Baie de Souda, Crète. Le 4 septembre, lors d’une réunion avec son homologue grec, le général américain Joseph Dunford a dit vouloir approfondir la présence militaire américaine en Grèce afin de remédier à la détérioration des relations avec la Turquie, autre État membre de l’OTAN (2). Alors que l’armée américaine utilise déjà la base stratégique de la Baie de Souda pour ses opérations navales, elle cherche à présent à déployer des forces terrestres et des hélicoptères afin d’augmenter sa force de projection dans des zones de conflit comme la Syrie ou la Libye (4).

Les tensions entre la Grèce et la Turquie a poussé la Russie à exploiter les divisions en faisant preuve de solidarité envers la Grèce pour des raisons culturelles et religieuses et avec la Turquie à cause de leur systèmes politiques semblables. Cependant, la Grèce a récemment expulsé des agents russes accusés de fomenter la discorde dans le cadre de l’entrée imminente de la République de Macédoine dans l’OTAN impliquant qu’elle change de nom pour devenir la Macédoine du Nord (3).

La relation des États-Unis avec la Turquie est sérieusement détériorée par l’emprisonnement d’un pasteur américain en Turquie, l’exil de Fethullah Gülen en Pennsylvanie et le soutien américain aux troupes kurdes en Syrie. La Turquie affirme que, durant la tentative manquée de coup d’État en 2016, des officiers américains en station à la base aérienne d’Incirlik ont promis leur soutien aux putschistes : les autorités turques cherchent aujourd’hui à arrêter ces officiers (1). Ces tensions ont été aggravées par l’achat turc de missiles surface-air russes, ce qui pourrait mettre en péril le programme F-35 dans la région.

Le plan Marshall, qui mit fin à l’isolationnisme américain, a débuté par l’aide militaire fournie à la Turquie et à la Grèce. Il semblerait que l’inclinaison turque vers la Russie ait poussé les États-Unis à utiliser son ennemi grec comme un contrepoids.

Perspectives :

  • Le renouveau de l’intérêt américain pour la Grèce pourrait redorer le blason grec aux yeux de Washington, alors qu’Athènes a perdu son prestige international par la crise financière grecque.
  • Le renouveau de l’intérêt américain pour les forces navales pourrait faire de la Grèce un pilier de la stratégie de défense en méditerranée orientale.
  • En raison des tensions, la Turquie restreint le droit d’accès américain à ses bases militaires. Cette situation pourrait être compensée par les installations actuelles en Grèce, Roumanie, Bulgarie, Irak et au Koweït. Cependant, le transit militaire par les détroits pourrait être remis en question.

Sources :

  1. BROWN Daniel, ‘Living in Fantasy’ : A close US ally s investigating everyone named John and trying to arrest US military leaders, Business Insider, 2018.
  2. GARAMONE Jim, Dunford Gets Greek View of Regional Challenges, U.S. Department of Defense, 2018.
  3. OSBORN Andrew, Russia expels Greek diplomats in retaliatory move, Reuters, 2018.
  4. VANDIVER John. US considers more troops and drill in Greece, Stars and Stripes, 2018.