référence à la crise migratoire dans ce discours. En effet, pendant la campagne, il a plutôt durci son discours sur la question. Pendant les débats de la campagne électorale, Morawiecki (PiS) et Tusk n’ont cessé de s’accuser mutuellement d’être le représentant du parti qui favorisait le plus l’accueil de migrants illégaux sur le territoire. À cet égard, le programme de la Plateforme civique, le parti de Donald Tusk, affiche la volonté de présenter « un acte d’accusation contre les fonctionnaires du ministère des affaires étrangères responsables de la corruption qui a conduit à l’afflux incontrôlé de migrants en Pologne ».
Hier, j’ai eu l’occasion — et je vous remercie de votre compréhension — de remercier mes proches. Mais aujourd’hui, je voudrais commencer mon discours en remerciant tous ceux qui, au fil des ans, n’ont jamais douté que la Pologne pouvait être meilleure, que la Pologne pouvait être — car elle le mérite — le meilleur endroit sur Terre. Je tiens à remercier la Pologne. Je suis très fier de mon pays — des Polonaises et des Polonais. Vous le savez : comme cela a déjà été le cas dans notre histoire, nous avons su nous mobiliser de manière extraordinaire au moment crucial — tous ensemble. Et grâce à vous, ce moment crucial est devenu en quelque sorte un moment historique.
Je suis convaincu que le 15 octobre rejoindra les dates symboliques de notre calendrier polonais : ses dates tragiques — nous venons de rendre hommage aux victimes de l’un de ces moments dramatiques qui jalonnent notre histoire — et ses moments magnifiques. Et je pense que le 15 octobre entrera dans l’histoire comme le jour d’une rébellion pacifique, une rébellion au nom de la liberté et de la démocratie, un peu comme le 31 août ou le 4 juin, lorsque nous avons retrouvé l’indépendance et la liberté après la victoire de Solidarność.
Le 15 octobre 2023 eurent lieu les élections qui marquèrent la défaite du PiS. Le 31 août 1980 marque la fondation de Solidarnosc. Le 4 juin 1989 eurent lieu les premières élections semi-libres pour la Diète et totalement libres pour le Sénat. C’est une étape cruciale dans la chute du régime communiste en Pologne.
Les électeurs ont choisi lors du vote une nouvelle coalition gouvernementale. Nous commencerons aujourd’hui — en réalité, cela a déjà commencé hier — à l’appeler, si vous le permettez, la coalition du 15 octobre. Ce qui s’est passé ce jour-là est beaucoup plus sérieux qu’un simple changement de gouvernement ou qu’un changement de coalition gouvernementale. Le 15 octobre a été le point culminant d’un processus de renaissance civique et nationale auquel nous avons participé, certains en tant que témoins, d’autres en tant qu’opposants. Concernant ces derniers, permettez-moi de ne pas en dire trop aujourd’hui.
Nous voulons en effet construire notre avenir sur nos espoirs, nos rêves et nos attentes, qui se sont avérés plus forts que le doute et l’apathie. Et surtout plus forts que le mal qui s’est propagé dans la vie publique polonaise ces dernières années. Je tire une grande satisfaction personnelle d’avoir, à mon humble niveau, aidé à ce réveil, en nommant les choses par leur nom. Car le mouvement du 15 octobre est né précisément de cette capacité à dire la vérité sans détour et sans fausseté. Ce mouvement est né bien avant mon retour en politique polonaise, grâce à tous ceux qui ont élevé la voix, parfois crié, dès les premiers jours du gouvernement sortant.
Après avoir été président du Conseil européen entre 2014 et 2019, Donald Tusk retourne à Varsovie et s’engage à nouveau activement dans la politique polonaise en tant que dirigeant de la Plateforme civique. Cette décision renforce son parti qui reprend près de quinze points dans les sondages dans l’année qui suit, contribuant à redonner de l’espoir à l’opposition au PiS.
Du fond du cœur, je rends hommage à toutes les Polonaises et à tous les Polonais. Je suis convaincu que ce jour a été rendu possible par les manifestations que certains d’entre vous ont osé mener. Certains n’ont pas craint de se tenir seuls dans une ville de district ou devant un bâtiment de tribunal. C’était à un moment où tous les Polonais semblaient ressentir qu’il se passait quelque chose de mauvais pour notre patrie, mais où tous n’avaient pas trouvé la détermination ou le courage d’en parler. C’est précisément à ce moment-là qu’a eu lieu la première marche du Comité de Défense de la Démocratie. Je voudrais remercier tous ceux qui, au sein du Comité de Défense de la Démocratie et dans d’autres mouvements sociaux, ces multiples organisations, parfois composées de quelques personnes seulement, ont fait preuve de courage et témoigné d’un amour authentique et absolument désintéressé pour la patrie, tout en marquant leur respect à l’État et au droit.
Après la victoire du PiS en 2015, le Comité de Défense de la Démocratie, formé initialement le 20 novembre 2015 et rassemblant des citoyens autour de Mateusz Kijowski via un groupe Facebook, a émergé en réponse aux décisions prises par le gouvernement de Beata Szydło, le Président Andrzej Duda, et Jarosław Kaczyński, le leader du parti majoritaire PiS, notamment en ce qui concerne le Tribunal constitutionnel. Ce mouvement contestait spécifiquement l’annulation des nominations des juges du Tribunal, effectuée par la précédente majorité gouvernementale composée de la Plateforme civique (PO) et du parti paysan polonais (PSL). Dans les mois qui suivent, les membres du comité organisent de nombreuses manifestations (notamment le 19 décembre 2015 et le 23 janvier 2016). La manifestation la plus significative a eu lieu le 27 février 2016, attirant environ 80 000 participants à Varsovie. Ce rassemblement a non seulement continué à contester les actions du gouvernement mais a également apporté son soutien à Lech Wałęsa, confronté à des accusations de collaboration avec le régime communiste entre 1970 et 1976. Ces événements ont marqué le début d’une période de tensions politiques et sociales profondes en Pologne, qui s’est poursuivie pendant les deux mandats du PiS.
Permettez-moi maintenant de lire quelque chose qui pourrait, en quelque sorte, remplacer mon discours d’aujourd’hui. Je ne changerais pas grand-chose à ce texte, qui a peut-être déjà commencé à sortir de notre mémoire. Et il est très important pour moi que nous nous souvenions de cet homme et des mots qu’il a écrits avant de partir. C’était un manifeste. Je vais le lire en entier précisément parce que je suis convaincu que la plupart d’entre vous ici, au Parlement polonais, tout comme la plupart des Polonaises et des Polonais, pourraient le signer. Ce texte a été écrit par un homme qui était complètement seul ce jour-là.
Donald Tusk lit le manifeste écrit par Piotr Paweł Szczęsny (1963-2017), un chimiste polonais qui s’est immolé par le feu pour protester contre la politique du PiS et la multiplication des discriminations raciste et homophobes. Le 19 octobre 2017, après avoir distribué des tracts sur lesquels était écrit ce manifeste, Szczęsny s’est suicidé en criant : « Je proteste ! » En disant que la plupart des députés soutiendraient ce texte, Tusk s’attaque implicitement aux presque 200 députés du PiS — le parti qui fut mis en cause par Piotr Paweł Szczęsny.
« Je proteste contre la limitation par le pouvoir des libertés civiques.
Je proteste contre la violation par le pouvoir de la loi, en particulier de la Constitution de la République de Pologne. Je proteste contre le fait que ceux qui en sont responsables entreprennent des actions visant à modifier la Constitution actuelle — qu’ils respectent d’abord celle qui est actuellement en vigueur.
Je proteste contre une gestion du pouvoir où les personnes occupant les plus hautes fonctions de l’État exécutent les ordres émis par un décideur mal identifié qui n’assume aucune responsabilité pour ses décisions.
Je proteste contre la manière dont le travail a été effectué à la Diète, où les lois sont créées à la hâte, sans discussion ni consultations appropriées, souvent la nuit, et doivent ensuite être presque immédiatement corrigées.
Je proteste contre la marginalisation du rôle de la Pologne sur la scène internationale et le ridicule de notre pays.
Je proteste contre la destruction de la nature, en particulier par ceux qui sont censés la protéger, et d’autres zones précieuses sur le plan écologique.
Je proteste contre la division de la société, le renforcement et l’approfondissement de ces divisions. En particulier, je proteste contre la construction d’une « religion de Smoleńsk » –qui sert à diviser les gens. Je proteste contre les séances de haine, contre le langage de la haine et de la xénophobie introduit par les autorités dans le débat public.
