Belgique

Bruxelles. En Belgique, la “vague verte” annoncée dans un contexte de forte mobilisation de la jeunesse belge face à la crise climatique n’a pas eu lieu. Certes, les écologistes progressent par rapport au scrutin européen de 2014 dans le collège néerlandophone comme dans le collège francophone. Cependant, cela ne suffit pas pour que les Groen flamands obtiennent un siège supplémentaire au Parlement européen ou pour qu’Ecolo, qui y enverra deux représentants, devienne le premier parti politique de Wallonie et de Bruxelles.

Ce sont finalement les nationalistes flamands du Vlaams Belang, alliés de la Lega et du RN, qui enregistrent la percée la plus impressionnante. Arrivé en deuxième position après le N-VA dans le collège néerlandophone, le Vlaams Belang obtient le même nombre d’eurodéputés : 3. Le N-VA n’est pas le seul parti de l’ancienne coalition fédérale à connaître un recul sur la scène européenne et à perdre un siège au Parlement de Strasbourg. Il en va de même pour les libéraux flamands menés par Guy Verhofstadt (Open VLD) et les libéraux francophones du Mouvement réformateur du Premier ministre démissionnaire Charles Michel.

Sont aussi élus 4 eurodéputés démocrates chrétiens (CD&V flamand, cdH francophone, CSP germanophone) affiliés au PPE, 2 socialistes francophones, 1 socialiste néerlandophone et 1 représentant du Parti du travail de Belgique, premier eurodéputé belge émanant de la gauche radicale. L’éparpillement politique qui caractérise le scrutin européen se retrouve dans les résultats des élections fédérales qui avaient également lieu dimanche : la formation d’une nouvelle coalition gouvernementale s’annonce longue.

Finlande

Helsinki. En Finlande, où la participation à 42,7 % est en hausse, les résultats confirment la tendance observée lors des législatives du 14 avril : un net retrait des centristes et conservateurs, au gouvernement depuis 2015, et une avancée des sociaux-démocrates et surtout de la Ligue verte, deux partis en négociations pour former le prochain gouvernement, sous la direction du social-démocrate Antti Rinne.

Cette forte progression des Verts s’inscrit dans la poussée plus globale des partis écologistes en Europe notamment en Allemagne (2e position), en France (3e position), en Autriche (4e position) et un résultat notable au Royaume-Uni.

Arrivée en troisième position du scrutin, le parti social-démocrate progresse par rapport à 2014 avec 14,6 % des voix mais peine à dépasser le parti d’extrême-droite des Vrais Finlandais. En tout état de cause, la progression de la Ligue Verte et des Sociaux démocrates aux élections européennes augure une future coalition gouvernementale associant ces deux formations alors que la Finlande assumera la présidence tournante de l’Union européenne au second semestre 2019, juste après les élections européennes. Elle interviendra à un moment clé, lorsque les commissaires européens, le président de la Commission européenne, mais aussi le président du Conseil européen devront être renouvelés.

Estonie

Tallinn. En Estonie, les électeurs ont décidé de punir les partis membres de la coalition gouvernementale en plaçant l’opposition en tête. En effet, le parti de la réforme d’Estonie (Eesti Reformierakond) ainsi que le parti Social-Démocrate (Sotsiaaldemokraatik Erakond) sont tout deux dans l’opposition au parlement estonien et sont les grands gagnants du suffrage. Eesti Reformierakond remporte deux sièges avec 26.2 % et 23.3 % des électeurs ont choisi Sotsiaaldemokraatik Erakond. Le parti du centre d’Estonie, Eesti Keskerakond, à la tête du gouvernement en Estonie a été critiqué pour avoir accepté de former une coalition gouvernementale avec le parti d’extrême-droite EKRE en avril 2019. Ainsi, Eesti Keskerakond, mené par le Premier Ministre Jüri Ratas, se place en troisième position avec 14.4 %. Il est suivi du parti nationaliste EKRE (12.7 %) et du troisième parti membre de la coalition gouvernementale, les conservateurs d’Isaama, qui se place en cinquième position (10.3 %). Jaak Madison sera le premier représentant de EKRE au parlement européen. Il est considéré comme le représentant de la face « présentable » du parti, dont sont membre des suprématistes blancs, bien qu’ayant défendu le bilan économique du IIIème Reich et faible taux de chômage sous Adolf Hitler. La majorité des électeurs estoniens s’inquiètent de la normalisation de EKRE en punissant les partis qui ont accepté de s’y allier pour gouverner. Toutefois, le taux de participation faible de 37.3 %, une très légère hausse par rapport à 2014 lorsque 36.5 % des électeurs s’étaient rendus aux urnes, relativise le poids de l’opposition.

Suède

Stockholm. Comme indiquaient les sondages, le taux de participation a augmenté de 4.4 % soit une participation de 53,1 % des électeurs par rapport de 2014.

Les Sociaux-démocrates restent le plus grand parti suédois avec 23,7 % suivis par le parti conservateur, les Modérés à 16,7 % et les nationalistes les Démocrates de Suède à la troisième position avec 15,6 %.

L’« effet Greta » observé entre autres en Allemagne, en Irlande, en Finlande ou aux Pays-Bas, où des partis écologistes ont pris de l’élan suite aux manifestations pour le climat, menées par la jeune suédoise Greta Thunberg, n’est pas aussi évident dans son pays d’origine, où le Parti vert a chuté de 3,8 % par rapport en 2014.

Ce que l’on peut noter cependant c’est une montée très clair des partis considérés de droite. En 2014, les Modérés, les Chrétiens-démocrates et les Démocrates de Suède ont reçu environ 29 % des votes, en ce moment ce chiffre est de 40,9 %.

Un autre grand changement par rapport en 2014 c’est le résultat des Libéraux, qui ont perdu plus de la moitié de leurs électeurs et qui sont très proches de n’avoir aucun mandat en ayant en ce moment 4,1 % des votes.

Luxembourg

Luxembourg. Comme nous vous l’annoncions avant le vote, l’essentiel de l’enjeu des élections européennes au Luxembourg s’est concentré autour de l’attribution d’un seul des sièges, le troisième siège de la CSV (PPE), parti du président de la Commission Jean-Claude Juncker qui a remporté l’immense des scrutins nationaux dans le pays depuis 1945. D’après les sondages, le parti populiste de droite ADR (CRE) semblait être le mieux placé pour s’emparer ce siège. Mais ce sont finalement les libéraux du DP (ALDE), formation de l’actuel premier ministre Xavier Bettel, qui se sont arrogés un second siège au détriment de la CSV, laissant l’ADR et ses 10,04 % des voix (+2,54pp) repartir bredouille du scrutin.

Le DP réussit même un exploit en dominant de 4000 voix l’imbattable CSV (21,44 % contre 21,1 %), qui perd 16,55pp par rapport à 2014. Un mauvais résultat des chrétiens-sociaux qui pourrait s’expliquer en partie par le départ imminent de deux figures qui avaient beaucoup contribué à la crédibilité européenne du parti : l’ancienne commissaire Viviane Reding, désormais députée européenne, qui ne se représentait pas ; et surtout Jean-Claude Juncker lui-même dont le mandat arrive à échéance. Derrière le duo de tête, les Verts font un très bon score à 18,91 % (+3,9pp) qui leur rapporte un siège, et le LSAP (S&D) se maintient à 12,19 % (+0,44pp), avec un siège également. Enfin, on note une percée notable du parti pirate (7,7 %, +3,47pp) qui dépasse largement le parti de la gauche radicale Déi Lénk (4,83 %,-0,93pp), sans toutefois décrocher l’un des 6 sièges de la délégation.