Madrid. Près d’un mois après les élections législatives du 28 avril, l’Espagne votait aujourd’hui pour ses 54 députés (qui deviendront 59 après le Brexit) au Parlement européen. Si la participation à ces élections européennes, de 64,32 %, est de près de 10 points inférieure à celle observée pour les élections générales, elle est clairement en hausse par rapport aux élections européennes de 2014, lorsque 45,83 % de l’électorat s’étaient rendus aux urnes.

Les résultats confirment les tendances observées lors des élections générales du 28 avril. C’est une très nette victoire du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sánchez, qui obtient 20 sièges au Parlement européen, largement devant le Partido Popular (PP) qui obtient 12 sièges. Ciudadanos, le parti de centre-droit, constitue la troisième force politique espagnole au Parlement européen mais le parti fait moins bien que ce qu’envisageaient les derniers sondages : en n’obtenant que 7 sièges, il est loin de dépasser le Partido Popular qui résiste en partie à un déclin général par rapport à 2014.

Comme prévu dans les sondages, Vox, le parti d’extrême droite de Santiago Abascal, entre au Parlement. Avec 6,5 % des voix et 3 sièges, Vox ne fait pas la percée à laquelle on pouvait s’attendre dans le contexte de l’affirmation des tendances eurosceptiques en Europe et après son affirmation en Andalousie à l’issue des élections de décembre et à l’échelle nationale lors des élections du 28 avril, à l’issue desquelles le parti avait obtenu 10,3 % des voix.  Il semble bien, au regard des résultats des élections européennes, municipales et aux parlements des communautés autonomes espagnoles, que Vox ait atteint un certain plafond et que l’Espagne échappe pour partie à la vague nationaliste et eurosceptique qui agite l’Union Européenne. Par comparaison, la percée de Podemos au Parlement européen en 2014 avait été plus forte. Ces élections européennes sont aussi une victoire pour les indépendantistes catalans, puisque Ahora Repúblicas, coalition regroupant notamment la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), obtient 3 sièges, et Lliures per Europa (Junts), le parti de Carles Puigdemont, obtient 2 sièges.  Se posera dans les prochaines semaines la question juridique de l’investiture des députés indépendantistes poursuivis par la justice espagnole.

L’Espagne a donc une position bien particulière en Europe : le pays apporte un fort contingent socialiste au Parlement européen et si la question écologique faisait consensus pour les candidats présents lors du débat télévisé du mercredi 22 mai, l’Espagne ne compte pas de parti vert important.