Le 10 avril 2010, un Tupolev Tu-154 s’écrasait près de la ville russe de Smolensk, tuant les 96 personnes à bord. Parmi les victimes se trouvaient le président de la Pologne, Lech Kaczyński, et son épouse, Maria ; l’ancien président de la Pologne en exil, Ryszard Kaczorowski ; le chef de l’état-major général polonais et d’autres officiers supérieurs de l’armée polonaise ; le président de la Banque nationale de Pologne ; des fonctionnaires du gouvernement polonais ; 18 membres du parlement polonais ; des membres éminents du clergé polonais ; et des parents de victimes du massacre de Katyn. Pour Jarosław Kaczyński, la disparition de son frère est devenu un argument mémoriel puissant, justifiant le durcissement autoritaire de son parti, et donnant une dimension martyrologique à sa politique.
Je proteste contre la nomination par le pouvoir de ses partisans à tous les postes possibles, la plupart d’entre eux n’ayant pas les qualifications requises.
Je proteste contre la minimisation des réalisations, la diffamation et la destruction de l’autorité de personnes telles que Lech Wałęsa ou les anciens présidents du Tribunal constitutionnel.
Je proteste contre l’excès de centralisation de l’État et les modifications de la législation relatives aux collectivités locales et aux organisations non gouvernementales, effectuées selon les besoins politiques immédiats du parti au pouvoir.
Je proteste contre l’attitude hostile du pouvoir envers les immigrés et contre la discrimination de divers groupes minoritaires : femmes, personnes homosexuelles, musulmans et autres.
Je proteste contre la complète mise sous tutelle de la télévision publique et de presque toutes les radios, transformées en instruments de propagande du pouvoir.
Je proteste contre l’utilisation des services de renseignement, de la police et du parquet pour atteindre leurs propres objectifs, qu’ils soient partisans ou privés.
Je proteste contre une réforme de l’éducation mal pensée, non consultée et non préparée.
Je proteste contre l’ignorance des immenses besoins du service de santé. »
Ceci représente 15 protestations. Celui qui les a écrites, il y a 6 ans, nommait déjà précisément les peurs, les inquiétudes et la colère naissant dans les cœurs polonais. Pourtant, à l’époque, ceux qui en parlaient haut et fort pouvaient légitimement se sentir seuls. Cet homme a terminé cette liste de protestations par ces mots : « Avant tout, j’appelle ceux qui soutiennent le PiS à se réveiller. Même si vous approuvez les postulats du PiS, considérez que tous les moyens de les réaliser ne sont pas acceptables. Réalisez vos idées dans le cadre d’un État de droit démocratique, et non comme cela est fait actuellement. Ceux qui ne soutiennent pas le PiS, soit parce que la politique leur est indifférente, soit parce qu’ils ont d’autres préférences, je les appelle à agir. Il ne suffit pas d’attendre ce que le temps apportera. Partager son mécontentement avec ses amis n’est pas suffisant. Il faut agir, et les formes et les possibilités sont vraiment nombreuses. Cependant, je vous demande de vous souvenir que les électeurs du PiS sont aussi nos mères, nos frères, nos voisins, nos amis et nos collègues. Il ne s’agit pas de leur faire la guerre. C’est peut-être ce que le PiS souhaiterait. Ni de les convertir, car c’est naïf, mais de réaliser leurs points de vue conformément à la loi et aux principes de la démocratie. Moi, un simple homme ordinaire, comme vous, je vous appelle tous, n’attendez plus. » Piotr Szczęsny, un homme ordinaire – s’est immolé à l’automne 2017.
En citant la fin du discours de Piotr Szczęsny, Donald Tusk fait référence au débats qui traversent les partis et les soutiens de la coalition du 15 octobre : faut-il engager des poursuites massives contre les membres du PiS qui ont été responsables d’abus pendant huit ans ou faut-il rechercher une forme de réconciliation nationale ? En citant Piotr Szczęsny, Donald Tusk semble vouloir mettre un coin entre les électeurs du PiS et les dirigeants du parti : les premiers auraient été abusés par les seconds.
Je souhaite exprimer combien je suis touché en lisant ces mots, et également combien je suis ému en entendant des cris de mécontentement [de la part de députés du PiS qui l’interpellent pendant la lecture du manifeste], car il n’est pas aisé d’exprimer des propos marqués de respect et, d’une certaine manière, d’amour envers ceux qui partagent des opinions différentes, particulièrement en un jour marqué par un acte de protestation aussi tragique. Dans cette assemblée, mesdames et messieurs, parmi nous, se trouvent aussi des députés qui ont eux-mêmes vécu des tragédies. Je ne souhaite pas que cette journée soit dominée par des souvenirs dramatiques et tristes, mais je ne peux omettre de mentionner mon ami, le président de ma ville, Paweł Adamowicz. Je ne peux ni ne veux effacer de ma mémoire ce moment symbolique où il appelait à la solidarité. Ce moment où il parlait de Gdańsk comme d’une ville généreuse et accueillante. C’était le jour où, chaque année depuis bien longtemps, les Polonais se rassemblent dans une solidarité authentique pour aider les plus faibles et les malades. Je désire que nous gardions en mémoire toutes les victimes, sans exception, de la violence, du mépris, de la haine, du conflit, afin que le 15 octobre – ou alors le jour où vous accorderez votre confiance au nouveau Conseil des ministres – marque le début d’une renaissance. Une renaissance de cet esprit de solidarité authentique et de respect des droits au sein d’une communauté où les gens sont différents les uns des autres. Après tout, nous avons eu, avons et aurons des opinions distinctes sur de nombreux sujets. Mais nous aspirons à être une communauté. Et c’est ce à quoi servira principalement le travail du nouveau gouvernement. Qu’est-ce qui définit cette communauté ? Pourquoi avons-nous aujourd’hui tant de mal à nous dire que nous constituons une communauté ? Pourquoi ces années ont-elles été marquées par un conflit politique de plus en plus acharné, des émotions collectives — et pas seulement dans cette chambre ? Nous nous rassemblons ici, au Sejm polonais, au Sénat, pour débattre. Mais l’essence de la démocratie, l’essence d’un État où vivent des citoyens libres, est de se disputer, d’engager le combat ici, au Parlement, afin de protéger notre nation, nos familles, les Polonaises et les Polonais de cette guerre politique incessante là-bas, parmi les gens ordinaires, dans nos maisons. Ce ne sont pas des mots vides. Nous en souffrons tous sans exception.
Paweł Adamowicz (1965-2019) fut maire de Gdansk pendant plus de vingt ans, de 1998 à sa mort. Il se situait à l’aile gauche de la Plateforme civique. Il fut assassiné en 2019 par un homme qui avait été emprisonné pendant cinq ans pour des attaques à main armée, et qui prétendait avoir été torturé par le gouvernement de Donald Tusk. En l’invoquant, il fait un vibrant plaidoyer en faveur d’un parlementarisme rénové, qui assumerait la dimension agonistique de la politique, et qui, de manière cathartique, protégerait la société polonaise des divisions qui ont émergé au cours des huit dernières années.
Je vous demande à tous de réfléchir aux fondements républicains, aux cadres qui permettent de construire une communauté politique et nationale. Nous sommes si différents, avec des opinions si diverses, des racines différentes. Nous sommes parfois attachés à différentes traditions. Certains croient en Dieu, d’autres cherchent l’inspiration pour être de bonnes personnes ailleurs. Oui, cette diversité est la richesse de notre nation. Chacun mérite respect et considération, chacun a droit à ses droits. Ce qui construit vraiment une communauté, ce sont les règles de droit, la Constitution, les principes de la démocratie, une frontière et un territoire sûrs. Ce sont des questions sur lesquelles nous ne devrions jamais nous disputer et débattre. Ce sont des choses que nous devons respecter sans exception, pour pouvoir nous opposer en toute sécurité, avec respect, dans d’autres domaines.
En incluant la sécurité du territoire dans les points qui devraient faire l’unanimité, Tusk cherche à rompre avec la brutalité de la campagne et des deux années qui l’ont précédée pendant lesquelles le gouvernement du PiS l’a présenté comme un agent de l’étranger, accusant la Plateforme civique d’avoir voulu affaiblir le pays et d’avoir fait le jeu de la Russie.
Je me souviens des paroles de notre pape, lorsqu’il demandait de ne pas lui construire de monuments et d’écouter plutôt ce qu’il disait. Chaque personne évalue différemment l’héritage de Jean-Paul II. Je garde personnellement d’excellents souvenirs de nos rencontres Je me souviens de ces mots qu’il a prononcés à Sopot, à mon Sopot [la ville côtière où réside Donald Tusk depuis 2007]. Ils sonnent peut-être comme une évidence, ou devraient sonner comme une évidence pour nous tous, quel que soit le côté de la salle où nous sommes assis. Et c’étaient des mots disant qu’il n’y a pas de solidarité sans amour. Je sais que très souvent, lorsque ce mot amour apparaît dans des discours politiques, dans des manifestations, il suscite parfois le sourire, la moquerie. Vous savez quoi ? C’est une réaction que je ne comprends pas. Parce qu’après tout, qu’y a-t-il de bizarre à cela ? En parlant d’amour, nous ne parlons pas seulement des relations entre les gens. Combien de fois parlons-nous de l’amour pour la patrie ? J’aime mon pays, la Pologne, sans nuances. Je ne peux pas imaginer la politique sans amour.
