Londres. De sources internes au dossier, le site d’information économique et financière Bloomberg a annoncé le 1er octobre 2018 que la banque britannique Standard Chartered pourrait potentiellement se voir infliger une amende de 1,5 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année (1). Les autorités américaines enquêtent sur une présumée violation de l’accord de poursuite différée signé en 2007 entre la banque et le ministère de la justice américain. Alors accusé d’infractions aux sanctions américaines contre l’Iran, Standard Chartered s’était déjà acquittée d’une amende de 667 millions de dollars et engagée à coopérer pleinement avec les enquêteurs ainsi qu’à se conformer aux recommandations américaines (4).

La manœuvre est à replacer dans le contexte de la bataille politique et économique que se livrent américains et européens pour préserver les accords de Vienne. En effet, cette menace intervient à un mois du retour des sanctions américaines à l’encontre de la Banque Centrale Iranienne (BCI) et des exportations d’hydrocarbures iraniens, et quelques semaines après l’annonce de la mise en place de nouvelles mesures européennes pour contourner ces sanctions (1).

Cet épisode rappelle, dans une moindre mesure, la douloureuse amende de 8,9 milliards de dollars infligée par le Trésor américain à la BNP Paribas en 2014 (2). La sentence a constitué une mise en garde des autorités américaines envers quiconque tenterait d’outrepasser les sanctions iraniennes. De la même manière, il pourrait s’agir d’une piqûre de rappel à l’attention des banques européennes qui se risqueraient encore à commercer indirectement avec l’Iran.

Ces menaces, outre des coup de semonce, sont de véritable coups portés aux banques européennes puisque la fuite de telles informations affectent directement leurs cotations boursières. À titre d’exemple, le jour de l’annonce de la menace d’une nouvelle amende, l’action de la Standard Chartered a perdu 3,3 pour cent (3).

Ces manoeuvres contreviennent directement au projet des européens qui, sans l’appui des banques, auront du mal à garantir la contrepartie financière promise à l’Iran en l’échange de son maintien dans les accords de Vienne.

Perspectives :

  • 4 novembre 2018 : retour des sanctions américaines à l’encontre de la Banque Centrale Iranienne (BCI) et des exportations iraniennes d’hydrocarbures.
  • Fin 2018 : remise de l’enquête des autorités américaines sur les potentielles infractions de la Standard Chartered.

Sources :

  1. CHOUDHURY Ambereen, FINCH Gavin et FARELLE Greg, StanChart Said to Brace for New Iran Fine of $1.5 Billion, Bloomberg, le 1er octobre 2018.
  2. La BNP Paribas formellement condamnée à une amende record aux Etats-Unis, Le Monde, le 1er mai 2015.
  3. L’Union européenne va créer une entité pour commercer avec l’Iran, Le Monde, le 25 septembre 2018.
  4. WHITE Laurence, U.S. investigating possible StanChart Iran breaches after 2012 deal : CEO, Reuters, le 9 octobre 2018.

Pour aller plus loin :

Un historique complet du dossier par la cellule d’investigation du Financial Times : ARNOLD Martin, CHON Gina, O’MURCHU CYNTHIA, Standard Chartered : The Iranian connection, Financial Times, le 20 septembre 2015.