Stockholm. « Pour la première fois, il existe une réelle chance de réformer l’Union Européenne (UE) de l’intérieur. C’est aussi ce pour quoi nous travaillerons au cours du prochain mandat et ce que nous allons conduire dans le mouvement électoral » a déclaré Peter Lundgren, un des leaders des Démocrates de Suède (SD) lors du forum politique de la télévision publique suédoise SVT, le 29 janvier dernier (2). Selon le député européen, les élections européennes du 26 mai prochain devraient voir la victoire des partis eurosceptiques, dont font partie les Démocrates de Suède. Le parti pense qu’un bon résultat des autres partis nationalistes européens devrait leur permettre d’exercer une plus forte influence au sein du Parlement européen et des institutions européennes.

Il s’agit d’un tournant dans la ligne du parti. En effet, les Démocrates suédois se sont présentés aux élections législatives de septembre 2018 sur un programme prônant l’organisation d’un référendum sur l’adhésion de la Suède à l’UE. Pendant toute la campagne, le parti a fait l’éloge du Brexit et du choix du peuple britannique. Pour les Démocrates de Suède, l’organisation d’un tel référendum aurait permis de faire émerger une majorité eurosceptique dans un pays plutôt pro-européen. Face à une hausse du mécontentement suédois, le parti aurait ainsi entamé des négociations pour bénéficier de conditions plus avantageuses au sein de l’UE. En fonction des résultats de ce processus de négociation, il aurait alors été décidé de quitter l’Union (3).

Pourtant, les choses ne sont pas claires à l’intérieur du parti suite à cette déclaration. Le leader des Démocrates de Suède, Jimmie Åkesson, a lui-même déclaré que la question de l’UE était précisément l’une des raisons pour lesquelles il avait adhéré au parti dans les années 1990. S’il semble sur la même ligne que l’eurodéputé en insistant sur le fait qu’il ne croyait pas que la Suède quitterait l’Union dans un avenir proche, il n’exclut pas que les Démocrates suédois reviennent à l’avenir sur la question (1). Cependant, il estime que ce n’est pas actuellement la meilleure période pour organiser un tel référendum.

Dans le parti, les réactions sont partagées. Henrik Gustafsson, responsable de l’information et de la presse, a nuancé les propos de M. Lundgren en expliquant qu’il s’agissait simplement de reporter la mise en oeuvre du référendum. Il s’agit en effet d’un marqueur politique fort dans un pays où tous les autres partis politiques se prononcent pour l’appartenance à l’Union Européenne. En interne, les dirigeants du SD reconnaissent que les difficultés économiques du Brexit rendent difficilement audibles les volontés de référendum auprès de la frange modérée du parti. De plus, leur exclusion de toutes les combinaisons gouvernementales depuis le mois de septembre dernier en fait toujours un acteur marginal sur la scène politique suédoise.

Sources :

  1. ELLIOTT Katia, Sverigedemokraterna byter fot – vill inte längre ha folkomröstning om EU, SVT nyheter, 31 janvier 2019.
  2. SVT : Sverigedemokraterna byter fot – vill inte längre lämna EU, EuropaPortalen, 31 janvier 2019.
  3. SCHAU Oscar, Vändningen : SD vill inte längre lämna EU, Norra Skane, 31 janvier 2019.

Thomas Gauchet