C’était après avoir retrouvé l’indépendance, mais aussi avant, dans mon Gdańsk [sa ville de naissance], à Zaspa, que Jean-Paul II parlait de ce qu’est la solidarité. Et je dédie ces mots à tous ceux, et nous sommes encore ici un groupe assez nombreux, à tous ceux qui ont co-créé « Solidarność ». Je me souviens de ces mots — ils n’ont pas été entièrement compris par tout le monde. Quelque chose en moi se révoltait, c’était le temps de la lutte. Et le pape a dit que la solidarité, ce n’était jamais l’un contre l’autre, que la solidarité, c’était toujours l’un avec l’autre. Et je voudrais — surtout parce que la date d’un des conflits dramatiques de la Pologne a été évoquée ici — que nous tirions des leçons profondes, authentiques, vraies de ces mots. Si nous voulons reconstruire la communauté nationale, si nous voulons vraiment assister à la renaissance de notre communauté polonaise, alors nous devons — il n’y a pas d’autre choix, il n’y a pas d’alternative — respecter les règles que nous établissons pour nous tous, avec la Constitution en tête, avec la loi. Mais nous devons aussi comprendre que la leçon de la solidarité, c’est la leçon de la capacité à surmonter les différences entre les gens. Et de construire cette communauté au quotidien, qui permet de s’opposer, mais aussi de travailler ensemble et de porter ensemble la responsabilité de notre propre patrie.
En faisant référence à son activisme au sein de Solidarność lorsqu’il était étudiant, mais aussi à son amour pour Jean-Paul II, Donald Tusk se pose en rassembleur, contestant à la fois les revendications religieuses du PiS, qui se présente comme le défenseur de l’identité catholique de la Pologne, tout en rappelant sa trajectoire d’opposant au communisme.
Je veux parler ici de l’importance particulière du droit, de la règle de droit et de la primauté du droit. Pour une nation moderne, rien n’est plus essentiel qu’un ensemble de lois et de devoirs reconnus par tous comme un bien commun, sans exception. Certains pourraient penser que les mots que je vais lire ont été prononcés par un membre des tribunaux libres, ou par un manifestant au moment du démantèlement du Tribunal Constitutionnel. Ils résonnent de façon très moderne, comme s’ils avaient été formulés il y a seulement un an. « Nous n’atteindrons pas la liberté en violant la loi, mais en la respectant ». C’est ce qu’a dit Romuald Traugutt pendant l’Insurrection de Janvier. Même dans une telle situation, le leader de l’insurrection n’avait aucun doute : le respect de la loi, la reconnaissance de certaines règles communes – des règles qui ne peuvent être transgressées – constituent la base de la liberté, et par conséquent, la base d’une communauté authentique. C’est pourquoi j’en parle, car aujourd’hui, en tant que Premier ministre désigné hier par le Sejm, j’ai l’honneur de coordonner au niveau gouvernemental les travaux de la coalition du 15 octobre. Chers collègues, je veux vous montrer l’essence de ce phénomène que nous construisons en ce moment – un phénomène politique positif, qui montre que la communauté est réellement concevable, et que le respect des règles communes est possible, même si les gens diffèrent entre eux.
La restauration de l’état de droit, mis à mal par le PiS depuis 2015, a été l’un des thèmes clefs de la campagne pour tous les partis d’opposition. En citant Romuald Traugutt (1826-1864), Donald Tusk inscrit son discours dans l’histoire longue de la lutte de la Pologne pour son indépendance. Traugutt était un officier militaire et un homme politique polonais qui a été le dernier dictateur de l’Insurrection de janvier 1863, qui a vu les territoires polonais sous domination russe se soulever. Après une carrière dans l’armée impériale russe, Traugutt rejoint le soulèvement contre l’Empire russe en mars 1863, se hissant finalement au rang de dernier dirigeant de l’insurrection malheureuse. Après avoir été capturé par la police impériale russe, il est jugé et exécuté pour son rôle dans le soulèvement. Malgré l’échec de l’insurrection, Traugutt est devenu un héros national polonais.
Une coalition de partis très différents, ayant des points de vue variés sur de nombreuses questions, s’est formée. Et cette union, qui a choisi le nom de « Coalition du 15 octobre », s’est accordée sur ces fondements, qui sont acceptables par vous tous. Aujourd’hui, nous vivons un moment historique où nul ne peut douter de notre tâche principale, de nos objectifs suprêmes. Nous ne pouvons feindre de vivre dans un monde qui tolère des querelles et des conflits incessants. Nous vivons dans un espace et un temps qui exigent impérativement la reconstruction d’une communauté politique commune et d’une action collective.
De fait, la coalition du 15 octobre réunit des partis très différents : la Plateforme civique, libérale, Troisième Voie, une confédération de partis centristes, issus du centre agrarien et conservateur, et La Gauche, sociale-démocrate. Malgré des inquiétudes, exprimées à la fin de la campagne, sur la capacité de ces partis à s’entendre, ils ont fini par s’accorder sur une logique de coalition.
Le monde devient réellement dangereux. Je n’ai pas besoin de vous convaincre qu’une nation divisée, en conflit avec un pouvoir qui se construit sur ce conflit, une nation où différents groupes rejettent les règles établies, que ce soit celles de la Constitution ou celles disposées par d’autres lois, est beaucoup plus vulnérable aux risques liés aux conflits qui secouent aujourd’hui le monde et notre région.
Si nous restons divisés, comme c’était le cas ces dernières années, si nous sommes scindés en deux moitiés incompatibles, c’est comme si nous étions deux fois moins nombreux, comme si la Pologne était deux fois plus petite. Vous savez bien que le défi qui nous attend exige une concentration totale de nos forces et de notre volonté. « L’union fait la force » n’est plus un simple slogan aujourd’hui. C’est le premier commandement politique. Et je veux vous dire que pour mon gouvernement, pour notre gouvernement, pour le gouvernement de la République, la redéfinition de ces fondations communes est absolument cruciale. Et laissez-moi dire quelques mots, que j’espère évidents.
Premièrement, à propos de la guerre à nos frontières. Je n’ai sans doute pas besoin de convaincre quiconque de de la nécessité de maintenir des alliances solides avec nos alliés, de l’importance d’une Pologne forte et respectée dans le monde et en Europe, une Pologne unie face à cette menace. Il est crucial de rappeler que notre dogme national commun est que la Pologne est et sera un maillon clé, fort et souverain de l’OTAN, que la Pologne sera un allié loyal, stable, sûr de ses droits, de sa force et de son importance pour les États-Unis, que la Pologne regagnera sa position de leader dans l’Union européenne, que la Pologne construira sa puissance, sa position, digne de ce nom, en tant que leader de l’Union européenne par la coopération et le respect de cette grande communauté qu’est aujourd’hui l’Europe. Nous sommes d’autant plus forts et souverains que la Pologne, mais aussi la communauté européenne, sont fortes. Et je fais appel à tous pour reconnaître cela comme un principe unificateur pour les Polonaises et les Polonais.
Ce passage, l’un des plus largement diffusés dans les heures qui ont suivi ce discours, marque une nette rupture dans le discours officiel polonais. Après huit ans de gouvernement du PiS, dont l’euroscepticisme ne fut tempéré qu’après l’invasion de l’Ukraine par la Russie — Mateusz Morawiecki voyant dans la guerre une manière de retrouver de l’influence continentale et d’orienter l’Europe dans une direction qui conviendrait à son parti — Donald Tusk affiche clairement son europhilie, dans la lignée de sa campagne, et sa volonté de refaire de la Pologne un acteur important du jeu continental.
