Cet article fait partie d’une série en cours présentant opinions et perspectives originales sur l’accord commercial entre l’Union et le Mercosur récemment signé. Les autres articles sur le sujet sont à retrouver ici.

Brasília. L’objectif de l’accord de libre-échange entre l’Union et le Mercosur, qui a été annoncé le 28 juin, est de faciliter la libre circulation des marchandises entre pays ou blocs, en créant des réglementations sanitaires et environnementales communes afin de faciliter les échanges bilatéraux. L’accord prévoit la réduction et, à terme, l’élimination des droits de douane et des contingents d’importation. En outre, la participation d’entreprises étrangères appartenant aux pays signataires de l’Accord de libre-échange aux appels d’offres gouvernementaux est prévue, ce qui stimulera la coopération internationale entre les entrepreneurs, les gouvernements et les administrations publiques.

L’entrée en vigueur de l’accord bilatéral prendra certainement du temps, car il dépend de l’évaluation juridique et de la ratification par le Parlement européen et, individuellement, par les pouvoirs législatifs des quatre pays membres du Mercosur et des vingt-huit membres de l’Union. Du côté européen, les partis environnementaux, qui ont remporté d’importantes victoires lors des dernières élections, peuvent créer une opposition à l’accord au Parlement européen. La politique écologiste du gouvernement Bolsonaro a été sévèrement critiquée, car la déforestation en Amazonie cette année a atteint des niveaux records. Selon les données de l’Institut national des recherches spécialisées (INPE), 769 kilomètres carrés ont été déboisés entre le 1er et le 29 juin 2019. Il s’agit du deuxième plus haut niveau de déforestation enregistré depuis juin 2016, date à laquelle 951 kilomètres carrés avaient été déboisés1. En particulier, le gouvernement français a annoncé publiquement ses réserves concernant la ratification de l’accord, sous réserve du respect de l’accord de Paris par le gouvernement brésilien2.

D’autre part, il est moins probable que la ratification se heurte à des difficultés au Congrès national de Brasilia. L’approbation de la réforme de la sécurité sociale, au premier tour de scrutin, marque une nouvelle étape dans les relations entre le président de la Chambre des députés, Rodrigo Maia, et le gouvernement Bolsonaro. De plus, le leadership du Brésil dans la signature d’un accord entre trente-deux pays contribue à projeter une image du pays à l’étranger engagée dans le multilatéralisme. Si l’accord est ratifié, la zone de couverture correspondra à la plus grande zone de libre-échange du monde, ce qui équivaut à 25 % du PIB mondial et à un marché de 780 millions de personnes3.Cela rompt avec la position nationaliste défendue par le ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araújo, et marque une position plus ouverte du pays sur la scène internationale.

Perspectives :

  • La signature de l’accord de libre-échange satisfait sans aucun doute les grands agriculteurs brésiliens, qui sont des exportateurs de produits de base vers l’Union. La lune de miel avec les secteurs économiques bénéficiaires de l’accord peut faciliter l’approbation finale de la réforme de la protection sociale, étant donné les dimensions du groupe ruraliste au Congrès national.
  • D’autre part, il est probable que la ratification de l’accord, en raison de sa complexité, s’étendra sur au moins deux ans. L’opposition des agriculteurs et des environnementalistes européens, en plus des possibles réactions des petites et moyennes entreprises du côté sud-américain, sont autant d’obstacles auxquels les gouvernements des pays membres du Mercosur seront probablement confrontés.