Il me semble, et je pense que ce n’est pas exagéré de le dire, que l’une des raisons du succès de la nouvelle coalition du 15 octobre a été le désir des Polonaises et des Polonais de voir la Pologne retrouver la place qui lui revenait en Europe. Nous avons tous ressenti que quelque chose n’allait pas ; que quelque chose se détériorait ; que chacun — et parmi les gouvernants, il y en avait beaucoup — remettait en question la position de la Pologne dans l’Union européenne. Celle-ci commençait à pratiquer ce jeu politique et géopolitique risqué de parier de manière terrifiante sur l’isolement et la solitude. Quelqu’un a crié « trahison d’État ». Mais, vous savez, il y a du vrai là-dedans. Je demande à tous d’arrêter de prétendre que la menace pour la Pologne vient de nos amis et alliés du Pacte de l’Atlantique Nord et de l’Union européenne. C’est jouer à un jeu vraiment risqué, pour ne pas dire insensé. Aujourd’hui la Russie attaque l’Ukraine. Nous avons tous le sentiment que là-bas, les choses sont loin d’être résolues. Je pense que nous savons tous ce qui se passerait si la Russie triomphait dans ce conflit. Et dans cette situation, dans ce contexte, personne dans cette salle ne peut prétendre ignorer l’enjeu de cette situation, et tout le monde ici — tout le monde ayant terminé l’école primaire et un cours élémentaire d’histoire — sait qu’une Pologne isolée est une Pologne exposée aux plus grands risques. J’appelle tout le monde ici, sans exception, à coopérer avec le nouveau gouvernement pour ancrer la Pologne sur des bases solides au sein de cette communauté, qui est notre communauté. Je les exhorte par ailleurs à aider ce gouvernement et moi-même à reconstruire la position de la Pologne afin que ce soit notre pays qui contribue à décider de l’avenir de l’Union européenne. Et nous le ferons vraiment.
Laissez-moi vous rassurer : les manigances, les tentatives de manœuvres, les atteintes aux traités qui sont contraires à nos intérêts, rien de cela n’est envisageable. J’ai observé vos efforts ou vos manquements dans l’Union européenne, dans toute la politique étrangère. Je veux vous dire qu’au sein de l’Union, personne ne nous rapetissera. Je veux vous dire que la « Coalition du 15 octobre » est intimement convaincue que la Pologne n’a aucune raison et que les politiciens polonais ne devraient avoir aucune raison de se sentir inférieurs à quiconque en Europe. Ce comportement nerveux, insultant pour tout le monde autour, qui consiste à chercher des ennemis là où nous avons des amis, à s’affaiblir, parfois à se discréditer — tout cela aurait pu nous coûter bien plus que de simples pertes de réputation en diplomatie. C’est pourquoi je vous le garantis – la coalition, la nouvelle coalition gouvernementale garantit que nous réaccèderons à la place qui revient de droit à la Pologne. Cela se produira.
Dans un discours comme celui d’aujourd’hui, nous devons parler fort, clairement, et d’une seule voix à propos de l’Ukraine. Écoutez bien, c’est une autre question qui doit nous unir, car nous voyons aujourd’hui le président Zelensky qui essaie de convaincre de nouveau le monde que la guerre et l’attaque de la Russie contre l’Ukraine constituent une attaque contre nous tous. Je compte ici sur la coopération de toutes les forces politiques. Il faut fermement et bruyamment exiger une mobilisation complète du monde libre et de l’Occident, pour aider l’Ukraine dans cette guerre. Il n’y a pas d’alternative. Je ne peux plus entendre certains politiciens européens, d’autres pays occidentaux, qui parlent de fatigue face à la situation en Ukraine. Ils sont fatigués. Ils disent en face au président Zelensky qu’ils n’ont plus de force, qu’ils sont épuisés. Je veux dire que la tâche de la Pologne, la tâche du nouveau gouvernement, mais la tâche de nous tous, est d’exiger fermement et bruyamment de toute la communauté occidentale une détermination complète à aider l’Ukraine dans cette guerre. Je le ferai dès le premier jour. Et je veux aussi dire que l’engagement total de la Pologne en faveur de l’Ukraine dans ce conflit cruel avec l’agresseur russe ne signifie pas l’absence d’assertivité cordiale et bienveillante lorsque il s’agit des intérêts polonais — des intérêts des entrepreneurs, des chauffeurs, des agriculteurs, de l’État polonais. Car la tâche n’est pas si difficile. Je parle là d’aider notre alliée, notre sœur, l’Ukraine amie qui se bat aujourd’hui une lutte à mort. Nous pouvons mener ce combat de front en maintenant un engagement total en faveur de l’Ukraine combattante. Nul n’a besoin d’enseigner aux Polonais ce que signifie la solidarité élémentaire. Plus que de simples témoins, nous avons contribué à cet élan extraordinaire de solidarité lorsque nous avons aidé les familles ukrainiennes qui devaient fuir la guerre. Et en même temps, là encore, je compte sur la coopération de tous sans exception. Nous porterons une grande attention, et si nécessaire de manière ferme, à ce que les intérêts polonais soient respectés dans les relations avec chacun de nos voisins, s’ils souhaitent poursuivre la construction et le renforcement à nos côtés d’un monde libre fondé sur les valeurs pour lesquelles l’Ukraine se bat aujourd’hui.
À nouveau, ce passage du discours tranche avec la politique menée par le PiS. Si au début de la guerre d’Ukraine, le parti nationaliste avait joué le jeu de la solidarité et du soutien à son voisin attaqué, la campagne électorale l’a progressivement fait dévier de cette ligne. À partir du printemps 2023, la menace de l’extrême droite de Confédération, hostile au soutien à l’Ukraine, a poussé le PiS à adopter une attitude de plus en plus ferme vis-à-vis de l’Ukraine, suspendant des livraisons d’armes et instrumentalisant la mémoire de la Seconde Guerre mondiale pour dénoncer certains choix politiques du gouvernement ukrainien. Tusk semble décidé à revenir à un soutien fort à l’Ukraine, à un moment clef pour le pays : aux États-Unis, les débats patinent au Congrès sur le versement de nouvelles aides ; en Europe, les négociations sont difficiles au Conseil européen. En insistant sur le fait que la menace pour la Pologne se trouve à l’Est et pas à l’Ouest, Donald Tusk se présente en allié ferme de l’Ukraine.
Que cela serve aussi de rappel, car il me semble que certains n’ont toujours pas compris ce qui se joue réellement dans cette guerre. Certains d’entre vous semblent avoir oublié que les Ukrainiens ont fourni des efforts considérables pour intégrer leur pays au reste de l’Europe. Que ce combat a réellement commencé à Maidan, et que son objectif était l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Vous savez bien, vous vous souvenez avec quel enthousiasme nos amis en Ukraine nous disaient — « Oh, la Pologne, vous avez réussi. C’est une magnifique leçon pour nous. » Ils voulaient nous imiter en tout point, voyant ce que signifie une démarche habile, solidaire, unifiant tout un peuple pour l’intégration dans le monde libre, dans tout l’Occident. Aujourd’hui, l’Ukraine saigne aussi parce que les Ukrainiens et Ukrainiennes rêvaient que leur pays soit comme les autres pays occidentaux — un État de droit et démocratique. Un État où les droits de l’homme, les droits des minorités sont respectés — c’était et cela continue d’être leur rêve. Ils versent leur sang aujourd’hui pour cet idéal, et c’est aussi une raison de notre engagement. Car, remarquez — c’est en fait l’essence du dilemme politique actuel — voyez quelle tendance dangereuse nous avons aujourd’hui dans le monde. Presque tous les leaders politiques en Europe et ailleurs qui renoncent aux valeurs européennes républicaines traditionnelles, telles que la démocratie, l’État de droit, l’indépendance des médias et la liberté d’expression, sont, par une étrange coïncidence, les mêmes politiciens qui sont également anti-ukrainiens. D’ailleurs, les réactions très positives dans presque toutes les capitales occidentales au changement politique en Pologne résultent aussi de la conviction que seul un Occident uni, et une Europe unie, autour des valeurs dont je viens de parler, peut aider l’Ukraine à gagner cette guerre. Car elle est menée au nom de ces valeurs.
C’est pourquoi la future politique polonaise sera ferme envers ces États et ces politiciens, qui se sont non seulement détournés de ces valeurs, mais font également peser sur l’Ukraine un risque de défaite. Je ne citerai pas de noms ni de pays, car je suis sur le point de me rendre à Bruxelles, nourrissant l’espoir d’imaginer d’autres moyens que ceux auxquels nous avons eu recours par le passé pour convaincre nos alliés traditionnels d’adopter une position ferme en faveur de la liberté, des valeurs républicaines et de la défense de l’Ukraine contre l’agression russe.
Quelques heures après son investiture, Donald Tusk s’est rendu à Bruxelles pour un Conseil européen absolument clef pour assurer la persistance du soutien européen à l’Ukraine. Alors que Viktor Orbán a considérablement compliqué ces négociations, il est difficile de ne pas voir une référence implicite au Premier ministre hongrois dans le discours de Donald Tusk.
Lorsque je parle de la nécessité de cette communauté, c’est parce que nous savons, d’après notre propre expérience, que face à des événements aussi terribles que ceux qui se déroulent actuellement en Ukraine, seule une communauté soudée peut relever de tels défis. Mais nous sommes confrontés à d’autres enjeux. La migration. Il est possible de respecter autrui, d’autres religions, d’autres races, tout en étant conscient de l’énorme menace pour l’Europe et pour le monde entier que représentent ces turbulences — une menace majeure que constitue la migration incontrôlée des peuples, causée par les conflits, la guerre, la pauvreté, la faim ou les changements climatiques. Je souhaite, et cela marquera probablement un changement par rapport aux dernières années, que nous sachions très précisément distinguer les outils et les méthodes d’action qui appartiennent à la communauté nationale, qui servent à renforcer la souveraineté de l’État polonais, des outils que nous devons aussi savoir utiliser au profit de la communauté européenne ou mondiale. J’aspire à ce que chaque personne présente dans cette Assemblée sache qu’aucun État ne peut faire face au défi migratoire ou à la crise climatique s’il fait cavalier seul. Même les États-Unis ne peuvent gérer seuls la pression migratoire, et c’est un pays bien plus vaste que la Pologne.
Je veux que la Pologne assume sa part de responsabilité dans la protection des frontières européennes et du territoire européen. Dans le programme de mon gouvernement, il n’y aura pas de place pour le commerce des visas. Nous ne tolérerons pas les actions de façade. La frontière orientale de la Pologne sera une frontière étanche. Les services polonais, l’administration polonaise, nous tous, également ici dans cette Assemblée, veillerons efficacement à ce que le territoire polonais — et par conséquent le territoire européen — et les frontières polonaises et européennes soient efficacement protégées. Et cela peut être fait de manière efficace tout en respectant les autres personnes. Il est possible de protéger la frontière polonaise avec humanité. Nous ne nous cacherons plus cette réalité que des centaines de milliers de personnes ont profité d’un système corrompu organisé par le gouvernement précédent. Ce flot de personnes, incontrôlé, on ne sait qui, on ne sait quand, s’est déversé en Pologne et dans l’Union européenne. Ce ne sera plus toléré et nous clarifierons chaque détail de cette affaire. Cette commission d’enquête ne servira pas uniquement à identifier les différentes responsabilités dans cette affaire, mais également à éviter une nouvelle vague d’immigration illégale. C’est notre responsabilité aujourd’hui. La Pologne doit être préservée des dangers. Et nous atteindrons cet idéal d’un État sûr. Il est réellement possible de faire de notre pays un endroit préservé et à l’abri. Ce n’est pas une fiction, la Pologne peut vraiment être le pays le plus sûr sur Terre. Mais nous devons remplir, et nous remplirons, ces quelques conditions. Donc, comme je l’ai dit, la Pologne ne sera pas seule. La Pologne sera un leader et partie intégrante de la communauté européenne. La Pologne coopérera intensément avec tous ses alliés. Et la Pologne gardera ses frontières. Et personne en Pologne ne fera commerce de visas avec quiconque dans le monde.
Ce passage sur l’immigration renoue en partie avec la rhétorique de Donald Tusk pendant la campagne. En prônant une ligne de fermeté, qui resterait respectueuse du droit communautaire, il cherche à se distinguer du PiS qu’il attaque aussi en faisant référence au « commerce des visas » : en effet à partir du mois d’août, l’opposition au PiS a accusé le gouvernement d’avoir autorisé un système d’achats de visas, à des montants pouvant s’élever jusqu’à 5 000 dollars, par des étrangers afin de pouvoir venir en Pologne. Deux députés de la Plateforme civique (PO), ont notamment considéré que 350 000 visas attribués en Afrique et en Asie pourraient être concernés…
Le programme du futur gouvernement, si cette Haute Assemblée nous accorde sa confiance. (…), vous le connaissez. Il a été écrit et élaboré par des Polonais que nous avons rencontrés au cours des deux dernières années. C’est un programme extrêmement concret. Je tiens à vous dire, et je le dis avec une grande satisfaction, que pendant ces deux mois où vous avezje me dois de vous le dire franchement, honteusement gaspillé votre temps — non seulement en ne faisant rien pendant ces deux mois mais aussi en retardant la passation du pouvoir à ceux qui ont obtenu la confiance des Polonaises et des Polonais. Ces deux mois, vous les avez utilisés pour — je ne veux pas abuser de termes forts, mais vous avez sûrement lu vous-mêmes ce que faisaient vos collègues dans les ministères — vous assurer matériellement, vous et vos collègues du parti. La liste de ce que vous avez fait pendant des années jusqu’à ces deux derniers mois est vraiment impressionnante. Et elle sera rendue publique. Dans quelques dizaines d’heures, nous aurons enfin accès à la documentation, aux informations sur l’état réel du budget, sur l’emplacement des fonds cachés, sur l’endroit et la raison de la disparition de l’argent. Et dans quelques dizaines d’heures, nous présenterons aux Polonaises et aux Polonais des informations précises les décisions prises en ce qui concerne l’avenir de la sécurité énergétique, comme par exemple les petites centrales nucléaires.
J’en ai déjà parlé publiquement, mais lorsque vous demandez des détails, imaginez combien de choses nous devons clarifier, si ici, dans cette Assemblée, nous avons entendu parler de ce scandale. Ce sera l’une des premières questions à traiter. Je regarde M. le Ministre Mariusz Kamiński. Je ne m’imaginais pas un seul instant dire dans mon discours que je suis reconnaissant envers lui. Nous examinons cette affaire très minutieusement, Monsieur le Ministre. Je ne m’attendais pas à être témoin d’un conflit au sommet du pouvoir. Qu’à la dernière minute, un ministre du gouvernement, du « non-gouvernement » — je ne sais pas comment appeler l’expérimentation de deux semaines menée par M. Morawiecki — prenne une décision contraire à l’avis unanime de l’Agence de Sécurité Intérieure sur une question concernant l’avenir de l’énergie polonaise et la sécurité énergétique de nos relations avec les alliés. Son aventure révèlera peut-être une forme de corruption à grande échelle. Il s’agit d’un seul exemple, mais ô combien douloureux, qui confirme qu’en plus des cents actions concrètes que nous voulons mener, en plus des programmes des trois autres partis de la coalition dans la « Coalition du 15 octobre », nous devrons procéder très consciencieusement à un nettoyage minutieux. Ce n’est pas une tâche agréable, mais il est impossible d’avancer sans cela. Sans nettoyer cette écurie d’Augias que vous laissez derrière vous, avec votre mépris pour les procédures, la loi et les bonnes mœurs. Savez-vous en quoi ce gouvernement sera différent du précédent, entre autres ? Nous avons écouté hier le discours de M. Mateusz Morawiecki. Il a prononcé son discours. Il ne croyait pas en un seul mot de ce qu’il disait. Personne d’entre vous ne n’arrivait à croire que c’était le discours d’un futur gouvernement. Et j’aimerais que vous vous rappeliez comment se comportait ce côté de la salle pendant cette présentation. Nous avons écouté ce discours, ces mots, qui étaient en réalité dépourvus de sens et de contenu. Nous avons écouté ces mots avec respect et considération, et j’attends la même chose de vous. C’est une chance pour nous tous : prenez exemple !. La philosophie du nouveau gouvernement est également concernée. Nous serons différents, mais nous respecterons. Nous vous respecterons même lorsque vous ferez tout pour ne pas mériter notre respect. Mais nous serons patients.
Ici Donald Tusk s’adresse directement aux députés du PiS pour dénoncer le choix du Président Andrzej Duda de d’abord confier la formation du gouvernement de Mateusz Morawiecki, alors même que celui-ci n’avait aucune chance de réunir une majorité. Pour les partis de la coalition du 15 octobre, cette décision a été un moyen pour le PiS de sécuriser un peu plus son héritage politique et de couvrir certaines affaires de corruption, notamment en nommant des juges. C’est ainsi que trois jours avant la nomination de Tusk, Mariusz Kamiński, ministre de l’Intérieur entre 2019 et 2023, qui avait été condamné pour corruption en 2015 avant d’être gracié après l’élection de Duda, a vu sa grâce confirmée par le Tribunal Constitutionnel.
Quand je parle, entre autres, des cents actions concrètes, vous savez que ce n’est pas seulement une grande satisfaction pour la « Coalition du 15 octobre ». Je parle des cents actions concrètes de la Coalition Civique, mais comme vous le savez, l’accord de coalition prévoit la synthèse des programmes des partis qui forment cette alliance. Car nous avons commencé à travailler lorsque vous, pendant deux mois, avez fait ce qui est aujourd’hui votre honte, ce que toute la Pologne a observé, incrédule, ne pouvant pas croire que l’on puisse exploiter sa propre patrie dans les derniers jours de pouvoir. Nous avons déjà préparé la mise en œuvre de ces projets et d’autres résolutions incluses dans l’accord de coalition. Notre gouvernement n’est pas encore en place, mais son programme existe déjà in vitro.
En septembre, la Coalition Civique avait présenté un programme ambitieux en 100 initiatives, à réaliser dans les 100 premiers jours en cas de victoire aux élections parlementaires. Les mesures phares comprenaient le doublement du seuil d’exonération fiscale, l’abrogation de l’interdiction quasi totale de l’avortement, une augmentation de 20 % des salaires dans le secteur public, ainsi que la suppression des subventions étatiques aux organisations religieuses via le Fonds de l’Église. Donald Tusk avait souligné que ces initiatives visaient à répondre aux aspirations des Polonais pour une vie digne et normale. Le programme couvrait divers domaines tels que la famille, les affaires, la santé, et l’éducation, avec des promesses telles que l’augmentation des salaires des enseignants de 30 %, la réduction de la bureaucratie, et l’inversion de la politisation des écoles. Pour l’énergie et le climat, la KO visait à supprimer les restrictions sur les fermes éoliennes terrestres et à réduire les émissions de carbone de 75 % d’ici 2030. Un nouveau ministère de l’industrie était prévu pour être créé en Silésie afin de favoriser le développement économique régional.
Je vous regarde et je n’arrive toujours pas à comprendre, ni à croire que vous ayez totalement renoncé à agir en tant que services de l’État, en tant qu’État, durant le conflit à la frontière polono-ukrainienne. Vous avez complètement négligé votre rôle… C’est pourtant le cœur même de l’action étatique. La gestion de la frontière et la protection des entrepreneurs et des chauffeurs polonais étaient essentielles, mais vous avez manqué à la sauvegarde de leurs intérêts et avez également délaissé la surveillance de la frontière avec l’Ukraine en période de guerre. C’était un moment tellement symbolique, donc je tiens à vous dire que ce n’était pas dans le cadre des cents actions concrètes, ni de l’accord de coalition de la « Coalition du 15 octobre », mais par simple décence, que les futurs ministres de ce gouvernement ont passé des heures, toute une nuit, avec moi, à chercher des solutions rapides au problème de la frontière polono-ukrainienne. Nous avons recherché et trouvé des solutions pour répondre rapidement aux besoins des chauffeurs polonais tout en ouvrant immédiatement la frontière pour l’Ukraine en guerre, qui attendait des équipements sur cette autoroute bloquée. Nous n’avons pas attendu le vote d’aujourd’hui.
Donald Tusk fait référence à un blocage, en novembre 2023, de passages frontaliers Pologne-Ukraine par des transporteurs polonais, protestant contre la concurrence des entreprises ukrainiennes. Ces dernières, selon un accord temporaire de l’Union, opéraient sans permis habituels. Les manifestants dénonçaient une hausse significative des passages de camions ukrainiens, affectant le marché local. Des associations de transporteurs de plusieurs pays se sont jointes à cette protestation. Fin novembre, des milliers de camions étaient bloqués aux frontières, avec des temps d’attente prolongés. Début décembre, un nouveau corridor pour les camions vides retournant dans l’Union a été ouvert par l’Ukraine. Tusk semble vouloir débloquer la situation, notamment en demandant de l’aide à ses partenaires européens.
J’ai longuement discuté avec tous les candidats ministériels sur la manière de mettre en œuvre ces projets, et ils seront réalisés sans délai. Il en ira de même pour le PIT en caisse. Les éoliennes seront aussi une source d’énergie alternative en Pologne. Enfin, je tiens à vous dire que nous n’avons pas attendu ce vote pour élaborer et assurer le financement du futur budget de l’État. Vous savez, vous avez pris très facilement des décisions qui se chiffraient à des milliards de złotys ces derniers jours, mais vous n’avez absolument pas réfléchi à comment financer ces dépenses. Mais j’ai une bonne nouvelle. La « Coalition du 15 octobre » a déjà préparé des projets et un plan d’action pour mettre en œuvre des initiatives telles que le PIT en caisse dans les plus brefs délais – les entrepreneurs ne paieront l’impôt sur le revenu qu’après avoir reçu les paiements pour les factures émises, et non dès l’émission de la facture. Ils attendaient cette réforme depuis des années. Et je parle ici des micro-entrepreneurs, je parle de centaines de milliers de personnes qui travaillent dur pour un salaire modeste. Ils s’efforcent de maintenir à flot leur petite entreprise, leur propre famille, en ces temps difficiles. Et c’est aussi une question de dignité. Et ce congé pour les entrepreneurs n’est pas seulement financier. Ils seront donc exemptés de cotisations lorsque leur petite entreprise et leur activité commerciale seront inactives, car eux-aussi ont le droit de se reposer. Nous réduirons par ailleurs sur-le-champ la durée des contrôles pour les micro-entrepreneurs. Si quelqu’un connaît des personnes qui travaillent dur et entreprennent, il sait combien il est difficile pour elles de survivre sous la pression de contrôles injustifiés, interminables et excessifs.
Avec cette proposition et les suivantes, l’idée est de présenter une image de responsabilité, qui tranche avec la gabegie supposée des comptes publics sous le gouvernement du PiS.
Vous demandez des détails. Ils sont enregistrés, ils sont connus. Je n’ai pas besoin de lire ni les cents actions concrètes, ni d’autres éléments des programmes gouvernementaux des autres partis politiques. Toute la Pologne connaît ces détails. La Pologne nous tiendra responsable. Je n’ai pas peur. Au nom du futur gouvernement, je peux vous dire, nous n’avons peur d’aucune des promesses que nous avons faites. Elles seront tenues. Vous vous souvenez, l’équipe sortante effrayait les Polonaises et les Polonais – les nouveaux arrivent, ils prendront tout. Voilà ce que furent les premières actions — je le répète — du gouvernement avant le vote, donc ceux qui n’étaient que des candidats aux ministères. Nous avons également siégé pendant de longues heures pour que cette promesse soit tenue — rien de ce qui a été donné au fil des ans, rien de ce qui est un droit des citoyens polonais, ne sera retiré. Mais cela ne suffit pas.
Les salaires des enseignants augmenteront de 30 %. Et cette augmentation prendra effet dès le 1er janvier. Comme promis. Les salaires de l’ensemble du secteur public augmenteront de 20 %. Comme promis. Comme promis, encore, nous introduirons sans délai une seconde revalorisation annuelle des pensions et des retraites lorsque l’inflation dépassera 5 %. Vous vous moquiez de l’« allocation grand-mère », il y aura bien une « allocation grand-mère » cette année — dans le cadre du programme Maman Active. Nous verserons 1 500 złotys par mois à chaque mère, à chaque famille, à tous les parents qui ont besoin de cette aide pour prendre soin de leur petit. Je ne donne que quelques exemples de mesures qui seront aussitôt mises en place, qui sont déjà en cours.
Ici, le nouveau gouvernement démontre son intention de concurrencer le PiS en matière de politique familiale, tranchant avec la ligne jugée parfois trop libérale de son parti.
Bien que vous ayez bloqué la formation du nouveau gouvernement aussi longtemps que possible, nous n’avons pas attendu un seul instant. Pourquoi prendre ces exemples ? Parce que nous mènerons en même temps une politique fiscale responsable et veillerons à la stabilité financière de l’État. Et vous savez quoi ? Mon expérience parle, celle des huit années de gouvernement du PiS tout autant. Je compte sur l’engagement et l’aide de tous sans exception dans cette Assemblée, — ce n’est pas de la grande magie, mais cela nécessite une compréhension mutuelle —, pour que nous trouvions les méthodes pour aider là où ce sera nécessaire. Nous soutiendrons chaque Polonais, chaque Polonaise, ceux qui veulent travailler ou ceux qui ne peuvent pas et ont besoin d’aide. En même temps, nous veillerons à avoir une politique budgétaire responsable. C’est entre autres pour cela que nous introduirons le Conseil Fiscal — des personnes neutres qui donneront leur avis sur les dépenses de manière à ce que notre politique sociale, aussi généreuse et bienveillante soit-elle, ne menace en aucun cas la stabilité financière de l’État. La Pologne deviendra un modèle d’État dans toute l’Union européenne, conciliant ces deux besoins — celui du bien-être des citoyens et celui de la sûreté et de la stabilité de l’État.
Vous allez poser aujourd’hui de nombreuses questions. Je tiens à dire que je répondrai à chacune d’entre elles. Ceux qui se souviennent de mes mandats précédents en tant que Premier ministre doivent se rappeler que je répondais ici, dans cette Assemblée, à chaque question. Et vous recevrez une réponse à chaque question concernant le programme de la « Coalition du 15 octobre », les feuilles de route des différents partis, le rythme, le temps dans lequel nous serons capables de le mettre en œuvre. N’ayez crainte. Je suis très préoccupé par le comportement de certains collègues ici et par leur manière de se comporter dans la salle. Mais je suis heureux que vous ayez lu attentivement ces cents actions concrètes. Je suis également réconforté de voir que vous portez attention à ce cœur blanc et rouge, car le cœur polonais est blanc et rouge. Ce symbole a vraiment une grande signification pour nous et représente l’empathie authentique de ce gouvernement envers tous ceux qui en auront besoin.
Le cœur aux couleurs de la Pologne a été le symbole de la campagne de Donald Tusk, qui fut notamment affiché pendant les grandes marches d’opposition au PiS à l’automne.
Monsieur le Maréchal, je suis conscient, et vous l’êtes aussi, que dans un avenir proche, des situations difficiles de différentes natures pourraient survenir à notre frontière, peut-être aussi dans d’autres pays dont nous dépendons pour notre sécurité. Je tiens à souligner très fermement que nous devons nous préparer autant que possible, dans la mesure de nos moyens, à assurer notre sécurité par nous-mêmes, y compris militaire. Je commencerai la présentation des personnes qui feront partie de notre gouvernement par M. le vice-Premier ministre Władysław Kosiniak-Kamysz, premier vice-Premier ministre.
À partir de là, Donald Tusk présente son gouvernement, qui représente l’équilibre de la coalition. Les nouveaux ministres représentent plusieurs partis des trois principaux blocs : la Coalition civique, premier parti de la coalition, compte 14 ministres, issus de la Plateforme Civique (PO), le parti de Donald Tusk, de Moderne (Nowoczesna) et de l’Initiative Polonaise (Inicjatywa Polska) ; Troisième Voie a sept ministres répartis entre le Parti Populaire Polonais (PSL) et Pologne 2050 (Polska 2050) ; et la Nouvelle Gauche (Nowa Lewica), qui fait partie de La Gauche, en compte quatre.
Comme vous le savez, M. Władysław Kosiniak-Kamysz sera non seulement le premier vice-Premier ministre, mais aussi le ministre de la Défense nationale. Il est très important pour nous qu’à la tête de ce ministère se trouve un politicien à part entière, jeune mais extrêmement expérimenté. J’espère que vous apprécierez également le rôle positif de M. Władysław Kosiniak-Kamysz et de son parti dans ce tournant du 15 octobre. Monsieur le président, je tiens à vous remercier très sincèrement pour cette expérience exceptionnelle de loyauté mutuelle et de solidarité humaine. Permettez-moi de dire que vous serez un exemple ou une illustration de ce à quoi nous attachons tous une grande importance dans notre coalition. Nous ne nous disputerons pas. Pendant 4 ans, nous coopérerons avec respect mutuel — et aujourd’hui, je peux aussi dire de tous les leaders des partis formant la « Coalition du 15 octobre », avec sympathie, peut-être avec amitié, et avec la conviction que ensemble, on peut faire plus — et vous verrez que cette coalition, composée de 4 partis, ainsi que de divers autres milieux, car la Coalition Civique elle-même comprend plusieurs groupes avec leurs propres idées et ambitions. Comme cette coalition respecte les fondements communs dont j’ai parlé, nous veillerons, avec M. le président Władysław Kosiniak-Kamysz, M. Włodzimierz Czarzasty et bien sûr M. le maréchal Hołownia, à ce qu’elle coopère de manière harmonieuse et solidaire. Les espoirs qui ont émergé dans les coulisses, que ce mandat serait plus court, sont des espoirs vains.
Nous avons été témoins d’un gouvernement où les intérêts et les ambitions personnelles empêchaient de s’occuper sérieusement des problèmes. Vous vous êtes occupés pendant de longues années principalement de vous-même. Et je veux dire que notre coalition, dans sa diversité, prouve justement qu’une communauté politique est possible malgré des opinions différentes. Notre coalition donnera l’exemple d’une solidarité, d’une loyauté et d’une responsabilité exceptionnelles. Vous le verrez dans quatre ans. Vous me donnerez raison.
La surveillance civile de l’armée polonaise est aujourd’hui vitale. Cette surveillance, c’est avant tout un armement cohérent de l’armée polonaise, dans le respect de tous les engagements et contrats conclus par nos prédécesseurs. J’exclus naturellement les situations où il s’avérerait que certaines actions auraient un caractère corrompu. J’espère que l’affaire révélée par M. Kamiński n’est pas révélatrice de quelque chose de plus important et ne concerne pas les contrats d’armement. C’est mon espoir et c’est pourquoi, avec conviction, au nom également de M. Władysław Kosiniak-Kamysz, nous pouvons dire que l’armée polonaise sera bien armée avec l’aide de nos alliés.
Władysław Kosiniak-Kamysz, âgé de 42 ans, occupe désormais les fonctions de vice-premier ministre et de ministre de la Défense, sous l’étiquette du parti PSL/Troisième Voie. Malgré sa jeunesse, il est considéré comme un vétéran de la politique polonaise, ayant déjà servi en tant que ministre du travail, à partir de 2011, dans le gouvernement précédent de Donald Tusk. Il est devenu leader du PSL en 2015, un rôle qu’il a maintenu malgré des résultats électoraux mitigés. Reconnu pour sa capacité à collaborer efficacement avec divers partis politiques, Kosiniak-Kamysz a même été envisagé par le Premier ministre sortant du parti PiS, Mateusz Morawiecki, pour diriger un gouvernement de coalition, dans une tentative de maintenir le PiS au pouvoir. Dans son rôle actuel au ministère de la Défense, il est confronté à des décisions cruciales, notamment concernant le budget de la défense. Sous l’administration du PiS, la Pologne a lancé une campagne de dépenses militaires sans précédent, accélérée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette année, les dépenses de défense ont atteint 4 % du PIB, le taux le plus élevé au sein de l’OTAN. Bien que l’opposition ait exprimé des inquiétudes quant à l’utilisation de ces fonds, elle soutient l’idée que la Pologne doit renforcer ses défenses. Cependant, en tant que ministre de la Défense, Kosiniak-Kamysz pourrait subir des pressions de la part d’autres membres du gouvernement pour réduire certaines de ces dépenses. Toute réduction des dépenses militaires pourrait se transformer en avantage politique pour le parti PiS, exploitant les possibles réductions comme un manque de soutien à la sécurité nationale.
Le second vice-Premier ministre de notre gouvernement sera M. Krzysztof Gawkowski, vice-Premier ministre et ministre responsable de la numérisation. Je n’ai pas besoin de convaincre qui que ce soit de l’enjeu que représente aujourd’hui la numérisation – c’est un mot-clef- de ce que cela signifie pour notre sécurité, pour la position de la Pologne dans le monde, le développement des technologies les plus modernes, ce que signifie la sécurité dans ce domaine, la cybersécurité. Vous voyez vous-même aujourd’hui, même en temps de guerre russo-ukrainienne, combien ces technologies les plus modernes sont importantes, également sur le champ de bataille. Ainsi, les deux vice-Premiers ministres seront largement responsables de la construction de notre armée et de notre sécurité, au sens le plus large, sur des fondements modernes, innovants et très stables.
Je n’ai pas besoin de présenter M. Radosław Sikorski. Je ne vais pas détailler sa biographie, car je risquerais d’embarrasser ici quelques héros actifs lors du dernier jour de la révolution. Nous la connaissons. Nous veillerons, avec Radosław Sikorski, comme je l’ai déjà mentionné, à préserver la position de la Pologne sur la scène internationale tout en menant un travail efficace en faveur de l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie. Je veux par ailleurs vous dire que nous préparons déjà des visites qui auront des conséquences très concrètes. Je veux aussi vous rassurer, car je sais que des inquiétudes et des craintes s’étaient exprimées. Oui, je rapporterai de Bruxelles ces milliards d’euros tant attendus par les entrepreneurs et les collectivités locales polonais. Władysław Bartoszewski a dit un jour, je ne sais pas si vous vous en souvenez, qu’il vaut mieux être honnête, même si cela ne paie pas toujours. Peut-être cela paye-t-il d’être malhonnête, mais cela n’en vaut pas la peine. Je veux vous dire que je reviendrai de Bruxelles avec cet argent et vous savez ce que je dirai aux Polonaises et aux Polonais ? Que nous avons réussi, dans les premiers jours de notre gouvernement, à être honnêtes et que cela a payé, pour nous tous.
Ici, Donald Tusk fait référence au 111 milliards d’euros de fonds européens. Le gel des fonds était dû aux préoccupations de l’Union concernant l’indépendance du système judiciaire polonais, mise à mal par le gouvernement PiS. La Pologne doit donc adopter de nouvelles lois pour répondre aux exigences de la Commission, ce qui pourrait se heurter à l’opposition du président polonais Andrzej Duda, aligné avec l’ancien gouvernement et réticent à soutenir ces réformes. Johannes Hahn, Commissaire européen au budget, a exprimé lors d’une interview avec Reuters son optimisme quant aux relations futures entre Varsovie et Bruxelles. Hahn a souligné que la Commission ne prévoyait pas d’attendre la fin du mandat de Duda en 2025 pour trouver une solution.
Après mon retour de Bruxelles, je me rendrai le lendemain à Tallinn pour rencontrer les Premiers ministres de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie. Les sujets seront évidents — la guerre et une frontière sûre. Nous renforcerons la coopération avec les pays qui partagent nos vues sur cette question, donc pas seulement avec nos voisins de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie, mais aussi avec la Finlande, la Suède, et en dehors de l’Union, avec la Norvège. Dans cette région nord-est, la pression de l’immigration illégale organisée par Poutine et Loukachenko est particulièrement pénible. Nous voulons jouer un rôle extrêmement actif en tant que l’un des leaders de la défense moderne de la frontière polonaise et de la protection de cette frontière, en collaboration avec nos amis des pays que j’ai mentionnés.
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Monsieur Andrzej Domański sera responsable des finances publiques. Il est l’un des auteurs clés du programme « cents actions concrètes » Il a également travaillé sur le programme de la « Coalition du 15 octobre » et sera la garantie personnelle que tout ce qui est écrit ici, tout ce que nous avons présenté aux Polonais et Polonaises, bénéficiera également d’une solide couverture financière, tout en évitant d’exposer l’État polonais à des turbulences économiques. Nous assurerons certainement — sans chercher à épargner au détriment des Polonais, et sans rien faire qui puisse gréver les familles polonaises — la sécurisation efficace des besoins financiers de l’État. Et soyez rassurés — nous maintiendrons tout cela dans les limites de la responsabilité élémentaire et du bon sens financier. Monsieur Andrzej Domański en sera la garantie.
Andrzej Domański, âgé de 42 ans, endosse le rôle de ministre des Finances dans le gouvernement polonais. Ce ministère clef est confié à un membre de la Plateforme Civique, économiste de profession, mais nouveau venu en politique. Lors des récentes élections, Domański s’est imposé comme un élément clé de la campagne de KO grâce à son expertise économique, se présentant sous le slogan « Andrzej Domański – l’homme de l’économie ». Sa contribution majeure a été la rédaction du programme économique du parti, ce qui lui a valu une certaine notoriété au sein de KO. Sa tâche s’annonce complexe, comme le suggère le discours de Tusk : historiquement proche de la ligne très libérale de la Plateforme civique, il doit composer avec la popularité de la politique de dépenses sociales du PiS et s’est déjà engagé à poursuivre dans cette voie. En parallèle, il devra affronter la pression de certains membres de son parti et de Pologne 2050, un de ses partenaires de coalition, qui demanderont sans doute un virage libéral.
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Je reconnais que cet exposé est inhabituel, à l’image de la situation exceptionnelle dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Comme vous le savez, c’est la première fois dans l’histoire du parlement polonais que la Diète désigne un candidat au poste de Premier ministre. Demain, je l’espère, grâce à la décision de cette Assemblée, j’aurai l’honneur de prêter serment devant le Président.
Je viens de commettre une erreur involontaire. Monsieur le Ministre Dariusz Wieczorek, grâce à cette petite gaffe, cette présentation restera dans les mémoires de cette assemblée, alors veuillez voir cela comme un privilège spontané. Il dirigera le ministère de la Science, une nomination attendue. J’ai longuement réfléchi car créer de nouveaux ministères n’était pas mon intention, mais le besoin était clairement exprimé par les milieux éducatifs et universitaires. Nous avons donc décidé de rétablir le Ministère de la Science et de l’Enseignement Supérieur. M. Dariusz Wieczorek assumera cette fonction. Je sais qu’il a choisi d’excellents collaborateurs. Nous serons témoins d’une reconstruction rapide de ce ministère. L’une des premières décisions — pour revenir aux actions concrètes — sera l’augmentation des salaires des enseignants universitaires, attendue depuis longtemps et comparable à celle des enseignants du primaire.
Après avoir présenté l’intégralité des membres de son gouvernement, Donald Tusk se rend compte qu’il a oublié son ministre des sciences, Dariusz Wieczorek, issu de La Gauche, notamment chargé de l’enseignement supérieur. À quelque chose malheur est bon puisque cet oubli lui permet de rappeler son engagement en faveur des professeurs.
C’est un jour spécial où je peux dire que les augmentations de salaires de 30 % concernent non seulement les enseignants, mais aussi les éducateurs de maternelle et, en regardant de l’autre côté du spectre éducatif, les enseignants universitaires. Monsieur le Ministre, qui est toujours député, je suis sûr que vous veillerez à cela.
À ce moment du discours, le gouvernement n’a pas encore été élu par l’Assemblée et les ministres n’ont pas prêté serment devant le Président de la République. C’est seulement à ce moment-là que le nouveau gouvernement polonais prendra officiellement ses fonctions.
Cette présentation atypique reflète une situation inédite. Je tiens à remercier une fois de plus cette Assemblée pour son choix d’hier. La Constitution ne prévoit pas normalement un exposé pour un Premier ministre désigné dans cette deuxième étape, mais j’ai insisté sur la rapidité d’action. Vous savez pourquoi. Les jours et les heures comptent. Je rencontrerai probablement le président Zelensky à Bruxelles. L’Ukraine compte chaque heure et chaque jour, attendant un soutien supplémentaire. La Pologne attend des milliards de fonds européens. La Pologne attend aussi des signaux rapides de coopération avec d’autres pays voisins de la Russie. Mon ambition est de diriger, au nom de la Pologne, une politique européenne pour protéger nos frontières, de tous les côtés de l’Europe, afin que la menace de l’immigration illégale ne soit plus aussi préoccupante qu’actuellement.
Je voudrais conclure cet exposé inhabituel par quelque chose d’exceptionnel dans notre histoire. Ce sera mon dernier point. Il s’agit de quelque chose de proprement extraordinaire. Peut-être avez-vous lu hier cette modeste note de l’agence PAP. C’est un rapport succinct des dernières études du CBOS, un institut gouvernemental de recherche sociale. Hier, le CBOS a publié un rapport sur une enquête menée il y a quelques jours. En trente ans d’études du CBOS, depuis 1992, cette étude a mesuré que jamais autant de Polonais n’avaient estimé que les gens ordinaires avaient une influence sur les affaires du pays : aujourd’hui, après les élections du 15 octobre, 54 % des citoyens le pensent, contre 26 % dans l’enquête précédente de février 2020. Le commentaire du CBOS : les dernières élections n’ont pas seulement attiré un nombre record de votants, mais ont renforcé — ou plutôt recréé — chez les Polonais le sentiment de citoyenneté active, c’est-à-dire la conviction de la puissance d’une voix individuelle et de la possibilité d’influencer la réalité politique par le vote. Le changement dans les opinions des Polonais est révolutionnaire, car jusqu’à présent, depuis le début de cette enquête en 1992, les Polonais estimaient généralement que les citoyens ordinaires n’avaient aucun impact réel sur la politique nationale. Après le 15 octobre, la majorité des Polonais a non seulement retrouvé, mais a cru pour la première fois qu’elle avait un véritable impact sur le destin de sa — de notre — patrie.
Chers amis, ne gâchons pas ce moment. C’est un grand engagement pour nous. Ce n’est pas un exposé, mais chaque mois, je rendrai compte aux Polonais et Polonaises de ce que nous avons accompli, de nos succès et de nos difficultés, honnêtement et sincèrement. Vous savez que l’une des raisons de ce renouveau, de cette foi retrouvée dans leur propre agentivité, étaient ces manifestations organisées par les Polonais et les Polonaises : le 4 juin, un il y avait un demi-million de personnes ; et le 1er octobre, un million de personnes dans les rues de Varsovie. Il y avait aussi des milliers et des milliers de personnes aux meetings auxquels j’ai eu le privilège et l’honneur de participer. C’est aussi un devoir.
Les derniers mots du discours de Donald Tusk sont à la fois empreints de gravité et d’espérance. En plus de lier son action intérieure à la situation internationale, il semble déterminer à inscrire la « Coalition du 15 octobre » dans le long-terme. Pour lui, il s’agirait rien moins que de refonder le pacte démocratique polonais. Après huit années de gouvernement du PiS, Tusk doit commencer par opposer ses mots avant de voir s’il sera effectivement capable de mener son programme de refondation politique.
Je m’engage ici à trouver chaque mois, quelque part en Pologne, un peu de temps pour rendre compte ouvertement et publiquement, devant 10 000 personnes ou 5 personnes, au nom de mon gouvernement, de ce que nous avons fait, de nos réussites, de nos difficultés — honnêtement et véritablement. Nous ne pouvons pas, nous n’avons pas le droit de gaspiller ce grand renouveau. Le 15 octobre a été un grand jour de renaissance pour les Polonais. L’heure de la Pologne heureuse est arrivée.